Pourquoi j’ai « arrêté » von der Leyen pour sa contribution au génocide de Gaza

« J’ai tenté de placer Ursula von der Leyen sous arrestation civile pour avoir contribué au génocide de Gaza. Ma tentative a eu lieu au moment où la présidente de la Commission européenne a entamé son discours lors d’une conférence sur la consolidation de l’industrie des armements. »

 



Von der Leyen a accordé publiquement son soutien à Israël peu après que ses principaux hommes politiques avaient exprimé des intentions manifestes de génocide

 

David Cronin, 17 avril 2024

 

Vidéo EI : Un journaliste de The Electronic Intifada procède à l’arrestation civile d’Ursula von der Leyen pour sa contribution au génocide de Gaza.

 

Contribuer à un génocide et l’encourager est une affaire très grave.

La Convention de 1948 sur le Génocide impose aux gouvernements du monde entier l’obligation d’empêcher et de punir ce crime.

La totalité des 27 pays de l’UE ont signé et ratifié cette convention. Sur papier, l’UE considère la prévention de génocide comme « faisant intégralement partie » de sa politique étrangère.

Von der Leyen a renié cet engagement lorsqu’elle a rendu visite à des personnalités israéliennes de grand format, dès les premiers stades du génocide de Gaza.

Le 13 octobre, elle a dit à Isaac Herzog, le président israélien : « Nous sommes à vos côtés. »

La veille, Herzog présentait la guerre contre Gaza comme étant essentiellement une réponse à l’opération du Hamas du 7 octobre.

Herzog prétendait que « toute une nation était responsable » de l’opération du Hamas. Il affirmait que

« cette rhétorique selon laquelle les civils palestiniens n’étaient ni conscients ni impliqués » était « absolument contraire à la vérité ».

La même semaine où von der Leyen y allait de sa promesse, Yoav Gallant, le ministre israélien de la Défense, ordonnait

un « siège total » de Gaza, insistant pour dire qu’il n’y aurait « ni électricité, ni nourriture, ni carburant ». Gallant annonçait qu’il avait libéré « toutes les restrictions » parce qu’Israël, disait-il encore, « combattait des bêtes humaines ».

En janvier, la Cour internationale de justice a officiellement pris note des commentaires, tant de Herzog que de Gallant. La cour a cité ces commentaires au moment où elle a décidé qu’il était plausible qu’un génocide fût commis.

Il ne faut pas oublier que von der Leyen a accordé publiquement son soutien à Israël peu après que ses principaux hommes politiques avaient exprimé des intentions manifestes de génocide.

Ce faisant, elle achetait un temps précieux pour Israël, qui pouvait ainsi infliger des destructions massives à Gaza sans avoir à affronter la moindre pression internationale sérieuse afin d’arrêter.

Les affaires comme d’habitude

Alors que von der Leyen exprimait par la suite son malaise à la vue de certaines images en provenance de Gaza – entre autres, des images de personnes massacrées pendant qu’elles attendaient de l’aide alimentaire – elle et les fonctionnaires travaillant à son service adoptaient généralement une approche purement commerciale d’Israël dans le même temps que ce dernier continuait de perpétrer son génocide.

Par le biais d’une requête relative à la liberté d’information, j’ai obtenu récemment un document interne sur le commerce avec Israël, document préparé par la Commission européenne, autrement dit, l’institution dirigée par von der Leyen.

En déclarant qu’Israël est le plus important partenaire commercial de l’UE, ce document donne tout lieu de croire que la bureaucratie bruxelloise met tout en œuvre pour préserver des liens économiques on ne peut plus étroits avec Israël.

Le document est daté du 15 février – plus de deux semaines après que la Cour internationale de justice a ordonné à Israël de mettre un terme à son génocide à Gaza. Le document ne fait pas état de l’ordre de la cour.

Cela, alors que, nominalement, toutes les relations entre l’UE et Israël s’appuient sur le respect des droits humains.

Le recherche scientifique est un autre domaine prioritaire dans la coopération entre l’UE et Israël.

Malgré le contexte du génocide à Gaza, la Commission européenne de von der Leyen a approuvé au cours des six mois écoulés un nombre énorme de subventions de recherche scientifique au profit d’Israël. Le fabricant d’armes Israel Aerospace Industries (IAI) – qui s’est vanté de son « rôle incontournable » dans la guerre contre Gaza – fait partie des bénéficiaires de ces subventions.

Avant de devenir président de la Commission européenne, Ursula von der Leyen avait occupé divers postes au sein du gouvernement allemand.

Elle faisait partie du gouvernement de Berlin au moment où Angela Merkel, alors chancelière, avait déclaré en 2008 que l’existence même (ou la Staaträson) de l’Allemagne était liée à la sécurité d’Israël.

Environ 30 pour 100 de toutes les armes importées par Israël au cours de la décennie écoulée proviennent d’Allemagne. Cela fait de l’Allemagne le deuxième pays en importance – précédé uniquement par les EU – à fournir des armes à Israël.

Théoriquement, l’UE interdit la vente d’armes s’il existe un risque manifeste qu’elles soient utilisées pour violer les lois internationales.

Bien qu’Israël enfreigne on ne peut plus régulièrement les lois internationales, von der Leyen n’a apparemment pas de problème avec la façon dont Israël agit de la sorte avec l’aide de sa chère Allemagne.

Quand, en octobre dernier, von der Leyen a pris fait et cause pour Israël de façon aussi décisive, elle a resserré les liens de l’UE avec Israël plus fortement qu’ils ne l’avaient jamais été. Elle a donné l’impression qu’il n’y avait désormais plus la moindre différence entre la position de l’Allemagne envers Israël et la position collective de l’UE.

Sa façon d’avoir encouragé le génocide est on ne peut plus méprisable.

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David Cronin est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Europe Israël : Une alliance contre-nature (Ed. La Guillotine – 2013) et  Europe’s Alliance With Israel: Aiding the Occupation (Pluto Press, 2011 – L’Alliance de l’Europe avec Israël contribue à l’occupation). Il a participé à la rédaction du rapport “The israeli lobby and the European Union”. 
Son dernier livre est : Balfour’s Shadow: A Century of British Support for Zionism and Israel (Pluto Press – Londres 2017).

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Publié le 17 avril 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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