La situation chez l’ennemi : de l’état de choc et du rejet à l’échec et à la défaite

L’entité sioniste est un ennemi criminel et puissant, comme tout colonisateur possédant d’énormes capacités, mais il est devenu bien plus un monstre enragé dont les yeux (et la vision) ont été arrachés par la résistance, laquelle l’a plongé dans un cycle de choc et de confusion. À l’instar de ce genre de monstre, le projet sioniste est voué à la défaite, à la paralysie et même à l’extinction.

 

La situation chez l'ennemi : de l'état de choc et du rejet à l'échec et à la défaite. Photo : Khaled Barakat.

Khaled Barakat

 

Khaled Barakat, 2 juillet 2024

Republié d’après le journal libanais Al-Akhbar.

 

Malgré les différences dans les positions et les visions affichées au sein de l’entité des ennemis sionistes et parmi leurs alliés, tous sont d’accord pour décrire le 7 octobre 2023 comme un « grand choc » et comme « le plus dangereux des échecs sécuritaires » dans l’histoire de leur projet de peuplement colonial en Palestine occupée.

On a beaucoup parlé de la « nécessité d’une coopération étroite entre alliés » pour sauver leur colonie – d’elle-même et de ses ennemis – du fait qu’il existe un consensus à Tel-Aviv et à Washington disant que « la guerre est la solution » et que l’axe de la résistance constitue la « plus grande menace existentielle », alors que le désaccord au sein du camp ennemi est resté quant à leurs méthodes et tactiques, mais pas quant à leur but stratégique.

Ils déclarent leur position en privé et en public en disant : Nous tous haïssons l’Iran, Sinwar, Nasrallah et al-Houthi mais, à une époque d’incertitude et de missiles de précision, qui peut garantir les résultats de la guerre ?

Avec chaque obus américain que l’occupation israélienne lâche sur Gaza, la Cisjordanie, le Sud-Liban et la Syrie, et avec chaque riposte de la résistance, l’échec sioniste/américain ne fait que croître. L’empire saigne et perd son avantage dans l’équilibre du pouvoir et sa position stratégique dans un monde où de multiples puissances internationales progressent et où ces changements ont lieu à la vitesse d’un missile, dans le même temps que les cheikhs du pétrole, le régime de Camp David, le royaume du Wadi Araba et la mafia d’Oslo attendent tous la bonne nouvelle de « la victoire israélienne sur le Hamas » !

Parce que la défaite et l’échec d’Israël signifient également un échec désastreux pour tous les pôles qui constituent ce camp ennemi.

Les guerres destructrices, l’exploitation économique et la domination politique sont inhérentes à l’impérialisme et au colonialisme. Ces forces pillent la planète depuis 500 ans et ont engendré le plus grand vol à main armée de l’histoire. Elles n’ont pas seulement dépouillé la Palestine et la richesse et les rêves des Arabes et des musulmans, mais elles ont également colonisé des continents, écrasé des peuples et anéanti des tribus.

Via la guerre et l’obligation d’accepter des « accords » de reddition et de défaite, les États-Unis souhaitent reproduire le « nouvel ordre mondial » comme bon leur chante. La guerre totale est une recette éprouvée et couronnée de succès et, à ceux que les États-Unis ne peuvent vaincre par les bombes, ils imposent des sanctions, un siège et des guerre de famine. Et, malgré tout cela, les EU sont choqués et confus quand ils sont confrontés aux faits de la réalité d’aujourd’hui.

L’équilibre du pouvoir dans notre région a changé au début du siècle nouveau. Le moment important de cette transformation peut être identifié avec la victoire historique de la résistance libanaise en mai 2000, quand elle est parvenue à libérer le Sud via la force armée et sans la moindre concession politique. Elle a présenté un nouveau modèle révolutionnaire via lequel elle a prouvé que la lutte armée (le djihad et la résistance) reste possible même dans les circonstances les plus difficiles. Nous disposons désormais d’une recette éprouvée et couronnée de succès qui est également efficace. La résistance est désormais en mesure de dire à l’ennemi et à ses partenaires :

Ne mettez pas notre patience à l’épreuve. Si vous vous embarquez dans l’agression et la guerre, vos cris pourraient bien atteindre Chypre !

La victoire nette acquise par la résistance au Liban en 2000, forçant Ehud Barak à une défaite indigeste, a été répétée par la résistance palestinienne quand elle a forcé Sharon à se retirer et à démanteler ses colonies en 2005. Le monstre qu’était Sharon a été contraint de prendre ses décisions sous le feu, les qualifiant de « décisions douloureuses » et de « choix difficiles » et leur fournissant une justification toute faite :

« J’ai fait cela pour la survie d’Israël ! »

L’entité sioniste a encaissé des chocs successifs quand la résistance et son berceau populaire ont été en mesure de s’opposer à l’agression et de la surmonter après avoir contrecarré les objectifs de l’occupant.

