Un an de résistance et de répression : chronologie de l’opération « Briser la vague »

En 2022, la campagne contre-insurrectionnelle « Opération Briser la vague » a cherché à casser les reins d’un nouveau phénomène émergent de résistance palestinienne armée. La chronologie que voici explique ce moment extrêmement important de l’histoire palestinienne qui n’a toujours pas cessé depuis.

 

4 novembre 2022. Des combattants de la résistance palestinienne de la Brigade Balata lors d’une parade militaire dans le camp de réfugiés de Balata, dans la périphérie de Naplouse. (Photo : Nasser Ishtayeh / SOPA Images via ZUMA Press Wire / APA Images)

4 novembre 2022. Des combattants de la résistance palestinienne de la Brigade Balata lors d’une parade militaire dans le camp de réfugiés de Balata, dans la périphérie de Naplouse. (Photo : Nasser Ishtayeh / SOPA Images via ZUMA Press Wire / APA Images)

 

 

Mariam Barghouti, 27 décembre 2022

L’année 2022 n’a été semblable à aucune autre depuis plus de dix ans. Une année durant, ç’a été comme si le carcan déjà ancien de la collaboration et du laisser-aller avait été rejeté et que la résistance était de retour à l’agenda. La Cisjordanie s’est retrouvée « en feu » avec les Palestiniens qui tentaient de mettre un terme à la dégradation constante de leurs existences et à l’humiliation de devoir vivre sous le colonialisme de peuplement israélien. Pour la première fois depuis la Seconde Intifada, les Palestiniens ont pris les armes collectivement et les ont pointées sur le colonisateur. Naplouse et Jénine sont devenus les principaux épicentres des diverses organisations armées qui allaient prendre forme au cours de l’année et dont les plus importantes devaient être la Brigade de Jénine et la Fosse aux Lions.

La résistance ne s’est toutefois pas limitée aux organisations armées. Une série d’opérations de style « loup solitaire » ciblant les colons et les soldats israéliens ont posé un sérieux problème pour la stratégie contre-insurrectionnelle de l’armée israélienne et ont marqué un échec sécuritaire significatif de la part de l’appareil colonial, dans son incapacité à anticiper et à prévenir ces opérations armées.

Cette année de résistance a été en gestation pendant une décennie. Elle a été précédée par plusieurs soulèvements populaires (en arabe, habbat sha’biyya) ponctués par des protestations de masse et de nombreuses opérations individuelles.

Le plus récent de ces soulèvements a été l’Intifada de l’Unité, en 2021, qui a notamment impliqué les Palestiniens de citoyenneté israélienne dans la lutte contre la réalité coloniale. Une répression par Israël des Palestiniens s’en est suivie via des moyens judiciaires, économiques et militaires – en sortant des ordonnances de justice mandatant des arrestations directes de Palestiniens de citoyenneté israélienne (sous le nom d’« opération loi et ordre », la perception d’amendes punitives, la signature d’ordonnances de démolition et l’activation soutenue par des tribunaux de l’annexion de terre et de l’expansion territoriale.

Les Palestiniens s’étaient à peine sortis tant bien que mal de 2021 qu’ils devaient également affronter une nouvelle vague d’agressions à trois volets : de la part des colons israéliens, de l’armée et du système juridique. Des colons israéliens faisaient irruption une fois de plus dans le complexe d’Al-Aqsa en avril 2022, et cette opération était suivie de près par une « marche aux drapeaux » de ces mêmes colons en mai.

Dans ce qui est devenu une saison annuelle de bombardement, Israël a lancé l’Opération Rupture de l’aube contre cinq gouvernorats assiégés de Gaza. 50 Palestiniens, pour la plupart des non-combattants, dont 17 enfants, ont été tués.

Ces choses ne se produisent pas dans le vide et les trois journées d’agression militaire contre Gaza, entre le 3 et le 7 août, n’ont rien de différent – l’opération Rupture de l’aube faisait partie d’une campagne israélienne bien plus ample et plus complète de contre-insurrection lancée fin février et début mars, appelée opération Briser la vague.

Cette opération à grande échelle, dont l’agression contre Gaza n’était que la répétition, avait un but bizarre : briser les reins d’un nouveau phénomène de résistance palestinienne armée. Les mois qui ont suivi ont assisté à une vaste campagne de répression avec, comme fers de lance, les stratégies jumelles de la détention militaire (souvent sans accusation ni procès) et de l’assassinat extrajudiciaire.

En Cisjordanie, Israël s’est servi des deux stratégies pour liquider d’éminents combattants de la résistance et pour réprimer les autres via la détention massive. À Gaza, les forces aériennes israéliennes ont fait abondamment usage de l’assassinat extrajudiciaire ciblé contre des dirigeants connus du Djihad islamique palestinien (DIP), dont Israël prétendait qu’ils encourageaient des groupes armés en Cisjordanie.

Les combattants de la résistance palestinienne ont continué de faire face aux efforts israéliens en vue de mater les organisations armées. Jénine et Naplouse sont devenus des plaques tournantes et les combattants palestiniens stationnés en ces endroits se sont fait connaître de plus en plus pour leurs violents échanges de coups de feu avec l’armée israélienne, bien qu’ils n’aient disposé que d’armes relativement démodées (surtout des fusils d’assaut, des fusils à pompe et des AK-47), qu’ils n’aient guère eu de formation officielle ou institutionnelle et qu’il leur ait été interdit par l’AP et Israël de rassembler des armes.

Une grande partie des médias qui couvrent ce sujet ont fait défaut en manquant de recoupement local, régional et international, en éliminant les distinctions entre divers acteurs officiels et non officiels et en regroupant la majorité des événements sous des descriptions éculées tout en confondant les caractérisations des divers acteurs de la politique et de la société palestiniennes. Ce qui suit est une chronologie des événements qui ont fait partie de l’opération Briser la vague, y compris les développements internationaux et régionaux qui s’intègrent à l’escalade militaire progressive d’Israël et aux attaques contre la société palestinienne.

Thématiquement, la chronologie se concentre sur l’offensive militaire israélienne en Cisjordanie, mais nous avons également inclus des développements régionaux et internationaux pertinents afin de permettre une vue plus large de l’interaction de l’offensive militaire d’Israël avec ses plus importants agissements régionaux tout au long de l’année. Ils comprennent les négociations diplomatiques régionales et les accords commerciaux, les exercices militaires communs et l’accord sur les frontières maritimes entre le Liban et Israël. Ceci, parce que « Briser la vague » n’était pas seulement une campagne localisée contre la résistance palestinienne mais aussi un moyen d’instaurer à l’échelle mondiale une dissuasion et des liens israéliens dans les exercices militaires communs d’Israël dans la région, telle l’opération « Chariots de feu ».

Mondoweiss a compilé cette chronologie dans l’espoir qu’elle servira de référence pour tous ceux qui cherchent à contextualiser et à mieux comprendre ce moment charnière de l’histoire palestinienne qui continue de se dérouler sous nos yeux. Nous le faisons dans l’intention de fournir une image plus complète de ce dernier en date des chapitres de la lutte de libération palestinienne.

Les événements sont cités chronologiquement. Bien sûr, étant donné l’ampleur des événements, cette chronologie ne peut prétendre être exhaustive, mais elle a tenté d’être aussi consciente que possible dans sa délimitation des événements clés qui ont créé les moments présents et Mondoweiss espère qu’elle servira de ressource importante pour saisir les développements qui ont mené à la renaissance d’un mouvement de résistance dont le futur reste toujours incertain.

 

Janvier : Planter le décor

Des membres de la famille Salhiya se barricadent sur le toit de leur maison avec une bombonne de gaz pour résister aux tentatives de la police de les expulser de force de chez eux. (Photo : Activestills)

Des membres de la famille Salhiya se barricadent sur le toit de leur maison avec une bombonne de gaz pour résister aux tentatives de la police de les expulser de force de chez eux. (Photo : Activestills)

 

Janvier marque le début de la montée de la violence israélienne tant de la part des colons que de l’armée, prenant ainsi la vie de six Palestiniens, dont trois hommes plus âgés de 80, 69 et 57 ans. Janvier marque aussi l’escalade de la politique israélienne du « tirer pour tuer », ce qui rend très visibles les conséquences sanglantes du relâchement des réglementations israéliennes concernant les armes à feu au cours des années précédentes. Les forces de prévention de la sécurité de l’Autorité palestinienne (AP) ont également multiplié les arrestations d’activistes politiques à Naplouse et entre autres à Beita, lesquels n’avaient cessé de résister aux tentatives des colons armés soutenus par l’armée israélienne en vue de s’emparer de force du mont Sbeih.

Au niveau régional, les EU ont mis fin à leur marché concernant le pipeline de l’EastMed, qui assurait l’acheminement de gaz de la région vers l’Europe.

Des tendances accrues à l’expansion du peuplement à Jérusalem ont persisté, révélant un schéma d’activité de peuplement croissante (sic). Au cours d’une démarche sans précédent, le Dépositaire général d’Israël a planifié six nouveaux quartiers de colons israéliens à Jérusalem-Est, poussant ainsi encore plus les Palestiniens à quitter ces zones (le Dépositaire général d’Israël est un fonctionnaire du gouvernement israélien qui opère sous l’autorité du ministère de la Justice et est responsable du relevé des personnes que l’on considère comme des propriétaires absents).

Morts palestiniens : 6

1er janvier : La totalité des prisonniers politiques palestiniens, détenus sans accusation ni procès (en détention administrative), lancent un boycott collectif des tribunaux israéliens afin de protester contre leur emprisonnement illégal et leur soumission à divers abus, dont les mauvais traitements et la torture.

6 janvier : Les deux premiers Palestiniens de l’année 2022 sont tués, le premier par les forces israéliennes qui envahissent la périphérie du camp de réfugiés de Balata et le second par un colon israélien qui, au cours d’une attaque en voiture-bélier, semble-t-il, écrase Mustafa Falaneh, 25 ans, alors que le jeune homme se rend à son travail. Personne n’a été tenu responsable de ces deux crimes.

13 janvier : Omar Abdulmajid Asaad, 80 ans, meurt après avoir eu une crise cardiaque quand les forces israéliennes l’ont agressé, menotté et traîné sur le sol. Asaad est le premier Palestino-Américain tué cette année.

8-14 janvier : Les autorités israéliennes donnent le feu vert à l’escalade dans les attaques contre les communautés palestiniennes de Bédouins dans le Néguev.

12 janvier : Le Bureau du conseiller juridique de l’armée israélienne répond à une requête d’une organisation juridique palestinienne, Adalah, concernant les preuves de la désignation de six organisations palestiniennes de la société civile comme des organisations terroristes ciblées en vue d’être privées de leur financement par l’UE. Le conseiller juridique n’a manifesté aucune intention de partager des preuves ou des informations concernant cette désignation.

En Cisjordanie, deux commandants israéliens (le major Ofek Aharon, 28 ans, et le major Itamar Elharar, 26 ans) de l’unité de commandos Egoz, sont abattus et tués par un autre soldat israélien qui les a confondus avec des Palestiniens.

Le ministre de la Défense en place, Benny Gantz, déclare : « Nous mettrons tout en œuvre pour qu’un tel désastre ne se produise plus. »

Selon le chef du Commandement central, les officiers ne suivaient pas les protocoles prescrits en cas de rencontre d’un suspect ciblé en vue de son arrestation et qu’en lieu et place ils tiraient pour tuer.

16 janvier : « Faucon du désert », un exercice militaire aérien commun entre Américains et Israéliens a lieu dans le désert du Néguev.

17 janvier : La famille Salhiya est confrontée aux forces israéliennes et aux colons qui, à la pointe du fusil, tentent de les éloigner physiquement de leurs maisons à Sheikh Jarrah. Un membre de la famille refuse l’expulsion forcée et menace de se faire sauter sur le toit de la maison.

L’icône palestinienne de l’opposition à l’occupation, Hajj Suleiman, 75 ans, succombe aux blessures qu’il a subies lors d’un raid de l’armée israélienne une semaine plus tôt.

Faleh Musa Jaradat, 39 ans, est abattu et tué par les forces israéliennes après avoir prétendument commis un attentat au couteau.

21 janvier : L’AP arrête trois jeunes Palestiniens de Beita, après avoir fait irruption dans leurs maisons, avoir agressé leurs familles et, dans certains cas, avoir aspergé des membres de ces familles de spray au poivre.

24 janvier : Fahmi Hamad est tué après avoir inhalé des gaz lacrymogènes au cours d’un raid israélien.

 

Février : Première effusion de sang à Naplouse

 

La voiture criblée de balles et dans laquelle se trouvaient Ashraf Mubasalat, Mohammad Dakhil et Adham Mabrouka, tués par les forces israéliennes le 8 février 2022. (Photo : Shadi Jarar’ah / APA Images)

La voiture criblée de balles et dans laquelle se trouvaient Ashraf Mubasalat, Mohammad Dakhil et Adham Mabrouka, tués par les forces israéliennes le 8 février 2022. (Photo : Shadi Jarar’ah / APA Images)

 

Les préalables de l’opération « Briser la vague » sont posés en février en versant le premier sang via l’assassinat extrajudiciaire à Naplouse de trois combattants palestiniens de la résistance – Ashraf Mubaslat, Adham Mabrouka et Mohammad Dakhil. Ces trois hommes vont devenir des icônes des organisations de la résistance armée qui apparaîtront d’ici peu dans la Vieille Ville de Naplouse, le quartier des trois martyrs. L’événement inaugure l’émergence de la résistance armée à Naplouse et précède immédiatement la répression et la campagne militaire d’Israël censées éradiquer cette même résistance.

Février est également témoin de la croissance d’un mouvement de colons encore plus à droite au sein de la politique et des cercles diplomatiques israéliens. C’est dans la même période que les organisations des droits humains, tant locales qu’internationales, constituent les rapports révélant la pratique de l’apartheid par Israël au coures des précédentes années. Les décideurs politiques israéliens continuent de faire passer des lois censées entraver l’unification familiale et la mise sur pied de communautés chez les Palestiniens.

Au niveau international, Israël continue de se concentrer sur les accords de normalisation et les traités portant sur l’énergie.

Février connaît un élargissement de la faille entre les buts et aspirations de l’AP et les besoins du peuple palestinien. Moins de six mois après l’assassinat du candidat électoral palestinien Nizar Banat l’an dernier, l’icône palestinienne et ancien gréviste de la faim Khader Adnan est la cible d’une tentative d’assassinat, dont il accuse l’AP.

Morts palestiniens : 6

1er février : Le procureur général israélien, Avichai Mandelblit, légalise l’avant-poste illégal d’Eviatar près de Beita, à Naplouse, au cours des tout derniers jours de son mandat. Yair Lapid et d’autres membres de la Knesset mettent en garde contre cette décision, suggérant qu’elle risque de choquer d’importants responsables à Washington.

Amnesty International publie un rapport qui fera date sur les crimes israéliens contre l’humanité, dont le crime d’apartheid.

6 février : Le cabinet israélien approuve de proposer un vote à la Knesset concernant la « Loi de citoyenneté », qui refuse aux Palestiniens les droits de la réunification au cas où des Palestinien(ne)s à la citoyenneté israélienne épouseraient d’autres Palestinien(ne)s à carte d’identité cisjordanienne ou gazaouie.

7 février : L’avocate israélienne Gali Baharav-Miara est confirmée en tant que procureure générale d’Israël. Elle a été soutenue par Naftali Bennett et par le ministre de la Justice israélienne de l’époque.

8 février : Les unités spéciales israéliennes font feu à balles réelles sur une voiture palestinienne et tuent ses trois occupants palestiniens, Ashraf Mubaslat, Adham Mabrouka (Al-Shushani) et Mohammad Dakhil. Cette affaire devient l’un des signes initiaux de ce que l’armée israélienne et le Shin Bet recourent à une politique du « tirer pour tuer » ou à l’assassinat extrajudiciaire.

Ces trois Palestiniens étaient des combattants de la résistance dont on a rapporté plus tard qu’ils étaient de proches camarades d’Ibrahim al-Nabulsi, « le lion de Naplouse », qui allait être assassiné quelques mois plus tard, le 9 août. L’assassinat des trois hommes a marqué un tournant dans l’organisation armée palestinienne et dans la montée d’organisations nouvelles, telles la Fosse aux lions, la Brigade Balata et la Brigade de Jénine.

10 février : L’ancien procureur général israélien Michael Ben-Yair publie un article d’opinion confirmant les conclusions des organisations des droits humains qui qualifient Israël de régime d’apartheid.

14 février : L’armée israélienne tue Mohammad Abu Salah, 17 ans, d’une balle dans la tête au cours d’un raid contre le village d’al-Silah al-Harthiya à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie. Il est le premier mineur d’âge à être tué en 2022.

15 février : Nihad Barghouthi, 19 ans, est tué par une balle israélienne au cours d’une manifestation de protestation à Nabi Saleh, près de Ramallah.

16 février : Le ministère israélien des Infrastructures nationales, de l’Énergie et des Ressources hydrographiques approuve un nouvel arrangement commercial avec la Jordanie et l’Égypte, lequel va permettre l’exportation de gaz vers l’Égypte via la Jordanie, ce qui augmentera de 50 % les exportations de gaz. Le ministre rapporte que ces exportations débuteront fin février.

22 février : Les forces israéliennes abattent et tuent Mohammad Riziq Salah, 13 ans, dans la ville d’al-Khader, au sud de Bethléem, alors qu’il se trouvait à proximité du mur de séparation. Il ne posait « pas de menace significative » pour l’armée, selon des proches, alors que l’armée prétend qu’il jetait des cocktails Molotov sur des voitures toutes proches. Il est le deuxième enfant et le 12e Palestinien à être tué cette année.

26 février : Des balles réelles ont été tirées dans une tentative d’assassinat sur la personne de Khader Adnan, membre influent du DIP (Djihad islamique palestinien), dans la ville de Naplouse. Adnan était occupé à témoigner son respect aux familles des martyrs de la ville. Le frère du combattant de la résistance abattu, Adham Mabrouka (Al-Shushani), accompagnait Adnan durant cette tentative d’assassinat avortée.

Le secrétaire général du DIP, Ziad Nakhaleh, a sorti une déclaration affirmant que les renseignements israéliens étaient derrière cette tentative d’attentat contre l’organisation politique en tant que telle.

Adnan a réclamé des déclarations de soutien de la part des autorités et factions politiques nationales, faisant ainsi allusion à une collaboration potentielle de l’AP avec les renseignements israéliens dans l’attaque contre les membres du DIP.

 

Mars : L’opération est enclenchée

Des Palestiniens examinent les dégâts dans la maison de Diaa Hamarsheh, démolie par les troupes israéliennes dans la ville de Ya’bad, au nord de la ville cisjordanienne de Jénine, le 2 juin 2022. (Photo : Ahmed Ibrahim / APA Images)

Des Palestiniens examinent les dégâts dans la maison de Diaa Hamarsheh, démolie par les troupes israéliennes dans la ville de Ya’bad, au nord de la ville cisjordanienne de Jénine, le 2 juin 2022. (Photo : Ahmed Ibrahim / APA Images)

 

Les forces israéliennes ont annoncé publiquement le lancement de l’opération « Briser la vague » (également appelée « Brise-lame » par d’autres organes d’information). Il en résulte directement, entre autres, un nouvel octroi de fonds à la police israélienne – estimé à 180 millions de NIS, soit un peu plus de 52 millions de USD). Le paiement de ces allocations a été réparti en deux phases – 111 millions de NIS (32 millions de USD) ont été payés en mars, alors que les 70 millions restants (20 millions de USD) doivent l’être en août.

« Nous commettons une grave erreur : Nous négligeons la police israélienne », a déclaré Naftali Bennett à l’époque. « Une police israélienne forte, c’est un Israël fort. »

Mars a également marqué une première dans ce qui allait devenir une tendance dans les meurtres de Palestiniens non combattants, parmi lesquels des adolescents et des enfants, au cours d’opérations de recherches / arrestations ou de missions d’exécutions extrajudiciaires dans les localités de Cisjordanie.

Le même mois, les opérations palestiniennes de loups solitaires ont prélevé un lourd tribut de pertes israéliennes, déclenchant l’alarme au sein de l’appareil sécuritaire israélien et provoquant un peu plus tard l’intensification de l’opération « Brise-lame ». L’un des Palestiniens à s’être livré à ce genre d’agression était Diaa Hamarsheh, de Jénine, alors que deux autres opérations, l’une d’agression au couteau, et l’autre à l’aide d’une arme à feu, étaient lancées par des Palestiniens de citoyenneté israélienne. En tout, en mars, 11 Israéliens étaient tués dans ces opérations de loups solitaires.

En ce qui concerne les développements régionaux, Israël a accru ses alliances et collaborations régionales, en se concentrant sur le secteur de la défense aérienne.

Localement, les Palestiniens ont organisé des élections municipales locales dans les villes et villages palestiniens. Une nouvelle tendance à encourager et promouvoir des candidats indépendants a émergé progressivement. Les forces israéliennes ont lancé une campagne d’arrestations de candidats connus pour être affiliés au Hamas, comme celui de la municipalité d’Al-Bireh (et actuellement maire de la localité), Islam al-Tawil.

Palestiniens tués : 17, dont 13 en Cisjordanie et 4 en Palestine historique.

1-2 mars : Les forces israéliennes tuent trois Palestiniens en 24 heures. Deux d’entre eux, dont un adolescent, sont tués lors d’un raid de nuit, juste avant l’aube, dans le camp de réfugiés de Jénine. Le troisième est un jeune homme de la ville de Beit Fajjar, au sud de Bethléen, dans le sud de la Cisjordanie.

6 mars : Trois Palestiniens sont tués au cours de trois incidents séparés. Parmi eux, un jeune de 16 ans, Yamen Jaffal, de Jérusalem.

7 mars : À Jérusalem, les forces israéliennes tuent deux adolescents palestiniens au cours d’incidents séparés, portant à 16, dont trois enfants, le nombre de Palestiniens tués.

9 mars : Les crimes commis au sein des communautés palestiniennes à citoyenneté israélienne continuent d’augmenter. Razan Abbas, 17 ans, est tué par une balle perdue à Kufr Kana et devient ainsi la 17e victime de la violence parmi les communautés palestiniennes à citoyenneté israélienne depuis le début de l’année.

Ahmad Seif, 23 ans, succombe aux blessures que lui ont infligées le 1er mars les forces israéliennes à Burqa, un village au nord-ouest de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie.

10 mars : La Knesset israélienne approuve officiellement le renouvellement de la loi discriminatoire sur « la citoyenneté et l’entrée en Israël », par une majorité de 45-15. La loi légalise le rejet de la réunification familiale des Palestinien(ne)s à citoyenneté israélienne qui épouseraient d’autres Palestinien(ne)s de Cisjordanie ou de Gaza.

15 mars : Les forces israéliennes tuent trois Palestiniens au cours de raids nocturnes : e.a. Sanad al-Harbad, 27 ans, père de trois enfants dans la localité bédouine de Rahat, tué de deux balles dans le dos.

15-16 mars : Israël et l’Égypte finalise un accord concernant des vols directs entre Tel-Aviv et Sharm El-Sheikh.

21 mars : Le rapport du rapporteur spécial de l’ONU pour les droits humains montre qu’Israël se livre à un apartheid « impitoyable ».

21-22 mars : Le Premier ministre israélien Naftali Bennett, le prince héritier d’Abou Dhabi (EAU), Sheikh Mohammed bin Zaved al-Nahyan et le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi, se réunissent pour une conférence à Sharm El-Sheikh.

Il est dit que les représentants ont discuté des efforts de médiation entre la Russie et l’Ukraine et des efforts nucléaires de l’Iran.

Le PM israélien a proposé aux représentants arabes sa vision d’un réseau régional de défense aérienne.

22 mars : Un Palestinien est supposé s’être livré à une agression au couteau à Beer Sheva, tuant quatre Israéliens et en blessant deux autres. L’agresseur, Mohammad Abu Al-Kiyan, est abattu et tué par un conducteur de bus israélien.

26 mars : Début des quatrièmes élections locales en Cisjordanie. Il est prévu que ces élections aient lieu dans 50 villes et villages palestiniens (sur 127). On rapporte que le Hamas et le DIP les boycottent.

28 mars : Deux officiers israéliens sont tués par deux Palestiniens d’Um al-Fahem, à Hadera, qui blessent également plusieurs autres militaires. L’État islamique revendique, paraît-il, la responsabilité de cet attentat sur son compte Telegram, mais Mondoweiss n’a pas été en mesure de confirmer l’affiliation des deux tireurs. Dans la foulée directe, les EAU, le Maroc et Bahreïn ont condamné l’attentat afin de faire étalage de leur alliance avec Israël.

Les ministres israéliens ont eu une réunion de cabinet en vue d’approuver une résolution qui, bien que violant les lois internationales, autorise l’installation de cinq communautés de peuplement dans le Néguev. Pendant ce temps, les colons multiplient leurs agressions dans la Vieille Ville de Jérusalem, en s’emparant du Little Petra Hotel dans le quartier chrétien de Jérusalem.

Israël organise le sommet du Néguev avec la participation des EU, de l’Égypte, du Maroc et de Bahreïn, et ce, pour la première fois depuis la création de l’État d’Israël en 1948. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, et Yair Lapid se réunissent avec des représentants arabes pour une conférence de deux jours.

29 mars : Le combattant de la résistance palestinienne de Jénine, Diaa Hamarsheh, 26 ans, se livre à une attaque armée à Bnei Brak, près de Tel-Aviv, tuant cinq personnes. Plus tard, il est tué à son tour par les forces israéliennes.

31 mars : Les forces israéliennes abattent et tuent Nidal Jafra, 30 ans, de Hébron, après que l’homme s’est livré à une agression au couteau près de Bethléem.

Deux Palestiniens, dont un ado de 16 ans, sont tués par balles au cours d’un raid militaire israélien dans le camp de réfugiés de Jénine.

 

Avril : « Briser la vague » se tourne vers Jénine

Le camp de réfugiés de Jénine, le 12 avril 2022. (Photo : Wajed Nobani / APA Images)

Le camp de réfugiés de Jénine, le 12 avril 2022. (Photo : Wajed Nobani / APA Images)

Tout au long d’avril, Israël a renforcé son opération « Brise-lame ». Les Palestiniens de Cisjordanie ont commencé à en ressentir l’impact, avec 23 Palestiniens tués par les forces israéliennes en un seul mois. Nombre de ces homicides ont été des assassinats extrajudiciaires ciblés de combattants de la résistance, assassinats qui se sont concentrés avant tout sur les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa (l’aile armée du Fatah). Contrairement aux précédentes opérations militaires en Cisjordanie, les autorités israéliennes ont accru le recours à des agents sous le manteau en provenance d’unités de la police israélienne et du Shin Bet.

Vers la fin du mois, les organisations palestiniennes de résistance armée se sont mises à centrer leurs activités sur les check-points militaires et les structures de peuplement illégales en Cisjordanie. L’intensification des raids nocturnes des forces israéliennes constituait en partie une réponse à cela, ainsi qu’à la série préalable d’agressions de loups solitaires en provenance de Jénine.

Les raids israéliens contre l’un des lieux de culte sacrés de Jérusalem, la mosquée Al-Aqsa, ont également augmenté en avril, rappelant les raids similaires qui avaient eu lieu un an plus tôt environ et qui avaient été l’un des déclencheurs en 2021 de l’Intifada de l’Unité.

Gaza est également devenu la cible des frappes aériennes israéliennes, pendant que sa population est soumise à de nouvelles punitions collectives via le refus de permis de travail et la fermeture des passages frontaliers.

Palestiniens tués : 23

1er avril : À Hébron, Ahmad Al-Atrash, 29 ans, est tué d’une balle dans la tête par des soldats israéliens au cours de protestations.

À Naplouse, plus de 70 Palestiniens sont blessés lors de confrontations avec les forces armées israéliennes.

2 avril : Les forces spéciales israéliennes tuent trois Palestiniens qui, paraît-il, ont fait partie de l’aile arme du Fatah, la Brigade des Martyrs d’Al-Aqsa. Les Palestiniens tués étaient : Saib Abahra, 30 ans, père de cinq enfants, de Jénine, Halil Toalba, 24 ans, et Seif Abu Labda, 25 ans.

3 avril : Le PM israélien Naftali Bennett déclare une « routine d’alertes » en inaugurant l’opération Brise-lame en coordination avec le Shin Bet (le service de contre-espionnage israélien) et l’armée israélienne.)

« Les FDI font preuve d’une présence maximale en des centaines d’endroits où il y a des brèches et notre but est de briser cette vague », a déclaré Bennett, expliquant en outre que ce n’était pas « une simple et unique opération, mais des centaines d’opérations continues ».

4 avril : Au moment où les musulmans palestiniens inaugurent le mois sacré du Ramadan, les forces israéliennes envahissent Jérusalem. Des dizaines de Palestiniens sont blessés et arrêtés.

5 avril : Naftali Bennett se rend en visite au QG de l’armée israélienne en Cisjordanie afin de parler de l’installation d’immigrants ukrainiens dans la région.

7 avril : Raad Khazem, du camp de réfugiés de Jénine, abat et tue deux colons israéliens rue Dizengoff à Tel-Aviv. La police israélienne boucle la ville à sa recherche et déploie des effectifs supplémentaires dans la chasse à l’homme.

8 avril : Après une vaste chasse à l’homme durant la nuit du 7 avril et aux petites heures du 8, les forces et les renseignements israéliens repèrent Khazem et l’abattent.

9-10 avril : Les forces israéliennes intensifient leurs offensives en Cisjordanie, tuant en moins de 24 heures quatre Palestiniens, dont un adolescent. À Jénine, les forces israéliennes tuent le membre présumé du DIP, Ahmad Al-Saadi, ainsi qu’un ado palestinien de 17 ans, qui succombe à ses blessures deux jours plus tard. À Husan (Bethléem), les forces israéliennes tuent une Palestinienne de 48 ans, mère de six enfants, Ghada Sabateen, ainsi qu’une autre femme à Hébron.

11 avril : Un adolescent palestinien de 16 ans, Mohammad Zakarneh, meurt après avoir été abattu la veille au cours d’une embuscade dressée par l’armée israélienne.

13-14 avril : Les forces israéliennes effectuent des raids en Cisjordanie, y compris à Jénine et dans le village de Husan, près de Bethléem, tuant 6 Palestiniens et en en blessant 17, une fois de plus en moins de 24 heures. Parmi les tués figurent un ado de 14 ans, Qusai Hamamra, de Bethléem, et un avocat des droits de l’homme, Mohammad Assaf, 34 ans, de Naplouse.

Parmi les victimes de la tuerie, on trouve encore Shas Kamamji, 29 ans, le plus jeune frère d’Ayham Kamamji, l’un des six Palestiniens évadés de la prison israélienne de haute sécurité de Gilboa, le 6 septembre 2021.

15 avril : Les forces israéliennes lancent un raid contre le complexe Al-Aqsa à Jérusalem, blessant plus de 152 Palestiniens et en arrêtant plus de 400. Dans les jours qui suivent, la police et les colons israéliens intensifient les raids contre le complexe Al-Aqsa.

L’adolescent palestinien Shawkat Abed, 17 ans, succombe aux blessures reçues la veille au moment où les forces israéliennes ont lancé un raid sur la ville de Jénine.

17 avril : Nouveau raid des forces israéliennes contre le complexe Al-Aqsa. Elles recourent à la force armée pour chasser les fidèles des lieux. Au moins 19 fidèles sont blessés. Le porte-parole de l’AP critique la répression dans une déclaration :

« Nous tenons le gouvernement israélien pour responsable de cette escalade, et nous appelons l’administration américaine à rompre le silence et à faire cesser cette agression qui va enflammer la région tout entière. »

Pour la première fois, un avion commercial israélien atterrit à Sharm El-Sheikh, en Égypte, suite à un vol inaugural direct depuis Tel-Aviv.

18 avril : L’armée israélienne lance un missile, prétendant qu’elle visait un site de fabrication d’armes. Plus tôt déjà, des roquettes avaient été tirées et interceptées par le Dôme de fer.

Les organisations armées palestiniennes à Gaza ont, paraît-il, lancé deux roquettes vers Israël, mais aucune faction palestinienne n’en revendique la responsabilité. Israël lance des frappes aériennes, rapportant qu’elles visaient un site de fabrication d’armes du Hamas. L’armée israélienne frappe également d’autres endroits. Plus tard, l’armée fait remarquer qu’elle ne croit pas que c’est le Hamas qui a tiré les roquettes, mais elle tient toutefois la faction politique responsable de la chose.

L’organisation palestinienne des droits humains, Al-Haq, réclame une intervention immédiate, au vu de l’escalade de la violence et des attaques des colons israéliens contre les Palestiniens en Cisjordanie.

À Jénine, les forces israéliennes abattent et tuent Hanan Khaddour, 18 ans.

21 avril : L’armée israélienne procède à des frappes aériennes dans le centre de Gaza. Le Hamas fait une déclaration, faisant remarquer que la poursuite des attaques israéliennes va encourager plus encore les Palestiniens à « résister à l’occupation et à accroître leur soutien à Jérusalem et à sa population ».

Les six organisations palestiniennes désignées six mois plus tôt comme « organisations terroristes », et ce, en fonction de la clause israélienne de 2016 sur le contreterrorisme, sortent une déclaration commune réclamant une intervention urgente afin d’annuler cette désignation illégale dont le but, prétend-on, était d’affaiblir les organisations de la société civile palestinienne.

22 avril : Les forces et les colons israéliens poursuivent l’assaut contre le complexe Al-Aqsa, utilisant des drones pour larguer des gaz lacrymogènes sur les fidèles. Pour la deuxième semaine d’affilée, le Hamas appelle les Palestiniens de Gaza à se rallier contre l’offensive qui n’en finit pas.

Lutfi Labadi, 20 ans, succombe aux blessures qu’il a subies lors d’un raid israélien à Jénine quelques jours plus tôt.

23 avril : Les autorités israéliennes appliquent une nouvelle décision de fermer le seul point de massage pour les travailleurs palestiniens de Gaza, mesure que le Syndicat des travailleurs de Gaza qualifie de « punition collective ».

24-25 avril : Des roquettes sont lancées en direction d’Israël à partir du Sud-Liban. On ne rapporte pas de pertes en vies humaines. Le major-général Aroldo Lázaro, qui commande les forces intérimaires des Nations unies au Liban (FINUL) incite à la retenue. L’armée israélienne répond en tirant des dizaines d’obus d’artillerie contre le Liban.

25 avril : Les experts en droits humains de l’ONU appellent la communauté internationale à soutenir les six organisations palestiniennes désignées comme organisations terroristes par Israël. Le financement des organisations a été requis pour qu’elles puissent reprendre leurs activités, vu l’absence de preuves pour étayer les accusations israéliennes.

26 avril : Les forces israéliennes tuent Ahmad Oweidat, 20 ans, au cours d’un raid à Jéricho.

27 avril : Les forces israéliennes tuent le jeune Ahmad Massad, 18 ans, au cours d’un raid à Jénine.

30 avril : Vyacheslav Golev, un garde sécuritaire israélien, est tué dans la colonie illégale d’Ariel par deux tireurs palestiniens, Yousef Assi et Yahiya Maari.

Dans une déclaration, Naftali Bennet menace : « Il n’y a aucun terroriste que nous ne retrouverons pas et nous règlerons nos comptes. Notre guerre contre le terrorisme est longue et ensemble nous vaincrons. »

 

Mai : Le soulèvement pour Shireen

13 mai 2022. Des personnes en deuil transportent le corps de la journaliste vétérane d’Al Jazeera, Shireen Abu Akleh, lors de sa procession funéraire dans la Vieille Ville de Jérusalem. (Photo : Jeries Bssier / APA Images)

13 mai 2022. Des personnes en deuil transportent le corps de la journaliste vétérane d’Al Jazeera, Shireen Abu Akleh, lors de sa procession funéraire dans la Vieille Ville de Jérusalem. (Photo : Jeries Bssier / APA Images)

 

Le mois de mai a vu l’assassinat de Shireen Abu Akleh, une journaliste palestinienne célèbre et respectée, au moment où elle couvrait une invasion israélienne du camp de réfugiés de Jénine. L’armée israélienne a tout d’abord nié toute responsabilité dans sa mort, puis a tenté d’accuser la résistance armée palestinienne d’avoir tiré la balle qui l’avait tuée (alors qu’elle portait sa vareuse ornée en grand du mot PRESSE). Finalement, l’armée a admis que la balle était probablement israélienne, mais qu’il s’agissait d’un « accident ».

L’assassinat s’est répercuté dans toute la société palestinienne. Sa procession funéraire avait débuté à Jénine où le cercueil de Shireen avait été porté sur les dos de combattants de la résistance palestinienne avant de passer par de nombreuses localités palestiniennes et d’atteindre ensuite Ramallah, où ses collègues d’Al Jazeera allaient lui rendre hommage. La procession funéraire avait alors gagné sa destination finale, Jérusalem. Là, son cercueil avait été attaqué par la police israélienne au cours d’une des plus longues processions qui aient eu lieu à Jérusalem ces dernières années.

Israël a continué de rejeter entièrement toute responsabilité dans l’assassinat d’Abu Akleh.

Dans le même temps, mai a également assisté à une augmentation de l’escalade contre les Palestiniens, continuant à annexer des terres palestiniennes et à s’approprier l’accès aux ressources. Les collines du Sud de Hébron sont devenues le champ de bataille principal, au moment où les Palestiniens de Masafer Yatta ont été confrontés à des menaces d’expulsion après que la Haute Cour israélienne avait rejeté leur requête en vue de bloquer leur expulsion de leur terre afin de les utiliser comme sites d’entraînement pour l’armée.

Pendant ce temps, le nombre de Palestiniens morts dans les prisons israéliennes suite à des négligences médicales de la part des services carcéraux, accuse une nette tendance à la hausse.

Palestiniens tués : 10

4 mai : La Haute Cour israélienne rejette une requête contre l’expulsion des Palestiniens de Masafer Yatta, dans les collines du Sud de Hébron, donnant ainsi le feu vert à la reprise de terres par l’arme israélienne qui veut en faire une « zone fermée pour les tirs de l’armée », et avalisant en même temps l’expulsion forcée des 1 200 Palestiniens qui vivent en ces lieux.

7 mai : Le Bureau du coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient (UNSCO) publie un rapport en préambule de la conférence du Comité de liaison de la Banque mondiale, le 10 mai, à Bruxelles. Le rapport insiste sur le risque d’une crise économique.

Israël annonce la construction de 4 000 nouvelles unités de peuplement à Masafer Yatta, dépossédant ainsi près d’une douzaine de villages, ainsi que la saisie de près de 5 500 acres (2 200 hectares) de terres dans la vallée du Jourdain.

8 mai : Le PM israélien Yair Lapid annonce une nouvelle expansion des colonies de peuplement dans le Néguev.

Les forces israéliennes et les colons tuent deux Palestiniens au cours d’incidents séparés – Motassem Atallah Al-Zeer, 17 ans, et Mahmoud Aram, 27 ans, de Gaza. Mahmoud Aram est tué alors qu’il tente d’entrer en Palestine historique (l’État israélien de l’époque moderne) depuis Gaza.

9 mai : Les forces israéliennes lancent « Chariots de feu », un exercice militaire à grande échelle portant sur les airs, la mer et le cyberespace. Les exercices durent quatre semaines et incluent des troupes de réservistes de l’armée. Les exercices doivent avoir lieu sur des terres palestiniennes, situées entre autres dans la vallée du Jourdain et à Masafer Yatta.

10 mai : Le Comité de liaison de la Banque mondiale publie un rapport de monitoring économique qui fait remarquer que la guerre entre l’Ukraine et la Russie aura vraisemblablement un impact négatif sur le déficit économique de l’AP. Le rapport dévoile également que les ménages palestiniens doivent affronter une insécurité alimentaire croissante.

11 mai : Le célèbre correspondante palestino-américaine d’Al-Jazeera, Shireen Abu Akleh, 51 ans, est tuée dans le camp de réfugiés de Jénine par une balle de l’armée israélienne, bien qu’elle porte son gilet pare-balles de la presse et un casque. Son collègue, Ali Sumudi, 55 ans, est lui aussi blessé à l’épaule.

Les forces israéliennes procèdent aux premières démolitions de maisons et de structures palestiniennes à Masafer Yatta, laissant ainsi 45 Palestiniens sans foyer.

12 mai : Le porte-parole de l’AP, Hussein Al-Sheikh, rejette la participation israélienne à l’enquête sur l’assassinat de Shireen Abu Akleh et exige une enquête indépendante.

13 mai : Les forces armées israéliennes envahissent l’hôpital Saint-Joseph à Jérusalem et s’en prennent à des personnes en deuil qui portent le cercueil de Shireen Abu Akleh. Les militaires tentent également de s’emparer du cercueil et aspergent de gaz lacrymogènes les gens qui se tiennent à proximité de l’hôpital. Des dizaines de personnes sont blessées.

13-15 mai : L’Allemagne interdit toutes les protestations prévues pour la commémoration de la Nakba palestinienne de 1948 et recourt à la force contre les manifestants civils.

14 mai : Waleed Al-Sharif, 20 ans, succombe aux blessures qu’il a reçues quelques jours plus tôt, lors du mois sacré du Ramadan, alors qu’il se trouvait sur le site d’Al-Aqsa, à Jérusalem.

15 mai : Les forces israéliennes blessent mortellement Daoud Zubeidi et l’emmènent. Daoud Zubeidi est le frère de l’icône de la résistance et ancien évadé de la prison de Gilboa, Zakaria Zubeidi. Daoud Zubeidi est déclaré mort à l’hôpital Rambam de Haïfa.

16 mai : Ihab Al-Kilani, un prisonnier palestinien atteint d’un cancer, meurt suite à des négligences médicales.

18 mai : La famille du dissident palestinien et ancien candidat aux élections de Conseil législatif, Nizar Banat, abandonne les procédures judiciaires réclamant justice contre les forces de sécurité qui avaient battu Nizar à mort à Hébron, le 24 juin 2021.

21 mai : Amjad Fayed, 16 ans, est abattu et tué par les forces israéliennes durant leur invasion de Jénine.

23 mai : Les étudiants palestiniens de l’Université Ben-Gourion organisent un rassemblement accompagné de drapeaux palestiniens et qui déchaîne la colère de l’administration et des décideurs politiques israéliens.

25 mai : Ghaith Yami, 16 ans, est tué par balles au cours d’un raid israélien à proximité du tombeau de Joseph, à Naplouse.

27 mai : Zaid Ghneim, 14 ans, est abattu et tué au cours d’un raid israélien à Al-Khader, près de Bethléem.

29 mai : L’armée israélienne en est à sa semaine finale des « Chariots de feu » à Chypre, avec la coopération de la Garde nationale cypriote. Baptisées « opération Au-delà de l’horizon », ces manœuvres étaient les premières du genre et dureront jusqu’au 3 juin.

31 mai : Israël et les EAU signent un accord libre-échangiste, ce qui en fait le premier du genre signé entre Israël et un pays arabe.

Un rapport d’Amnesty International révèle que plus de 55 plaintes de torture de la part des autorités palestiniennes en Cisjordanie, et 60 à Gaza, ont été introduites entre janvier et mai.

 

Juin : Faire face à une agression permanente

2 juin 2022. Des personnes en deuil portent le corps enveloppé d’un drapeau de Bilal Kabha, tué la veille au cours des heurts avec l’armée israélienne dans la ville de Yabad, près de Jénine. (Photo : Wajed Nobani / APA Images)

2 juin 2022. Des personnes en deuil portent le corps enveloppé d’un drapeau de Bilal Kabha, tué la veille au cours des heurts avec l’armée israélienne dans la ville de Yabad, près de Jénine. (Photo : Wajed Nobani / APA Images)


Dans le sillage de la mort de Shireen Abu Akleh, du déploiement historique de la rébellion de masse à Jérusalem et du deuil collectif qui a touché toute la Palestine, la société palestinienne s’est tenue sur la défensive.

Ce mois-ci, Israël et le Liban ont continué de discuter publiquement d’un accord maritime sur la démarcation des frontières pour les gisements de gaz naturel situés dans les zones off-shore. Ceci, après des mois au cours desquels le Liban avait refusé de reprendre les négociations mises sur pied par les EU en janvier. Les gisements sont situés au large de Gaza et d’Ashkelon. Depuis le siège, les Palestiniens de Gaza connaissent des restrictions d’accès à la mer : pas au-delà de 3 milles nautiques en certains endroits, de 6 ailleurs.

Juin a également enregistré le nombre le plus élevé d’ordonnances de démolition de maisons et de structures palestiniennes, soit près de deux fois le chiffre moyen des mois précédents, ce qui indique que l’on va vers une escalade dans la déportation et la dépossession des Palestiniens dans les mois et années à venir. L’offensive israélienne contre la société palestinienne dans l’ensemble s’est poursuivie de plus belle, puisque de plus en plus de Palestiniens ont été tués au cours des raids nocturnes, désormais réguliers, dans les villes et villages palestiniens.

Sur le plan régional, juin a marqué la consolidation accrue de la normalisation israélo-arabe, tout particulièrement avec l’Égypte.

1er juin : L’AP lance une campagne d’arrestation d’activistes et d’étudiants universitaires palestiniens, qui va se poursuivre en juin et juillet et devenir l’une des plus larges campagnes d’arrestation de l’AP depuis 2012.

Le député israélien de droite, Eli Cohen, a introduit avec succès un projet de loi en vue d’interdire le drapeau palestinien à l’intérieur des « institutions appartenant à l’État ».

Deux Palestiniens sont tués par les forces israéliennes : Ghufran Warasneh, 31 ans, à un check-point à Hébron, et Bilal Kabaha, 24 ans, au cours d’un raid israélien à Yabad (Jénine).

2 juin : L’expert israélien sur le Hezbollah met en garde contre le fait que le Liban est contrôlé de facto par le Hezbollah et que la communauté des renseignements israéliens n’a que peu de connaissance en profondeur de l’organisation, ce qui constitue un problème pour Israël en raison de ses efforts récents en vue d’assurer l’accès et le contrôle des gisements maritimes entre Israël et le Liban.

Trois Palestiniens sont tués par les forces israéliennes, deux en Cisjordanie, dont Odeh Sadaqa, 16 ans, et Yasser Al-Masri, 41 ans, tué par une frappe aérienne sur Gaza.

3 juin : L’armée israélienne clôture « Chariots de feu », ses plus importantes manœuvres militaires depuis des décennies et qui s’inscrivaient dans le contexte plus large de l’opération « Brise-lame ». Les manœuvres se déroulaient « dans le ciel, sur mer, sur terre et dans le cyberespace ».

9 juin : L’armée israélienne organise une rencontre d’évaluation autour des opérations « Brise-lame », « Chariots de feu » et « Au-delà de l’horizon ».

Le lieutenant-général israélien, chef de l’état-major de l’armée, Aviv Kokhavi, déclare :

« D’importantes réalisations ont été faites sur le plan des capacités défensives des FDI, du renforcement de la barrière de sécurité en Judée et en Samarie, des efforts dans les renseignements et des activités de contreterrorisme dans chaque ville, localité et rue, lesquelles ont pu s’effectuer sans restriction ni contrainte. »

Kokhavi a également déclaré :

« Nous opérons aussi dans la ‘campagne entre les guerres’, en menant des actions défensives dans chaque domaine tout en maintenant la stabilité dans la bande de Gaza. »

10 juin : Les organisations de la société civile palestinienne accueillent très favorablement la déclaration de la Commission d’enquête de l’ONU, qui va enquêter sur les crimes de guerre israéliens et elle condamne les efforts en vue de la saboter, particulièrement de la part des EU.

11 juin : Samih Amarneh, 37 ans, succombe aux blessures qu’il a reçues le 1er juin à Yabad (Jénine).

13 juin : Israël annonce de nouveaux plans de peuplement sur près d’un million de dounams (soit 100 000 hectares ou 1 000 km² !) de terres palestiniennes.

Khalil Tafakji, directeur des dossiers à la Sociétés des Études arabes :

« Le projet aide Israël à mettre totalement la main sur les zones s’étendant des régions vierges de Ramallah à la vallée du Jourdain, en passant par la ville arabe d’al-Rashayida et les régions en friche de Ta’amra et Al-Sawahirah, qui constituent une vaste zone montagneuse surplombant la vallée du Jourdain et allant jusqu’au Jourdain même et la mer Morte. »

14 juin : L’UE accorde à l’AP une nouvelle allocation bilatérale d’un montant de 224,8 millions d’euros.

Le président de la Commission européenne, qui a rencontré des représentants égyptiens, palestiniens et israéliens au cours d’un trip régional, y va d’une déclaration publique disant que l’aide à l’AP va reprendre.

L’assistance au secrétariat d’État pour les Affaires du Proche-Orient, Barbara A. Leaf, conclut sa visite en Cisjordanie. Le président américain Biden annonce ses intentions de visiter la région (dont la Palestine et Israël), en juillet.

15 juin : L’UE, le gouvernement israélien et l’Égypte signent un mémorandum de bonne entente afin de garantir l’afflux de gaz vers l’Europe via l’Égypte, et ce, pendant une période de neuf ans. Israël se prépare à forer plus bas près de la région méditerranéenne en vue d’extraire du gaz, et de l’exporter d’abord vers l’UE, vu les restrictions gazières apparues au cours de la guerre entre l’Ukraine et la Russie.

Le ministère des Affaires étrangères de l’AP condamne les attaques antipalestiniennes et l’incapacité des autorités allemandes d’appréhender et d’identifier les suspects de l’agression du 27 mai.

16-17 juin : Les forces israéliennes tuent 3 Palestiniens et en blessent plusieurs autres au cours d’un raid nocturne à Jénine.

17 juin : Début d’une série d’attaques contre les centres culturels palestiniens en Cisjordanie (elles s’étendront jusqu’au mois d’août), à commencer par le centre culturel d’Al-Mustawda3 et prenant ensuite pour cible la Fondation AM Qattan.

19 juin : Une délégation de douze hommes d’affaires égyptiens débarque en Israël afin de rencontrer diverses organisations, dont l’Association des manufacturiers d’Israël, la Fédération des chambres israéliennes de commerce et l’Institut israélien des exportations. Ceci consolide davantage encore les liens de normalisation économique israélo-égyptiens.

21 juin : Les autorités palestiniennes relâchent le personnel des forces de sécurité accusé d’avoir tué Nizar Banat en 2021.

Des colons israéliens tuent à coups de poignard Ali Harb, 27 ans, de la ville d’Iskaka (près de Salfit).

23 juin : Le coordinateur humanitaire de l’ONU demande que soit mis un terme à l’expulsion par la force des Palestiniens de Masafer Yatta.

Pendant ce temps, Lapid remercie le gouvernement turc d’avoir fait échec aux menaces iraniennes.

24 juin : Une délégation de l’armée américaine termine un séjour de trois jours en Israël qui a servi à discuter de « défis stratégiques », et ce, après une semaine d’exercices militaires conjoints des EU et d’Israël, qui se sont terminés le 22 juin. »

Mohammad Suleiman, 16 ans, est tué par balles à Silwad, près de Ramallah.

25 juin : Dans une interview, Khader Adnan fait état de ses inquiétudes pour sa vie, il fait allusion à la campagne de calomnies sociales qu’il a dû subir sur ses plates-formes personnelles des médias sociaux. Il désigne l’AP comme responsable, ainsi que les renseignements israéliens, faisant remarquer qu’il fait également l’objet pour l’instant d’une tentative en vue de l’assassiner sur le plan social.

28 juin : L’UE lève sa suspension de financement des six organisations palestiniennes désignées comme « terroristes », après des mois d’une campagne de diffamation israélienne contre elles.

Ces six organisations sont : Al-Haq, le Centre Bisan de recherche et de développement, Addameer, association de soutien aux prisonniers et de défense des droits humains, Defense for Children International – Palestine, l’Union des Comités du travail agricole et l’Union des Comités des femmes palestiniennes.

Les tribunaux israéliens refusent la probation anticipée au prisonnier palestinien Ahmad Manasra, malgré des appels de psychologues à propos de l’impact du confinement solitaire sur sa santé mentale. Le confinement persistera durant tout le reste de l’année.

29 juin : Mohammad Marei, 25 ans, est abattu et tué par les forces israéliennes durant un de leurs raids à Yabad, Jenin.

30 juin : Publication d’un rapport conjoint de Human Rights Watch et de Lawyers for Justice (Avocats pour la justice) soumis au Comité contre la torture et dans lequel sont répertoriés les abus (dont la torture) de l’AP envers la société civile.


Juillet : La tempête s’annonce

 

2 juin 2022. Des personnes en deuil portent le corps enveloppé d’un drapeau de Bilal Kabha, tué la veille au cours des heurts avec l’armée israélienne dans la ville de Yabad, près de Jénine. (Photo : Wajed Nobani / APA Images)

2 juin 2022. Des personnes en deuil portent le corps enveloppé d’un drapeau de Bilal Kabha, tué la veille au cours des heurts avec l’armée israélienne dans la ville de Yabad, près de Jénine. (Photo : Wajed Nobani / APA Images)

Juillet a enregistré une nouvelle escalade dans la répression exercée par l’AP et dans le durcissement de l’opposition politique interne. On assiste à plusieurs tentatives d’assassinat de Palestiniens influents, comme Khader Adnan et l’ancien ministre palestinien de la santé, le Dr Nasser el-Din Al-Sha’er. Tout cela débouche sur une nouvelle vague de corruption sécuritaire et laisse présager de la complicité à venir de l’AP dans l’opération « Brise-lame ». Juillet se caractérise aussi par des chiffres élevés d’arrestations par l’AP, avec l’accent mis sur les opposants politiques ainsi que sur les étudiants et activistes universitaires.

Juillet a également vu s’accroître la tendance de la complicité américaine avec Israël lors de la visite de Biden dans la région. Ce fut particulièrement vrai en ce qui concerne le développement et le commerce des armes.

Au niveau des agressions israéliennes en Cisjordanie, juillet se signale par une transition de leur concentration de Jénine vers Naplouse, présageant de l’augmentation des attaques contre la ville et la recrudescence de la résistance armée et des confrontations. Plus encore, la mort par balles d’Amjad Abu Alia, 16 ans, à Al-Mughayyer, sans doute tué par un colon, laisse elle aussi présager de l’escalade des agressions des colons armés contre les Palestiniens.

2 juillet : Le tout nouveau PM israélien, Yair Lapid, prononce son premier discours.

La prisonnière politique palestinienne Saadia Farjallah meurt de négligence médicale à la prison de Damon.

3 juillet : Kamal Alawneh, 17 ans, est tué par balle au cours d’un raid israélien à Jaba, en Cisjordanie.

5 juillet : Ahmad Harb Ayyad, 32 ans, travailleur migrant de Gaza, est battu à mort par des soldats israéliens près de Tulkarem, en Cisjordanie, après avoir tenté de franchir un check-point pour se rendre à son lieu de travail.

6 juillet : Le Bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) rapporte que la procédure de transfert de force des résidents de Masafer Yatta constitue un crime de guerre.

L’armée israélienne se livre à des exercices militaires parmi les maisons palestiniennes à Masafer Yatta et utilise des munitions réelles, ce qui met en danger l’existence de plus de 1200 Palestiniens.

Rafiq Ghannam, 20 ans, est tué par balle lors d’un raid de l’armée sur Jabaa (Jénine).

11 juillet : Un document classifié de 1979 révèle qu’Israël a désigné stratégiquement des zones palestiniennes comme « zones de tir » afin d’éloigner les Palestiniens de leurs terres et de les déporter.

12 juillet : Vu le manque de preuves, neuf pays de l’UE rejettent la désignation de six organisations palestiniennes comme « terroristes ».

13 juillet : Pendant la visite du président américain Biden dans la région, le dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, prononce un discours mettant en garde contre l’exploitation des gisements de gaz naturel.

Biden débarque à Tel-Aviv et rencontre le PM israélien, Yair Lapid, ainsi que le président Isaac Herzog.

Des Palestino-Américains organisent une conférence publique à Ramallah pour réclamer une enquête sur les pratiques discriminatoires du département d’État américain.

14 juillet : Le président américain Joe Biden poursuit sa visite dans la région et, lors d’une conférence avec le PM Lapid, il signe la « déclaration de Jérusalem », qui souligne l’engagement des EU dans la coopération avec Israël. Cette déclaration comprend également un retour à la solution à deux États, la diabolisation du mouvement BDS, la promesse de mettre un terme au programme nucléaire iranien et l’engagement dans la « sécurité israélienne ».

Un peu plus tard, Biden rend visite à l’hôpital Augusta Victoria, à Jérusalem occupée, et promet plus de 300 millions de dollars d’aide aux Palestiniens.

Le sommet des 2I2U (entre Israël, l’Inde, les EU et les EAU) a lieu virtuellement le 14 juillet. L’objectif du sommet est de consolider les liens économiques entre les États, particulièrement dans les secteurs de la technologie, de l’agriculture et de l’énergie.

16 juillet : Biden quitte Tel-Aviv en vol direct pour rencontrer les dirigeants saoudiens, malgré le tollé concernant la complicité dans l’assassinat particulièrement brutal du journaliste saoudien Jamal Khoshoggi, le 2 octobre 2018. Quatre ans plus tard, des comptes n’ont toujours pas été réclamés pour cet assassinat.

17 juillet : Des projets de développement d’armes israéliennes sont inaugurés lors du show aérien de Farnborough, au Royaume-Uni, avec exposition de nouveaux missiles et autres armements israéliens.

19 juillet : Un photojournaliste israélien qui travaille pour YNet (journal israélien) tue par balle un Palestinien de 44 ans, dans le but prétendu de prévenir une agression au couteau à Jérusalem. Le photojournaliste, Meshi Ben Ami, a déjà été impliqué dans un incident similaire, six ans plus tôt, en abattant également un agresseur présumé.

20 juillet : La censure militaire israélienne annule l’interdiction de mentionner les drones dans les médias et permet la publication d’informations sur leur utilisation par Israël. Spécifiquement, le drone Hermes 450 est utilisé par la 161e escadrille des Forces aériennes.

Plus tard, en septembre de cette année, l’armée allait également rendre publique son intention d’utiliser des drones dans des opérations militaires en Cisjordanie et ce, contre les villes palestiniennes où sont stationnés les combattants de la résistance armée palestinienne.

Le représentant de l’UE en Cisjordanie publie un nouveau rapport mettant en évidence la poursuite et l’augmentation du nombre de colonies illégales israéliennes en Cisjordanie, renforçant ainsi les conclusions d’autres organisations prouvant la même tendance en cette année 2022.

24 juillet : Les combattants de la résistance palestinienne Mohammad Azizi et Abdul Rahman Subuh sont tués à Naplouse lors d’un raid israélien. Azizi est généralement considéré comme le fondateur de l’organisation de résistance cantonnée à Naplouse, la Fosse aux lions.

26 juillet : Dans une supposée tentative d’assassinat, le Dr Nasser el-Din Al-Sha’er se fait tirer dessus à balles réelles. Al-Sha’er est un intellectuel palestinien, ancien ministre de la Santé et ancien doyen du département Religion de l’Université nationale al-Najah de Naplouse.

