L’armée a reçu l’ordre de tuer des Israéliens le 7 octobre, confirme le ministre de la Défense
Les troupes israéliennes ont reçu l’ordre d’abattre et de tuer les civils israéliens faits prisonniers le 7 octobre 2023, a admis cette semaine le ministre israélien de la Défense de l’époque.
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Vidéo EI : « Le ministre de la Défense confirme les ordres reçus par l’armée de tuer des Israéliens le 7 octobre 2023. »
Asa Winstanley, 7 février 2025
L’ordre d’appliquer la fameuse « Directive Hannibal » d’Israël a été émis « tactiquement » et « dans divers endroits » à proximité de Gaza, a déclaré jeudi Yoav Gallant sur Channel 12 (Israël). « En d’autres endroits, l’ordre n’a pas été donné, et c’est un problème », a-t-il poursuivi.
Tout en interrogeant Gallant, le journaliste Amit Segal a précisé pour les spectateurs que » la Directive Hannibal dit d’abattre des civils lorsqu’il y a un véhicule qui contient un otage israélien « – une précision que n’a pas contestée Gallant.
Pour Gallant, c’était sa première interview à la télévision israélienne depuis sa révocation en novembre.
Vous pouvez visionner un clip sous-titré dans la vidéo ci-dessus ou l’interview intégrale (en hébreu) sur le site de Channel 12.
Première reconnaissance en public
Contrairement à la déclaration de Gallant selon laquelle la Directive Hannibal a été inégalement appliquée dans différentes zones, le journal israélien Yediot Ahronot rapportait en janvier 2024 que, le 7 octobre vers midi, un ordre ambigu avait été donné par le haut commandement de l’armée israélienne afin d’invoquer la Directive Hannibal dans la région tout entière.
L’ordre avait bel et bien été donné, « même s’il revenait à mettre en danger ou à nuire à la vie de civils dans la région, y compris les captifs eux-mêmes », avaient rapporté les journalistes Ronen Bergman et Yoav Zitun.
En juillet, le journal israélien Haaretz rapportait que l’ordre disant « Aucun véhicule ne peut retourner à Gaza » avait été donné à la Division Gaza de l’armée israélienne à 11 h 22 du matin ce même jour.
Mais la nouvelle déclaration de Gallant est hautement significative, puisqu’il s’agit de la première reconnaissance en public par un ministre israélien du moment que les soldats israéliens avaient reçu l’ordre de tirer sur leurs propres concitoyens le 7 octobre.
Doctrine militaire décrétée en secret par les généraux israéliens dans les années 1980, la Directive Hannibal constitue le pacte national de meurtre-suicide d’Israël.
Initialement, à sa sortie, elle disait que les soldats israéliens pouvaient tirer sur d’autres soldats israéliens qui venaient d’être capturés par des combattants de la Résistance palestiniens ou arabes.
Une offensive sans précédent
Mais, le 7 octobre 2023, au cours d’une offensive militaire sans précédent, les combattants palestiniens ont reconquis des terres à proximité de la bande de Gaza, terres dont s’étaient emparés les Israéliens en 1948.
En gros, 250 soldats et civils israéliens avaient été capturés par le Hamas et d’autres organisations armées palestiniennes, au cours de ce qui avait été baptisé Opération Déluge d’Al-Aqsa.
La riposte d’Israël avait consisté à réactiver et à appliquer la doctrine Hannibal en l’étendant aux civils israéliens, en sus des militaires.
Les tirs avaient été délibérément déclenchés par les hélicoptères, les drones, les chars et même les troupes au sol d’Israël, dans une tentative avortée d’empêcher les combattants palestiniens d’emmener vivants des captifs israéliens qui, plus tard, auraient pu être échangés contre des prisonniers palestiniens.
Quelque 1 100 Israéliens avaient été tués. On ne sait toujours pas clairement combien d’entre eux ont été tués par les Israéliens et combien par les Palestiniens. Un an après les événements, une enquête menée par The Electronic Intifada avait estimé que des « centaines » d’Israéliens au moins avaient été tués par Israël.
Les chiffres officiels, publiés pour la première fois le mois dernier, ont révélé que les Forces aériennes d’Israël avaient tiré 11 000 obus, largué plus de 500 bombes d’une tonne et lancé 180 missiles « au cours des combats » du 7 octobre.
Une enquête indépendante lancée l’an dernier par les Nations unies a critiqué les autorités israéliennes pour lui avoir interdit l’accès au pays.
« Les responsables israéliens ont non seulement refusé de coopérer dans l’enquête de la commission mais il a été prétendu qu’ils avaient également interdit aux professionnels médicaux et autres d’entrer en contact »
avec elle, disait encore le rapport d’enquête.
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La traduction de l’hébreu en anglais a été réalisée par David Sheen.
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Publié le 7 février 2025 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine