Des familles se rassemblent pour les prisonniers libanais détenus en Israël à Beyrouth
Le rassemblement était organisé par la Campagne populaire pour la liberté des prisonniers et kidnappés libanais dans les prisons israéliennes.

Photo (Al-Akhbar)
Mohammad Khansa, 29 décembre 2025
Le 26 janvier 2025, Hussein Karaki, 36 ans, rejoignait une foule de civils qui tentaient de chasser l’armée israélienne des villages situés le long de la frontière sud du Liban, même si cela revenait à se battre à mains nues contre l’occupation. Se déplaçant avec sa mère Tamara et sa sœur Fatima vers leur village, Markaba, ils étaient accueillis par des tirs des forces israéliennes. La mère de Hussein était tuée. Lui était blessé à la main et au dos avant d’être kidnappé par l’occupation. Près d’un an plus tard, ce dimanche soir, Fatima était présente à la place des Martyrs, à la ville basse de Beyrouth, brandissant des photos de son courageux frère et de sa mère martyre. « Je ne sais pas ce qu’il est advenu de lui », a déclaré Fatima à Al-Akhbar d’une voix tremblante.
Elle a rallié un rassemblement organisé par la Campagne populaire pour la liberté des prisonniers et kidnappés libanais dans les prisons israéliennes et y a retrouvé des familles et des amis de prisonniers dont le sort reste inconnu à ce jour, ainsi que des avocats et journalistes politiques internationaux. Ils se sont rassemblés pour allumer des bougies, brandir des photos des prisonniers et chanter des hymnes de Noël en leur honneur.
La campagne fait savoir qu’Israël a enlevé 20 prisonniers. Entre-temps, des dizaines d’autres ont été portés manquants – leur enlèvement doit encore être vérifié – depuis que la résistance libanaise s’est mise à soutenir le Déluge d’Al-Aksa de Gaza en octobre 2023. Certains des prisonniers étaient des combattants qui défendaient leur pays alors que d’autres étaient des civils qui avaient été capturés soit chez eux soit en tentant de retourner chez eux.
L’un des organisateurs de la campagne, le journaliste Hussein Chaaban, a expliqué à Al-Akhbar que le rassemblement était le premier de toute une série à venir et que c’était un « déploiement de solidarité en soutien de la cause ». Fatima a ajouté :
« Nous sommes ici pour élever les consciences autour des prisonniers ; la plupart des gens ne savent même pas qu’ils existent. »
De son côté, Qassem Assaf, père du prisonnier Ali Assaf, 26 ans, a réclamé des actions de la part des autorités libanaises. Ali a été enlevé avec son cousin alors qu’ils travaillaient à Aita al-Shaab. Il était infirmier, son cousin électricien et plombier.
« Nos enfants sont en captivité depuis plus d’un an. Trouvez une solution pour les ramener, soit par la diplomatie, soit par la force »,
a déclaré le père au cœur brisé.
Cette frustration vient après des années d’inaction de la part du gouvernement libanais et des organisations internationales. Comme l’a expliqué Fatima, l’armée libanaise n’était pas en mesure d’intervenir et la Croix-Rouge internationale n’a fait montre d’aucun progrès dans l’affaire.
« Récemment, nous avons rencontré le président qui a promis un suivi de la question. »
Jad Salameh, un étudiant en musique, a assisté à la veillée avec ses amis. Ils ont joué des hymnes syriaques que les gens ont attentivement écouté dans le plus grand silence. Salameh a expliqué à Al-Akhbar qu’il voulait
« transmettre un sentiment de prière et de paix, dans l’espoir que ces citoyens libanais puissent revenir sains et saufs dans leur foyers et leurs familles ».
Un soutien étranger était présent lors du rassemblement. Un groupe, appelé « la délégation suisse », a déclaré à Al-Akhbar qu’il était venu de Bâle, « l’endroit où le sionisme est né », pour exprimer sa solidarité avec « le peuple colonisé de Palestine et le peuple occupé du Liban ».
B. de Red Spark (Étincelle rouge), un site qui publie des informations sur les mouvements anticoloniaux et anticapitalistes dans le monde, a insisté sur l’absence d’attention apportée aux prisonniers politiques libanais.
« La plupart se concentrent sur les otages israéliens, mais nous devons rendre publiques les luttes des gens qui sont emprisonnés du fait qu’ils se battent pour la justice »,
a-t-il dit.
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Publié le 29 décembre 2025 sur Al-Akhbar
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine




