« L’histoire de la Palestine à travers les femmes » à un CaFéministe
Le jeudi 30 janvier, la Plateforme Charleroi-Palestine était conviée pour animer un « CaFéministe » organisé par Vie Féminine au café littéraire Livre ou Verre. La soirée avait pour thème « L’histoire de la Palestine à travers les femmes »
Les bénévoles de la plateforme sont intervenues pour présenter le rôle des femmes palestiniennes dans la résistance, qu’elle soit culturelle, sociale ou armée, du début du 20e siècle à aujourd’hui.
Comme ailleurs, la lutte des femmes en Palestine est ancrée dans la réalité locale, celle de l’oppression coloniale et du patriarcat, faisant dire aux femmes palestiniennes qu’il ne peut y avoir de liberté sans libération des femmes, et qu’il ne peut y avoir de libération des femmes sans libération nationale.
Depuis le début du 20e siècle, les femmes se sont organisées, soit au travers de mouvements de femmes spécifiques, soit en intégrant les organisations de la résistance.
D’orientations politiques, religieuses ou culturelles diverses, elles participent ou ont participé à la résistance armée mais sont aussi la cheville ouvrière de la vie communautaire (potagers, cliniques, écoles, actions de boycott, manifestations…) et sont réputées incarner au sein du foyer le vecteur de transmission de la mémoire, de l’identité et de la culture collectives.
Les bénévoles ont également abordé la question de la façon dont les femmes palestiniennes sont perçues : parfois présentées par le monde occidental, de façon instrumentale, comme des victimes « à sauver » des hommes palestiniens, elles subissent aussi, de la part de l’occupant israélien, déshumanisation et mauvais traitements, via l’enfermement ou encore des discours politiques et médiatiques les accusant d’« engendrer » des enfants voués à mourir.
Le corps des femmes palestiniennes est ici doublement soumis à la violence coloniale : par l’enfermement ou le meurtre, mais aussi par cette violence discursive qui en disqualifiant l’instinct maternel contribue aux discours plus généraux de déshumanisation des Palestiniens.
L’enfermement des femmes palestiniennes
Avec les participantes, issues de différents horizons et différentes générations, les bénévoles ont ensuite abordé la question spécifique de l’enfermement.
Depuis le début de la colonisation, les femmes subissent l’enfermement, elles aussi. Elles peuvent être arrêtées et enfermées pour leurs actions, mais aussi pour faire pression sur un père, un frère, un mari.
Début janvier 2024, on comptait un peu moins d’une centaine de femmes et filles palestiniennes enfermées dans les prisons coloniales. L’accord Toufan Al Ahrar (Le Déluge des Gens Libres) a permis la libération de 69 d’entre elles.
Actuellement, 15 femmes restent enfermées à la prison de Damon, et 5 autres sont retenues dans ces centres d’interrogation. Lors de la discussion, Charleroi Pour la Palestine a mis en évidence les histoires de deux d’entre elles, Shatela Abu Ayad et Aya Khatib. Toutes deux originaires des territoires de 48 et incarcérées depuis avant octobre 2023.
La discussion a porté sur la solidarité qui s’exprime entre les prisonnières, telle qu’elle a été relatée par de nombreuses prisonnières et a été visible au moment de la libération dans le cadre de Toufan al Ahrar. Mêlant intimité et politique, les prisonnières prennent soin les unes des autres et veillent à se protéger mutuellement de la violence de l’enfermement, par la force du collectif, le soutien et l’éducation.
Enfin, deux figures emblématiques de la résistance palestinienne ont été mises à l’honneur.
Leila Khaled, d’abord. Réfugiée au Liban dans son enfance, engagée depuis l’âge de 14 ans pour la lutte pour la libération de la Palestine, Leila Khaled, 80 ans, est une figure incontournable et iconique du mouvement de résistance, notamment en devenant, en 1969, la première femme à détourner un avion dans le cadre de la lutte palestinienne.
Khalida Jarrar, ensuite. Universitaire et militante, plusieurs fois emprisonnée, elle l’avait à nouveau été depuis de longs mois. Détenue à l’isolement depuis septembre 2024, elle a finalement été libérée fin janvier dans le cadre de l’échange de prisonnier·es entre la Résistance palestinienne et Israël.
Les participantes à l’événement ont pris une photo de soutien aux prisonnières toujours incarcérées, et plusieurs cartes leur ont été écrites.
A propos de la libération de toutes les prisonnières palestiniennes, une campagne internationale « Démanteler Damon : Libérer les résistantes » a été lancée en août 2024. Vous pouvez suivre la campagne sur Instagram : Dismantle Damon.