Traîner en justice les perpétrateurs israéliens du génocide

Israël a fait sortir en fraude un de ses soldats de Chypre, craignant apparemment son arrestation suite à des accusations relatives au génocide de Gaza, estime Dyab Abou Jahjah, le cofondateur de la Fondation Hind Rajab.

Nora Barrows-Friedman, Ali Abunimah et Dyab Abou Jahjah lors du livestream de The Electronic Intifada

Nora Barrows-Friedman, Ali Abunimah et Dyab Abou Jahjah lors du livestream de The Electronic Intifada


Ali Abunimah, 26 janvier 2025

 

Abou Jahjah, un activiste politique et écrivain belgo-libanais, a expliqué lors d’un livestream de The Electronic Intifada, que son organisation intensifiait ses efforts dans le monde entier afin de traîner en justice les militaires israéliens impliqués dans le massacre de dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants à Gaza ces 15 derniers mois.

Dans le cas du militaire israélien à Chypre, la Fondation Hind Rajab a déposé une plainte et, après avoir hésité quelque peu, les autorités judiciaires de l’Union européenne ont ouvert une enquête autour du soldat.

« Quand elle a été ouverte, les Israéliens ont fait sortir le soldat en fraude de Chypre »,

a déclaré Abou Jahjah, ajoutant que l’incident était le premier du genre.

« Et, quand je dis sortir en fraude, je n’exagère pas, parce que nous avons des informations disant qu’il a même été emmené à bord d’un jet privé »,

ajouté Abou Jahjah.

La fondation porte le nom de Hind Rajab, la petite Palestinienne de 6 ans qui se trouvait dans une voiture avec des membres de sa famille, dans une tentative en vue d’échapper à l’attaque israélienne contre la ville de Gaza, au moment où ils avaient été attaqués.

L’histoire de Hind, piégée toute seule dans une voiture, entourée de tous ses proches morts, et implorant du secours par téléphone – la conversation avait été enregistrée par le Croissant-Rouge palestinien – fait partie des crimes les plus poignants et les plus éhontés commis au cours du génocide d’Israël.

Selon Abou Jahjah, des avocats et des activistes déterminés à réclamer justice pour les Palestiniens ont identifié une lacune dans les efforts en vue de réclamer des comptes à Israël et ils pourraient la combler en poursuivant à titre individuel les soldats qui, dans bien des cas, ont publié dans les médias sociaux des preuves de leurs propres crimes à Gaza.

L’organisation et son réseau mondial croissant constitué de bénévoles et de professionnels du droit ont pu collecter des preuves concernant environ un millier de soldats et les ont remises à la Cour pénale internationale.

Outre la déposition de plaintes contre des soldats israéliens voyageant à l’étranger – comme dans le cas présent à Chypre, et dans d’autres exemples récents au Brésil, en Thaïlande et en Italie – un important centre d’intérêt de la fondation porte sur les individus détenteurs à la fois de la nationalité israélienne et d’une autre nationalité.

« En ce qui concerne les personnes à double nationalité, nous n’avons aucune contrainte temporelle »,

a expliqué Abou Jahjah.

« Par exemple, si vous êtes belge, la Belgique dispose de la compétence juridique pour traiter votre cas. »

Renoncer à leur seconde nationalité ne peut protéger ces soldats, selon l’activiste, parce que les tribunaux tiendront compte de leur citoyenneté au moment où le ou les crimes supposés ont été commis.

Abou Jahjah est confiant de ce qu’avec le temps, les criminels de guerre seront amenés devant la justice. L’organisation envisage également d’étendre son travail aux États-Unis, où elle pourrait recourir aux poursuites civiles pour tenir les auteurs responsables de leurs actes.

On ne sera pas surpris qu’Israël et les gouvernements qui le soutiennent s’opposent au travail de la Fondation Hind Rajab, et Abou Jahjah vit désormais sous protection policière.

« Les choses sont un peu lourdes à ce niveau, mais cela ne perturbera pas notre travail »,

a déclaré Abou Jahjah.

« C’est un peu naïf de leur part de penser que le travail de la fondation dépend d’une seule personne. »

« Nous avons des équipes juridiques partout dans le monde, des personnes très compétentes. Nos données sont diffusées dans le monde entier »,

a ajouté Abou Jahjah.

« Ils ne peuvent rien faire. Les choses vont suivre leur cours. »

Vous pouvez visionner l’interview d’Abou Jahjah et la totalité de l’émission de cette semaine dans la vidéo ci-dessous (en anglais).

 

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Extrait d’un article publié le 26 janvier 2025 sur The Electronic Intifada (et rédigé avant l’arrestation d’Ali Abunimah en Suisse le 25 janvier).

Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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Voyez également ICI l’émission de TéléPalestine, publiée sur le site dInvestig’Action (en français).

 

Lisez également : La Fondation Hind Rajab invite instamment la Belgique à refuser l’accréditation à Moshe Tetro suite à un dépôt de plainte à la CPI

 

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