Des rapports mentionnent que des membres du Fatah ont été aperçus lors de l’attentat, au cours duquel Al-Sh’aer a été légèrement blessé à une jambe.

Khader Adnan condamne l’attentat contre Al-Sha’er, en insistant sur la complicité de l’AP et en appelant les factions politiques à criminaliser la tendance à l’assassinat politique et à l’arrestation de Palestiniens.

Mise sur pied d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU à propos de la Palestine et d’Israël.

Le représentant de l’ONU dans la région déclare que « la réalité structurelle n’a pas changé ».

29 juillet : Il est mentionné que l’AP a arrêté plus de 94 Palestiniens, dont des activistes, des étudiants et des journalistes, dans une tentative d’inspiration politique en vue de réprimer la dissidence palestinienne.

Amjad Abu Alia, 16 ans, est tué près de Ramallah. Des résidents prétendent qu’il a été tué par des colons et non par des soldats.

30 juillet : Hussein Qawariq succombe aux blessures subies quelques jours plus tôt lorsqu’il a été abattu à un check-point militaire israélien près de Huwwara, au sud de Naplouse.

 

Août : Le sort de la Cisjordanie se décide à Gaza

2 juin 2022. Des personnes en deuil portent le corps enveloppé d’un drapeau de Bilal Kabha, tué la veille au cours des heurts avec l’armée israélienne dans la ville de Yabad, près de Jénine. (Photo : Wajed Nobani / APA Images)

2 juin 2022. Des personnes en deuil portent le corps enveloppé d’un drapeau de Bilal Kabha, tué la veille au cours des heurts avec l’armée israélienne dans la ville de Yabad, près de Jénine. (Photo : Wajed Nobani / APA Images)

 

Août s’est caractérisé par un changement de première importance dans la résistance palestinienne, changement provoqué par l’assassinat du combattant de la résistance Ibrahim Al-Nabulsi, 18 ans, dans la Vieille Ville de Naplouse, en compagnie de deux autres jeunes, dont un de 16 ans. Suite à ces assassinats, la Fosse aux lions allait voir le jour le mois suivant, s’organisant et se mobilisant en tant qu’organisation de la résistance armée.

Israël a porté son attention du côté de la direction du Djihad islamique palestinien (DIP), cantonnée dans la bande de Gaza assiégée et qui, prétend-on, arme et finance les organisations de la résistance armée à Naplouse et à Jénine. Israël a brièvement lancé l’opération « Breaking Dawn » après avoir d’abord arrêté un membre de la direction du DIP, Bassam Al-Saadi, dans le camp de Jénine. La cible de l’offensive militaire israélienne à Gaza était Tayseer Al-Jaabari, un important chef du DIP, ainsi que d’autres responsables du DIP et de son infrastructure. L’offensive militaire contre Gaza s’est terminée le 8 août, après avoir dégagé un accord de cessez-le-feu par l’entremise de l’Égypte. Mais la chose la plus remarquable dans cette toute récente guerre israélienne contre Gaza, c’est qu’elle avait pour but de déraciner la résistance palestinienne en Cisjordanie. Pour la première fois, le sort de cette dernière a été décidé à Gaza.

Palestiniens tués : 9 en Cisjordanie, 49 à Gaza

1er août : Le régime israélien impose un blocus total à Gaza.

Les forces palestiniennes de prévention sécuritaire arrêtent Maysoon Nasser Arrar à l’hôpital de Ramallah où elle est accompagnée d’un membre de sa famille. La jeune femme est soupçonnée d’avoir envoyé de l’argent à des prisonniers politiques palestiniens détenus dans des prisons israéliennes, ce que Maysoon Nasser Arrar et sa famille nient.

2 août : Les forces israéliennes tuent un ado de 17 ans, prétendant qu’il est membre du DIP, lors d’un raid contre le camp de réfugiés de Jénine. Deux autres Palestiniens sont arrêtés, dont un membre important du DIP.

5 août : Des frappes aériennes israéliennes touchent Gaza. Il s’agit en fait de l’assassinat extrajudiciaire d’un dirigeant du DIP, Tayseer Al-Jaabari, 50 ans. Deux autres chefs importants sont également tués, Khalid Mansour et Khalil Al-Bahtini. Une offensive tous azimuts est lancée contre Gaza, surnommée opération « Breaking Dawn » (briser l’aube).

Al-Jaabari était devenu le commandant de l’aile armée du DIP (les Brigades Al-Quds) pour la région nord de Gaza, après qu’Israël avait assassiné l’ancien commandant, Baha Abu Al-Atta, en novembre 2019.

Les hauts responsables israéliens et libanais continuent de discuter d’un accord maritime sur les gisements de gaz naturel en dépit des menaces du Hezbollah contre l’accord de normalisation.

6 août : La seule centrale électrique de Gaza est à l’arrêt suite au durcissement des restrictions israéliennes, et elle ne sera remise en route que le 8 août.

L’armée israélienne, commandée par Ronen Bar, le directeur du Shin Bet, tue le commandant du DIP responsable de la région sud de Gaza, Khaled Mansour.

7 août : Un accord de cessez-le-feu est décidé entre le DIP et Israël lors de l’offensive israélienne menée dans le cadre de l’opération « Breaking Dawn », et ce, après trois jours d’assassinats par Israël, qui a également tué des Palestiniens non combattants, parmi lesquels cinq enfants dont Israël allait tenter d’imputer la mort au DIP.

Des représentants israéliens blâment la résistance palestinienne et le DIP de la mort des enfants de Gaza avant de reconnaître finalement la culpabilité d’Israël vers la mi-août.

8 août : Le PM israélien appelle le président égyptien Abdul Fattah al-Sisi pour le remercier de son rôle dans l’accord de cessez-le-feu. Les deux dirigeants, dit-on, ont parlé assez longtemps et ont également exprimé leurs inquiétudes au sujet de la stabilité régionale.

Les lignes aériennes israéliennes ont le droit de traverser l’espace aérien saoudien.

5-8 août : Dans une conférence de presse, le chef de l’armée israélienne, Aviv Kokhavi, admet que l’armée israélienne s’est livré à une attaque contre un autre pays dans le même temps qu’a eu lieu l’offensive contre Gaza. Le nom de l’autre pays n’a pas été communiqué.

9 août : L’armée et la police israéliennes, accompagnées d’unités spéciales opérant en secret assassinent extrajudiciairement Ibrahim Al-Nabulsi, 18 ans, un combattant de la résistance appartenant à un groupe armé qui va se faire connaître un peu plus tard sous le nom de Fosse aux lions et qui sera cantonné dans la Vieille Ville de Naplouse.

Au cours de cette attaque coordonnée, les forces israéliennes tuent également Islam Subuh, 32 ans, et Hussein Jamal Taha, 16 ans.

12 août : Le journaliste palestinien Mujahed Tabanja, 23 ans, est arrêté par la Sécurité préventive palestinienne à Naplouse et il est emprisonné la nuit. Il a déjà été arrêté auparavant par les forces israéliennes, préoccupées par son travail journalistique.

14 août : Mohammad Salim, 24 ans, est écrasé par une voiture de colon faisant office de bélier, près de Salfit.

15 août : Mohammad Al-Shaham, 21 ans, est abattu chez lui par des soldats.

17 août : De hauts responsables israéliens et turcs annoncent publiquement un accord censé restaurer pleinement les liens diplomatiques entre Israël et la Turquie. Ces responsables déclarent qu’ils vont de nouveau désigner des ambassadeurs pour une période de quatre ans.

18 août : L’armée israélienne effectue une opération en Cisjordanie, en ciblant et envahissant les bureaux de sept organisations de la société civile palestinienne. Elle leur délivre des ordonnances de fermeture et appose des scellés sur les portes, malgré les condamnations de l’UE et des EU et le consensus disant que les désignations comme « terroristes » n’ont aucun fondement et ne reposent sur aucune preuve.

Wasim Abu Khalifa, 20 ans, est abattu et tué au cours d’un raid israélien à Naplouse.

19 août : Salah Sawafta, 58 ans, est tué par balle lors d’un raid nocturne israélien à Tubas.

23 août : Le ministre israélien de la Défense annonce son intention de se rendre aux EU pour y rencontrer des décideurs politiques américains à propos de la possible reprise de l’arrangement nucléaire irano-américain de 2015.

Mohammad Araysha, 24 ans, succombe aux blessures qui lui ont été infligées los de son exécution extrajudiciaire.

25 août : Le commissaire général de l’UNWRA, Philippe Lazzarini, s’adresse à l’ONU à propos des appels de l’UNRWA aux États membres de mobiliser politiquement et économiquement afin de sauvegarder les droits des réfugiés palestiniens.

27 août : L’autorité des points de passage du ministère israélien de la Défense rapporte qu’elle déjoue les tentatives de passage d’armes et de munitions en fraude.

30 août : Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme déplore le refus par Israël de délivrer des visas d’entrée à l’équipe internationale de l’ONU, ce qui est décrit comme une obstruction à l’accès aux droits humains dans les territoires palestiniens occupés.

 

Septembre : Lions et guêpes sous état de siège

 

2 septembre 2022. Les chefs de la Fosse aux lions assistent à un service funèbre à la mémoire de Mohammed al-Azizi et Aboud Suboh à Naplouse, en Cisjordanie. (Photo : Shadi Jarar’ah / APA Images)

2 septembre 2022. Les chefs de la Fosse aux lions assistent à un service funèbre à la mémoire de Mohammed al-Azizi et Aboud Suboh à Naplouse, en Cisjordanie. (Photo : Shadi Jarar’ah / APA Images)

L’assassinat d’Al-Nabulsi en août a provoqué l’apparition d’une nouvelle organisation de résistance armée, la Fosse aux lions. Avec la Brigade de Jénine, la Brigade Balata et d’autres petits « bataillons » décentralisés de jeunes Palestiniens d’un peu partout en Cisjordanie, l’AP s’est retrouvée directement impliquée dans la répression de la résistance de la Vieille Ville. Deux membres de la Fosse aux lions étaient arrêtés, ce qui déclenchait une vague massive de désobéissance civile. L’AP tirait à balles réelles et lançait des gaz lacrymogènes et des balles enrobées de caoutchouc contre les jeunes qui, à Naplouse, lançaient des pierres contre ses véhicules blindés.