Reconstruire ce que la machine de guerre a détruit constitue également une deuxième victoire, parce que la résistance possède – outre la vision politique, des armes et des objectifs clairs – la capacité de s’organiser et de planifier.

Ce n’est pas un hasard si sa force s’accroît à l’issue de chaque bataille. C’est dû au fait qu’il ne s’agit plus de conditions spontanées et improvisées, d’une « indignation », d’une « panique » ou d’une « expression de colère » momentanées comme c’était trop souvent le cas avec l’Organisation de libération de la Palestine officielle et les arrogants régimes arabes réactionnaires !

Ce n’est ni la quantité ni le type d’armes qui font la détermination et définissent la victoire. Les armes peuvent rouiller et se muer en ferraille sans valeur s’il n’existe pas une capacité de s’organiser, de rénover un mouvement, d’exercer une volonté politique et de formuler un projet révolutionnaire alternatif. Le Pakistan est actuellement le plus grand État nucléaire musulman, avec une population dépassant 245 millions d’habitants, et l’Égypte est le plus grand pays arabe, avec une armée et un appareil sécuritaire de plus de 2 millions de soldats ! L’ennemi ne les voit pas ni n’en tient compte, alors que les sionistes craignent une cellule palestinienne armée dans un camp de réfugiés de la Cisjordanie occupée.

Ce qui effraie l’ennemi et son appareil, c’est le but et la vision de ceux qui portent les armes, l’idéologie qui les dirige, et non les seules armes.

Le peuple libanais n’a pas obtenu sa victoire en 2000 parce que le Hezbollah possédait « des armes susceptibles de rompre l’impasse », mais parce que la résistance a poussé l’ennemi dans un incessant état d’échec et de choc qui, au fil du temps, s’est mué en un état de rejet et, ensuite, dans la préparation de l’ennemi à accepter la défaite.

Si, aujourd’hui, la résistance possède une connaissance profonde des conditions de l’ennemi et si elle connaît ses faiblesses et ses forces, et si elle possède des armes dissuasives ainsi que la capacité de fabriquer et de développer ses armes, nous avons avancé de façon qualitative, et la possibilité d’infliger une défaite à l’armée de l’ennemi et d’éliminer l’entité illégitime n’est finalement plus qu’une question de temps.

Le but de la libération de la Palestine s’est déplacé du royaume de la possibilité historique vers celui de la possibilité réaliste et réalisable.

Le peuple yéménite et ses courageuses forces armées nous présentent un modèle révolutionnaire nouveau et unique en affrontant les flottes de l’impérialisme américain et britannique dans la région et dans le monde. Avec la présence d’une direction solide et fiable à Sana’a, et une lecture stratégique de la réalité de la lutte, nous avons vu comment le Yémen a été à même d’amener le Pentagone dans un cercle de choc et de rejet.

Cette réalité n’a pas surgi soudainement. Elle a été créée via une accumulation de patience et de sacrifice, et elle est inséparable de la détermination du peuple yéménite confronté à un siège et à une agression depuis 2015 ; des réalisations de la révolution yéménite dirigée par Ansar Allah en termes d’expérience sur le champ de bataille, d’expérience politique et militaire; et d’une capacité étonnante à manipuler, utiliser et développer son armement.

L’entité sioniste dans la bande de Gaza et dans la région vit la pire phase de son histoire depuis 1948 et elle est impuissante face à la détermination du peuple palestinien et à sa résistance courageuse qui a réalisé des miracles tant au-dessus qu’en dessous du sol.

L’échec des « unités d’élite » sionistes est manifeste dans leurs confrontations avec les bataillons palestiniens armés et organisés qui ont été inoculés avec du feu depuis l’Intifada Al-Aqsa de septembre 2000 et ont combattu au cours de multiples guerres et batailles, posant ainsi les fondations du Déluge [d’Al-Aqsa] et de la période qui a suivi.

Oui, l’entité sioniste est un ennemi criminel et puissant, comme tout colonisateur possédant d’énormes capacités, mais il est devenu bien plus un monstre enragé dont les yeux (et la vision) ont été arrachés par la résistance, laquelle l’a plongé dans un cycle de choc et de confusion.

À l’instar de ce genre de monstre, le projet sioniste est voué à la défaite, à la paralysie et même à l’extinction.

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Publié le 3 juillet 2024 sur Masar Badil
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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