L’assassinat de Shireen Abu Akleh : liste non exhaustive des journalistes palestiniens tués par les forces israéliennes
Shireen Abu Akleh, qui a été abattue par un sniper israélien mercredi alors qu’elle arrivait pour couvrir un raid à l’aube dans la ville de Jénine, en Cisjordanie, est la dernière d’une longue liste de journalistes palestiniens tués par les forces israéliennes dans l’exercice de leur métier.
L’assassinat de la vérité
Depuis des décennies, Israël est connu pour tuer et mutiler des journalistes.
En avril, une plainte officielle a été déposée auprès de la Cour pénale internationale (CPI), alléguant que le « ciblage systématique » des journalistes palestiniens par Israël et l’absence d’enquête sur leurs assassinats constituaient des crimes de guerre.
Les autorités israéliennes ont mené une répression sans précédent contre les journalistes locaux qui tentaient de couvrir les événements violents sur le terrain depuis le début des manifestations palestiniennes à Jérusalem-Est, en Cisjordanie et dans tout Israël en mai 2021.
La police et les forces armées ont frappé et tiré à balles réelles sur des journalistes couvrant le déroulement des événements, notamment à la suite des attaques contre la mosquée d’al-Aqsa et du bombardement meurtrier de Gaza par Israël.
En Cisjordanie, des photojournalistes ont été visés par des balles en acier alors qu’ils faisaient leur travail à l’entrée nord de la ville d’al-Bireh, près de la colonie de Beit El, a rapporté Middle East Eye l’année dernière.
La police israélienne a également été vue en train d’intimider les membres de la presse couvrant les événements, ainsi que de perturber les rapports et les images provenant du terrain.
En outre, les frappes aériennes israéliennes sur Gaza ont détruit l’année dernière la tour al-Jalaa, qui abritait un certain nombre de bureaux de médias utilisés par des organes tels que Middle East Eye, Al Jazeera, l’Associated Press et d’autres organisations médiatiques locales.
L’armée de l’air israélienne a également détruit la tour al-Shorouk, qui abritait sept médias, et la tour al-Jawhara, qui abrite les bureaux de plus d’une douzaine d’organisations médiatiques, dont le Palestine Newspaper, la chaîne Al Kufiya, Bawaba 24 et le Palestinian Media Forum.
L’agence de presse palestinienne Wafa dispose d’une liste de dizaines de journalistes palestiniens tués depuis 1972, ce chiffre augmentant considérablement depuis le début de la deuxième Intifada en 2000.
Des journalistes palestiniens ont été pris pour cible alors qu’ils couvraient les assauts israéliens contre les villes de Cisjordanie en 2002, tandis qu’au cours de l’été 2014, Israël a tué 17 journalistes palestiniens pendant sa guerre contre la bande de Gaza.
L’ONU et le Comité de protection des journalistes ont recensé 17 journalistes palestiniens tués depuis 2000. Ce chiffre n’inclut pas Abu Akleh ni plusieurs journalistes tués originaires d’autres pays : deux Italiens, un Turc et un Gallois.
Le Syndicat des journalistes palestiniens, cependant, affirme que le nombre est bien plus élevé. En 2020, le groupe a déclaré que les forces israéliennes avaient tué plus de 46 journalistes palestiniens depuis la deuxième Intifada en 2000.
« Le syndicat dénombre chaque année entre 500 et 700 attaques et crimes de l’occupation [israélienne] contre des journalistes palestiniens et il est temps que ces crimes cessent et que ceux qui les ont commis et ceux qui en ont donné l’ordre rendent des comptes »,
avait alors déclaré à l’agence Anadolu Tahseen al-Astal, le directeur adjoint du syndicat.
Il a ajouté que l’ « objectif d’Israël [était] de réduire au silence et d’empêcher que l’image factuelle de la presse soit transmise au monde. »
Shireen Abu Akleh, au sol, et sa collègue Shatha Hanaysha, prise elle aussi dans les tirs des soldats du régime d’ococupation (ainsi que le journaliste Ali Samoudi, blessé au dos)
On estime que 83 journalistes palestiniens ont été tués par les forces israéliennes depuis 1972.
Parmi les journalistes tués par des tirs ou des frappes aériennes israéliens depuis 2000, on dénombre les suivants :
1- Aziz Yousef al-Tineh, 32 ans, de l’agence de presse Wafa, abattu par les forces israéliennes près de Bethléem le 28 octobre 2000.
