L’ONU vote pour une trêve à Gaza au moment où Israël intensifie ses frappes

Vendredi, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté à une écrasante majorité une résolution appelant à « une trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue » à Gaza

 

 

Maureen Clare Murphy, 27 octobre 202

La résolution, qui est non contraignante mais reflète une vision plus globale que le Conseil de sécurité, réclame un cessez-le-feu qui permettrait une livraison « continue, suffisante et sans entrave » de fournitures et services essentiels au territoire sous blocus.

C’est la Jordanie qui a proposé la résolution, laquelle a été adoptée avec 120 pays qui ont voté pour, 14 contre et 45 qui se sont abstenus. Une poignée de pays et de colonies américaines dans le Pacifique ont rallié les États-Unis et Israël en s’opposant à la résolution. La grande majorité des pays de l’UE, dont l’Allemagne, se sont abstenus.

With 120 for, most of humanity has voted for stopping apartheid Israel's unfolding genocide against 2.3 million Palestinians in Gaza. The US, Israel, and a few vassal states voted for continuing it. https://t.co/YVH6l2CQEc

— BDS movement (@BDSmovement) October 27, 2023

 

Le vote a eu lieu quelques heures après qu’Israël a annoncé qu’il allait étendre ses opérations militaires à Gaza et au moment même où il intensifiait ses bombardements du territoire et qu’il mettait hors service ses systèmes de communication.

Jusqu’à présent, le Conseil de sécurité de l’ONU n’est pas parvenu à voter en faveur d’un cessez-le-feu ni même d’une pause humanitaire afin de pouvoir livrer l’aide nécessaire d’extrême urgence.

Israël, qui avait eu un accès de colère après que le secrétaire général de l’ONU António Guterres avait pointé du doigt « l’occupation étouffante » lors d’une réunion du Conseil de sécurité mardi, a rejeté la résolution de l’ONU vendredi.

Gilad Erdan, l’ambassadeur d’Israël auprès de l’ONU, a déclaré :

« C’est une journée noire pour l’ONU et pour l’humanité. » Et d’ajouter : « L’ONU ne détient même plus une once de légitimité ou de pertinence. »

Le Hamas a bien accueilli la résolution de l’Assemblée générale et a invité les parties concernées à l’appliquer immédiatement de sorte que les essentiels vitaux, dont le carburant, puissent atteindre la population civile de Gaza.

Entre-temps, Izzat al-Rishq, un membre du bureau politique du Hamas, déclarait vendredi que

« l’intensification par Israël de ses horribles massacres et de sa guerre génocidaire sous couvert de l’obscurité » équivalait à « une véritable expression de son échec abject » dans la destruction des capacités de la résistance.

Al-Rishq a affirmé que les Brigades Qassam, l’aile militaire du Hamas, et toutes les forces de la résistance palestinienne

« sont entièrement préparées à affronter l’agression en pleine force et à contrecarrer les incursions ».

« Netanyahou et son armée vaincue ne seront pas en mesure d’engranger la moindre réussite militaire »,

a ajouté al-Rishq.

Et de dire encore :

« L’escalade dans le terrorisme, les massacres et la guerre d’extermination des civils et de leurs maisons par l’armée ennemie constitue uniquement une preuve de sa faillite, et non pas une preuve de sa force. »

Les Brigades Qassam ont déclaré vendredi dernier que leurs combattants étaient confrontés à des incursions terrestres israéliennes à l’est de Beit Hanoun et de Jabaliya, dans le nord de Gaza, et à Bureij, dans la partie centrale du territoire.

Plus tôt, l’organisation avait déclaré que, vendredi, vers l’aube, des commandos navals israéliens avaient tenté de débarquer sur la côte à proximité de Rafah, à l’extrême sud de Gaza. Qassam a ajouté que ses combattants avaient engagé le combat contre les Israéliens et qu’ils avaient forcé les assaillants à demander du soutien aérien.

Les Israéliens « se sont enfuis vers la mer, laissant derrière une grande quantité de munitions », a encore rapporté l’organisation de la résistance palestinienne.

Vendredi, les organisations palestiniennes de Gaza ont continué de lancer des roquettes sur Israël et un immeuble résidentiel de Tel-Aviv a pris un coup direct. Le média israélien Ynet a rapporté que

« des roquettes étaient également tombées sur la localité de Holon, juste au sud de Tel-Aviv, et sur Ashkelon, dans le sud ».

 

La mise en garde du secrétaire général de l’ONU

Vendredi, alors que l’Assemblée générale de l’ONU en était à sa seconde journée d’une session urgente qui allait aboutir au vote ce même jour, Guterres a réitéré son appel à un cessez-le-feu. Il y allait également d’une mise en garde :

« Le système humanitaire à Gaza est confronté à un effondrement total, avec des conséquences inimaginables pour plus de 2 millions de civils. »

Il a déclaré que,

« parmi les fournitures qui sont parvenues à entrer en petites quantités ne figurent pas le carburant pour les opérations des Nations unies – carburant également essentiel pour alimenter les hôpitaux en énergie, pour les installations de désalinisation de l’eau, la production alimentaire et la distribution d’aide ».

