Vidéo : Voyez le fiasco des canulars des RP israéliennes

Il n’y a pas grand-chose qui fasse rire, en ces jours où le génocide israélien à Gaza bat son plein. Mais, ce lundi, l’armée israélienne qui perpètre ce génocide a fourni un petit intermède comique via une vidéo se proposant de montrer des preuves que les combattants du Hamas ont bel et bien utilisé l’hôpital Rantisi des enfants à Gaza comme lieu de détention des captifs.

Dans un arrêt sur vidéo, le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, ponte le doigt sur un calendrier mural dont il prétend qu’il s’agit d’une liste de noms de « terroristes ».

Dans un arrêt sur vidéo, le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, pointe le doigt sur un calendrier mural dont il prétend qu’il s’agit d’une liste de noms de « terroristes ».

 

Ali Abunimah, 14 novembre 2023

Dans cette vidéo, le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, fait le tour d’une chambre qu’il situe au sous-sol de l’hôpital. Il prétend qu’il y a des indications qu’elle a été utilisée afin de garder les captifs pris par le Hamas.

Parmi ces indications, entre autres, des vêtements féminins – la pièce qu’il montre ressemble plutôt à une blouse d’hôpital – et un petit bout de ficelle qu’il appelle « corde » et qui se trouve sur le sol.

Ensuite – comme s’il venait réellement de découvrir une arme encore fumante – Hagari pointe le doigt sur un objet qui se trouve au sommet de ce qui ressemble à un boîtier de commande mural d’une pompe à eau et qui porte la marque de l’Organisation mondiale de la Santé.

« C’est un biberon. C’est un biberon dans une cave, au-dessus d’un signe de l’Organisation mondiale de la Santé »,

explique Hagari tout excité en pointant le doigt sur ce qui, en fait, est bel et bien un biberon.

« Cela laisse soupçonner qu’il s’agit d’un endroit où des otages ont été gardés »,

affirme Hagari. Il pointe ensuite du doigt une « infrastructure » comprenant un WC et un système de ventilation – des choses plutôt normales qu’on s’attendrait à trouver dans un hôpital.

Un autre élément accablant de « preuve » exhibé par Hagari n’est autre qu’un paquet de langes.

« Un WC, une douche, une petite cuisine suffit pour couvrir les besoins des terroristes », ajoute le porte-parole de l’armée, comme si des « terroristes » et non, disons, des administrateurs d’hôpital, des patients ou des membres du personnel, pouvaient également être les seuls à utiliser ce genre de choses.

Ensuite, Hagari promène les spectateurs dans ce qui ressemble à un salon assez confortable bien que dépourvu de fenêtre, avec des fauteuils, des canapés et des plantes en pot alignées le long d’un mur. Dans un coin se trouve une photocopieuse.

Deux ou trois chaises sont couvertes de coussins et il y a un tapis par terre.

« Vous entrez maintenant dans la pièce où nous soupçonnons qu’étaient gardés les otages »,

dit Hagari.

Le « preuve » ici comprend des rideaux impeccablement repassés accrochés à une tringle près du plafond, le long d’un mur, et qui font manifestement partie du décor de la pièce, à moins qu’ils n’aient été disposés là dans un effort en vue de garder le froid à l’extérieur.

Toutefois, Hagari affirme sans preuve que les rideaux servaient de toile de fond pour réaliser des vidéos avec les otages – comme si, dans ce but, les ravisseurs auraient pris le temps de suspendre les rideaux avec soin et précision.


« Chaque nom sur cette liste est un homme mort qui marche »

Mais c’est alors que vient le grand final. « Et, maintenant, nous allons vous montrer d’autres preuves encore », dit Hagari en traversant la pièce et en passant devant un bureau qui ressemble à s’y méprendre à celui d’un administrateur d’hôpital.

« Dans cette pièce, il y a une liste », dit Hagari en pointant le doigt sur une feuille de papier collée sur le mur.

« Cette liste en arabe… Cette liste dit : « Nous sommes dans une opération, l’opération contre Israël – lancée le 7 octobre. »

« Ceci est une liste de gardiens, sur laquelle chaque terroriste inscrit son nom et sur laquelle chaque terroriste a sa propre pause pour garder les personnes qui se trouvaient ici »,

ajoute Hagari d’un air suffisant pendant que la caméra retourne vers les plantes en pot, la photocopieuse et les fauteuils.

En fait, rien de ce que dit Hagari du document sur le mur n’est vrai.

Ce qu’il montre, c’est un vulgaire calendrier mural. Au-dessus, il est écrit : « Opération Déluge d’al-Aqsa » et une date est indiquée, le 7 octobre 2023. C’est le nom communément utilisé pour désigner l’actuelle guerre.

Puis il y a une grille de calendrier couvrant les mois d’octobre – à commencer par le 7 – et de novembre.

Chaque carré contient la date et le jour de la semaine, et rien d’autre. Il n’y a pas de noms.

Certains des carrés – jusqu’au 3 novembre – sont barrés d’une croix, indiquant que quelqu’un marquait l’écoulement des jours de guerre.

Aviva Klompas, ancienne rédactrice de discours au service de la mission israélienne à l’ONU et partisane active du génocide de Gaza, a tweeté avec exaltation une photo du calendrier mural.

« Découvert dans le sous-sol de l’hôpital Rantisi des enfants à Gaza, un horaire montrant les noms des terroristes du Hamas qui gardaient les otages ».

Tel était le sous-titre donné par la lobbyste israélienne à l’image.

« Chaque nom sur cette liste est un homme mort qui marche. »

À un moment ou l’autre, Klompas a dû se rendre compte que ce mensonge particulier pouvait être démystifié trop facilement et elle a détruit le tweet.

Plus tard, l’armée israélienne a également supprimé un tweet, revenant ainsi sur ses fausses allégations.

 

 

Mais, au moment où l’armée a tenté de modifier ses manipulations, celle-ci ainsi que d’autres vidéos de propagande avaient déjà été largement démystifiées et ridiculisées.

 

 

 

Mardi, lors d’une conférence de presse, le directeur de l’hôpital Rantisi des enfants a catégoriquement nié les allégations israéliennes. Il a déclaré que les pièces du sous-sol figurant dans la vidéo de l’armée israélienne étaient normalement utilisées comme bureaux administratifs et, pour une partie d’entre elles, comme pharmacie de l’hôpital.

Mais, depuis le début de la guerre, des milliers de personnes avaient afflué vers l’hôpital pour y chercher refuge et un grand nombre d’entre elles avaient également logé dans ces pièces jusqu’au moment où elles avaient été forcées de s’en aller par les envahisseurs israéliens.

 

Une propagande « humanitaire »

Mardi, reconnaissant peut-être que ce pathétique effort de RP ne tempérait pas l’indignation croissante suscitée par les attaques délibérées d’Israël contre les hôpitaux, l’armée a sorti une nouvelle ligne de propagande prétendant que

« les FDI transféraient pour l’instant des incubateurs d’un hôpital d’Israël vers l’hôpital al-Shifa de Gaza ».

Mais, comme on l’a rapidement fait remarquer, les hôpitaux de Gaza n’ont pas besoin d’incubateurs. Ils ont besoin de carburant pour faire fonctionner les incubateurs qu’ils possèdent déjà – et qu’Israël les avait empêchés de recevoir.

Ce canular lui aussi s’est retourné contre ses auteurs.

 

Dimanche, des responsables de la santé de Gaza ont annoncé que l’hôpital al-Shifa avait été mis hors service du fait que son approvisionnement en carburant était épuisé.

Un nouveau-né est mort quand son incubateur n’a plus été alimenté en courant, et des douzaines d’autres couraient le même danger.

« Notre personnel médical a été dans l’impossibilité de fournir le moindre soin aux patients, aux blessés, aux enfants, quel que soit leur état. Al-Shifa est sans électricité, sans eau, sans oxygène. En ce moment précis, une petite fille souffrant d’une maladie cardiaque lutte pour sa vie chaque minute qui passe, parce que nous ne pouvons plus lui procurer de l’oxygène »,

a déclaré lundi à France 24 Muhammad Abu Salmiya, le directeur de l’hôpital.

Mardi, des Palestiniens assiégés à l’intérieur de l’hôpital ont creusé une fosse commune pour enterrer des patients décédés.

Même si ces allégations sont démystifiées l’une après l’autre, Israël continue de dégoiser ses mensonges nocifs dans le but de justifier ses crimes de guerre contre les hôpitaux de Gaza.

 

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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse

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Publié le 14 novembre 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

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