Les colons soupçonnés d’implication dans le meurtre d’un adolescent ont été relâchés

Un tribunal israélien a relâché deux colons soupçonnés d’implication dans le meurtre d’un adolescent palestinien la semaine dernière.

Violence des colons : Des Palestiniens portent le corps de Ramzi Fathi Abd al-Rahman Hamed, 17 ans, qui a succombé à ses blessures le 7 août.

Des Palestiniens portent le corps de Ramzi Fathi Abd al-Rahman Hamed, 17 ans, qui a succombé à ses blessures le 7 août. (Photo : Ahmad Arouri / APA images)


Tamara Nassar
, 9 août 2023

Ce mercredi, Elisha Yered et Yehiel Indore ont été libérés de leur détention et sont désormais en résidence surveillée. Indore, dont on prétend qu’il a été blessé par une pierre et hospitalisé, a « admis avoir utilisé une arme à feu » – mais prétend qu’il a uniquement tiré « en l’air, après avoir estimé qu’il y avait du danger pour sa vie et celle d’autrui », a rapporté Haaretz, le quotidien de Tel-Aviv.

Qusai Jamal Mutan, 19 ans, a été tué au moment où une vingtaine de colons effectuaient un raid dans le village de Burqa. Les colons avaient tiré des coups de fusil, selon des témoignages recueillis par le Centre palestinien pour les droits humains (CPDH), et avaient été pris à partie par des jeunes.

Mutan « cuisait de la nourriture sur un feu et n’était impliqué » dans aucune confrontation, au moment où il a été abattu, a encore rapporté le CPDH.

« Le colon n’était qu’à cinq mètres de Mutan quand il a ouvert directement le feu sur lui, le blessant d’une balle réelle dans le cou »,

a expliqué un témoin au CPDH.

Deux autres personnes ont été blessées lors de l’attaque, a ajouté le CPDH.

Bien qu’aucun colon israélien n’ait été tué, Israël a arrêté cinq Palestiniens pour « implication » supposée dans l’affaire. Les cinq Palestiniens restent en garde à vue.

On croit que Yered, un colon fanatique qui a incité ouvertement et à maintes reprises au nettoyage ethnique et au génocide contre les Palestiniens, a enterré l’arme utilisée par Indore à proximité des bois jouxtant la colonie où il vit. Précédemment, Yered avait travaillé comme porte-parole d’un député du parti Force juive du ministre israélien de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir.

« Une fois que la police est arrivée au logement de Yered, il l’a conduite à l’arme enterrée, prétendant qu’il n’avait pas l’intention de la cacher et de perturber son enquête, mais qu’il craignait que, si l’arme avait été laissée sur les lieux, elle n’eût finalement été trouvée par les Palestiniens »,

a-t-on pu lire dans Haaretz.

Le journal disait encore que les charges contre Yered équivalaient à une obstruction à la justice et à la possession illégale d’une arme, et non à un meurtre. Les chances sont minimes pour qu’Indore soit donc accusé de meurtre.

Deux membres de la Knesset israélienne, du parti Otzma Yehudit (Force juive), ont rendu visite à Indore à l’hôpital. Mais la police israélienne a interdit au membre palestinien de la Knesset, Ahmad Tibi, de rendre visite à l’un ou l’autre des cinq Palestiniens arrêtés.

Ben-Gvir a encensé comme « héros » les colons soupçonnés d’implication dans le meurtre de Mutan.

Quelques jours plus tard, il posait pour des séances de photos lors de sa première rencontre avec une responsable de l’UE, Anna Koukkides-Procopiou, son homologue à Chypre, au cours de vacances à Limassol.

 

Une exécution extrajudiciaire

Dans le même temps, dimanche, en plein jour, les forces d’occupation israéliennes tuaient trois Palestiniens, dont un enfant, au cours de ce que les organisations de défense des droits humains qualifient d’« exécutions extrajudiciaires ».

Les trois hommes ont été tués dimanche après-midi, alors qu’ils se trouvaient à bord d’un véhicule roulant sur une route de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

Les militaires israéliens occupaient deux voitures munies de plaques d’immatriculation palestiniennes et se déplaçant sur une route reliant le village de Bir al-Basha et la ville d’Arraba, quand ils ont intercepté une voiture grise avec une plaque israélienne jaune et transportant les trois Palestiniens.

Les militaires israéliens sont descendus de leurs véhicules et ont ouvert le feu sur la voiture grise avant d’être rejoints par des renforts qui ont bloqué la circulation et ont lancé des grenades de gaz lacrymogène. Certaines de ces actions ont été filmées.

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Le véhicule gris a été abandonné, truffé de nombreux impacts de balles.

Quand les soldats se sont retirés des lieux, ils ont remorqué le véhicule avec les trois victimes à l’intérieur, retenant ainsi leurs corps.

Des gens sur les lieux « ont vu des tissus cérébraux éparpillés sur le sol », rapporte le CPDH.

Deux des hommes tués ont été identifiés comme Nayef Jihad Abu Sweiss, 27 ans, et Khalil Nizar Abu Naaseh, 21 ans. Tous deux étaient originaires du camp de réfugiés de Jénine et étaient membres de la Brigade de Jénine, une organisation associée à Saraya al-Quds, l’aile militaire de l’organisation de résistance du Djihad islamique.

Les médias locaux ont fait circuler les photos des hommes après leur mort :

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L’un des trois hommes était en fait un garçon de 16 ans, Bara Ahmad Fayez al-Qerm, a fait savoir Defense for Children International – Palestine (DCI-P).

DCI-P a expliqué que l’unité Yaman, de la Police frontalière israélienne, faisait partie de l’escadron de la mort israélien, qui comprenait également huit hommes des forces spéciales israéliennes.

« On ignore combien de balles exactement ont touché Bara, et où, puisque les autorités israéliennes ont confisqué son corps »,

a déclaré DCI-P.

En mars, des membres de Yamam ont tué quatre Palestiniens à Jénine, dont Omar Awadin, 14 ans, tué d’une balle dans le dos par des tireurs clandestins alors qu’il circulait à vélomoteur près de la boutique de ses parents.

L’armée israélienne, la police de sécurité interne du Shin Bet et la Police frontalière israélienne ont déclaré qu’elles travaillaient ensemble afin d’empêcher une « cellule terroriste » dirigée par Abu Sweiss de se livrer à un attentat.

L’armée israélienne a prétendu avoir trouvé une carabine M16 dans la voiture, fournissant en même temps une photo pour étayer ses dires. On ne voit pas clairement pourquoi un groupe de trois combattants palestiniens de la résistance en train de s’engager dans une opération ne transporterait qu’une seule arme à feu pour trois hommes.

 

Un autre enfant tué

Lundi, un adolescent de 17 ans a succombé à des blessures qu’il avait subies le 2 août, à l’extérieur d’Ofra, une colonie israélienne construite sur des terres volées aux Palestiniens, dans les villages proches d’Ein Yabrud et de Silwad, quand un gardien de la colonie lui avait tiré une balle dans la poitrine.

Ramzi Fathi Abd al-Rahman Hamed se trouvait sur le siège du passager d’une voiture à bord de laquelle se trouvaient d’autres amis.

Quand ils ont vu la voiture du gardien de la colonie israélienne, ils ont tenté de faire demi-tour et de quitter les lieux. Mais le gardien a ouvert le feu à une dizaine de mètres de distance, a rapporté DCI-P.

« Les enfants palestiniens vivent dans un contexte hyper-militarisé où des civils israéliens illégalement implantés dans un territoire occupé sont armés par le gouvernement israélien, se muant ainsi en un genre de police officielle »,

a déclaré Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme sur la responsabilisation à DCI-P.

« Les soldats, la police et le personnel de la sécurité privée d’Israël protègent non seulement les populations de colons, mais ils aident également à la violence en la facilitant et en la perpétrant contre les Palestiniens, y compris les enfants. »

Depuis le début de cette année, 40 enfants palestiniens ont été tués dans des actes de violence concernant l’occupation militaire d’Israël, fait savoir DCI-P. Quatre enfants ont été tués depuis le début août.

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Publié le 9 août 2023 sur The Electronic Intifadah sous le titre : ‘Settlers suspected of involvement in killing teen remanded in house arrest’
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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