La Palestine en 5 films de Norma Marcos
Dans un coffret réunissant cinq de ses films, Norma Marcos suit le quotidien de la Palestine de 1996 à 2018 où elle rend visite à sa famille malgré les difficultés rencontrées vis-à-vis de l’État d’Israël qui lui refuse son visa, elle française d’origine palestinienne.
En deux décennies, Norma Marcos a réalisé des films qui saisissent la réalité de la Palestine au fil de ses voyages, notamment pour retrouver sa famille.
Si le premier film intitulé L’Espoir voilé dispose d’un thème précis, la situation des femmes palestiniennes dans la société, leurs combats pour défendre leurs droits dans la sphère publique comme la sphère plus intime familiale et dans le couple, tous les autres films de Norma Marcos naviguent davantage sans investigation particulière, débutant par un auto filmage enfermé dans un appartement français, la réalisatrice étant discriminée par Israël pour ses origines palestiniennes.
Ainsi, elle abandonne l’investigation documentaire ou journalistique pour saisir au plus près la vie en cours en Palestine auprès de sa famille, notamment une petite fille toujours disponible pour répondre à toutes ses questions et toutes les personnes de divers horizons qu’elle rencontre.
Whadon (Seuls) parmi ces cinq films se singularise puisqu’il s’agisse de la seule fiction au format court métrage qui répond aussi à l’enfermement et au sentiment d’une lutte sourde enfuie au plus profond des citoyens palestiniens.
Les films de Norma Marcos, au format court comme long, se distinguent d’autres réalisateurs qui s’intéresse à la Palestine par leur caractère non programmatique et sa volonté de faire des rencontres familiales l’initiation vers une rencontre du quotidien des Palestiniens beaucoup plus large où l’on saisit toujours plus davantage ce que signifie la présence d’un mur, la violence des bombardements, la discrimination omniprésente de tout un pays prédateur en termes de territoires.
Norma Marcos est discrète dans ses interventions mais sait toujours saisir les problématiques palestiniennes dans des situations d’attentisme et d’enfermement claustrophobique.
La dignité de la résilience palestinienne a beau être omniprésente, sa situation politique empêchée est une constante sur le long terme bouleversante.
Malgré sa colère contenue pour toute cette situation, Norma Marcos continue à filmer comme un acte de résistance pour témoigner au fil des années du vécu et des perspectives des Palestiniens.
L’évolution peut paraître sombre en rendant compte dans Un long été brûlant en Palestine de la violence des attaques armées à l’été 2014 mais la réalisatrice montre comment malgré tout le quotidien s’organise avec des jeunes filles qui passent des concours et sont toujours stimulées pour trouver leur place active dans la société.
Un coffret de films précieux pour saisir la Palestine de ces deux dernières décennies.
L’Espoir voilé
de Norma Marcos
France – 1996.
Durée : 55 min
En attendant Ben Gourion
de Norma Marcos
France – 2006.
Durée : 30 min
Fragments d’une Palestine perdue
de Norma Marcos
France – 2010.
Durée : 74 min
Whadon (Seuls)
de Norma Marcos
France – 2012.
Durée : 11 min
Un long été brûlant en Palestine
de Norma Marcos
France – 2018.
Durée : 74 min
Sortie France du DVD : 18 février 2020
Couleur
Langues : anglais, français, arabe – Sous-titres : français.
Éditeur : ESC Éditions
Publié le 21 mai 2020 sur Mediapart
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