La « contre-proposition » de l’AP facilite sa collaboration coloniale avec Israël
Par Ramona Wadi
Une preuve supplémentaire que l’Autorité palestinienne (AP) ne tentera pas de sauvegarder ce qui reste de la Palestine, sans parler de revendiquer la décolonisation, est sa contre-proposition, soumise au Quartet pour le Moyen-Orient qui ne fait rien d’autre que confirmer l’assujettissement au compromis des deux États.
Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh aurait qualifié ce plan de « contre-proposition » à l’accord américain du siècle.
Peu de détails sont disponibles pour le moment. La proposition de l’AP, cependant, met en avant la création d’« un État palestinien souverain, indépendant et démilitarisé », tout en permettant des « modifications de frontières ».
Selon un haut responsable de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Wasel Abu Yousef,
« aucun dirigeant palestinien ne peut accepter les conditions américaines et israéliennes et renoncer au droit de retour des réfugiés palestiniens, accepter l’annexion de Jérusalem ou permettre à Israël d’annexer des parties de la Cisjordanie où il a construit ses colonies juives illégales ».
Cependant, les dirigeants palestiniens ne voient aucune contradiction à respecter les plans antérieurs de colonisation de la Palestine qui ont été déterminés par la communauté internationale.
Tant que l’AP reste ancrée dans le cadre de deux États, elle ne peut pas prétendre qu’elle s’oppose à l’« accord » concocté au profit d’Israël par le président américain Donald Trump.
L’AP n’a pas d’alliés dans le Quartet, qui est composé de l’ONU, de l’UE, de la Russie et des États-Unis.
Les États-Unis, bien qu’ils s’écartent du consensus international avec leurs cadeaux serviles à Israël, font toujours partie du groupe.
Le plan de Trump ne contredit pas vraiment les objectifs du paradigme des deux États ; il accélère le processus visant à concrétiser les intentions de la communauté internationale.
De l’illusion de la construction d’un État, l’accord du siècle s’oriente vers l’élimination de cette idée, ce qui met l’insistance du Quartet sur la diplomatie à deux États au même niveau que le plan de Trump.
L’AP accepte, une fois de plus, la colonisation de ce qui reste de la Palestine historique.
À un moment où les Palestiniens ont besoin d’une alternative qui s’écarte de la poursuite de la colonisation, l’AP insiste fortement sur ce que le Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres aime à décrire comme « pas de Plan B ».
L’AP rejette l’accord du siècle, comme il se doit, pour défendre une charge défunte qui soutient en fait le plan de Trump. Ou peut-être que le concept de « Plan B » de l’AP est de faciliter la colonisation israélienne en se faisant le champion des bévues politiques violentes de la communauté internationale.
Un État palestinien souverain et démilitarisé n’est pas politiquement indépendant mais une entité qui, en théorie et en fait, plaira à Israël et à la communauté internationale.
La prétendue contre-proposition de l’AP soutient la colonisation israélienne et constitue un autre obstacle à la lutte anticoloniale légitime qui devrait guider la politique palestinienne.
Les Palestiniens ont depuis longtemps cessé de croire que la propagande de l’AP produira des résultats, mais ses représentants continueront à exploiter le peuple de Palestine pour s’assurer qu’Israël puisse mener à bien son projet colonial.
Loin de s’opposer à l’accord de Trump, l’AP ancre sa position corrompue et renforce la communauté internationale, au prix d’une désintégration politique permanente de la cause palestinienne.
Si la notion de contre-proposition de l’AP aide les acteurs internationaux à mettre en œuvre la phase finale du processus de colonisation sioniste, elle ferait mieux d’arrêter ses propos pompeux et d’admettre qu’elle est un allié du collectif qui cherche à détruire la Palestine pour toujours.
Publié le 16 juin sur Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM