Mai, un mois meurtrier pour les jeunes Palestiniens

Mai a été un mois particulièrement meurtrier pour les jeunes Palestiniens vivant sous occupation israélienne.

Cinq jeunes Palestiniens ont été tués par des balles israéliennes, ce qui porte à 13 (treize) le nombre d’adolescents tués cette année par les forces israéliennes.

De gauche à droite : Ghaith Yamin, 16 ans, Zaid Ghunaim, 14 ans, Thaer Maslat, 16 ans, Amjad Fayed, 16 ans, Mutasem Atallah, 17 ans. (Photo : Defense for Children International – Palestine)

De gauche à droite : Ghaith Yamin, 16 ans, Zaid Ghunaim, 14 ans, Thaer Maslat, 16 ans, Amjad Fayed, 16 ans, Mutasem Atallah, 17 ans. (Photo : Defense for Children International – Palestine)

Tamara Nassar, 2 juin 2022

Des soldats israéliens ont tiré sur Zaid Muhammad Said Ghunaim à une distance de 15 à 20 mètres alors qu’il s’enfuyait dans la ville palestinienne d’al-Khader, le 27 mai, a rapporté une enquête de terrain menée par Defense for Children International – Palestine (DCI-P).

Un témoin oculaire a raconté à DCI-P que la zone était calme et silencieuse et que trois soldats israéliens au moins étaient présents quand Zaid avait été abattu.

« Les forces israéliennes lui ont tiré dans l’épaule. La balle lui a déchiré le poumon et a provoqué une grave hémorragie interne »,

a déclaré DCI-P.

Des témoins ont déclaré dans le journal Haaretz que Zaid n’avait participé à absolument aucune des confrontations avec les forces israéliennes.

L’ado était en route vers la maison de sa grand-mère quand il a été abattu dans le dos par des soldats israéliens de l’occupation, ont déclaré des proches au journal. Sa mère et sa sœur l’attendaient sur place.

L’armée d’occupation israélienne prétend que des gens dans la zone jetaient des pierres et des cocktails Molotov en direction des soldats quand ceux-ci ont tiré sur Zaid, sans même affirmer explicitement que Zaid participait à ces actes de résistance.

Haaretz a rapporté, citant les témoins, que Zaid avait été abattu « au moment où il est passé près des soldats, sans toutefois les provoquer ».

Un autre témoin a déclaré qu’une foule de jeunes jetaient des « fusées » en direction des soldats, qui ont riposté en lançant des gaz lacrymogènes.

Muhammad Ghunaim, le père de Zaid, a déclaré que son fils espérait devenir footballeur.

« Il n’était jamais impliqué dans des accrochages. Pas plus qu’il ne l’était en politique », a-t-il dit à Haaretz.

« J’ai failli moi-même aller trouver les soldats au check-point pour leur demander : ‘Pourquoi avez-vous fait cela au gamin ?’ »,

a déclaré sa grand-mère, Zainab Ghunaim, à Haaretz.

« C’était un brave garçon. Pourquoi faites-vous cela aux enfants ? »

Le mois précédent, le cousin de Zaid, Muhammad Ali Ghunaim, 19 ans, avait été mortellement abattu par les forces israéliennes.

En février, à al-Khader également, les forces israéliennes ont abattu mortellement Muhammad Rizq Shehade Salah et l’ont laissé se vider de son sang tout en empêchant une ambulance de s’occuper de lui.

Il venait d’avoir 13 ans.

Une balle dans la tête

Deux ans avant le meurtre de Zaid, les forces d’occupation israéliennes ont abattu mortellement un adolescent de 16 ans d’une balle (réelle) dans la tête.

Le 24 mai, un large déploiement de véhicules militaires israéliens a eu lieu à proximité du tombeau de Joseph, dans la périphérie orientale de Naplouse, près du camp de réfugiés de Balata, en Cisjordanie occupée.

Le tombeau de Joseph est un site archéologique situé au cœur de la ville et il est considéré comme un lieu saint par les musulmans, les chrétiens et les juifs.

Ghaith Muhammad Rafiq Ziad Yamin et d’autres Palestiniens ont été confrontés à l’invasion des soldats, rapporte DCI-P. Ils ont tous été abattus par les forces d’occupation israéliennes à l’aide de munitions réelles, de grenades incapacitantes et de grenades lacrymogènes.

Tard, ce soir-là, des autocars transportant des colons sont arrivés dans la zone, ce qui a incité Ghaith et ses amis à prendre position sur le toit d’un bâtiment quelques heures plus tard.

Les colons israéliens font régulièrement des incursions sur le site, sous la protection musclée de l’armée israélienne.

« Les forces israéliennes déployées dans un bâtiment tout proche ont tiré au moins quatre balles depuis une fenêtre du troisième étage située exactement à l’opposé de l’endroit où se trouvait Ghaith »,

et ont tué l’adolescent dans les toutes premières heures du 25 mai.

Un mois meurtrier

Trois autres jeunes Palestiniens ont péri sous des balles israéliennes le mois dernier.

Le 21 mai, lors d’un raid de l’armée israélienne dans la ville de Jénine, Amjad Walid Hussein Fayed, 16 ans, et d’autres jeunes Palestiniens se sont approchés de véhicules de l’armée et leur ont lancé des cocktails Molotov, a dit un témoin oculaire à DCI-P.

Les forces israéliennes ont ouvert le feu, blessant mortellement Amjad de plusieurs balles, dont une balle réelle à la poitrine.

Le 11 mai, les forces d’occupation ont également tué Thaer Maslat, 16 ans, alors qu’il se bornait à observer les confrontations entre soldats israéliens et jeunes Palestiniens.

« Thaer ne constituait aucune menace pour les forces israéliennes quand il a été abattu », a déclaré DCI-P.

Thaer a été tué le même jour que la journaliste d’Al Jazeera, Shireen Abu Akleh, dont tout confirme qu’elle a été assassinée par un soldat israélien ce matin-là.

Mutasem Muhammad Taleb Atallah, 17 ans, a été mortellement abattu le 8 mai, à l’intérieur de la colonie exclusivement juive de Tekoa, en Cisjordanie occupée.

« Mutasem a été tué d’une seule balle dans l’œil gauche », a déclaré DCI-P.

L’adolescent avait eu une prise de bec avec son père cette après-midi-là et il avait quitté s maison pour prendre la direction de la colonie. Ses parents avaient quitté la maison pour se mettre à sa recherche.

Un agent des renseignements israéliens a appelé le père et lui a ordonné de se rendre à l’entrée de la colonie. Un soldat a expliqué au père que son fils avait été abattu et tué après avoir pénétré dans la colonie en étant armé d’un couteau.

« DCI-P n’a pas été en mesure de confirmer les circonstances spécifiques de la mort de Mutasem, ni s’il avait été tué par un soldat israélien, un agent de la sécurité privée ou un colon israélien »,

a déclaré l’organisation.

Le corps de l’adolescent est retenu par Israël, ce qui fait qu’il est impossible pour une partie indépendante de procéder à un examen médicolégal.

« Ce sont 13 vies perdues, 13 vies brutalement interrompues, 13 rêves complètement éparpillés », a déclaré l’UNICEF, l’agence de l’ONU pour les enfants, en faisant allusion au nombre d’enfants palestiniens abattus jusqu’à présent, en cette année 2022, par les balles israéliennes en Cisjordanie occupée, soit près du double du nombre de toute l’année dernière. »

« Un enfant est un enfant et son droit à la vie doit être protégé par toutes les parties », a ajouté l’UNICEF. On ne voit pas très bien à quelles autres parties l’organisation fait allusion, étant donné que tous ces 13 enfants palestiniens ont été tués par des balles israéliennes.

« On ne devrait jamais prendre les enfants pour cibles. On ne devrait jamais les exposer au mal ou à quelque violence que ce soit », a ajouté l’UNICEF.

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Publié le 2 juin 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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