Faites donc cesser ce génocide

 

Arrêtez ce génocide. Photo : Les gens s'encourent au moment où les forces israéliennes attaquent Gaza le 7 octobre 2023.

Les gens s’encourent au moment où les forces israéliennes attaquent Gaza le 7 octobre 2023. (Photo : APA Images)

Je veux retourner chez moi.

Je veux me sentir dans la peau d’un être humain qui mérite de tirer parti de la vie. Et qui mérite vraiment les droits humains les plus élémentaires.

Cette guerre m’a dépouillée de chaque facette de mon humanité.

Je suis un être humain. Je jure que je ressens exactement les mêmes choses que vous.

J’aspire à une existence comme la vôtre, mais je suis forcée de choisir entre mon pays, ma famille, une maison. En fait, je veux tout ça à la fois.

Ma maison me manque, son odeur, le fait de pouvoir me reposer dans mon lit. Le soleil matinal illuminerait mon lit, la pluie ruissellerait sur mes vitres en hiver.

Mes frères, mes sœurs et moi regarderions la TV dans le séjour tout en bavardant pendant que maman préparerait le repas dans la cuisine.

Je veux que mon père une fois de plus rentre à la maison et nous invite à nous réunir tous et toutes. Je veux lui dire de se souvenir d’ôter ses chaussures dans l’entrée, ce qu’il oublie toujours de faire.

Notre maison était un lieu tranquille et elle me manque. À l’intérieur, on pouvait entendre la mer.

Notre balcon était couvert de plantes et de fleurs qui poussaient en abondance.

Telles sont les choses dont je rêve. Je veux retourner à la vie que j’avais et réparer tout ce que la guerre a détruit.

J’ai besoin d’un foyer pour me sentir dans la peau d’un être humain. Une maison n’est pas un luxe, c’est un besoin fondamental.

Je n’ai même plus une pièce à moi, une cuisine, une fenêtre – pas même une porte.

 

Faites cesser cette guerre

J’ai 24 ans. J’ai étudié le droit pendant quatre ans et j’ai suivi une formation de deux ans au Centre palestinien pour les droits humains.

Une semaine avant le début de ce génocide, j’ai passé l’examen du barreau.

J’espérais poursuivre par un master en droit international humanitaire, avant que l’occupation ne détruise ma vie, mes rêves et mes espoirs.

Je regarde les infos, en espérant que quelqu’un s’emploie à mettre un terme à nos souffrances. Chaque jour qui passe tue une parcelle de nous-mêmes.

Malgré notre sang, nos blessures, notre douleur, tout ce que je veux, c’est ma patrie et ma maison.

 

Faites cesser cette guerre avant de tuer notre espoir. Faites-la cesser et renvoyez-nous dans nos maisons. Le fait est que nous méritons une vie décente.

Ou alors, renvoyez-nous dans nos maisons et tuez-nous sur place, car je ne veux pas mourir sous une tente.

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Nour Khalil Abu Shammala est une avocate en formation à Gaza.

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Publié le 21 février 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

Lisez également ce poème, du même auteur : La terre combat, elle aussi

 

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