2- Othman Abdul Qader al-Qatnani, 24 ans, du camp de réfugiés d’Askar à Naplouse, tué par une frappe aérienne israélienne le 31 juillet 2001. Il était reporter pour l’agence de presse koweïtienne Kona et travaillait au bureau de presse de Naplouse.
3- Muhammad Abdul-Karim al-Bishawi, 27 ans, de Naplouse, photojournaliste au centre de journalisme de an-Najah, tué dans une frappe aérienne israélienne le 31 juillet 2001.
4- Ahmed Numaan, 38 ans, directeur de Bethlehem TV, tué lors d’un assaut israélien sur la ville de Bethlehem le 8 mars 2002.
5- Raffaele Ciriello, 42 ans, journaliste italien chevronné qui a couvert les conflits en Afghanistan et au Kosovo, abattu par des tirs israéliens près de la place Manara à Ramallah lors de violents échanges de coups de feu entre des soldats israéliens et des militants palestiniens le 11 mars 2002. Il était journaliste au Corriere della Sera.
6- Jamil Abdullah al-Nawawra, 35 ans, originaire de Bethléem, mort le 14 mars 2002 des suites d’une blessure reçue par un éclat d’obus d’artillerie tiré par un char israélien lors d’un assaut sur Ramallah. Il travaillait pour Palestine TV.
7- Amjad Bahjat al-Alami, 22 ans, cameraman travaillant pour Palestine TV et Al Nawras TV, abattu par des soldats israéliens d’une balle explosive à Hébron le 18 mars 2002.
8- Imad Abu Zahra, 30 ans, photographe indépendant et directeur d’une société de médias locale, tué à Jénine par les tirs des soldats israéliens le 12 juillet 2002.
9- Issam Hamza Tillawi, 30 ans, travaillait pour la station de radio Voix de la Palestine. Il a été abattu par des soldats israéliens alors qu’il couvrait une manifestation publique pacifique en solidarité avec le président palestinien assiégé, Yasser Arafat, à Ramallah, le 22 septembre 2002. Tillawi portait une veste de presse.
10- Nazih Darwazeh, 46 ans, cameraman de Palestine TV et du réseau médiatique APTN, abattu alors qu’il couvrait l’assaut israélien sur la vieille ville de Naplouse le 19 avril 2003.
11- Mohammed Abu Halima, 21 ans, était correspondant de la station de radio an-Najah affiliée à l’université lorsqu’il a été abattu par les forces israéliennes à l’entrée du camp de réfugiés de Balata à Naplouse le 22 mars 2004.
12- James Henry Dominic Miller, 34 ans, cameraman, producteur et réalisateur gallois, lauréat d’un Emmy Awards, a été tué par les forces israéliennes alors qu’il tournait un documentaire à Rafah dans la bande de Gaza le 2 mai 2003.
13- Hassan Ziyad Shaqwra, 23 ans, travaillait comme photographe pour la radio Quds quand il a été tué dans une frappe aérienne israélienne sur une voiture à Beit Lahia dans la bande de Gaza le 15 mars 2008.
14- Fadel Shanaa, 24 ans, cameraman de l’agence Reuters, a été tué par plusieurs fléchettes qui ont éclaté d’un obus tiré par un char israélien le 16 avril 2008, alors qu’il couvrait une attaque israélienne dans la bande de Gaza. Selon Reuters, le tir du char israélien et l’éclatement de l’obus étaient les dernières images enregistrées avant la destruction de la caméra de Shanaa.
15- Umar Abdul Hafez al-Silawi, 28 ans, travaillait comme caméraman pour Al-Aqsa TV lorsqu’il a été tué dans une frappe aérienne israélienne à Beit Lahia dans la bande de Gaza le 3 janvier 2009.
16- Basel Ibrahim Faraj, 22 ans, assistant caméraman, travaillait pour une télévision algérienne quand il a été tué dans une frappe aérienne israélienne sur un bâtiment civil dans le quartier de Tel al-Hawa dans la bande de Gaza le 6 janvier 2009.
17- Ehab Jamal al-Wahidi, 33 ans, était cameraman pour la télévision palestinienne. Il a été tué lors d’une frappe aérienne israélienne sur la Tour des Médecins (Burj al-Atbaa) dans la ville de Gaza le 8 janvier 2009.
18- Alaa Hammad Murtaja, 26 ans, correspondant de la radio locale al-Buraq, a été tué lors d’une frappe aérienne israélienne dans la bande de Gaza le 9 janvier 2009.
19- Cevdet Kiliclar, journaliste turc, a été tué par l’unité du commandement israélien qui a pris d’assaut le navire Mavi Marmara qui faisait route vers Gaza le 31 mai 2010.
20- Hossam Mohammed Salameh, 30 ans, était cameraman à la télévision Al-Aqsa. Il a été tué dans une frappe aérienne israélienne sur une voiture appartenant à Al-Aqsa TV dans la bande de Gaza le 20 novembre 2012. Irina Bokova, la directrice générale de l’UNESCO, avait alors condamné l’incident en déclarant : « Je suis profondément préoccupée par les informations selon lesquelles les installations et le personnel des médias ont été pris pour cible, ce qui a entraîné la mort de trois journalistes palestiniens : Mahmoud Al-Komi, Hossam Salameh, et Abu Eisha. »
21- Mahmoud al-Komi, 29 ans, a également été tué dans la même frappe aérienne israélienne le 20 novembre 2012. Il travaillait comme caméraman pour la télévision Al-Aqsa.
22- Mohammed Abu Eisha, 24 ans, travaillait pour la station de radio éducative Al-Quds. Il a également été tué dans la frappe aérienne israélienne en même temps que Komi et Salameh le 20 novembre 2012, alors qu’il se trouvait dans la zone.
En juillet et août 2014, dix-sept Palestiniens qui travaillaient dans les médias et le journalisme ont été tués pendant l’offensive militaire israélienne de 51 jours contre la bande de Gaza. Middle East Eye a alors publié leurs noms. Il s’agit de :
23- Hamed Abdullah Shihab, 33 ans, travaillait avec 24 Media. Une frappe aérienne israélienne a touché une voiture, qui portait le logo de la presse, alors que Shihab s’y trouvait.
24- Najla Mahmoud al-Haj, 29 ans, était une activiste médiatique et sociale. Elle a été tuée dans une frappe aérienne israélienne avec sept membres de sa famille.
25- Khalid Hamad, 25 ans, de Continue Media Production.
26- Abdul Rahman Ziad Abu Hin, 28 ans, rédacteur en chef de la chaîne al-Kitab TV.
27- Ezzat Duheir, 23 ans, correspondant radio des deux radios Prisoners et Liberty, est également membre de l’organe directeur du Rassemblement des médias de la jeunesse palestinienne à Rafah. Il a été tué avec 21 membres de sa famille dans une frappe aérienne israélienne.
28 – Bahauddin Quraib, 58 ans, rédacteur en chef des informations en hébreu de Palestine TV.
29 – Ahed Zaqqot, 50 ans, journaliste sportif à Palestine TV.
30- Rami Rayan, 26 ans, journaliste et photographe pour le Réseau palestinien pour les médias.
31- Sameh al-Arian, 29 ans, travaillait pour al-Aqsa TV.
32- Mohammed Daher, 27 ans, était rédacteur au journal al-Resalah. Il a été tué dans une frappe aérienne avec sa fille et cinq membres de sa famille.
33 – Abdullah Fahjan, 22 ans, journaliste sportif pour le site Web Sada al-Malaeb et al-Aqsa Sports.
34- Hamada Khaled Mqat, 29 ans, directeur du site d’information Saja et membre du rassemblement des médias de la jeunesse palestinienne dans le nord de Gaza.
35- Shadi Hamdi Ayad, 26 ans, était journaliste indépendant et éditeur.
36 – Mohammed Noureddine al-Deeri, 22 ans, un photojournaliste dans le réseau palestinien.
37 – Ali Abu Afash, 36 ans, travaillait pour le Centre de Doha pour les médias en tant que responsable des programmes.
38 – Simone Camilli, 35 ans, un journaliste et photographe italien qui a travaillé pour l’Associated Press.
39- Abdullah Fadel Murtaja, 26 ans, travaillait comme journaliste à Al-Aqsa TV et à l’agence Shehab.
40- Ahmed Abu Hussein, 26 ans, photojournaliste, est mort le 25 avril 2018 des suites de blessures par balle à l’abdomen subies après avoir essuyé les tirs des forces israéliennes le 13 avril 2018 dans la bande de Gaza.
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Publié le 11 mai 2022 sur Middle East Eye
Traduction : ISM-France (MR)
Lisez également : La journaliste palestinienne Shireen Abu Aqleh assassinée par les forces d’occupation israéliennes à Jénine
