Le Plan Trump : un nouveau plan colonial imposé au peuple palestinien

Dans la nuit de lundi à mardi 18 novembre, 13 membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont approuvé le « plan de paix » de Donald Trump pour Gaza. La Russie et la Chine se sont abstenues. Le Hamas a immédiatement dénoncé une « tutelle internationale » ignorant les droits du peuple palestinien.

 

Le Conseil de sécurité vote le « plan Trump » : un nouveau plan colonial imposé aux palestinien·nes

 

Ce plan est un énième plan de « paix » coloniale imposée. Les critiques formulées depuis des semaines par de nombreux représentant·es politiques qui pointent du doigt un accord « de capitulation et de déportation ».

Par-delà les critiques des représentant.es politiques, toute une partie de la société civile continue de dénoncer le génocide en cours et refuse d’accepter cette paix orchestrée par les pays occidentaux.

Plusieurs universitaires ont cosigné une carte blanche qui décortique les enjeux coloniaux et les dangers de ce plan Trump pour Gaza, aujourd’hui entériné par le Conseil de sécurité de l’ONU.

 

Soutenir le Plan Trump, c’est accepter une paix coloniale et sans justice

Le Président américain Donald Trump a annoncé la proposition d’un Plan pour Gaza le 29 septembre 2025. Ce plan de 20 points promet de mettre fin au conflit à Gaza immédiatement et de répondre à l’insécurité au Moyen-Orient. De nombreux représentants politiques, y compris notre Ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot, ont félicité Trump pour l’aboutissement de cet “accord” de paix.

Dès lors, à qui sert la paix promise par le plan Trump ? De quel genre de “paix” s’agit-il ? Hier comme aujourd’hui, en Palestine comme dans d’autres situations de guerre et de violence, le terme « paix » sert souvent d’étiquette pour imposer une réconciliation aux peuples et territoires sur lesquels la violence coloniale est infligée, et ainsi forçant les peuples colonisés à négocier la fin de leur propre génocide. Ici, le discours de Trump propose sans ambiguïté une paix coloniale sans justice et sans dignité.

Un plan pour la paix « de qui » et « pour qui » ? 

Ce plan a donc été préparé sans entendre aucune voix palestinienne. Le Hamas s’est vu signifier un ultimatum : acquiescement au plan sans réserve ou annihilation de la population de Gaza. Après avoir acquiescé à certains aspects du plan, le Hamas a certes été associé aux négociations techniques visant notamment la libération des otages israéliens et la restitution des corps de ceux décédés. Mais le plan n’attend de lui que de finir de négocier sa propre élimination. Le plan propose que Gaza soit ensuite géré par un « comité palestinien technocratique » placé sous le contrôle d’un « conseil de paix » auto-proclamé, sans la moindre légalité internationale et aux relents d’autant plus colonialistes qu’il associe la figure de l’ancien Premier ministre britannique, en écho à la colonisation britannique de la Palestine dès 1917, ou encore à sa responsabilité directe dans les crimes de guerre commis en Irak à partir de 2003.

Peut-on vraiment parler de la paix pour la Palestine si aucun Palestinien n’a eu un mot à dire pour l’élaboration du plan ? Plutôt qu’un accord de paix entre les parties d’un conflit, ce plan est un accord entre une administration responsable de génocide et une administration directement complice qui continue d’y apporter son soutien militaire, politique, et économique. Ce plan ne reflète aucun effort de représentativité ou d’inclusivité, il manque de garanties et de garants crédibles, pourtant considérés comme les éléments fondamentaux d’un processus de paix.    

De quel type de “paix” s’agit-il ?

Cette initiative de Trump ne répond en rien aux causes profondes du conflit armé précédant le génocide : la question de la Palestine est avant tout une question de colonisation d’une terre au détriment du peuple qui l’habite. Le droit à l’autodétermination y est complètement ignoré. La question majeure de la sécurité est prévue d’être réglée par une force de stabilisation internationale, chose à laquelle les parties palestiniennes ne consentent pas. Les points les plus détaillés du plan portent sur la construction économique.  Loin d’offrir une voie vers la paix, ce plan renforce un système d’apartheid et de violations continues. La destruction de Gaza n’est plus adressée comme un crime de génocide qui requiert la justice et des sanctions, mais comme une opportunité d’investissement des acteurs derrière la proposition.

Nos dirigeant·es doivent refuser une paix coloniale et néo-libérale

Les signataires de cette carte blanche dénoncent par ailleurs la complicité des états occidentaux, notamment de la Belgique : 

En réponse à cet accord de cessez-le-feu des plus fragiles, l’UE annonce que les sanctions ne sont plus à jour. Publiquement, Prévot encourage la vigilance par rapport au plan et regrette que les autres États européens ne prennent pas de positions plus fermes. Dans les coulisses, la Belgique reste tout aussi complice du génocide en maintenant Israël comme partenaire économique privilégié, en permettant l’approvisionnement et le transport d’armement via le territoire et des sociétés belges. La Belgique continue d’utiliser des techniques de sécurité et d’acheter des technologies militaires israéliennes pour la répression violente et la décrédibilisation des organisations et individus qui dénoncent cette complicité. 

Nous demandons à nos dirigeants·es de faire pression pour une paix qui reconnaît le droit à l’autodétermination, une paix dans laquelle les Palestinien·es sont reconnu·es comme acteur·rices autonomes de leur gouvernance démocratique.  Les traductions en justice ont déjà débuté, et vont continuer pour plusieurs décennies. La société civile n’a jamais été aussi forte et démontre le refus de complicité de nos États à l’imposition de cette paix coloniale. 

La mobilisation en Belgique et à Bruxelles continue. Tous les vendredis à 18h se tiennent des rassemblements à Bourse, ainsi que tous les lundis sur Astrid Plein à Anvers, en soutien à la lutte pro-palestinienne, et contre le génocide en cours, mais aussi contre des décennies de colonisation en Palestine. 

Carte blanche par : Astrid Jamar, Université d’Anvers; Leila Mouhib, Université Libre de Bruxelles; Koen Bogaert, Université de Gand; Richard Toppo, Université d’Anvers; Gert Van Ecken, Université d’Anvers; Adriana Moreno Cely, VUB; Elsa Roland, Université de Namur

 

Publié le 23 novembre 2025 sur Bruxelles Dévie 

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Lisez également : Comment la résolution de l’ONU sur Gaza crée un nouveau « mandat » étranger sur les Palestiniens

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