Israël se livre à des exécutions sur le terrain et à des massacres dans le nord de Gaza

La campagne israélienne de massacre, de destruction et d’affamement systématiques dans le nord de Gaza en est aujourd’hui à sa septième semaine. Pendant ce temps, les frappes aériennes et les massacres se poursuivent dans toutes les zones de la bande de Gaza.

 

19 novembre 2024. Des Palestiniens passent devant de vastes amas de débris à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza.

19 novembre 2024. Des Palestiniens passent devant de vastes amas de débris à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza. (Photo : Omar Ashtawy / APA images)

 

Nora Barrows-Friedman, 21 novembre 2024

Cette image d’une vidéo filmée lundi par Philippa Greer, une haute responsable juridique de l’agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine, donne une idée de l’ampleur du génocide et du carnage perpétrés par Israël dans le nord de Gaza.

Durant la semaine écoulée, toute une série de frappes aériennes dans le nord de Gaza ont tué des dizaines de Palestiniens au moment où Israël a bombardé des blocs résidentiels entiers et rasé complètement des immeubles à appartements de plusieurs étages.

Le bureau gouvernemental des médias à Gaza a déclaré le 17 novembre que les soldats israéliens s’étaient livrés à Beit Lahiya à quatre massacres au moins, tuant plus de 70 Palestiniens appartenant à six familles.

Lundi 18 novembre, les Israéliens ont forcé l’entrée d’une maison à proximité de l’hôpital Kamal Adwan de la ville, tuant au moins 17 personnes.

L’hôpital, qui fait l’objet d’attaques israéliennes incessantes depuis le début octobre, a de nouveau été bombardé mardi.

Le ministère palestinien de la santé à Gaza a déclaré que les forces israéliennes ciblaient spécifiquement l’administration de l’hôpital

« directement et sans la moindre raison, puisque l’occupation a déclenché des tirs nourris en direction du bureau de directeur de l’hôpital ; elle a également ciblé les familles du personnel médical de l’hôpital Kamal Adwan. Deux médecins de l’hôpital ont eu leurs familles complètement exterminées – l’occupation a tué leurs épouses et enfants. Ces crimes font honte à l’humanité. »

Cette attaque contre l’hôpital Kamal Adwan suivait le ciblage et la destruction de l’hôpital Abu Yousef al-Najjar à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a ajouté le ministère de la santé. Les forces israéliennes, dit-on, ont envoyé à l’intérieur

« des robots portant des tonnes d’explosifs et ont détruit le seul hôpital public du gouvernorat de Rafah ».

Le ministère de la santé a ajouté que l’hôpital al-Najjar

« fournissait des services de santé et des soins à 300 000 personnes et que, pendant le génocide, il avait même fourni des services à un million et demi de personnes déplacées et de citoyens, avant l’invasion du gouvernorat de Rafah ».

Cette semaine, à Rafah également, les forces israéliennes ont détruit et incendié la mosquée Badr. D’après le bureau gouvernemental des médias à Gaza, 815 mosquées ont été complètement détruites par les Israéliens, 151 gravement endommagées et trois églises détruites.

 

Destruction de la mosquée Badr à Gaza

 

Cette semaine, dans le centre de la bande de Gaza, Israël a bombardé des immeubles résidentiels et des maisons des camps de réfugiés de Nuseirat et d’al-Bureij, tuant ainsi des dizaines de personnes.

 

Victimes d'un bombardement dans le centre de Gaza

 

À Gaza même, Israël a bombardé des habitations et des écoles utilisées comme refuges pour les familles déplacées.

Deux attaques séparées contre des écoles de la ville de Gaza ont eu lieu, cette semaine écoulée. Le journaliste Hossam Shabat a documenté les conséquences d’une attaque israélienne contre l’école Salah al-Din, attaque au cours de laquelle les maigres possessions des gens sont parties en fumée.

