Les points forts de l’actualité de la 32e semaine du génocide à Gaza

Les forces d’occupation israéliennes ont pilonné des zones entières de la bande de Gaza, durant la semaine écoulée, depuis le camp de réfugiés de Jabaliya et la ville de Gaza dans le nord, où les troupes terrestres israéliennes sont de nouveau entrées, jusqu’à Rafah, dans le sud, en passant par Deir al-Balah, dans la partie centrale de l’enclave.

Un autre hôpital de Gaza contraint de fermer alors que l'offensive israélienne s'est intensifiée à Rafah

Photo : MSF

 

 

Nora Barrows-Friedman, 17 mai 2024

 

Mercredi, au moins 600 000 personnes ont été déplacées de nouveau depuis, et 100 000 autres rien que dans le nord de Gaza ont été déplacées elles aussi après qu’Israël a sorti de nouveaux ordres d’évacuation, rapportent les Nations unies.

Lundi, Mahmoud Shalabi, de l’ONG britannique Medical Aid for Palestinians, a déclaré :

« Nous avons été à nouveau déplacés dans le nord de Gaza, cette fois de Beit Lahia à la ville de Gaza. »

« J’ai quitté ma maison plusieurs fois déjà, avec mes parents, tous deux âgés de plus de 70 ans, mes trois enfants et ma femme. Le voyage de la terreur et du déplacement dépasse les mots »,

a déclaré Mahmoud Shalabi.

Le passage de Rafah à la frontière égyptienne reste fermé, du fait qu’Israël empêche qui que ce soit de sortir de Gaza ou d’y entrer.

Dans le nord, Israël a soumis toutes les zones de Jabaliya à des bombardements d’artillerie et à des ceintures de feu, « dans une tentative en vue de faire partir la population locale », estime Euro-Med Human Rights Monitor (Euro-Med), une organisation dont le siège est à Genève.

L’organisation a déclaré mardi que l’armée israélienne

« créait systématiquement un environnement coercitif et que, très régulièrement, elle bombardait directement et avec une rare violence des maisons, des quartiers résidentiels et des centres de refuge ».

L’armée israélienne a envahi les écoles gérées par les Nations unies et qui abritaient des centaines de familles déplacées à Jabaliya, tuant et arrêtant des douzaines de personnes, a ajouté l’organisation juridique.

L’attaque a commencé samedi soir 11 mai,

« quelques heures à peine après que l’armée israélienne avait diffusé de nouveaux ordres d’évacuation contre des dizaines de milliers de personnes, au beau milieu de lourdes frappes de son aviation et de son artillerie »,

rapporte encore Euro-Med.

L’équipe sur place de l’organisation a rapporté qu’un square résidentiel du camp de Jabaliya avait été bombardé par l’aviation israélienne, alors que six écoles de l’ONU, à l’intérieur même du camp, qui hébergeaient des milliers de familles déplacées, étaient assiégées par les forces israéliennes.

« Les écoles et leurs environs étaient ciblés par les canons et mitrailleuses de l’artillerie, dont les drones quadricoptères. Des milliers de personnes ont dû fuir sous cette puissance de feu avant que les forces israéliennes n’atteignent les écoles ; elles n’ont rien emporté, sauf les vêtements qu’elles portaient sur elles »,

a ajouté Euro-Med.

L’organisation a déclaré que la mort d’au moins 32 Palestiniens à l’intérieur de Jabaliya avait été confirmée, sans compter les victimes additionnelles qui s’étaient réfugiées à l’intérieur des écoles prises d’assaut par les forces israéliennes.

« Des douzaines d’autres Palestiniens ont été arrêtés, forcés de se dévêtir et torturés. Des preuves préliminaires suggèrent qu’au moins un civil, identifié comme étant Issa Hamouda, de Jabaliya al-Balad, a été torturé à mort après son arrestation. »

« Une autre attaque encore a ciblé notre voisinage, au moment où du personnel médical tentait d’évacuer en même temps les blessés et les morts de la zone »,

déclare le journaliste dans la vidéo.

Mercredi, des journalistes se sont filmés alors qu’ils étaient traqués par les quadricoptères israéliens à Jabaliya.

Notre contributrice Aseel Mousa, qui écrivait pour Middle East Eye en compagnie de la journaliste Huthifa Fayyad, a rapporté que la plupart des gens qui fuyaient Jabaliya et Zeitoun

« prenaient la direction du secteur ouest de la ville de Gaza, une zone manquant d’infrastructures de base après des mois d’attaques israéliennes ».

Les journalistes ajoutent que

« des ambulanciers ont dit qu’ils s’étaient fait tirer dessus par des drones israéliens à Rafah et dans le nord de Gaza ces derniers jours, ce qui les avait empêchés d’effectuer leur travail ».

Le journaliste Hossam Shabat a tweeté dimanche :

« Nous avions pensé que les premiers jours étaient les pires, puis nous avons pensé que le pire était la famine, mais ces bombardements ne ressemblent à rien de ce que nous avons déjà vu. Rien qu’aujourd’hui, le camp de réfugiés de Jabaliya a été bombardé au moins une centaine de fois. »

C’est dimanche que le journaliste d’Al Jazeera, Moath Kahlout a complété ce rapport destiné à l’agence d’information depuis le nord de Gaza.

L’organisation juridique palestinienne Al-Haq a rapporté que les forces israéliennes

« avaient lancé jeudi une invasion terrestre dans le quartier de Zeitoun, dans le sud de la ville de Gaza, suite à d’intenses bombardements qui visaient des bâtiments résidentiels, des rues et des terres agricoles ».

« Ceci marquait la troisième incursion des forces israéliennes à Zeitoun depuis novembre dernier et ces incursions ont été chaque fois suivies d’atrocités sous forme de destructions généralisées, de meurtres et de déplacement de résidents »,

a déclaré Al-Haq.

Samedi soir, les forces israéliennes ont détruit un réservoir d’eau de la municipalité dans le quartier de Tel al-Hawa, à Gaza même.

La municipalité de Gaza a déclaré dimanche matin que

« les bombardements en cours avaient infligé des destructions importantes et aux conséquences très graves aux infrastructures d’eau, et ce, depuis le début de l’agression et du génocide ».

Une quarantaine de puits ont été endommagés à des degrés divers, en même temps que 42 000 mètres de conduites d’eau, a encore rapporté la municipalité.

La ville de Gaza

« est aux prises avec une très grave pénurie d’eau en raison des livraisons très limitées de carburant et des pannes d’électricité, essentielle pour faire fonctionner les puits »,

a-t-elle ajouté.

 

Israël attaque les parties centrale et méridionale de Gaza

Lundi, dans la partie centrale de Gaza, plus de 30 Palestiniens, des enfants pour la plupart, ont été tués quand les forces israéliennes ont bombardé une maison de trois étages du camp de réfugiés de Nuseirat qui hébergeait dix familles, rapporte la défense civile de Gaza.

Les forces israéliennes ont continué de bombarder des quartiers de Rafah, dans le sud, où les chars israéliens avaient pénétré plus avant dans les parties orientales de la ville et avaient bombardé des blocs résidentiels.

Mardi, à Khan Younis, l’activiste Ahmed Mahdoun a examiné les cadeaux du président américain Biden à Israël et laissés derrière eux par les soldats israéliens.

Les gens qui n’ont cessé de fuir de jour en jour, de et vers diverses zones de la bande de Gaza, sont retournés dans les écoles des Nations unies à Khan Younis, dans le sud-est de Gaza, afin de tenter d’y trouver refuge.

Samedi, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, a diffusé des photos disant :

« Les classes ont été incendiées. Les murs ont été détruits. Il y a des décombres partout. La situation se déroule sous les regards du monde entier. Assez, c’est assez. »

L’agence a également diffusé cette vidéo mardi pour montrer comment les Palestiniens essayaient de trouver des nécessités de base parmi les destructions infligées par Israël à Khan Younis :

À Rafah, Louise Wateridge, une responsable de la communication à l’UNRWA, a tweeté que des familles à Rafah

« se sont déplacées le plus loin possible vers l’ouest, atteignant ainsi le littoral et longeant la côte ».

Elle ajoutait que les gens avaient été réveillés, mardi matin, par l’artillerie navale israélienne et que

« l’intérieur de Rafah est désormais une ville fantôme. Il est difficile de croire qu’il y a une semaine à peine, plus d’un million de personnes s’y abritaient ».

 

Le système médical est en ruine

Le système des soins de santé de Gaza est en ruine, puisque les fermetures en cours des passages de Rafah et Kerem Shalom empêchent l’entrée à Gaza de médicaments, de fournitures et de carburant et qu’Israël ordonne aux médecins et à leur personnel de quitter les hôpitaux.

Le personnel médical de l’Hôpital koweïtien à Rafah a reçu lundi un ordre d’évacuation de la part d’Israël.

L’ONG britannique Medical Aid for Palestinians a déclaré que l’Hôpital koweïtien

« était l’un des derniers hôpitaux restants à Rafah et qu’il ne disposait plus que de 16 lits pour le million et plus de personnes réfugiées »

dans la zone.

« Si l’hôpital est forcé d’arrêter ses activités, cela pourrait signifier l’effondrement complet du système des soins de santé à Rafah »,

a ajouté l’ONG, en faisant remarquer que l’Hôpital européen de Gaza était tombé à court de carburant suite à la fermeture par Israël des passages au sud de Gaza et après qu’Israël avait coupé la fourniture d’électricité au territoire dès le début d’octobre.

Du fait que les forces israéliennes intensifient leur offensive contre Rafah, à Gaza, l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a déclaré qu’elle avait été obligée de cesser de fournir des soins de santé à l’Hôpital de campagne indonésien de Rafah.

« Depuis que les forces israéliennes ont étendu leur offensive à Rafah, il est devenu impossible de fournir une assistance médicale vitale au beau milieu d’une campagne de mort et de destruction »,

a expliqué l’organisation médicale.

MSF a ajouté que, depuis le 7 octobre,

« nous avons dû quitter 12 structures de soins différentes et enduré 26 incidents violents, comprenant des frappes aériennes endommageant des hôpitaux, des chars incendiés dans des abris désaffectés convenus, des offensives terrestres contre des centres médiaux et des convois qui se sont fait tirer dessus ».

La Défense civile de Gaza a rapporté dimanche qu’alors qu’elle répondait à un appel dans le camp de réfugiés de Barazil, à Rafahn des équipes d’ambulanciers s’étaient retrouvées sous les tirs des drones quadricoptères israéliens.

Le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Basal, a déclaré dimanche :

« Il n’est fourni aucun service médical ni aucune aide humanitaire aux personnes déplacées dans le nord de la bande de Gaza. »

Mahmoud Basal d’ajouter que la quantité des bombardements israéliens et des destructions sont aussi incessants qu’aux tout premiers jours du génocide, et que l’occupation israélienne

« recourt à tous les moyens possibles pour tuer des citoyens palestiniens ».

Mardi, la Société du Croissant-Rouge de Palestine (SCRP) a mis en garde

« contre la détérioration des conditions humanitaires dans la bande de Gaza en raison de la fermeture continue des passages frontaliers, suite à la prise de contrôle par les forces d’occupation israélienne – et la fermeture complète – du passage de Rafah ».

Toutefois, l’association médicale a annoncé qu’elle avait rouvert et repris ses opérations dans les départements ophtalmologie, chirurgie et orthopédie de l’hôpital Al-Amal à Khan Younis, où la SCRP a son quartier général pour le sud de Gaza.

Elle a déclaré que ces départements allaient s’ajouter à ceux qui avaient déjà rouvert un peu plus tôt ce mois-ci après avoir été fermés totalement en raison du siège de 40 jours et de l’occupation par l’armée israélienne, fin mars.

Hind Khoudary et Ryan Grim, de The Intercept, ont rapporté mardi que des médecins et du personnel infirmier américains qui travaillaient à l’intérieur de Gaza, épaule contre épaule, avec des médecins palestiniens, avaient été avisés par le département d’État américain et des représentants élus de ce que des efforts étaient en cours en vue de leur permettre de s’en aller, même si les passages devaient rester hermétiquement fermés par Israël.

Monica Johnston, l’une des infirmières de l’Hôpital européen de Khan Younis, a expliqué à The Intercept que les membres du personnel médical craignaient, s’ils s’en allaient, que les Israéliens ne permettent pas à leurs remplaçants venus d’autres agences d’aide médicale d’entrer et que cela laisserait le campus de l’hôpital « plus susceptible d’être envahi par l’armée israélienne ».

L’infirmière a encore dit à The Intercept que le plan consistait à ce que les Nations unies fassent un test à partir de l’Hôpital européen jusqu’au passage frontalier de Rafah, à bord d’un véhicule ne transportant que du personnel de l’ONU.

« Si ce personnel ne se fait pas tuer par les Israéliens – comme l’a été lundi un employé international – deux membres du personnel médical seront amenés à la frontière et les deux nouveaux volontaires auront la permission de les remplacer, et ainsi de suite les prochains jours. »

« Bien qu’eux-mêmes souffrent de déshydratation, de vomissements et de diarrhée »,

un grand nombre de membres du personnel médical, a-t-elle dit,

« répugnent à s’en aller sans la garantie de pouvoir être remplacés par de nouveaux travailleurs humanitaires ».