Israël a interdit l’entrée de carburant à Gaza dans le cadre du siège total qu’il impose au territoire. Un peu moins de 100 camions transportant de l’aide sont entrés à Gaza ces derniers jours.

L’ONG britannique Oxfam a mis en garde plus tôt cette semaine en disant qu’Israël se servait de la famine comme d’une arme de guerre contre les civils palestiniens.

Guterres a fait allusion aux inspections israéliennes qui retardaient l’entrée de l’aide, en disant :

« Le système de vérification du mouvement des marchandises par le passage de Rafah doit être ajusté afin de permettre sans tarder l’entrée à Gaza d’un plus grand nombre de camions. »

« Sans changement fondamental, la population de Gaza va être confrontée à une avalanche sans précédent de souffrance humaine »,

a déclaré Guterres.

Vendredi soir plus de 7 300 Palestiniens de Gaza ont été tués depuis qu’Israël a entamé sa campagne militaire contre le territoire suite à l’opération dirigée par le Hamas le 7 octobre.

Le nombre réel de morts est très certainement plus élevé, du fait qu’environ 1 700 personnes, dont au moins 940 enfants, ont été portés manquants et se trouvent vraisemblablement sous les décombres des bâtiments anéantis.

Plus de la moitié de la population de Gaza (de 2,3 millions d’habitants) sont des déplacés internes à Gaza même et près de la moitié des possibilités de logement du territoire ont été détruites, rendues inhabitables ou de modérément à légèrement endommagées depuis le 7 octobre.

Philippe Lazzarini, le haut responsable de l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, a déclaré vendredi qu’outre les personnes tuées par « les bombes et les frappes », bien d’autres encore allaient mourir bientôt suite au siège israélien contre Gaza.

Avec l’érosion des services élémentaires et le manque de nourriture et d’eau potable, et alors que les rues de Gaza « commencent à déborder d’eaux usées », Lazzarini a mis en garde contre « un danger énorme pour la santé du fait que les risques de maladies se profilent ».

Entre-temps, l’UNRWA, la plus grosse agence humanitaire à Gaza, « ne sera pas en mesure de poursuivre ses opérations humanitaires si elle ne peut disposer de livraison de carburant », a ajouté Lazzarini.

« Le siège signifie que la nourriture, l’eau et le carburant – des produits élémentaires – sont utilisés afin de châtier collectivement plus de deux millions de personnes, dont une majorité d’enfants et de femmes »,

a-t-il ajouté.

Lazzarini a dit que les « miettes » d’aide qui étaient entrées la semaine dernière à Gaza via Rafah, à la frontière égyptienne, constituaient une digression et que « l’actuel système en place était voué à l’échec ».

Le chef de l’UNRWA a encore déclaré que plus de 50 membres du personnel de l’agence à Gaza avaient été tués depuis le 7 octobre, y compris un père de six enfants qui « était mort alors qu’il était en route pour acheter du pain dans une boulangerie ».

Le Hamas appelle au soulèvement en Cisjordanie

Le Hamas a appelé les Palestiniens de Cisjordanie à se soulever et à « affronter l’ennemi sioniste dans tous les endroits afin de soutenir Gaza et sa résistance ».

Vendredi, The New York Times rapportait que les hauts responsables saoudiens avaient itérativement averti leurs homologues américains « qu’une incursion terrestre israélienne à Gaza pourrait être catastrophique pour le Moyen-Orient ».

Plus tôt, ce jour-là, les médias ont rapporté que des sources diplomatiques avaient dit que « des progrès significatifs » avaient eu lieu dans les négociations autour d’un échange de prisonniers entre Israël et le Hamas.

Hamas' proposal for releasing hostages: https://t.co/4VFXUQ5VBs pic.twitter.com/UrCfiAN6Zq

— Mohammad Alsaafin (@malsaafin) October 27, 2023

 

Les EU, dit-on, ont insisté pour qu’Israël reporte une invasion terrestre jusqu’au moment où il aurait assuré la libération de ses ressortissants détenus à Gaza.

Vendredi, le porte-parole de la sécurité nationale à la Maison-Blanche, John Kirby, s’est abstenu de commenter l’intensification des bombardements sur Gaza sous le couvert de l’obscurité et de la coupure des communications.

Kirby a dit que les Israéliens « doivent prendre les décisions qu’ils vont prendre sur le champ de bataille », a rapporté The New York Times.

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Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef de The Electronic Intifada.

Ali Abunimah a contribué à ce reportage.

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