Torture et génocide : Le martyre de quatre détenus palestiniens de Gaza de plus dans les prisons sionistes
Les institutions des prisonniers palestiniens ont annoncé le martyre de deux détenus palestiniens de Gaza, Mohammed Abdul-Rahman Huwaishel Idriss, 35 ans, et Muath Khaled Mohammed Rayyan, 31 ans, le 1er décembre 2024.
Samidoun, 1er décembre 2024
Tant Idriss que Rayyan étaient des Palestiniens kidnappés à Gaza par les forces génocidaires sionistes d’invasion et d’occupation, soutenues et financées par les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, le Canada et autres puissances impérialistes alliées.
Les institutions des prisonniers – la Commission sur les affaires des prisonniers, la Société des prisonniers palestiniens et l’Association Addameer de soutien aux prisonniers et des droits humains – ont déclaré qu’elles avaient été informées de leur martyre le 29 novembre 2024. Elles ont dit qu’Idriss avait été assassiné à la prison d’Ofer, mais que l’occupation a refusé de révéler l’endroit du martyre de Rayyan, le 2 novembre 2024. Mohammed Idriss n’avait aucun problème de santé avant son enlèvement par les forces génocidaires d’invasion et d’occupation le 25 août 2024, alors que Muath Rayyan, bien que totalement paralysé, a néanmoins été enlevé par les forces d’invasion le 21 octobre 2024 et assassiné à peine dix jours plus tard.
La nouvelle du martyre de Mohammed Idriss et de Muath Rayyan est consécutive à une réponse de la Cour suprême de l’occupation, annonçant le martyre de deux autres Palestiniens enlevés à Gaza, un père et un fils : Munir Abdullah Mahmoud al-Fiqaawi, 42 ans, et Yassin Munir al-Fiqaawi, 18 ans. Le martyre des quatre hommes porte le nombre total connu de prisonniers martyrs depuis le 7 octobre 2023 à 47 ; toutefois, on sait que ce chiffre est incomplet, puisque des dizaines au moins de Palestiniens de Gaza sont devenus des martyrs sous de sévères tortures dans les prisons et centres de détention de l’occupation. Celle-ci a refusé de fournir des informations sur leurs noms et sur la date de leur martyre.
« La révélation d’un plus grand nombre de martyrs encore parmi les prisonniers de Gaza qui ont été assassinés ces derniers temps signifie que l’occupation poursuit ses crimes systématiques de torture, en sus des abus médicaux, de l’affamement délibéré, des viols et autres agressions sexuelles et formes illimitées de violence, y compris les agressions continuelles et l’utilisation de chaque détail de la structure des camps de détention comme outil de torture, de vol et de privation… Des milliers de prisonniers et de détenus malades et blessés, qui ont pu endurer les procédures et crimes du système carcéral au début de la guerre, n’ont plus la capacité de le faire, aujourd’hui. Leur état de santé se détériore aussi de façon manifeste et bien des prisonniers qui étaient en bonne santé sont devenus des patients en raison de la propagation continue d’épidémies et de maladies et du crime d’affamement. C’est ce que nous voyons quotidiennement, que ce soit lors de visites ou dans les tribunaux »,
ont déclaré les institutions des prisonniers palestiniens annonçant le martyre de ces hommes. Elles ont en outre fait remarquer les tentatives d’éviter toute responsabilisation, quand à maintes reprises on a interrogé les forces d’occupation à propos du père et du fils martyrs, Munir et Yassin al-Fiqaawi, et qu’elles ont prétendu n’en avoir aucune connaissance, jusqu’au moment où l’affaire est arrivée devant la Cour suprême de l’occupation.
Les agressions contre les prisonniers palestiniens font intégralement partie du génocide sioniste actuellement appliqué en Palestine occupée, particulièrement dans la bande de Gaza, avec le plein soutien, la participation et, en effet, la direction des puissances impérialistes. Pour l’instant, plus de 10 200 prisonniers palestiniens sont détenus dans les prisons sionistes, bien que ce nombre n’inclue pas tous les prisonniers de Gaza, dont des centaines, voire des milliers ont fait l’objet de disparition forcée alors que leurs noms, leur statut médical, le lieu où ils se trouvent ou le simple fait de savoir s’ils sont encore en vie ou pas continuent d’être tenus sous silence par l’occupation. Il y a au moins 3.443 Palestiniens détenus sous le régime de la détention administrative (autrement dit, un emprisonnement sans charge ni procès, une mesure importée pour la première fois en Palestine par le mandat colonial britannique et, depuis, adoptée avec enthousiasme par le régime sioniste), dont 90 femmes et 270 enfants.
Tous les prisonniers palestiniens font l’objet d’abus médicaux, d’une violence extrême et d’un affamement délibéré. Le régime d’occupation reconnaît que le mouvement des prisonniers palestiniens est une pierre de touche de la lutte de libération de la Palestine et il cherche à le détruire par tous les moyens, y compris l’assassinat des prisonniers. Les prisonniers palestiniens de Gaza en particulier ont été soumis à des tortures sévères systématiques, à des viols collectifs et à des violences extrêmes, surtout dans les tristement célèbres camps prisons gérés spécialement pour torturer les Palestiniens de Gaza sans la moindre possibilité de contrôle de l’extérieur.
En effet, à la suite d’un début de démarche vers une enquête sioniste sur le martyre d’un prisonnier palestinien après qu’il avait été violé par toute une bande de soldats de l’occupation, les émeutes en faveur du « droit au viol » qui ont suivi en Palestine occupée ont mis en exergue la nature génocidaire du régime sioniste. Pour l’essentiel, les soldats sionistes ont eu carte blanche pour s’engager dans une vaste campagne systématique de torture, de viol et de violence contre le peuple palestinien et cette campagne faisait partie de la même campagne génocidaire qui a ravi plus de 50 000 vies palestiniennes à Gaza. Le régime sioniste soumet non seulement les prisonniers palestiniens – à Sde Teiman et dans les prisons « normales » du Service carcéral israélien (IPS), dirigées par Itamar Ben-Gvir, l’un des leaders du « droit au viol » – à de sévères tortures et violences, mais il emprisonne également les corps des martyrs une fois qu’ils ont été assassinés.
Le cas du Dr Adnan al-Bursh, le responsable de la chirurgie orthopédique de l’hôpital al-Shifa, constitue un exemple emblématique du type de violences meurtrières auxquelles sont soumis les prisonniers palestiniens.
Le Dr Adnan al-Bursh, 50 ans, a été kidnappé à l’hôpital Al-Awda à Jabaliya en décembre 2023 et on n’en a plus entendu parler jusqu’au 19 avril 2024, date à laquelle, après avoir été soumis à des tortures sévères et extrêmes pendant quatre mois, il a été largué dans la cour de la prison d’Ofer, dénudé en dessous de la taille. Des compagnons prisonniers l’ont ramassé et ramené dans leurs cellules, alors qu’il était incapable d’encore se tenir debout. Quelques instants plus tard, les prisonniers se sont mis à crier, annonçant ainsi son décès. Il était l’un des plus éminents chirurgiens de Gaza et avait sauvé les vies de nombreux Palestiniens pendant le génocide et tout au long de son existence. Mari bien- aimé de Yasmine al-Bursh et père de six enfants, il était entièrement voué à son travail. Après le ciblage et la destruction de l’hôpital Al-Shifa, il était d’abord allé travailler à l’hôpital indonésien, puis à l’hôpital Al-Awda. Son martyre n’a pas été annoncé avant le 2 mai 2024. À l’instar de ses compagnons prisonniers et détenus devenus martyrs, l’occupation continue de garder son corps prisonnier après sa mort.
Bien sûr, l’assassinat d’Adnan al-Bursh fait partie de l’attaque en cours contre les institutions de soins de santé, hôpitaux et centres médicaux palestiniens dans lesquels les médecins, le personnel infirmier et autres professionnels de la médecine ont été délibérément ciblés par les assassinats et l’emprisonnement – en même temps que les sites médicaux ont été ciblés en vue de leur destruction – le tout dans le cadre du génocide, afin de refuser au peuple palestinien la moindre aide médicale.
La nouvelle du martyre de Mohammed Idriss, Muath Rayyan, Munir al-Fiqaawi et Yassin al-Fiqaawi est survenue en même temps que celle du martyre de plus de 100 Palestiniens aujourd’hui, dans les derniers massacres de Beit Lahiya et dans le nord de Gaza, puisque l’occupation poursuit ses assauts génocidaires contre l’ensemble du peuple palestinien avec les bombes et autres armes fabriquées par les EU et l’Allemagne.
Partout dans la région, la résistance se bat pour défendre l’humanité et pour mettre un terme une fois pour toutes à ces crimes. Il ne peut y avoir d’accommodement avec le régime sioniste, un régime criminel bâti sur le génocide, la dépossession et la destruction, mais seulement sa défaite et son démantèlement. Nous insistons une fois de plus sur le fait que ces crimes ne sont pas les crimes du seul régime sioniste, mais que le sang de chaque martyr colle aux mains des États-Unis, de l’Allemagne, du Canada, de la Grande-Bretagne, de la France et de leurs partenaires impérialistes dans la colonisation et le génocide de la Palestine.
Le Réseau Samidoun de solidarité avec les prisonniers palestiniens salue et pleure les martyrs et s’engage à redoubler d’efforts afin de mettre fin au génocide, de soutenir la résistance, de libérer les prisonniers et de vouloir une Palestine libre, du fleuve à la mer.
*****
Publié le 1er décembre 2024 sur Samidoun
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine.