Israël a tué des Israéliens, confirme un nouveau documentaire sur le 7 octobre

Un nouveau documentaire réalisé par l’unité d’investigation d’Al Jazeera a découvert qu’une grande partie des histoires horribles que les Israéliens ont fait circuler sur l’offensive militaire palestinienne enclenchée le 7 octobre étaient fausses.

 

Israël a tué des Israéliens, confirme un nouveau documentaire sur le 7 octobre. L'expert dans le domaine militaire Chris Cobb-Smith affirme que la majeure partie des destructions provoquées aux maisons israéliennes le 7 octobre ne pourraient être imputables au Hamas.

L’expert dans le domaine militaire Chris Cobb-Smith affirme que la majeure partie des destructions provoquées aux maisons israéliennes le 7 octobre ne pourraient être imputables au Hamas. (Photo : AJI)

 

Asa Winstanley, 11 mars 2024

« Les porte-parole officiels ont recouru à la désinformation, et parfois délibérément »,

déclare un commentateur cité dans le documentaire October 7.

Le film a été visionné par The Electronic Intifada juste avant sa première diffusion cette semaine. La vidéo contenant le documentaire intégral d’Al Jazeera sera ajouté à cette page dès qu’il sera disponible sur YouTube.

Bien qu’il ne constitue en aucun cas l’enquête complète de la part d’experts internationaux réclamée par le grand nombre, le documentaire confirme une grande partie du reportage réalisé sur le 7 octobre par un petit groupe de journalistes indépendants qui ont démystifié la propagande israélienne sur les atrocités, ce qui leur a valu d’être calomniés et attaqués par les médias traditionnels attachés au système.

The Electronic Intifada, The Grayzone, Mondoweiss et The Cradle ont tous découvert qu’un grand nombre – sinon la plupart – des 1 154 Israéliens dont le gouvernement prétend qu’ils ont été tués par les Palestiniens l’ont été en fait par Israël même.

Le documentaire confirme le rapport de janvier de The Electronic Intifada disant qu’à la mi-journée du 7 octobre, l’armée israélienne a invoqué la fameuse directive Hannibal.

Comme cela est expliqué dans le documentaire par l’histoirien israélien Uri Bar-Joseph,

« La directive Hannibal est un protocole non officiel qui dit : ‘Nous préférons que le soldat soit tué plutôt que capturé vivant.’ »

 

Un Hannibal massif

Comme l’a rapporté The Electronic Intifada en décembre, un colonel des forces aériennes israéliennes a même décrit le 7 octobre comme un « Hannibal massif ». Dans sa forme réactivée, la doctrine semble avoir été étendue des soldats à tous les Israéliens, civils y compris.

L’unité d’investigation d’Al Jazeera s’est livrée à une analyse médicolégale, examinant sept heures de prises de vue, dont une bonne partie enregistrées par les caméras corporelles des combattants tués du Hamas. Elle a passé en revue les témoignages de centaines de survivants et a compilé une liste complète des victimes.

L’enquête conclut qu’au moins 27 des prisonniers israéliens capturés par les Palestiniens

« sont morts quelque part entre leur maison et la clôture de Gaza dans des circonstances qui sont restées inexpliquées ».

Elle estime aussi qu’au moins 18 autres des 782 civils israéliens et étrangers dont Israël dit qu’ils ont été tués dans l’offensive l’ont été en fait par des troupes terrestres israéliennes.

Alors qu’elle n’en arrive pas à une conclusion définitive au sujet du nombre de civils morts tués par Israël même, elle affirme qu’

« un certain nombre de corps » qui ont été retrouvés sous les décombres appartenaient à des gens « morts dans des circonstances peu claires ».

 

Vidéo EI : « Nous avons tué des Israéliens le 7 octobre », dit un colonel des forces aériennes israéliennes. (sur YouTube)

 

Elle fait également état de ce que la presse israélienne a rapporté – comme l’a révélé en anglais The Electronic Intifada en janvier – que 70 véhicules conduits par des combattants palestiniens retournant à Gaza ont été détruits par les tirs des hélicoptères de combat, drones ou chars israéliens.

