Libérez Walid Daqqah et tous les prisonniers politiques

En guise de punition, Israël a ajouté deux ans à la sentence de 37 infligée à Walid Daqqah et, voici quelque temps, on lui a diagnostiqué un cancer de la moelle osseuse. Maintenant que Walid a purgé complètement sa sentence originale, sa famille demande sa libération avant qu’il soit trop tard.

 Walid Daqqah (à droite), sa fille Milad (au milieu) et sa femme Sana’ (à gauche). (Photo : avec l’aimable autorisation de la Campagne Libérez Walid Daqqah)

Walid Daqqah (à droite), sa fille Milad (au milieu) et sa femme Sana’ (à gauche). (Photo : avec l’aimable autorisation de la Campagne Libérez Walid Daqqah)

 

Sana’ Salameh, 29 mai 2023

Une version de cet article a d’abord été publiée en arabe dans 7iber le 16 mai et a ensuite été traduite en anglais par Dalia Taha. Mondoweiss a obtenu la permission de le publier à son tour, en anglais.

Walid Daqqah, un prisonnier politique palestinien originaire du village de Baqa al-Gharbiya, en Palestine occupée, a été privé de liberté pour 37 ans. La sentence infligée à Walid était censée arriver à son terme le 24 mars 2023 mais, en 2018, le gouvernement israélien, de façon vindicative, a allongé cette sentence de deux ans. Dans l’intervalle, Walid a été diagnostiqué d’un cancer de la moelle osseuse.

Dans le compte rendu que voici, Sana’ Salameh, l’épouse courageuse de Walid, témoigne de leurs combats durant quasiment quatre décennies d’emprisonnement. Au cours de ces années, leur famille s’est battue sans répit, devant les tribunaux israéliens et en dehors, pour un tas de choses qu’en d’autres circonstances nous considérerions comme allant de soi : le droit au mariage, le droit de concevoir un enfant, le droit pour un père de tenir sa fille et, en fin de compte, le droit à la vie même.

En ce jour même, Walid, Sana’ et leur fille Milad continuent de lutter ensemble pour le droit de Walid à la vie et à la liberté. Ce qui suit est leur histoire.

Campagne Libérez Walid Daqqah

 

Walid a été arrêté le 25 mars 1986 et, au moment de rédiger ces lignes, il a vécu 37 années en prison. Il est l’un des plus anciens prisonniers politiques de Palestine.

En prison, Walid a obtenu une licence et une maîtrise. De même que d’autres prisonniers, son esprit n’a pas faibli durant ses années d’emprisonnement. Nos prisonniers ont transformé les geôles israéliennes en universités et en écoles, en endroits où se conçoit la praxis de notre résistance et où se fortifie l’esprit humain. Il n’y a pas de meilleur exemple de ce défi créatif que Walid, puisqu’il est à la fois un écrivain, un romancier et un formidable combattant. Dans ses combats contre les autorités carcérales, il a pris le dessus, et ce, dans chacun d’eux.

Temps parallèle, le titre d’une pièce que Walid a écrite en prison, est également un concept dans ses écrits qui s’est révélé comme source d’inspiration pour de nombreux auteurs et étudiants. Temps parallèle a été mise en scène au théâtre Al Midan à Haïfa, en 2016, après quoi le théâtre a été fermé par le gouvernement israélien, puisque ce régime ne peut permettre à nos prisonniers de s’exprimer. Après la fermeture d’Al Midan, les médias israéliens ont lancé une virulente campagne de diffamation contre Walid.

Walid a également écrit une merveilleuse histoire pour les enfants intitulée Le conte du secret de l’huile, et qui lui a valu un châtiment de la part de l’administration carcérale. On lui a refusé les visites de la famille, infligé une amende et on l’a placé en confinement solitaire, dans les conditions les plus inhumaines. Finalement, on l’a accusé d’avoir introduit frauduleusement des téléphones mobiles dans la prison.

Walid a fini de purger sa sentence originale de 37 ans le 24 mars 2023, c’est-à-dire il y a quelques semaines à peine, et il était donc censé être libre parmi nous. Mais, pour le punir de ce prétendu crime de haine, les autorités israéliennes ont ajouté deux années supplémentaires à sa sentence en 2018. Dans d’autres cas similaires, ces délits n’ont été sanctionnés de quelques jours de confinement solitaire. Dans le cas de Walid, ce sont deux années qui ont été ajoutées. Durant ces deux ans, il a été diagnostiqué d’un cancer.

La dernière affaire qui poussa les autorités d’occupation et les services carcéraux à cibler Walid et à inciter contre lui fut la naissance de notre fille Milad. Milad est née grâce à du sperme « libéré », sorti en fraude de la prison. Puisque nous étions devenus père et mère en dépit des autorités d’occupation, Walid et moi-même sommes devenus les cibles de leur vindicte.

Walid est de Baqqa al-Gharbiya, un village arabe à l’intérieur d’Israël, et je vis à Yaffa. Nous détenons tous deux la citoyenneté israélienne. Cette citoyenneté nous donne le droit à des visites conjugales. Pendant 12 années, nous nous sommes battus dans les tribunaux pour qu’on nous reconnaisse ce droit, mais ils nous l’ont refusé. Et c’est ainsi que nous avons décidé que notre fils ou notre fille devrait venir au monde bien malgré eux. Nous n’allions pas demander leur permission.

Milad est venue au monde le 3 février 2020. Par la suite, Walid a été soumis à leurs interminables punitions et représailles, qui se poursuivent encore aujourd’hui. Nous croyons qu’il y a des gens des Services carcéraux qui œuvrent infatigablement afin de s’assurer que Walid ne quittera jamais la prison sur ses deux jambes. Ils tentent de l’assassiner avec des moyens lents et progressifs parce que, durant toutes ces années, il n’a jamais cessé de les défier. J’espère vraiment que Walid les défie, en même temps qu’il affronte sa maladie, et qu’il sortira vainqueur de son dernier combat.


La rencontre de Walid

Je viens d’une famille politisée. Mon père a été prisonnier politique dans les années 1970 et 1980, mais pendant de brèves périodes. Peut-être est-ce cette vie qui m’a orientée sur la question des prisonniers. Dans les années 1990, je faisais du volontariat dans une association de « sympathisants des prisonniers », qui travaille pour aider les prisonniers politiques et s’occuper de leurs besoins. J’écrivais sur les prisonniers et quelqu’un m’a suggéré de demander aux prisonniers mêmes de rapporter eux-mêmes les informations les concernant. C’est ainsi qu’on m’a donné le nom de Walid et ceux d’autres prisonniers.

J’ai rendu visite à Walid en prison en 1996, parce que j’avais l’impression que j’avais entendu son nom auparavant, que c’était quelqu’un que je connaissais. Ce jour-là, je lui ai demandé : Que pouvons-nous faire pour vous ? De quoi avez-vous besoin ? Walid m’a donné une liste de choses à faire pour les prisonniers et m’a parlé de leur situation. La liste des choses à faire n’a plus jamais cessé de s’allonger depuis. Jamais elle n’a diminué. Il y a des milliers de prisonniers et des milliers de choses à faire, de grandes choses et de petites choses. Walid et moi travaillions ensemble.

Après quelques années, cette relation s’est muée en une relation romantique et nous nous sommes mariés. Nous avons organisé une petite cérémonie de mariage à la prison d’Ashkelon, le 10 août 1999. Il peut sembler étrange qu’ils nous aient donné le droit de faire tout cela. Nous avons eu de la chance que cela se soit passé avant la Seconde Intifada qui, politiquement, allait bouleverser tout cela. Nous avons mis la pression sur eux tout en étant soutenus par des hommes politiques arabes en Israël. Finalement, nous avons eu tout ce dont nous avions besoin pour le jour de note mariage. Comme tout autre couple marié, nous voulions un enfant. Nous nous sommes battus pendant de nombreuses années dans les tribunaux pour qu’on nous reconnaisse ce droit. Mais, à la fin, nous y sommes parvenus, bien malgré eux et bien malgré tout, en fait. Durant cette longue vie que j’ai partagée avec lui, Walid n’a jamais cessé de faire preuve de force et d’optimisme.

Une photo de Walid Daqqah (à gauche) et de sa femme, Sana’ Salameh (à droite), le jour de leur mariage à la prison d’Ashkelon.   (Photo : Social Media)

Une photo de Walid Daqqah (à gauche) et de sa femme, Sana’ Salameh (à droite), le jour de leur mariage à la prison d’Ashkelon. (Photo : Social Media)

 

L’un des articles écrits par Walid s’intitule : « Dissoudre la conscience ». Il est nécessaire de le lire si l’on veut comprendre la réalité du mouvement des prisonniers et la réalité de la vie politique en Palestine. Walid l’a rédigé après la grève de la faim des prisonniers en 2004, qui avait eu des conséquences tragiques pour les prisonniers – il y avait eu un retour en arrière, littéralement à zéro, sur les gains incrémentiels obtenus par le mouvement.

On apprend également pas mal de choses sur Walid lui-même, dans cet article – sur le genre de personne qu’il est. Sa vitalité, sa générosité, son intelligence et sa force. Vraiment, c’est une personne exceptionnelle. Et ils n’ont jamais cessé de le combattre.

Même dans sa maladie, ils l’ont combattu. Nous n’avons plus été en mesure de le voir depuis qu’il a subi sa dernière intervention chirurgicale, qui a duré au moins cinq heures. Il s’agit d’une opération extrêmement sensible et difficile. Avant l’opération, ils nous ont permis, à Milad et moi, de voir Walid pendant dix minutes, alors qu’il avait les mains et les jambes enchaînés. La première fois qu’il avait été transféré à l’hôpital, j’y étais allée, mais ils ne m’avaient pas laissée le voir. Ils ne m’avaient même pas permis de lui faire signe de loin.

Aujourd’hui, il est dans une situation très critique et pénible, et nous n’avons pas la permission d’être avec lui en ces moments difficiles. Pour eux, même les plus petites choses, les plus petits instants d’humanité, se muent en des occasions de nous persécuter.


La naissance de Milad

Milad a été conçue après bien des années d’essais. Immédiatement après sa naissance, ils ont entamé une nouvelle campagne de punitions et de harcèlement. Tout d’abord, le ministère de l’Intérieur a refusé d’enregistrer Milad sous le nom de son père. Après quoi ils lui ont refusé le droit de rendre visite à son père.

Walid n’a vu sa fille pour la première fois qu’un an et demi après sa naissance. Il nous a fallu combattre dans les tribunaux israéliens, et de nouveau contre le ministère de l’Intérieur, pour les papiers et les droits de Milad. Il faut savoir que Milad est le premier enfant pour qui les Services de renseignement israéliens (le Shabak) ont ouvert un dossier avant même qu’il ne soit venu au monde, et il faut savoir aussi que les Services de renseignement israéliens ont mis en garde contre la naissance de Milad au cours de l’une des audiences du tribunal.

Il s’agit d’un régime paranoïaque et raciste. Walid a écrit un texte merveilleux, à l’époque, avec la voix de sa fille, avant son arrivé même dans ce monde, et ce texte est une discussion autour de son droit à l’existence. Walid écrit :

« Je n’ai pas peur de ce gouvernement ni de son orgueil démesuré. Non que je sois sans crainte, non parce que j’ai foi en ce que soit reconnu le caractère précieux de l’enfance – comme vous l’apprendrez, ce gouvernement raciste ne s’est jamais le moins du monde soucié de l’enfance – mais simplement parce que je suis au-dessus d’eux, éthiquement parlant, comme quelqu’un qui est en possession d’un droit, le droit de la plus simple même des créatures, qui est le droit de vivre. Ils engendrent la mort, et je suis le produit de la vie. Et, ici, je vous le demande : Qu’est-ce que l’aliénation mentale ? Est-ce de l’aliénation si un enfant de mon âge parle ? Ou est-ce de l’aliénation si le Shabak a ouvert un dossier sur elle avant même qu’elle ne soit venue au monde ? “

J’ai appris au cours de ma vie avec Walid que l’ennui est quelque chose qui n’existe pas. Parce que vous êtes toujours en train de combattre pour la plus simple des choses, le plus simple des droits. Walid a vu Milad pour la première fois après un an et demi. C’est en nous battant contre les tribunaux que nous avons arraché pour lui le droit de la voir. Nous sommes passés par un test ADN. Nous avons compris dès le début que nous allions devoir combattre cette prérogative qu’ils pensaient avoir, celle de demander : Qui est cette fille ? Comment se fait-il qu’elle soit sa fille ?

La rencontre entre Milad et Walid

Je ne puis décrire avec des mots le jour où Milad a rendu visite à son père pour la première fois. Tous les prisonniers étaient là dans la salle des visites parce qu’ils voulaient voir Milad au moment où elle rencontrerait son père.

Walid a demandé que Milad entre dans la salle des visites en marchant, et non sur mon bras. Il a dit :

« Je veux la voir tout entière. Laisse-la marcher dans la salle. Je serai debout entre deux prisonniers. Demande-lui : ‘Où est papa ?’ et je veux qu’elle me désigne. »

Walid voulait ressentir que Milad l’avait reconnu. J’ai suivi les instructions de Walid.

Milad est entrée dans la salle en marchant. Mais le seul qui n’était pas debout sur ses jambes, le seul qui pleurait, c’était Walid. Tous les prisonniers pleuraient. Les mots ne peuvent décrire un tel moment.

Sana’ Salameh (à gauche), épouse du prisonnier palestinien Walid Daqqah, et leur fille Milad (à droite, avant une visite à Daqqah à la prison d’Ashkelon. (Photo : Médias sociaux))

Sana’ Salameh, épouse du prisonnier palestinien Walid Daqqah, et leur fille Milad, avant une visite à Daqqah à la prison d’Ashkelon. (Photo : Médias sociaux)

Les jours où Milad rend visite à son père, il n’y a rien entre eux. C’est quelque chose que nous leur avons imposé. Toutes les visites ont habituellement lieu de part et d’autre d’une barrière de verre. Mais, il y a quelques mois, une exception a été faite pour Milad.

Cela voulait dire que, pour la première fois, son père a pu la toucher, l’embrasser, la sentir. Naturellement, je ne suis pas autorisée à faire tout cela. Cela voulait dire que Milad devait entrer toute seule et, quand le gardien de prison est venu pour l’emmener à l’intérieur, je lui ai dit de ne pas la toucher, de ne pas la porter, j’ai dit : « Elle marchera d’elle-même. »

À vrai dire, je ne voulais pas que le gardien de prison la porte devant son père. Quand ils ont ouvert la porte de fer, elle a fait un bruit très fort. Même les adultes sont terrifiés par ce bruit, vous imaginez un enfant, dans ce cas. Milad a été effrayée, mais elle est entrée. Elle n’est restée qu’une minute, même si elle avait droit à un quart d’heure.

Une fois à l’intérieur, elle a vu que c’était moi qui me trouvais derrière la barrière de verre et elle s’est mise à pleurer. Son père a été heureux de cette seule minute passée avec elle et il me l’a ramenée.

Décrivant cette journée, Walid a dit :

« Aujourd’hui, j’ai vécu ce que ressentaient les prisonniers qui avaient creusé un tunnel pour sortir de la prison, et avaient ensuite débouché sur la lumière juste avant d’être repris. Ç’a été un moment de liberté, de liberté avec Milad. »

Comme je l’ai dit, les mots ne peuvent décrire ces jours. C’est un fouillis de sentiments, de douleur et d’amour et de bonheur, en dépit de tout.

