Les forces israéliennes font quatre nouveaux morts en Cisjordanie

Les forces israéliennes ont abattu mortellement quatre Palestiniens en Cisjordanie au cours des deux premiers jours de juin, dont une femme et un enfant.

Des proches en deuil sur la dépouille de Yasir al-Masri, un commandant du Djihad islamique décédé le 1er juin suite aux blessures subies lors d’une frappe aérienne d’Israël en mai 2021. (Photo : Ashraf Amra / APA images)

Des proches en deuil sur la dépouille de Yasir al-Masri, un commandant du Djihad islamique décédé le 1er juin suite aux blessures subies lors d’une frappe aérienne d’Israël en mai 2021. (Photo : Ashraf Amra / APA images)

Maureen Clare Murphy, 4 juin 2022

Ghufran Warasneh, une jeune femme de 31 ans, se rendait à sa première journée de travail dans une station de radio locale quand elle a été tuée par des soldats israéliens à l’entrée du camp de réfugiés d’al-Arroub, près de Hébron, le 1er juin.

L’armée israélienne a prétendu dans un tweet qu’une « assaillante armée d’un couteau avait tenté de poignarder » un soldat.

« Nos soldats ont déjoué l’agression en tirant à balles réelles afin de neutraliser l’assaillante », a prétendu l’armée, ajoutant que la Palestinienne abattue « avait été emprisonnée cette année pour avoir tenté de poignarder un policier israélien ».

Une photo d’un petit couteau de cuisine à la lame bien nette, tombé par terre, accompagnait le tweet.

Ghufran Warasneh venait de se faire engager comme présentatrice des infos à Dream Radio, à Hébron.

Talab Jaabari, le directeur de la chaîne, a déclaré à The New Arab :

« Nous l’attendions ; elle devait être la première à passer sur les ondes, c’était notre nouvelle voix mais, en lieu et place, nous avons appris la nouvelle de son assassinat. »

Un témoin oculaire a expliqué que Ghufran Warasneh se trouvait approximativement à deux mètres d’un soldat israélien quand elle avait été abattue, ce qui indiquait qu’elle ne représentait de menace immédiate pour la vie de personne au moment de sa mort.

On n’a fait état d’aucun Israélien blessé, à l’instar de tant d’autres incidents au cours desquels un·e Palestinien·ne a été abattu·e· pour avoir prétendument tenté d’agresser des soldats ou des policiers. Les organisations en faveur des droits humains déclarent que bon nombre de ces incidents équivalent à des exécutions extrajudiciaires.

Une vidéo de l’incident montre Ghufran Warasneh gisant sur le sol et les soldats israéliens tirant en l’air pour éloigner de force les Palestiniens qui se sont rassemblés autour d’elle :

https://twitter.com/qudsn/status/1531940531470737408?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1531940531470737408%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Fmaureen-clare-murphy%2Fisraeli-forces-kill-four-west-bank

Aucune tentative de la part des soldats présents en vue de donner les premiers soins à la femme abattue n’apparaît sur la vidéo. Pas plus que n’est visible sur la prise de vue le couteau dont Ghufran Warasneh se serait prétendument servie.

Une photo de Ghufran Warasneh a circulé sur les médias sociaux après sa mort :

Le lendemain, des soldats israéliens abattaient mortellement Odeh Muhammad Odeh Sadaqa, 16 ans, à al-Midya, un village situé au centre de la Cisjordanie.

Un porte-parole de l’armée a prétendu que Sadaqa et « deux autres avaient lancé des cocktails Molotov vers des soldats israéliens à proximité du mur de séparation de la Cisjordanie », a rapporté Haaretz, le quotidien de Tel-Aviv.

Defense for Children International – Palestine (DCI-P) a affirmé que l’adolescent marchait en compagnie de deux amis quand les soldats ont ouvert le feu sur lui.

« Comme ils tentaient de s’enfuir, [Sadaqa] a été touché dans le dos par une seule balle qui l’a frappé au cœur et est ressortie par le devant de sa poitrine »,

a ajouté l’organisation de défense des droits.

Les soldats israéliens ont tiré sur les Palestiniens qui tentaient de venir en aide à l’adolescent blessé.

Sadaqa est le 14e enfant palestiniens tué par les forces israéliennes depuis le début de cette année. Cinq garçons ont été mortellement abattus aussi en mai.

Le 2 juin, les forces israéliennes ont également abattu et tué Ayman Ahmad Muhaisen, 29 ans, en dehors de sa maison, au cours d’une opération d’arrestation dans le camp de réfugiés de Dheisheh, à Bethléem.

Des Palestiniens avaient affronté des soldats israéliens au cours des heures qui avaient précédé la mort de Muhaisen.

Alors qu’ils se retiraient progressivement, les soldats israéliens ont tiré sur Muhaisen sans le moindre avertissement, et l’ont touché à la poitrine. L’homme abattu n’était qu’un simple passant et il ne participait pas aux confrontations, rapporte le Centre palestiniens pour les droits humain (PCHR).

Après sa mort, une photo de Muhaisen a circulé sur les médias sociaux :

Le même jour, les soldats israéliens ont mortellement abattu Bilal Kabha, 24 ans, au cours d’une démolition de maison à Yabad, un village du nord de la Cisjordanie.

Les médias israéliens ont prétendu qu’au moment où il a été abattu, Bilal Kabha était engagé dans un échange de coups de feu avec les forces d’occupation.

Des soldats ont envahi le village pour y démolir la maison de Dia Hamarsheh qui, en mars, a tué quatre personnes à Bnei Brak, un faubourg de Tel-Aviv.

Hamarsheh a été tué lors d’une fusillade avec la police, au cours de laquelle un policier a lui aussi été mortellement blessé.

Des vidéos et des photos montrent la destruction de la maison sde la famille Hamarsheh et ce qui s’en est suivi :

Après sa mort, une photo de Bilal Kabha a fait le tour des médias sociaux :

Les démolitions punitives de maisons, auxquelles Israël n’a recours que contre les Palestiniens, mais jamais contre les juifs, sont une forme de punition collective – un crime de guerre, selon la Quatrième Convention de Genève.

De même, début juin, Yasir al-Masri, un commandant du groupe de résistance du Djihad islamique, est mort dans un hôpital égyptien suite aux blessures qu’il avait subies lors d’une frappe aérienne israélienne à Gaza, en mai 2021.

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Publié le 4 juin sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

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