Ce sont les Palestiniens qui paient le prix, lors de la saison des fêtes juives
En pleine saison des fêtes juives, ce sont les Palestiniens d’un peu partout en Cisjordanie qui en paient le prix, alors que les colons multiplient leurs agressions et que l’armée et la police restreignent l’accès des Palestiniens à leurs lieux saints.
Mondoweiss, Bureau Palestine, 3 octobre 2023
Développements clés (30 septembre – 3 octobre)
En pleine saison des fêtes juives, ce sont les Palestiniens des territoires occupés qui en paient le prix, alors que les colons multiplient leurs agressions et que l’armée et la police restreignent l’accès des Palestiniens à leurs lieux saints. De la mi-septembre à la première semaine d’octobre, les Palestiniens ont assisté à une augmentation des agressions et des violations de leur liberté de mouvement et de leur droit du culte, alors que les Israéliens juifs célèbrent un certain nombre de leurs fêtes religieuses.
La saison des fêtes juives signifie typiquement davantage de blocages et de restrictions pour les Palestiniens, du fait qu’Israël ferme ses principaux check-points entre la Cisjordanie et Israël, de même que les lieux saints musulmans en Cisjordanie et à Jérusalem, dans le but de faciliter l’accès des juifs à ces mêmes sites.
Durant le week-end, alors que les juifs commençaient à fêter Souccot (une des fêtes nationales d’Israël, NdT), la police israélienne forçait les boutiquiers palestiniens à fermer leurs échoppes dans la Vieille Ville de Jérusalem et empêchait les Palestiniens d’accéder au quartier, et ce, afin de permettre plus facilement à de grands nombres de fidèles juifs d’accomplir leurs rites dans la Vieille Ville et aux portes de l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa. La police israélienne facilitait également l’accès au site à des nombres importants de colons juifs, ce qui déclenchait la colère des fidèles palestiniens et provoquait des confrontations.
Lundi 2 octobre, la police israélienne a fait irruption dans la salle de prière de Qibli, le principal lieu de prière de la mosquée Al-Aqsa, et a arrêté et agressé des fidèles musulmans à l’intérieur, dans le même temps que des centaines de fidèles juifs étaient escortés par cette même police jusqu’au site. À l’extérieur des portes de la mosquée, une vidéo a été prise de la police israélienne des frontières en train de brutaliser et d’arrêter un groupe de femmes palestiniennes. La vidéo allait ensuite circuler abondamment dans les médias sociaux.
Pour en revenir au week-end, à Hébron (Cisjordanie), l’armée israélienne a également fermé la mosquée Ibrahimi aux fidèles musulmans et a durci les restrictions autour du lieu saint afin de faciliter l’entrée de fidèles juifs dans la mosquée. Les médias locaux ont rapporté que les forces israéliennes avaient également fermé les magasins palestiniens de la Vieille Ville de Hébron et qu’elles avaient en outre agressé nombre de résidents locaux au moment où les colons paradaient dans les rues, dans le cadre de leurs célébrations religieuses.
Les forces israéliennes ont également fermé les entrées de la ville de Sebastia, dans le nord de la Cisjordanie, et ont empêché l’accès des Palestiniens à un site archéologique local afin de permettre aux colons israéliens de satisfaire à leurs rites religieux et de visiter le site.
Un jeune Palestinien a été abattu et tué par les forces israéliennes le vendredi 29 septembre, après avoir prétendument jeté un cocktail Molotov. Le ministère palestinien de la Santé a confirmé le meurtre de Mohammed Rummaneh, en disant qu’il avait été abattu dans la ville d’al-Bireh, dans le district de Ramallah, en Cisjordanie. L’armée israélienne a déclaré dans un communiqué que Rummaneh avait été abattu en même temps qu’un autre Palestinien non identifié après avoir prétendument jeté un cocktail Molotov en direction d’un poste militaire israélien. Al Jazeera a rapporté que Rummaneh, dont l’âge n’a pas été communiqué, était un résident du camp de réfugiés d’al-Amari, dans la zone de Ramallah. Les forces israéliennes ont gardé Rummaneh et le second Palestinien blessé après qu’ils ont été abattus.
Pendant le week-end, nombre de Palestiniens ont été blessés par des tirs israéliens lors d’incidents séparés qui ont eu lieu en Cisjordanie. Dimanche, il a été rapporté qu’un adolescent palestinien de 16 ans avait été blessé par les forces israéliennes lors de confrontations dans la ville d’Azzun, qui jouxte une grand-route utilisée par les colons israéliens, ce qui en fait le site fréquent de confrontations entre les Palestiniens et les forces israéliennes, lourdement déployées dans la zone afin d’assurer la protection des colons.
À Burqa, dans la région de Naplouse, deux personnes au moins, dont un mineur d’âge, ont été blessées à balles réelles et des douzaines d’autres ont souffert d’avoir inhalé des gaz lacrymogènes lors des confrontations qui ont éclaté dans le village après que les forces israéliennes eurent fermé arbitrairement plusieurs rues. Burqa a été témoin d’une augmentation de la violence des soldats et des colons depuis la restauration d’un avant-poste illégal sur des terres du village un peu plus tôt cette année. Entre lundi et mardi, un Palestinien a été abattu par les forces israéliennes près du camp de réfugiés d’Aqbat Jaber, à Jéricho. Il s’agit d’un adolescent de 15 ans originaire du camp de réfugiés d’al-Fawwar (Hébron). Il a ensuite été arrêté par les forces israéliennes. Dans les villes de Beita et de Jalud, dans la zone de Naplouse, plusieurs Palestiniens ont été blessés par des balles d’acier enrobées de caoutchouc et des douzaines d’autres ont souffert d’avoir inhalé des gaz lacrymogènes lors des confrontations séparées qui ont éclaté dans les deux localités.
Les colons israéliens ont commis plusieurs agressions contre des Palestiniens et leurs biens durant le week-end, y compris, dans la zone de Bethléem, une attaque contre des Palestiniens, laquelle a fait plusieurs blessés. Samedi 30 septembre, des colons israéliens ont opéré un blocage routier dans la périphérie du village de Tuku, empêchant ainsi des Palestiniens d’accéder à leurs terres. Selon des médias locaux, lorsqu’un groupe de Palestiniens s’est approché du blocage, les colons les ont attaqués en les agressant physiquement et en les aspergeant de spray au poivre. Dans la région de Yatta (district de Hébron, dans le sud de la Cisjordanie), il a été dit que des colons israéliens avaient détruit un enclos agricole appartenant à un fermier palestinien. On a également rapporté des attaques de colons à Qusra et Jalud, des villages de la région de Naplouse. La violence des colons israéliens contre les Palestiniens s’est nettement accrue, ces dernières années, et 2022 a battu tous les records, à ce niveau. Selon des rapports de l’ONU, à la mi-septembre, près de 800 agressions de colons contre des Palestiniens et leurs biens ont été rapportées dans les territoires palestiniens occupés.
Chiffres importants :
On estime que 244 Palestiniens ont été tués par Israël depuis le début de cette année.
Israël détient actuellement 5 200 prisonniers politiques palestiniens, dont 170 enfants.
En 2003, Israël a effectué plus de 2 600 raids de recherche et d’arrestation dans les territoires palestiniens occupés.
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Publié le 3 octobre 2023 sur Mondoweiss
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine