Les révolutionnaires ne meurent jamais : Aziz Menebhi

Aziz Menebhi,  révolutionnaire marocain, nous a quittés dans la nuit du 23 au 24 août. Aziz  était le cofondateur du Mouvement marxiste-léniniste marocain « Ilal Amam »  (En Avant), qui était interdit au Maroc, et le président de l’UNEM (Union Nationale des Étudiants du Maroc), proche d’Ilal Amam.

Aziz Menebhi a été victime d’enlèvement, d’emprisonnement et de torture, ce qui a affecté gravement sa santé après sa libération.

Enlevé  le 8 janvier 1973, il avait disparu pendant plus d’un an dans les centres clandestins de torture (Rabat, Casablanca, Derb Moulay Cherif, Anja) et avait été ensuite transféré à la prison de Casablanca où il est resté emprisonné jusqu’en août 1976.

Aziz était le frère de la martyre Saida Menebhi, morte en prison le 11 décembre 1977, suite à une grève de la faim de 34 jours. Elle était âgée de 25 ans. Institutrice, poétesse, elle nous a laissa ses écrits de prison.

Aziz Menebhi  est toujours resté fidèle à ses engagements. Il a poursuivi son travail politique en exil et au Maroc et est resté révolutionnaire jusqu’à la fin de ses jours.

Le message d’Aziz à Georges Abdallah

Aziz Menebhi était un fervent défenseur de la cause de Georges Abdallah pour lequel il avait écrit ce texte en 2022. (publié par le CGLIA sur FB)

A mon camarade dans le rêve et la révolution, Georges Ibrahim Abdallah.

La voie de la révolution est une voie longue, dure et violente,
Et la résistance et la persévérante sont les alliés de la victoire,
Ils sont les alliés de la révolution et des révolutionnaires.

Communiste convaincu, tu étais camarade
et communiste convaincu, tu restes.
Tu portes toujours le drapeau rouge des peuples…
le drapeau de la révolution prolétarienne…
l’étendard de tou.te.s les opprimé(e)s, qui luttent contre le sionisme,
l’impérialisme et les réactionnaires.

Tu n’as pas reculé, tu ne t’es pas agenouillé
Et jamais de soupires d’exaspération, jamais de regret,
Résiste camarade, l’ennemi n’est qu’un tigre en papier,
l’ennemi est déjà battu .

Non, tu ne seras jamais battu par la loi de la vengeance impérialo-sioniste,
car tu portes la statue de l’espoir et du rêve,
de la confiance dans l’avenir radieux des peuples révolutionnaires…
L’avenir d’HOMME NOUVEAU,
l’étendard de la liberté et de la victoire.

Même si notre lutte et notre attente seront plus grandes
que les mers et les océans réunis,
Nous continuerons le combat,
Nous continuerons d’attendre,
et nous vaincrons.

Tu sais, mon camarade,
que la liberté est plus grande,
tu vaincras camarade, nous vaincrons,

Ton camarade Marxiste-Léniniste,
Aziz Menebhi

Lettre de Saïda Menebhi à son frère

Le 12 août 1976, quatre jours après la libération d’Aziz, Saïda adressa de prison la lettre ci-dessous à son frère. 

Mon frère, mon Aziz,

Je laisse passer beaucoup de choses pour ne te dire que quelques pensées. Pour te dire exactement combien tu occupes mon esprit et mon cœur. Dans ma cellule, j’ai pensé très fort à toi : je ferme mes yeux pour revoir ton visage calme, ton sourire confiant et ces images du bonheur me réconfortent, me soutiennent. A l’avenir maintenant, je ne pense qu’à l’avenir, l’avenir… et je te dédie, je ne dirai pas ce poème, mais ces quelques vers de Prévert. Ils rapporteront sûrement combien je t’aime.

Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui fait peur aux autres
Qui les fait blêmir
Cet amour blessé
Cet amour tout entier
Et tout ensoleillé
C’est le mien, c’est le tien
Celui qui a été, qui est
Cette chose toujours nouvelle
Et qui n’a pas changé.

La lettre a été publiée dans « Saïda Menebhi – Les bras chargés de fusils, la tête de poèmes », Editions Premiers Matins de Novembre (PMN).

L’hommage des Editions PMN : 

Hommage à Abdelaziz Menebhi

Militant infatigable, Abdelaziz Menebhi a consacré sa vie à défendre les opprimés — des bancs de l’UNEM aux luttes pour la justice au Maroc. Il fut l’un des acteurs clés de l’extrême gauche marocaine à l’université, notamment dans les années 1970 où il a joué un rôle central dans la prise de direction de l’Union Nationale des Étudiants du Maroc (UNEM) par les forces progressistes .

Toujours aux côtés des voix qui aspirent à la liberté, il s’est aussi fait le porte-voix de la cause palestinienne et a soutenu avec constance son « frère » Georges Ibrahim Abdallah.

Notre souvenir garde intacte la chaleur de nos échanges autour du livre dédié à sa sœur, Saïda Menebhi — martyre du mouvement marxiste-léniniste marocain Ila al-Amam. Il rayonnait de joie en constatant que les militant·e·s d’aujourd’hui tentaient a faire vivre sa mémoire. Les savoirs aujourd’hui réunis nous réchauffent le cœur.

Sa détermination, sa bienveillance et sa rectitude politique resteront gravés au Panthéon des révolutionnaires. Abdelaziz Menebhi demeure pour nous un modèle de courage, de fidélité aux idées de justice et un compagnon de route éternel.

Il continue de marcher à nos côtés, porteur de cette flamme de résistance et de solidarité.
Les révolutionnaires ne meurent jamais

L’adieu de ses camarades

C’est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès de notre camarade Aziz Menebhi, militant marxiste-léniniste engagé sous la bannière de Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao et membre fondateur de l’organisation Ila AL- Amam – En avant. Nous avons reçu la confirmation de sa famille ce matin.

Aziz Menebhi fut une icône marquante dans l’histoire du combat du peuple marocain, un militant infatigable, une voix libre et une conscience révolutionnaire inébranlable. Aux côtés de Saïda, Zaroual, Rahal, Bribri…, il s’est engagé avec détermination pour la révolution marocaine et pour la libération de tous les peuples opprimés, incarnant une solidarité internationaliste sans compromis.

Nous avons eu l’honneur et la douleur de partager avec lui ses derniers instants. Même dans la fragilité de ses derniers souffles, il est resté fidèle à la voie des martyrs du peuple marocain, à la révolution nationale démocratique populaire, et à ses convictions les plus profondes. Il nous parlait encore de liberté, de dignité, et de victoire. Il est parti comme il a vécu: digne, lumineux, et profondément engagé.

Son engagement sans faille, sa rigueur militante et sa générosité ont marqué toutes celles et ceux qui ont eu la chance de le côtoyer. Il fut une roche solide sur laquelle se sont brisées les illusions des réformistes et des opportunistes. Malgré la brièveté de certains instants partagés avec lui, il a laissé en nous une empreinte indélébile et nous a transmis un héritage de lutte et de fidélité aux principes.

Son départ ne signifie pas l’oubli, mais une présence éternelle dans nos cœurs et dans le parcours de tous les militants fidèles à la cause de la libération. Il restera une lumière qui nous guide, un symbole vivant dans l’histoire du combat populaire.
Nos pensées vont à sa famille, à ses proches, et à tous ses camarades de lutte.

La lutte continue.
Les révolutionnaires ne meurent jamais
Militants communistes marocains

24/08/2025

Son autobiographie

Le meilleur hommage qu’on peut rendre à Aziz Menebhi  est de s’inspirer de sa vie, de lire ses écrits et de continuer la lutte, en particulier pour la Palestine, la boussole de tous les révolutionnaires, la cause qui unit les peuples du monde entier, plus que jamais.

Je dédie ce livre à l’HISTOIRE
Qui m’a mis sur le chemin de la Révolution
De la Liberté
De la Résistance
Et de la Victoire
Je le dédie à celles et ceux qui ont illuminé mon parcours
Qui m’ont guidé tout au long de cette trajectoire
Je dédie cette goutte de mon sang aux martyr.e.s et aux
survivant.e.s de l’espoir
Dans mon pays
Dans tous les pays
Victimes du fascisme et de la barbarie.

Aziz Menebhi