Et la plage de Tantoura ment
Michèle Hicorne
Sur la plage de Tantoura (*)
Le sable blanc
Les ruines
Les fleurs jaunes et bleues
Des rêves
La douceur de vivre
La liberté
Mais la plage ment
Sous son sable blanc
Le sang
Soigneusement enfoui
Coagulé dans les profondeurs de l’oubli
Dans ses ruines
Les cris des femmes et des enfants
Muselés par la violence
Eteints par l’ignorance
Par ses fleurs jauenes et bleues
Dissimulés
Tous ceux qui sont morts
Exécutés dans la barbarie
Enterrés par des bulldozers
Sur la plage de Tantoura
Des fantômes attendent
Ils nous appellent
On ne les entend pas
On ne les voit pas
Pourtant
Depuis 60 ans
Ils sont là
Ils regardent vers la mer
Ils attendent
Ceux qui sont partis
Ceux qui devraient vivre ici
Des enfants qu’ils ne connaissent pas
Des fantômes de chair et de sang
Sur la plage de Tantoura
Des fantômes attendent
Ils nous appellent
On ne les entend pas
On ne les voit pas
Ils crient
Leur désir de justice
Leur besoin de faire savoir
La Vérité
Et la plage de Tantoura ment
…
Tantoura : un des plus gros villages de la côte méditerranéenne, entre Tel-Aviv et Haïfa, conquis par la Haganah, le 21 mai 1948; les massacres ont été d’une grande violence et perpétrés sur la plage, dans le cimetière et la mosquée et les fosses creusées au bulldozer
Michele Hicorne est licenciée en philophie et lettres. Elle est bénévole dans un centre pour réfugiés et membre de l’association belgo-palestinienne.
« Des mots pour la Palestine » a été écrit après une mission civile en Palestine, en novembre 2009.
Le recueil est publié par L’Harmattan en 2010.