 

Bombardement de l'école Salah-al-Din dans la ville de Gaza

 

Shabat a aussi documenté les attaques contre l’école Abu Assi quelques jours plus tard, disant que

« pas un jour ne se passe sans massacre ou attaque. Dans cette zone, nous avons vu plusieurs têtes et corps séparés, et ces restes ne sont pas identifiables ».

Mercredi, en début de matinée, Hossam Shabat a été blessé lors d’une frappe de l’aviation israélienne dans le nord de Gaza.

Il a posté ce qui suit sur X (anciennement Twitter) :

« Après avoir reçu des infos à propos d’un bombardement tout proche, je suis venu avec ma voiture pour proposer de l’aide. Quand je suis arrivé à la maison remplie de personnes terrifiées, j’ai entendu depuis le deuxième étage leurs cris désespérés réclamant de l’aide. Au moment où je suis entré, la maison a de nouveau été bombardée et les restes des blessés ont été éparpillés autour de moi. Des débris sont tombés sur mes collègues et moi-même ; un des hommes de la défense civile a été tué et, alors que mon collègue, le photographe Muhammad Muhanna, et moi-même avons été blessés, bien d’autres n’ont pas survécu. »

 

Le journaliste Hossam Shabat a été blessé lors d'une frappe de l'aviation israélienne dans le nord de Gaza.

Plus tard, Shabat a déclaré qu’après avoir passé une nuit difficile, il a de nouveau enfilé sa vareuse de presse pour retourner au travail.

« Nous ne pouvons nous asseoir et nous reposer alors que nos concitoyens se font anéantir », a-t-il dit. « Ces derniers jours, cette veste de protection est devenue comme une chemise que je ne puis enlever. »

 

Des exécutions sur le terrain dans le nord de Gaza

Euro-Med Human Rights Monitor a diffusé une collection de témoignages oculaires d’exécutions sur le terrain perpétrées par l’armée israélienne dans le nord de Gaza.

L’équipe de terrain de l’organisation a documenté l’exécution d’un homme de 58 ans et de son fils de 21 ans la semaine dernière. Tous deux ont été abattus sous les yeux de leur famille à l’intérieur même de leur maison à Beit Lahiya.

Euro-Med a également rapporté qu’une fois de plus, Israël avait perpétré un massacre de la farine dans la ville de Gaza.

Le 13 novembre, les forces israéliennes ont tué des dizaines de Palestiniens qui s’étaient rassemblés pour recueillir de l’aide humanitaire au nord-ouest de la ville de Gaza, après environ 50 jours d’empêchement complet par Israël de toute entrée de nourriture, d’eau et d’aide médicale dans les zones du nord de Gaza.

Les rapports initiaux indiquent qu’environ 200 personnes s’étaient rassemblées dans la zone au moment de l’attaque. 70 d’entre elles ont été tuées et blessées.

Selon Euro-Med,

« mercredi 13 novembre, vers 10 heures du matin, les forces israéliennes ont ouvert le feu sur des dizaines de civils palestiniens attendant l’arrivée des camions d’aide sur la route maritime au nord-ouest de la ville de Gaza. Les forces israéliennes ont tué et blessé des dizaines d’entre eux quand ils ont tenté de chercher refuge dans une maison toute proche, et elles ont ensuite bombardé l’immeuble, le détruisant complètement. Bien des personnes supplémentaires sont désormais manquantes et sont sans doute restées piégées sous les débris. »

Les Nations unies ont rapporté lundi qu’en raison des

« très graves pénuries de farine, les huit boulangeries soutenues par l’ONU à Deir al-Balah et Khan Younis fonctionnaient à capacité réduite depuis des semaines. Quatre boulangeries du centre de l’enclave ont déjà fermé leurs portes. Les quatre qui restent vont être forcées de fermer d’ici quelques jours, sans livraisons supplémentaires. »

 

Les forces sécuritaires de Gaza interviennent contre des gangs soutenus par Israël

Sur le même sujet, le ministère de l’intérieur de Gaza a lancé une opération en vue d’intervenir contre des bandes organisées à l’intérieur de Gaza, lesquelles volent de la nourriture et pillent les camions d’aide humanitaire.

Ces bandes, qui sont depuis longtemps des rivales politiques du parti du Hamas et de sa direction, collaborent avec l’armée israélienne, qui les protège et leur permet, en les y encourageant même, de piller l’aide humanitaire.

Lundi, la police de Gaza a tué au moins 20 membres de l’une de ces bandes, deux jours après qu’une centaine de camions d’aide avaient été détournés et pillés après leur entrée dans le sud de Gaza.

Selon Drop Site News,

« le mince filet de marchandises qui peuvent entrer sont de plus en plus ciblés par des bandes criminelles armées qui soit forcent les convois de camions à payer des frais d’extorsion exorbitants, soit volent tout simplement l’aide. Une grande partie de ces opérations sont facilitées par l’armée israélienne, qui a systématiquement ciblé les forces sécuritaires palestiniennes chargées de protéger les convois et a permis ensuite à des hommes armés d’attaquer les convois d’aide dans les zones sous son contrôle. »

Au cours des 13 derniers mois de ce génocide, Israël a régulièrement traqué, ciblé et tué des membres de la police et des forces sécuritaires de Gaza qui assuraient la protection et la coordination des mouvements des camions d’aide humanitaire vers les entrepôts de distribution.

The Washington Post a obtenu une note interne des Nations unies disant que les bandes armées

« peuvent tirer profit d’une bienveillance passive, si pas active » ou d’une « protection » de la part de l’armée israélienne.

Un chef de bande, poursuivait la note, a établi une espèce de « complexe de type militaire » dans une zone « restreinte, contrôlée et soumise à des patrouilles de l’armée israélienne ».

 

Un journaliste tué

La semaine dernière, un journaliste a été tué dans le nord de Gaza.

Selon l’agence d’information palestinienne Wafa, le 16 novembre, Mohammed Saleh al-Sharif a été visé et abattu par un drone quadricoptère israélien dans le camp de réfugiés de Jabaliya.

Wafa a fait savoir qu’

« al-Sharif, qui avait été forcé récemment d’évacuer son domicile dans le quartier de Tel al-Zaatar à Jabaliya-Est en raison des bombardements israéliens en cours, avait cherché refuge en compagnie d’un proche » à Beit Lahiya, non loin de là.

« Quelques jours plus tard, al-Sharif et son cousin sont retournés à leur domicile pour évaluer les dégâts mais, comme ils s’approchaient, un drone les a ciblés. Son cousin a été tué sur-le-champ et al-Sharif a été laissé sur place, blessé et a succombé à ses blessures après avoir perdu son sang pendant plus de deux heures. »

Wafa a également fait remarquer que les forces israéliennes empêchaient les équipes de la défense civile et les services ambulanciers d’opérer dans le nord de Gaza depuis plusieurs semaines.

La famille de Fadi al-Wahidi, un cameraman d’Al Jazeera touché au cou par une balle d’un tireur israélien, début octobre, a annoncé qu’elle avait entamé une grève de la faim pour exiger qu’al-Wahidi puisse obtenir un permis de voyage afin de recevoir un traitement médical vital. Al-Wahidi est dans le coma depuis plus d’un mois.

 

Fadi al-Wahidi, un cameraman d'Al Jazeera touché au cou par une balle d'un tireur israélien à Gaza

 

La mère d’al-Wahidi, dont on affirme qu’elle-même se bat contre un cancer, s’est elle aussi jointe à la grève de la faim. Près de 190 journalistes ont été tués par Israël à Gaza depuis octobre 2023.

 

Les colons se déchaînent en Cisjordanie

Cette semaine, en Cisjordanie occupée, des colons israéliens ont attaqué des Palestiniens d’une communauté bédouine à proximité de Duma, forçant 16 personnes, dont neuf enfants, à s’enfuir après les avoir menacées de les brûler vives, rapporte l’ONU.

