Un Palestinien tué lors d’une attaque israélienne contre un camp de réfugiés

Suleiman Ayesh Hussein Aweid, 20 ans, a été tué par balles et trois autres personnes ont été blessées lors d’un raid matinal dans le camp de réfugiés d’Aqabat Jabr, près de Jéricho, en Palestine occupée. Une autre personne a été renversée par un véhicule militaire israélien, au cours du raid

 

Jérusalem, 24 avril 2023. La police israélienne entoure une voiture utilisée dans ce qu’elle prétend avoir été une attaque à la voiture-bélier, au cours de laquelle cinq personnes ont été blessées. Le conducteur palestinien, un père de cinq enfants, a été abattu et tué sur place.

Jérusalem, 24 avril 2023. La police israélienne entoure une voiture utilisée dans ce qu’elle prétend avoir été une attaque à la voiture-bélier, au cours de laquelle cinq personnes ont été blessées. Le conducteur palestinien, un père de cinq enfants, a été abattu et tué sur place. (Photo : Debbie Hill / UPI)

 

Ali Abunimah, 24 avril 2023

Lundi après-midi, à Jérusalem, cinq personnes ont été blessées lors de ce que la police israélienne a qualifié d’attaque à la voiture-bélier.

L’incident a eu lieu après que les forces israéliennes ont tué un jeune Palestinien lors d’un raid matinal dans le camp de réfugiés d’Aqabat Jabr, près de Jéricho, en Palestine occupée.

Suleiman Ayesh Hussein Aweid, 20 ans, a été tué par balles et trois autres personnes ont été blessées lors du raid, rapporte le gouverneur de l’Autorité palestinienne à Jéricho.

L’une des personnes blessées a, paraît-il, été arrêtée par les soldats du raid, en même temps qu’ils emportaient le corps d’Aweid.

Une autre personne a été renversée par un véhicule militaire israélien, au cours du raid, et emmenée à l’hôpital, où l’on dit qu’elle est dans un « état modéré ».

Les médias locaux ont fait état de confrontations entre les résidents et les forces israéliennes au moment où celles-ci fouillaient des maisons dans le camp de réfugiés.

L’armée israélienne a publié une vague déclaration à propos de l’incident, mais n’a pas fait savoir que ses soldats avaient été confrontés à des tirs hostiles.

L’armée a expliqué que ses forces avaient arrêté une « personne recherchée », lors du raid contre Aqabat Jabr.

Au cours du raid, l’armée a affirmé ceci :

« Deux suspects ont été identifiés alors qu’ils tentaient de s’échapper des lieux et, en guise de riposte, les soldats leur ont tiré dessus et les blessés ont alors été identifiés. »

Aqabat Jabr a fréquemment été la cible de raids israéliens depuis le début de l’année. Il y a eu entre autres, en février, une offensive qui a tué cinq personnes.

 

Des blessés à Jérusalem

Quelques heures plus tard, une voiture dont les autorités israéliennes affirment qu’elle était conduite par un Palestinien a foncé sur des piétons à un carrefour à Jérusalem-Est, blessant cinq personnes, dont l’une – un sexagénaire – grièvement.

Des vidéos graphiques de l’incident montrent un Israélien en vêtements civils qui tire à bout portant à l’intérieur du véhicule, du côté du conducteur, alors qu’une personne blessée gît sur le capot de la voiture arrêtée au milieu du trottoir.

 

La police israélienne a été prompte à qualifier le conducteur de « terroriste », en disant que l’homme, un habitant du quartier de Beit Safata, à Jérusalem-Est occupée, avait été mortellement abattu par un civil armé présent sur les lieux.

Mais, selon les médias israéliens, Hatem Asad Abu Najma, le conducteur, 39 ans et père de cinq enfants, « n’avait pas commis auparavant de délits sécuritaires connus, mais on savait qu’il avait des problèmes de santé mentale ».

Des photos d’Abu Najma ont circulé dans les médias sociaux.

 

Après l’incident, les forces israéliennes ont effectué un raid à Beit Safafa et ont arrêté des proches d’Abu Najma, dont sa femme.

 

L’escalade de la violence

La violence de lundi a coïncidé avec ce qu’Israël appelle la Journée du Mémorial, sa commémoration annuelle des soldats morts en participant au nettoyage ethnique, à l’occupation et à d’autres formes de l’oppression israélienne des Palestiniens, et des guerres d’Israël contre ses voisins.

Le supposé attentat à la voiture-bélier a eu lieu au moment même où le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou participait à une commémoration officielle de l’événement, à quelques milles de là.

« Ces attaques sont fomentées dans l’espoir pour eux de pouvoir nous forcer à nous déplacer d’ici à là et, s’ils le pouvaient, ils nous tueraient tous »,

a prétendu Netanyahou après avoir été mis au courant de l’incident.

« Nous avons fondé un pays glorieux avec une armée glorieuse et une force de police glorieuse, à un prix qui briserait le cœur »,

a-t-il ajouté.

Pendant ce temps, les factions de la résistance palestinienne ont qualifié l’attaque supposée de réponse naturelle aux incessants assauts israéliens contre le peuple palestinien.

Depuis le début de l’année, Israël a considérablement accru sa violence contre les communautés palestiniennes, incitant l’envoyé du processus de paix de l’ONU, Tor Wennesland, à remarquer le mois dernier que

« les opérations des forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie occupée et les affrontements qui ont suivi ont abouti à un nombre sans cesse croissant de tués et de blessés palestiniens ».

Depuis le 1er janvier, les forces de l’occupation et les civils israéliens ont tué une centaine de Palestiniens, dont 18 enfants.

Plus de 2 600 Palestiniens ont été blessés, dont plus de 300 à balles réelles.

Jusqu’à la mi-mars, les forces israéliennes ont effectué plus d’un millier de raids de recherche et d’arrestation en Cisjordanie occupée – une moyenne d’environ dix raids par jour – arrêtant ainsi près de 2 000 Palestiniens, rapporte l’ONU.

Durant les trois jours de festivités de l’Eid al-Fitr, qui marquait la fin du Ramadan, les forces d’occupation ont arrêté 65 Palestiniens, dont 6 enfants.

Vingt Israéliens ont été tués en Israël et en Cisjordanie dans la violence relative à l’occupation, depuis le début de 2023.

Un touriste italien est mort plus tôt ce mois-ci dans ce qu’Israël s’obstine à qualifier d’attentat à la voiture-bélier, dans la ville côtière de Jaffa, au sud de Tel-Aviv.

Le conducteur de cette voiture, Yusif Abu Jaber, a été sommairement exécuté sur les lieux mêmes. La police a déclaré qu’après que sa voiture s’était retournée, il s’était avéré qu’Abu Jaber avait tendu la main vers un « objet ressemblant à une arme à feu » et dont la police avait dit plus tard que c’était un pistolet factice, un vulgaire jouet.

La famille d’Abu Jaber, un citoyen palestinien d’Israël, réclame une enquête en bonne et due forme sur l’incident, car elle doute que ce dernier eût été intentionnel.

La famille veut qu’Israël montre les prises de vue des caméras corporelles enregistrées par les agents qui ont tué cet homme marié, père de six filles. Elle fait également remarquer qu’Israël n’a pas montré de photos de l’arme factice dont Abu Jaber disposait prétendument.

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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse

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Publié le 24 avril 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

 

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