De nouvelles preuves qu’Israël a tué ses propres civils

Israël prétend que le Hamas ou d’autres combattants palestiniens ont tué 1 200 Israéliens le 7 octobre, mais comme le montrent nos reportages depuis ce jour-là, un nombre important, bien que toujours indéterminé, de ces personnes ont été tuées par les forces israéliennes à l’aide d’obus de char et d’hélicoptères de combat.

 

De nouvelles preuves qu’Israël a tué ses propres civils

 

Ali Abunimah, 22 février 2024

L’armée israélienne a-t-elle tué ses propres concitoyens le 7 octobre 2023 ? Les lecteurs assidus de The Electronic Intifada savent qu’elle l’a fait. (*)

Israël prétend que le Hamas ou d’autres combattants palestiniens ont tué 1 200 Israéliens le 7 octobre, mais comme le montrent nos reportages depuis ce jour-là, un nombre important, bien que toujours indéterminé, de ces personnes ont été tuées par les forces israéliennes à l’aide d’obus de char et d’hélicoptères de combat.

Ces tueries sont imputables à une combinaison de tirs indiscriminés dus à la panique et de l’application de la doctrine Hannibal, une procédure militaire israélienne qui permet à l’armée d’empêcher la capture d’Israéliens par tous les moyens, même si cela doit entraîner leur mort.

La vidéo ci-dessous, réalisée par la chaîne GDF de YouTube, résume très bien, en un peu plus de 12 minutes, la majeure partie des reportages de The Electronic Intifada.

« Examiner des incidents impliquant des tirs amis le 7 octobre pour faire de vous une cible de calomnies et de fausses déclarations. Cela peut facilement vous valoir d’être catalogués comme théoriciens du complot et autres appellations du même genre »,

explique le narrateur, qui ajoute :

« L’un des très rares, si pas le seul média à avoir couvert en permanence le sujet est The Electronic Intifada. »

« En livrant simplement à son lectorat des mises à jour sur les faits connus des incidents impliquant des tirs amis au cours du 7 octobre et des jours suivants, il a fait l’objet d’une attaque au moins par un article du Washington Post qui l’a mis dans le même sac que les négationnistes de droite de l’Holocauste en disant qu’il exagérait dans ses allégations »,

explique le narrateur.

En janvier, en effet, The Electronic Intifada a été la cible d’une diffamation calomnieuse d’un grand journal américain, mais cette attaque n’a pas été en mesure de nous dissuader de vouloir poursuivre la vérité.

 

Révélation d’un nouvel incident

La quasi-totalité des informations concernant les incidents des fameux tirs amis du 7 octobre provient de sources et médias israéliens et, pourtant, elles sont rarement reprises dans les médias traditionnels occidentaux, qui continuent à s’en tenir de très près au discours de la propagande israélienne officielle.

Mais, même dans les médias israéliens, l’information a filtré lentement. Chaque semaine, pour ainsi dire, de nouvelles preuves font leur apparition.

Jeudi, en effet, Haaretz révélait encore un incident du même genre.

Le journal israélien rapporte qu’un Israélien ne s’était échappé de la rave party Supernova – où les forces israéliennes avaient tiré sur des civils – que pour se faire abattre mortellement lorsqu’il avait atteint ce qu’il croyait être la sécurité du kibboutz Alumim, une colonie de peuplement toute proche.

« Ofek Atun et son amie Tamar fuyaient en voiture la boom Nova en plein air quand des roquettes ont commencé à voler au-dessus de leurs têtes. Le couple a fait route vers le nord jusqu’au moment où le personnel de la sécurité d’une communauté des environs l’a dirigé vers le kibboutz Alumim »,

peut-on lire dans Haaretz.

Au kibboutz, le couple

« a cogné avec frénésie dans des portes avant de se précipiter dans la maison d’un couple plus âgé qui s’était réfugié dans la pièce lui servant d’abri. Pensant que des terroristes venaient de faire irruption dans leur maison, les propriétaires avaient appelé à l’aide les volontaires de l’équipe de sécurité ».

« Alors qu’Ofek et Tamar se cachaient à l’intérieur de la maison, l’équipe de sécurité est arrivée, accompagnée d’un soldat résident du kibboutz, et avait discrètement évacué le couple âgé par la fenêtre de la chambre de sécurité »,

poursuit l’article.

« Le soldat était alors entré dans la maison par la fenêtre, pistolet en main, tandis qu’un membre de l’équipe de la sécurité le couvrait depuis la fenêtre. »

« Selon un membre de l’équipe de sécurité de la communauté, Atun et le soldat se sont battus et le soldat a tiré sur Atun à plusieurs reprises, en le prenant pour un terroriste »,

poursuit Haaretz.

« Selon Tamar, Ofek a été mortellement touché sans s’être battu au préalable. »

Tamar elle-même a été touchée à l’estomac par des soldats israéliens, mais elle a survécu pour raconter son histoire.

Cette histoire aurait-elle vu le jour si elle avait été tuée, ou y aurait-il eu une nouvelle tentative de dissimulation – semblable à la tentative avortée en vue de masquer la façon dont les forces israéliennes avaient tiré des obus sur une maison, tuant ainsi un certain nombre de civils au kibboutz de Be’eri ?

En décembre, l’armée israélienne avait admis « un nombre immense, très difficile à quantifier » d’incidents impliquant des tirs amis le 7 octobre, mais elle refuse d’enquêter là-dessus, en prétendant qu’agir de la sorte serait « malsain moralement ».

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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse

Publié le 22 février 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

(*) La plupart des articles concernant ce sujet ont été traduits en français pour ce site

 

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