 

Israël cible des dirigeants culturels, des médecins et des travailleurs humanitaires

Dans l’intervalle, Israël continue de cibler des médecins, des travailleurs humanitaires et des dirigeants culturels.

Un employé de 53 ans de l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, a été tué ce lundi par une frappe aérienne israélienne à Deir al-Balah, dans la partie centrale de Gaza, après avoir fui Rafah.

Maureen Clare Murphy rapporte que sa mort porte à 189 le nombre de membres du personnel de l’UNRWA tués à Gaza depuis le 7 octobre.

Elle ajoute qu’un, membre du personnel de la sûreté et de la sécurité des Nations unies a également été tué et un autre grièvement blessé lundi matin, au moment où leur véhicule de l’ONU s’est retrouvé sous le feu alors qu’il se rendait à l’Hôpital européen de Gaza, près de Khan Younis, au nord de Rafah.

Les forces israéliennes ont tué samedi le Dr Mohammed Nemer Qaz’at, l’un des fondateurs de la chirurgie pédiatrique dans la bande de Gaza, ainsi que son fils Yusuf, un dentiste, au cours d’une frappe aérienne contre leur maison.

Et Hashem Ghazal, un membre dirigeant de la communauté des sourds de Gaza, a été tué lundi en compagnie de sa femme lors d’une frappe aérienne israélienne.

Défenseur des droits des handicapés, Ghazal travaillait en étroite collaboration avec la Société Atfalune pour les enfants sourds, une ONG vieille de plusieurs décennies que l’on considère comme le principal centre de ressources pour la communauté des sourds de Gaza.

Ghazal, un charpentier qualifié, organisait des ateliers professionnels pour les enfants sourds et il était surnommé « le parrain des sourds ».

Sept enfants de Ghazal ont été grièvement blessés lors de la frappe aérienne.

 

Des colons israéliens détruisent l’aide humanitaire à Gaza

Cette semaine, des colons israéliens se sont amusés à faire la fête tout en détruisant de la nourriture et des marchandises dans des camions à un check-point près de Hébron, en Cisjordanie occupée, alors que le convoi faisait route vers Gaza. Selon des témoins oculaires, les colons ont escaladé les camions et ont commencé à jeter les colis de nourriture sur le sol, pendant que la police, présente, les regardait faire.

Puis, environ une heure plus tard, selon les comptes rendus, quelque 150 colons, dont des enfants, sont arrivés sur place et ont détruit ce qui restait de l’aide dans les camions. Ils étaient armés de couteaux et de manches en bois et ont menacé les chauffeurs de camion palestiniens. On dit que certains des colons ont bouté le feu à l’un des camions.

Mardi, dans la ville de Sderot, juste au nord de Gaza et qui a été construite sur les ruines du village palestinien de Najd, ethniquement nettoyé par les milices sionistes le 13 mai 1948, des extrémistes juifs sionistes ont organisé un festival réclamant le repeuplement de Gaza, dans le même temps qu’Israël menait des attaques à Gaza, à quelques kilomètres de là à peine. Le spectacle était particulièrement dérangeant.

Était présent à cet événement le ministre israélien de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, qui a réclamé l’expulsion forcée des Palestiniens de Gaza dans le cadre des 76 années de pratique israélienne de la violence, de la colonisation et des déplacements forcés.

Et, enfin, nous voulions vous montrer certaines images et vidéos réalisées par des journalistes à Gaza et en Cisjordanie. Ces documents ne font pas que parler encore et toujours des indicibles atrocités mais ils mettent aussi en évidence, et à coup sûr, la résilience, la joie et la détermination du peuple palestinien :

-Une vidéo du Free Gaza Circus, qui distrayait les enfants de Rafah, le week-end dernier.
-Un entretien
dans le nord de Gaza, avec une femme plus âgée que l’État d’Israël même. Elle a expliqué pourquoi elle ne quitterait pas Jabaliya.
Et, dans le village de Beit Awwa, dans le sud de la Cisjordanie occupée, un Palestinien a mis hors service un drone espion israélien au moyen d’une pierre bien ajustée.

Pour voir les tweets et vidéos : consulter l’article original sur The Electronic Intifada.

 

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Publié le 17 mai 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

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