Un tribunal israélien accuse Issa Amro, militant des « Jeunes contre les colonies »
Un militant palestinien de la campagne pour les droits de l’homme, fondateur de Youth Against Settlements (YAS – Jeunes contre les colonies), Issa Amro, a été accusé dans un tribunal militaire israélien d’implication dans l’organisation d’actions citoyennes non violentes contre les forces d’occupation israéliennes et les colonies à Al-Khalil (Hebron).
Issa Amro (40 ans) a comparu mercredi devant le tribunal militaire israélien d’Ofer pour être confronté à 16 charges de l’armée et il a été accusé de 6 d’entre elles.
L’activiste des droits de l’homme a rejeté ces accusations, prétendant que cette démarche était une tentative des autorités israéliennes d’occupation en vue de réprimer les méthodes de protestation non violente des Palestiniens.
La plus sévère des 6 accusations militaires retenues ce mercredi consistait en un simple compte rendu d’« agression », que la cour avait précédemment (en 2010) laissé tomber et qui traitait d’une accusation prétendant qu’Amro avait « bousculé » un soldat israélien.
Bien des observateurs internationaux considèrent les tribunaux militaires israéliens comme des « tribunaux kangourous » en raison de leur taux de condamnation pratiquement égal à 100 pour 100.
La très éminente ONG des droits de l’homme, Amnesty International, a dit du procès – en cours depuis 2016 – que la condamnation d’Amro permettrait de qualifier ce dernier de « prisonnier de conscience ».
Dans un tout récent communiqué de presse (du 5 janvier), Saleh Higazi, d’Amnesty, a également déclaré qu’
« Amnesty International avait à de multiples reprises demandé aux autorités israéliennes de laisser tomber toutes les accusations qu’elles avaient formulées contre Issa Amro. AI les considère toutes comme motivées politiquement et liées au travail pacifique d’Amro d dénonciations des violations des droits de l’homme par Israël ».
Issa Amro a également expliqué à Quds News qu’Israël cherche aussi à réduire au silence les supporters des Palestiniens contre la division politique. Issa a déclaré :
« Le problème principal, c’est que je suis l’une des personnes partisanes de l’unité palestinienne et que, depuis le premier jour des divisions, j’ai travaillé très activement à faire cesser la dissension entre le Fatah et le Hamas à Gaza et en Cisjordanie (…) Finalement, ce qu’ils veulent, c’est faire taire toute voix contre la corruption, la division et l’occupation. »
Issa a également déclaré que,
« par ailleurs, il s’agissait d’une requête émanant de la direction des colons de Hébron [Al-Khalil], en vue de se débarrasser de leur principal ennemi sur place ».
Spécifiquement, en 2013, le porte-parole en anglais des colons illégaux de Hébron, David Wilder, originaire de New York, avait insisté auprès des autorités d’occupation pour qu’elles poursuivent Amro pour « des activités anarcho-terroristes », peut-on lire dans une lettre publiée par des médias israéliens.
Issa Amro a en outre expliqué à Quds News qu’il croit qu’Israël s’est engagé dans une politique raciste de deux poids deux mesures, dans laquelle les colons sont innocentés de leurs agressions contre les Palestiniens alors que les manifestants pacifiques palestiniens, eux, sont envoyés en prison. Il a poursuivi en déclarant :
« Aujourd’hui, à Hébron, nous sommes confrontés à de nombreuses agressions émanant de Hilltop Youth (…) Les colons lancent des appels à la violence contre les Palestiniens, ils organisent des protestations violentes, ferment les rues, attaquent des voitures, agressent des fermiers et, vraiment, les autorités israéliennes se soucient très peu de leur violence. Les gens de Hilltop Youth sont des extrémistes religieux purs et durs qui croient que les Palestiniens devraient être liquidés ethniquement et qu’il convient d’autoriser la violence, à cette fin. »
La décision concernant la longueur de la sentence d’emprisonnement attendue pour Issa sera connue le 8 février, et les organisations internationales des droits de l’homme craignent qu’il ne soit condamné à une très longue peine de prison. L’avocate d’Issa, Gaby Lasky, a déclaré à Reuters qu’elle ne pouvait prédire ce qui se passera à propos de la sentence, mais elle a fait référence au cas similaire d’un Palestinien qui avait écopé de 10 mois de prison.
Le nombre de plaintes déposées contre le fondateur de YAS a également été cité par des observateurs qui ont suivi cette affaire en remontant jusque 2016, au moment où, à l’origine, 18 accusations étaient formulées contre Amro. Tous les délits supposés que l’on prétendait avoir été commis l’avaient été, disait-on, entre 2010 et 2016.
Il a été remarqué que cette affaire constituerait une victoire pour les dirigeants de la ligne dure des colons et qu’elle créerait un précédent dans les poursuites ultérieures à l’encontre de Palestiniens faisant partie d’une organisation et, plus spécifiquement, de l’équipe de Youth Against Settlements (YAS), qui a accueilli avec succès des milliers de volontaires, observateurs, militants et hommes politiques internationaux.
En 2017, pas moins de 4 sénateurs et 35 représentants de la Chambre des États-Unis ont adressé des lettres à Israël déclarant que la plupart des accusations formulées à l’encontre d’Amro n’étaient pas acceptables au niveau international.
Publié le 7 janvier 2021 sur Quds News Network
Traduction : Jean-Marie Flémal