Israël menace le plus grand hôpital de Gaza

Quelques heures avant que les réseaux de télécommunication ne cessent de fonctionner à Gaza, l’armée israélienne a tenu une conférence de presse au cours de laquelle son principal porte-parole, Daniel Hagari, a accusé le Hamas d’utiliser le plus grand hôpital du territoire comme centre de commandement.

 

27 octobre 2023. Un enfant blessé est soigné à l’hôpital al-Shifa de Gaza après des frappes aériennes israéliennes.

27 octobre 2023. Un enfant blessé est soigné à l’hôpital al-Shifa de Gaza après des frappes aériennes israéliennes. (Photo : Saeed Jaras / APA images)


Maureen Clare Murphy
, 27 octobre 2023

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a proféré la même accusation sur Twitter (désormais X).

Cela fait longtemps qu’Israël accuse le Hamas d’utiliser les hôpitaux de Gaza comme boucliers humains et la conférence de presse de vendredi n’était rien d’autre qu’une tentative en vue de justifier à l’avance une attaque contre al-Shifa ainsi que toutes les pertes en vies humaines qui s’ensuivraient.

Ce ne serait pas la première fois qu’Israël attaque l’hôpital.

Al-Shifa a déjà été attaqué par l’armée israélienne le 28 juillet 2014, ainsi que trois autres hôpitaux au cours de cette guerre qui avait duré 51 jours.

Israël avait rejeté toute responsabilité dans cette frappe, l’imputant déjà à une roquette palestinienne mal tirée, et avait tenté de justifier cette même attaque contre al-Shifa en prétendant que le Hamas y avait installé « un vaste bunker souterrain doté d’un équipement de communications très sophistiqué ».


Israël cherche à semer le doute

Le Hamas a rejeté catégoriquement les accusations israéliennes de vendredi et il a mis en garde contre le fait qu’elles préparaient la voie au ciblage de l’hôpital.

Tarek Loubani, un médecin urgentiste canadien qui a travaillé à Gaza, a déclaré vendredi que

« naturellement, les accusations contre al-Shifa sont fausses ».

Loubani d’ajouter que le but des accusations israéliennes

« n’est pas de mettre en évidence des preuves crédibles, mais de créer une justification au bombardement des hôpitaux à Gaza »

et de semer le doute

« à propos de l’humanité des Palestiniens ».

Il a fait remarquer qu’Israël y était allé d’accusations similaires contre les hôpitaux de Gaza au cours de ses précédentes offensives militaires contre l’enclave mais « sans jamais avancer la moindre preuve ».

L’hôpital al-Shifa est actuellement en surcapacité, sur le plan des patients, et 50 000 Palestiniens déplacés séjournent sur son site, a déclaré l’ONU jeudi.

 

Une frappe israélienne sur l’hôpital provoquerait d’inimaginables pertes en vies humaines, comme l’a montré à suffisance le massacre de l’hôpital al-Ahli de Gaza le 17 octobre.

Physicians for Human Rights – Israel (Médecins pour les droits humains – Israël) a déclaré vendredi qu’

« il ne pouvait y avoir la moindre justification au massacre de milliers de personnes déplacées, de patients et de personnel médical au travail ».

L’organisation des droits humains a ajouté :

« Nous appelons toutes les parties à respecter le devoir de protection des citoyens, des sites de soins et du personnel médical. »

Omar Shaakir, de Human Rights Watch, a expliqué vendredi que la déclaration de l’armée israélienne à propos des hôpitaux de Gaza

« soulevait de graves inquiétudes pour la sécurité des patients et des travailleurs médicaux de ces hôpitaux ».

Shakir a ajouté que

« les hôpitaux ont des protections spéciales contre les attaques » et que « les médecins, le personnel médical et les ambulances devaient être autorisés à faire leur travail et à être protégés en toutes circonstances ».

 

Les hôpitaux sont confrontés à une « dévastation sans précédent »

Le Bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires a fait savoir jeudi que les hôpitaux de Gaza

« sont confrontés à un niveau sans précédent de dévastation, principalement causée par le nombre écrasant de blessés et par les très graves pénuries de ressources vitales, parmi lesquelles le personnel médical, l’électricité et l’eau ».

La plupart des professionnels médicaux de l’enclave sont eux-mêmes des personnes déplacées, « forçant les hôpitaux à opérer avec moins d’un tiers de leurs effectifs normaux », a ajouté l’ONU, en citant le ministère gazaoui de la santé.

« Les hôpitaux continuent de souffrir d’une très grave pénurie de carburant, ce qui provoque un rationnement draconien et à un usage limité des générateurs aux fonctions les plus essentielles »,

a ajouté l’ONU.

Depuis le début de la campagne militaire d’Israël, le 7 octobre, plus d’un tiers des hôpitaux de Gaza et deux tiers de ses cliniques de soins de première ligne

« ont fermé leurs portes en raison des destructions ou du manque de carburant, ce qui accroît la pression sur les établissements de soins de santé restants qui sont toujours opérationnels, selon l’ONU.

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Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef de The Electronic Intifada.

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Publié le 27 octobre 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine


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