Les Services carcéraux donnent un numéro à chaque prisonnier. Ils ne traitent pas ces numéros comme une affaire banale, mais agissent pour transformer véritablement les prisonniers en numéros. Afin de les dépouiller de leur humanité et d’étouffer le caractère juste de leur cause. Tout ce que nos prisonniers ont fait, ç’a été de refuser cette transformation en numéro. C’est aussi le cas de Walid. Il est important que tout le monde sache que nos prisonniers ne sont pas de vulgaires numéros. Qu’ils ont transformé ce jeu de numéros en une pédagogie de la résistance et en un sentiment de fierté – la fierté d’appartenir à une belle généalogie de combattants.


Une politique de la mort lente

Les autorités carcérales ne peuvent écraser l’esprit de Walid. Mais, après 37 ans en prison, même l’acier commence à rouiller. Quand le corps devient malade, ce n’est plus une question de volonté ou de force. En 2012, Walid a été diagnostiqué d’une maladie appelée polycythémie (ou polyglobulie), une maladie du sang. Ce type de maladie requiert des checkups répétés et un suivi médical. Après la naissance de Milad, Walid a été répertorié comme extrêmement dangereux, de sorte qu’ils ont cessé de le transférer à l’hôpital pour des checkups. Si elle est négligée, cette maladie peut se muer en cancer du sang, soit la leucémie, soit la myélofibrose – et c’est ce qui est arrivé avec Walid.

 

Sana’ Salameh (à gauche), épouse du prisonnier palestinien Walid Daqqah, portant leur fille Milad (à droite)

Sana’ Salameh, épouse du prisonnier palestinien Walid Daqqah, portant leur fille Milad , après avoir rendu visite à Walid au Centre médical Barzilai. (Photo : Médias sociaux)

 

Au début, ils nous ont dit : c’est une leucémie. Puis ils ont modifié le diagnostic et nous ont dit : c’est une myélofibrose, un cancer rare de la moelle osseuse. Cela allait désormais requérir un traitement et une transplantation de moelle osseuse. Après ce diagnostic, Walid a également développé une infection pulmonaire.

Du fait de leur négligence, une simple infection pulmonaire a débouché en fin de compte sur une opération au cours de laquelle on lui a enlevé le tiers d’un poumon. Ce n’est qu’après que nous avons exercé des pressions sur les Services carcéraux que Walid a été transféré à l’hôpital Barzilai, où il est arrivé dans un état critique.

Toutes ses fonctions vitales étaient très faibles. Si nous étions arrivés quelques heures plus tard, nous l’aurions perdu. Nous avons eu de la chance, parce que nous avons eu une visite de prisonnier qui avait été reportée et cela nous a donc permis de constater la piètre condition qui était la sienne quand ils l’ont amené dans le local des visites.

Nous avons refusé de poursuivre la visite et j’ai demandé au gardien de prison de le renvoyer à la clinique de la prison puis de l’envoyer à l’hôpital. Si nous n’avions pas eu cette visite ce jour-là, nous n’aurions pas su à quel point sa situation était mauvaise et nous n’aurions pas pensé à exercer des pressions sur les Services carcéraux pour qu’il soit transféré à l’hôpital.

Ce fut une visite douloureuse que de voir Walid dans cet état. Pendant une semaine, nous n’avons pas cessé d’insister pour qu’il soit transféré dans un hôpital et, finalement, ils l’ont fait, le 22 mars 2023, tard dans la soirée. Sa condition était déjà horrible et ses reins, de même que ses poumons, étaient déficients.

