Le prisonnier palestinien Walid Daqqah est décédé dans une prison de l’occupation israélienne

Le révolutionnaire palestinien Walid Daqqah, a passé 38 ans dans les prisons de l’occupation. Il souffrait d’un cancer de la moelle osseuse en phase terminale ainsi que d’une grave affection pulmonaire.

Un hommage à Walid Daqqah a été rendu dans la nuit du 7 avril à Charleroi, à proximité de la Place verte. Gloire aux martyrs, puissent-ils guider les vivants sur le chemin de la libération..

Un hommage à Walid Daqqah a été rendu dans la nuit du 7 avril à Charleroi, à proximité de la Place verte. Gloire aux martyrs, puissent-ils guider les vivants sur le chemin de la libération.

 

Zoe Alexandra, 7 avril 2024

Après avoir passé 38 ans dans les prisons de l’occupation israélienne, l’animateur et penseur révolutionnaire palestinien Walid Daqqah est décédé à l’âge de 62 ans. En décembre 2022, on lui avait diagnostiqué un cancer de la moelle osseuse et il souffrait également d’une affection pulmonaire chronique. Les activistes et les organisations de gauche affirment que Walid Daqqah est mort en raison des négligences médicales délibérées de la part des autorités carcérales israéliennes.

Dans une déclaration publiée par Amnesty International il y a moins d’un mois et qui réclamait sa libération, on peut lire :

« Depuis le 7 octobre 2023, Walid Daqqah a été torturé et humilié, on lui a refusé toute visite de sa famille et il a dû subir d’autres négligences médicales. Au cours de cette période, il a été transféré à l’hôpital à deux reprises suite à l’aggravation de son état. »

Cette dernière année, les organisations palestiniennes de la gauche et celles des droits humains avaient intensifié leurs efforts en vue de réclamer la libération de Walid Daqqah en raison du refus systématique de traitement médical adéquat de la part des services carcéraux de l’occupation israélienne. En outre, en mars 2023, Daqqah avait complètement purgé sa peine initiale de 37 ans, mais sa libération avait été bloquée du fait qu’en 2018, les autorités israéliennes l’avaient accusé d’avoir tenté de faire entrer frauduleusement des GSM à l’intérieur de la prison et l’avaient condamné à deux années d’emprisonnement supplémentaires, tout en sachant bien qu’il était en phase terminale de maladie.

Le 31 mai 2023, la commission des libérations conditionnelles des services carcéraux israéliens avait rejeté la demande de libération anticipée de Daqqah, prétendant que la question ne dépendait pas de ses compétences et, peu après, un tribunal israélien avait également rejeté la demande. À l’époque, le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) avait dit que ne pas libérer Daqqah « équivalait à une condamnation à mort ». L’organisation avait ajouté qu’elle tenait

« l’occupation sioniste pour entièrement responsable des répercussions de cette décision, d’autant plus que l’état de santé du dirigeant emprisonné Walid Daqqah ne cesse de se détériorer suite à une politique permanente de négligence médicale et à une absence de diagnostics et traitements adéquats ».

Daqqah avait été arrêté une première fois par les forces israéliennes le 25 mars 1986 et, après avoir été accusé d’être impliqué dans l’homicide d’un soldat israélien, il s’était vu imposer une sentence de 37 ans d’emprisonnement. Selon une déclaration de l‘Union internationale des éditeurs de gauche (IULP) réclamant sa libération l’an dernier, Daqqah avait été soumis à

« des niveaux extrêmes des habituelles tortures, violences et négligences que subissent les prisonniers palestiniens dans les prisons de l’occupation ».

Le réseau des éditeurs de gauche disait de Daqqah qu’il était

« une voix du peuple, une voix que l’occupation craint et espère réduire au silence ».

Daqqah était devenu père à l’âge de 57 ans, après que son sperme avait pu sortir frauduleusement de prison.

En juin 2023, Peoples Dispatch avait publié un article rédigé par l’écrivain palestinien Wisam Rafeedie à propos de la résistance et de la lutte historiques de Daqqah. Rafeedie écrivait :

« Le prisonnier qui résiste n’a nul besoin de prouver son humanité. C’est un point discutable – cette humanité, ils en sont dignes. C’est le gardien de prison sioniste qui manque d’humanité face au prisonnier qui résiste. Walid a non seulement affirmé son humanité mais a également prouvé que sa conscience, comme celle de milliers d’autres prisonniers, n’avait pas été brûlée. Il a dénoncé la politique et la pratique d’Israël ciblant les prisonniers et consistant à leur brûler la conscience. »

Évoquant sa lutte continuelle, même dans les prisons de l’occupation, Rafeedie écrivait :

« À travers toutes les étapes de sa vie en prison, Walid n’a jamais renoncé au rôle prépondérant qu’il tenait au sein du mouvement des prisonniers (…) Il a toujours été engagé dans son rôle dans la lutte nationale en tant qu’activiste à la conscience élevée, au contraire de la poignée de dirigeants qui ont choisi de jouer le rôle de « kapo ». Walid n’a jamais arrêté sa production intellectuelle pointue, ni sa production littéraire à l’usage des adolescents ni la mise sur pied de la fraternité et de la camaraderie parmi ses compagnons prisonniers qui, tous, peuvent témoigner de son caractère. »

Après l’annonce de la nouvelle du martyre de Daqqah, un rassemblement a été organisé dans le centre de Ramallah fin de mobiliser en guise de protestation contre la négligence médicale et les mauvais traitements subis par Daqqah, ainsi que contre la présence de 8 000 autres prisonniers palestiniens dans les prisons de l’occupation.

Dans une déclaration diffusée le 7 avril, le FPLP a déploré la perte de l’écrivain révolutionnaire, du théoricien et de l’animateur et a écrit :

« Au moment où le Front populaire pour la libération de la Palestine dit adieu à son camarade le dirigeant, le penseur, l’écrivain, la source d’inspiration et le grand théoricien, il s’engage à être loyal envers son héritage national, et intellectuel de première ligne, via lequel il a fait son objectif de la Palestine et de la cause de sa libération. Jusqu’au moment de son départ, il est resté hanté par la Palestine, la Palestine tout entière, du fleuve à la mer. Gloire au grand martyr de la Palestine et de l’humanité. »

 

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Publié le 7 avril 2024 sur Peoples Dispatch
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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Trouvez ici  des écrits de Walid Daqqah :

Deux nouvelles du prisonnier politique palestinien Walid Daqqah : « Un lieu sans porte » et « Mon oncle, donne-moi une cigarette » 

“Le modelage de la conscience ou la réidentification de la torture”, une étude de Walid Daqqah sur le système carcéral israélien (2003)

Trouvez ici toutes les articles concernant Walid Daqqah, publiés sur ce site, dont : “Libérez Walid Daqqah et tous les prisonniers politiques”

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