Au cours du week-end, des dizaines de colons israéliens ont envahi le village de Beit Furik, dans le nord de la Cisjordanie. Selon des rapports, les colons ont incendié des habitations et des voitures dans le même temps que des soldats israéliens bloquaient les routes entourant le village et restaient sur place pour protéger les colons en furie.

Entamé lundi, un raid israélien de plusieurs jours dans la ville de Jénine et dans son camp de réfugiés a blessé neuf Palestiniens et provoqué d’importants dégâts aux infrastructures de la ville.

Selon l’agence d’information Wafa, Israël s’est servi de balles réelles et de drones armés pour abattre et blesser des gens, et la Société du Croissant-Rouge de Palestine (SCRP) a rapporté que les membres d’une de ses équipes médicales avaient été utilisés comme boucliers humains par les forces israéliennes, qui les avaient arrêtés à l’intérieur d’une maison.

 

Frappes aériennes au Liban

Concentrant son attention vers le nord, au Liban, le Bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a rapporté qu’une frappe de l’aviation israélienne avait touché le centre de Beyrouth lundi, après

« de nombreuses autres frappes, la veille, contre la même zone et sans avertissement préalable, ce qui a déclenché de nouvelles vagues de déplacement ».

Les résidents et les personnes déplacées

« qui avaient cherché refuge dans la zone ont été forcés de fuir à nouveau. Selon les autorités nationales, au moins cinq personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées, lors de la frappe du 18 novembre », a ajouté l’ONU.

« Les régions orientales et méridionales du Liban continuent d’être ciblées, de même que les faubourgs sud de Beyrouth, ce qui se traduit par un surcroît de victimes et de très importants dégâts aux infrastructures civiles »,

a déclaré l’ONU.

Les frappes de l’aviation israélienne de ce lundi suivaient des journées d’attaques contre Beyrouth et nombre de villages du Sud-Liban.

 

 

La semaine dernière, Israël a ciblé le centre de la défense civile à Baalbek, tuant au moins une douzaine de paramédicaux et autres membres du personnel médical et il a lancé des frappes aériennes contre Ghobeiry, un faubourg de Beyrouth.

Dans la seule journée du samedi, 29 personnes au moins ont été tuées lors d’attaques israéliennes un peu partout au Liban, a fait savoir le ministère de la santé.

Dimanche, Israël a bombardé certains quartiers de Beyrouth. Une frappe contre le district commercial de Mar Elias a tué deux personnes au moins et en a blessé plus de 20 autres.

 

Le porte-parole du Hezbollah Mohammad Afif a également été assassiné à Beyrouth, ce samedi.

Selon un correspondant de la chaîne d’information Al-Mayadeen, la frappe israélienne a tué au moins cinq personnes.

Dimanche également, Israël a attaqué l’antique ville de Tyr (ou Sour), tuant au moins 11 personnes et en blessant près de 50 autres.

Entre-temps, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré que même s’il y avait un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, Israël n’en continuerait pas moins de bombarder le Liban, rendant de la sorte le mot cessez-le-feu encore plus vide de sens.

 

Mise en lumière du sentiment de défi et de la résilience

Finalement, comme nous le faisons chaque fois, nous avons voulu partager des vidéos de personnes exprimant leur sentiment de défi et leur résilience face à la campagne israélienne de destruction de plus en plus intense.

Cette semaine, le coiffeur d’une communauté dans le nord de Gaza a proposé des coupes de cheveux gratuites pour les enfants du camp de réfugiés de Beach Camp (al-Shati).

Et de jeunes musiciens de Gaza, qui se sont donné le nom de Freedom Band (Orchestre de la Liberté), ont interprété tous ensemble un chant classique palestinien.

 

 

L’article ci-dessus est tiré de la revue des infos présentée au cours du livestream du 20 novembre.

Vous pouvez visionner la totalité de l’émission ici.

*****

Publié le 21 novembre 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

Vous aimerez aussi...