Il conviendrait donc de considérer ce chiffre comme un strict minimum, en l’absence d’une enquête complète, fiable et indépendante sur les événements du 7 octobre.

Il est donc probable, vu l’usage rapporté par Israël d’armes lourdes comme des chars et des hélicoptères de combat à grande échelle, que le nombre d’Israéliens tués par leurs propres forces soit bien plus élevé.

Israël a toutefois refusé de permettre à une équipe indépendante des Nations unies d’entrer dans le pays en vue précisément d’effectuer ce genre d’enquête.

« En aucun cas » imputable au Hamas

L’unité d’investigation a également collecté des prises de vue des kibboutzim – les colonies israéliennes proches de la frontière avec Gaza et qui ont été attaquées par le Hamas dès le 7 octobre.

Les prises de vue concernaient aussi bien l’attaque contre les colonies que ce qui s’est passé après, comme l’ont abondamment rapporté les médias israéliens et internationaux.

Al Jazeera a montré ces prises de vue à un expert militaire, l’ancien officier d’artillerie britannique Chris Cobb-Smith.

Cobb-Smith en a conclu qu’une grande partie des dégâts n’auraient pu être provoqués par le Hamas.

« Sur toutes les prises de vue que j’ai examinées de l’offensive du Hamas par la clôture frontalière contre les kibboutzim, les combattants ne sont pour ainsi dire armés que d’armes légères »,

dit-il dans le documentaire.

« Des grenades propulsées par lance-roquettes (RPG) et des armes de poing personnelles. »

Après avoir visionné les prises de vue du kibboutz de Be’eri et de celui de Kfar Azzan il,déclare que des

« dégâts structurels aussi catastrophiques » n’ont « manifestement pas été causés par un effondrement structurel suite à un incendie » et qu’ils auraient plutôt été « causés par une espèce ou l’autre d’armes lourdes au cours des combats. Ces dommages structurels catastrophiques infligés à un grand nombre de ces bâtiments ne peuvent avoir eu lieu qu’à l’aide de systèmes d’armes lourdes utilisés contre le kibboutz même ».

Au vu des images de deux trous dans le mur d’une maison du kibboutz, il poursuit :

« Je dirais probablement par une sorte d’arme lourde tirée sur la maison, très probablement par un char » et d’expliquer : « Il n’y a pas moyen qu’une RPG provoque ce genre de dégâts. »

Le documentaire appuie également certaines des démystifications par The Electronic Intifada de la propagande discréditée du gouvernement israélien concernant les atrocités par « viols massifs ».

Il fait remarquer que le récent rapport de l’ONU déclarait que les preuves visuelles qui avaient été collectées ne fournissaient

« aucune indication tangible de viol » et il ajoute que c’était « une conclusion soutenue par l’analyse même des prises de vue et photographies de l’unité [d’investigation d’Al Jazeera] ».

Le rapport, dirigé par Pramila Patten, a aidé Israël et le New York Times a blanchir la propagande des atrocités par le biais du système de l’ONU.

Mais, contrairement à bien des retombées médiatiques, le rapport Patten dénonce plus encore les allégations de violence sexuelle systémique comme une fraude.


Vidéo EI : Le scandale s’amplifie autour de l’enquête frauduleuse du NYT sur les « viols massifs ». (sur YouTube)

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Asa Winstanley est un journaliste freelance installé à Londres et qui a vécu en Palestine occupée, où il a réalisé des reportages. Son premier ouvrage : Corporate Complicity in Israel’s Occupation (La complicité des sociétés dans l’occupation israélienne) a été publié chez Pluto Press. Sa rubrique Palestine is Still the Issue (La Palestine constitue toujours la question) est publiée chaque mois. Son site Internet est le suivant : www.winstanleys.org

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Publié le 11 mars 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

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