Le 12 avril 2023, Walid a subi une opération au cours de laquelle la quasi-totalité de son poumon droit a été enlevée, alors que le poumon gauche n’était plus tout à fait intact. Jusqu’au 19 avril 2023, il a été sous sédation profonde. Nous rendons grâce à Dieu que Walid dès à présent soit capable de respirer de lui-même, encore qu’il ait besoin de se faire aider au moyen d’oxygène. Il est incapable de parler et de se tenir debout. Les docteurs ont confirmé qu’il va lui falloir beaucoup de temps pour être en mesure de faire certaines choses, comme parler et marcher.

Nous exerçons des pressions sur les servies carcéraux pour qu’ils gardent au moins Walid à l’hôpital, s’ils ne veulent pas le libérer, et qu’ils ne le renvoient pas en prison. Il est désormais si fragile qu’il ne peut affronter la moindre des maladies, même pas un simple refroidissement. Nous demandons qu’il reste à l’hôpital, du fait qu’il est un patient cancéreux et aussi parce que, dans le passé, ils ont retardé son transfert jusqu’au moment où il a presque été trop tard.

Cette politique de la négligence médicale est bien connue. Nous appelons cela la politique de la mort lente. Sur le compte de cette politique, nous avons perdu de nombreux prisonniers, comme Nasser Abu Hmeid, mort d’un cancer. Ils retiennent toujours son corps, refusant de ce fait à sa famille de l’enterrer.

Tout ce qui concerne Walid et sa situation médicale requiert que nous nous battions contre eux. Afin d’obtenir les rapports médicaux le concernant, il nous faut nous battre. Pour le faire admettre à l’hôpital, il nous faut nous battre aussi. Et il nous faut nous battre pour pourvoir lui rendre visite. Et nous battre encore pour nous assurer qu’il recevra le traitement qui convient. Et nous battre aussi pour pouvoir rester près de lui ne serait-ce que quelques minutes.

 

Un dessin représentant Walid Daqqah avec sa femme Sana’ et leur fille Milad. (Œuvre de Suhad Khatib. Avec l’aimable autorisation de la Campagne Libérez Walid Daqqah)

Un dessin représentant Walid Daqqah avec sa femme Sana’ et leur fille Milad. (Œuvre de Suhad Khatib. Avec l’aimable autorisation de la Campagne Libérez Walid Daqqah)

 

Cette fois, en tant que famille, nous avons lancé une campagne réclamant la libération de Walid. Vous pouvez y participer sur Instagram et sur Facebook.

Nous demandons l’aide de toute personne pouvant contribuer à faire entendre la voix de Walid dans le monde entier, au niveau national et au niveau international, le tout en utilisant l’hashtag #Free_Walid_Daqqah.

Nous demandons l’aide de toutes les organisations concernées par les droits humains afin qu’elles attirent l’attention sur le cas de Walid et ceux des autres prisonniers politiques palestiniens.

Nous disons à nos dirigeants politiques que c’est une honte qu’un prisonnier passe quasiment quarante années de sa vie en prison, qu’il y tombe malade et qu’on ne se décide à lui prêter l’oreille qu’au moment où il est sur le point de mourir. La question des prisonniers politiques palestiniens est un problème humain et politique d’une extrême urgence.

Durant le mois qui était censé être le premier mois de liberté de Walid, au lieu de célébrer son retour, nous nous retrouvons occupés à lancer une campagne réclamant sa libération, de sorte qu’il puisse recevoir un traitement qui lui sauvera la vie.

Cette campagne est désormais ce autour de quoi tourne notre combat de chaque jour contre l’occupation.

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Après 37 jours passés à l’hôpital Barzilai, Walid a été transféré à l’infirmerie de la prison de Ramleh, le 30 avril 2023. La pollution atmosphérique de l’endroit a exacerbé les difficultés respiratoires consécutives à son opération et, le 22 mai 2023, Walid a été transféré au Centre médical Assaf Harofeh, puis transféré de nouveau à l’infirmerie de la prison de Ramleh, le 25 mai 2023.

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Publié le 29 mai 2023 sur Mondoweiss
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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