L’organisation de résistance armée de la Vieille Ville a attiré l’attention de la société palestinienne en demandant la protection de la communauté. La réponse de la société palestinienne a consisté en un soutien universel et une protection populaire, puisque la communauté de la Vielle Ville et du grand Naplouse a adopté l’organisation comme étant « ses fils » et que le reste de la société palestinienne a répondu aux appels de la Fosse aux lions par une grève massive dans toute la Cisjordanie.

Septembre est également marqué par l’intensification de l’opération « Brise-lame » et toute une série d’opérations d’assassinat menées contre les combattants de la résistance. Après plusieurs raids massifs contre Naplouse, certains combattants de la résistance se sont vu proposer une amnistie par l’AP en échange d’un changement de camp vers l’AP et de la restitution de leurs armes.

Palestiniens tués : 19

1er septembre : Les opérations militaires en Cisjordanie tuent deux Palestiniens. Yazan Affaneh, 26 ans, perd la vie au cours d’une incursion militaire dans le quartier d’Umm El-Sharayet, à Ramallah, alors que Samer Khaled, 25 ans, est tué lors d’un raid militaire dans le camp de réfugiés de Balata, à Naplouse.

Le porte-parole de l’armée israélienne dit que celle-ci a mené des opérations à al-Bireh et « confisqué des fonds destinés au terrorisme », s’il faut en croire Al-Jazeera en langue anglaise.

Le nombre de Palestiniens tués par Israël depuis le début de l’année en Cisjordanie et dans les cinq districts de Gaza en état de siège est de 140 en huit mois.

2 septembre : Fadi Ghattas, 19 ans, est tué après une prétendue tentative d’agression au couteau près de Hébron.

Lors d’un hommage à Mohammad Azizi et Abdul Rahman Subuh, la Fosse aux lions fait sa première apparition officielle en tant qu’organisation dans la Vieille Ville de Naplouse, attirant ainsi une foule de plusieurs milliers de personnes. Les combattants masqués déclament à haute voix la charte de l’organisation, prêchant un message de résistance indépendante, libre d’affiliation factionnelle et promettant de poursuivre dans toute la Cisjordanie les opérations de ciblage des positions militaires israéliennes et des colons, tout en affrontant les forces sécuritaires de l’AP et en insistant sur le fait que l’organisation se concentre surtout contre l’occupation israélienne et non contre l’AP.

3 septembre : Mousa Abu Mohammed meurt dans une prison israélienne suite à des négligences médicales.

4 septembre : Deux tireurs palestiniens canardent un autocar de colons près de Jénine et de Naplouse. Aucune faction ne revendique l’attaque.

L’Administration civile israélienne (qui contrôle les aspects administratifs de l’existence des Palestiniens en Cisjordanie) sort une nouvelle mesure restreignant l’entrée d’étrangers ayant des relations sentimentales avec des Palestiniens. La mesure avait déjà été proposée en juin 2022.

5 septembre : L’armée et le gouvernement israéliens libèrent les conclusions de leur enquête sur l’assassinat de la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh. Selon les porte-parole officiels de l’armée, ces résultats disent que la balle qui a tué la journaliste est probablement venue d’un soldat israélien, mais qu’elle a été tirée sans intention.

L’UE fournit 35 millions d’euros à l’AP afin de payer des salaires.

Taher Zakarneh, 19 ans, est tué par balle au cours d’un raid nocturne à Qabatiya, Jénine.

6 septembre : L’armée israélienne lance une invasion militaire à grande échelle de Jénine sous le prétexte de procéder à la démolition punitive de l’appartement de Raad Khazem, l’auteur de l’attaque à Tel-Aviv en avril, et qui a été tué à Yaffa après une chasse à l’homme de plusieurs heures.

L’invasion militaire, qui a eu lieu dès les toutes premières heures de l’aube, tue Mohammad Sabaaneh, 29 ans, qui filme le raid sur son compte TikTok. Le raid blesse également 16 autres personnes.

Cette journée marque aussi le premier anniversaire du « Tunnel de la liberté », c’est-à-dire l’évasion de six Palestiniens de la prison de haute sécurité de Gilboa.

7 septembre : L’armée israélienne annonce qu’elle s’apprête à utiliser des drones au cours de ses incursions militaires en Cisjordanie.

Israël revoit ses restrictions de déplacement pour les internationaux se rendant en Cisjordanie, suite au tollé international provoqué par son ancienne déclaration concernant les intérêts sentimentaux des Palestiniens.

Le ministère israélien de l’innovation, de la science et de la technologie annonce ses priorités d’investissement dans la recherche et le développement. Y figurent l’intelligence artificielle quantique et la science des données.

8 septembre : Les forces israéliennes tuent Haitham Mubarak, 17 ans, à Ramallah, à proximité du check-point militaire des Bureaux de la coordination de district (DCO), qui jouxte la colonie illégale de Beit El. L’armée israélienne prétend que Mubarak était en train de se livrer à une agression.

9 septembre : Les plans de forage israéliens dans le gisement de gaz naturel de Karish sont reportés à la mi-octobre. L’armée israélienne met en garde contre l’escalade en Cisjordanie et blâme l’AP pour l’accroissement de la résistance palestinienne contre les colons.

11 septembre : Le PM Lapid est en voyage diplomatique à Berlin, où il rencontre le président allemand, le chancelier et le ministre des Affaires étrangères pour mettre l’accent sur la menace iranienne et la responsabilité allemande envers Israël au vu des crimes commis durant l’Holocauste, lors de la 2e GM.

Hamed Abu Jelda, 24 ans, succombe à une blessure encourue le 6 septembre au cours d’un raid israélien contre le camp de réfugiés de Jénine.

14 septembre : Deux Palestiniens, Ahmed Ayman Abed, 23 ans, et Abdul Rahman Hani Abed, 22 ans, sont tués après une attaque contre le check-point militaire de Jalameh, près de Jénine. Le commandant adjoint de l’Unité spéciale de reconnaissance de la Brigade Nahal, le major Bar Falach, 30 ans, est tué lui aussi.

15 septembre : Le PM Yair Lapid rencontre le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale des EAU, Sheikh Abdullah bin Zayed Al Nahyan, à Jérusalem. La rencontre est concentrée sur l’eau, l’énergie, la sécurité alimentaire et l’agriculture.

Oday Salah, 17 ans, est tué lors d’un raid militaire israélien à Kafr Dan (Jénine).

21 septembre : Le gouverneur de l’AP à Naplouse et d’autres représentants rencontrent l’organisation armée Fosse aux Lions dans la Vieille Ville afin de soulager les tensions après que les forces de l’AP ont attaqué et arrêté deux membres de l’organisation au cours des jours précédents. Ces deux membres arrêtés sont Ameed Tuleibeh, 21 ans, et Musa’ab Shtayyeh, 30 ans (dont on prétend qu’il a des connexions avec le Hamas dans le financement de la Fosse aux lions). Tous deux restent emprisonnés par l’AP.

23 septembre : Mohammad Abu Jum’a, 23 ans, de Jérusalem, est tué par des soldats à proximité de la colonie de Modi’n, sous le prétexte d’empêcher une tentative d’agression au couteau.

24 septembre : Mohammed Abu Kafiya, 36 ans, est tué par la police israélienne alors qu’il est en voiture sur la route 60 près de Naplouse.

25 septembre : Saed Al-Kiwani, 23 ans, est victime d’un assassinat extrajudiciaire par les forces israéliennes dans le quartier de Ta’awon, à Naplouse.

28 septembre : Quatre Palestiniens sont tués au cours d’une mission d’assassinats extrajudiciaires dans le camp de réfugiés de Jénine : Mohammad Hisham Abu Na’san, 28 ans, Abdurahman Fathi Khazem, 27 ans, Mohammed Brahmeh al-Wanneh, 30 ans, et Ahmed Tayseer Alawneh, 26 ans.

29 septembre : Rayyan Suleiman, 7 ans, meurt d’un arrêt cardiaque quand les forces israéliennes font irruption dans la maison de sa famille à Bethléem.

 

Octobre : La guerre éclair « Brise-lame »

Poster à la mémoire de Wadee al-Hawah, Mashaal Baghdadi, Hamdi Qaim, Ali Antar et Hamdi Sharaf. (Photo : Akram Al-Waara / Mondoweiss)

Poster à la mémoire de Wadee al-Hawah, Mashaal Baghdadi, Hamdi Qaim, Ali Antar et Hamdi Sharaf. (Photo : Akram Al-Waara / Mondoweiss)

 

Octobre a été le mois le plus sanglant pour les Palestiniens de Cisjordanie, quand l’opération « Brise-lame » a atteint son apogée. La campagne israélienne d’assassinats, particulièrement dans la Vieille Ville de Naplouse, s’est traduite par la mort de plusieurs membres importants de la Fosse aux lions, dont Tamer Kilani et Wadee al-Hawah. Les opérations ont été menées via le recours à des espions israéliens et des collaborateurs, des tactiques d’espionnage et les forces spéciales israéliennes opérant sous le manteau.

Durant cette période, Naplouse était entièrement en état de siège, puisque le mouvement pour entrer ou sortir de la ville était considérablement restreint par l’armée israélienne, dans le but avant tout d’étouffer le mouvement de résistance bien en place dans la ville.

Octobre a également vu l’une des plus remarquables opérations d’un loup solitaire cette année, quand Udai Tamimi, du camp de réfugiés de Shu’fat, a tué une soldate israélienne en poste au check-point militaire de Shu’tat lors d’une fusillade très brève. La chasse à l’homme des Israéliens après Tamimi allait mettre le camp de réfugiés de Shu’fat et les villes voisines en état de siège, suscitant une résistance de masse de la part des Palestiniens de ces zones assiégées. Tamimi évitait sa capture pendant près de deux semaines avant de réapparaître loin de chez lui, à l’entrée de la colonie illégale de Maale Adumim, où il échangeait des coups de feu avec des gardes sécuritaires israéliens avant d’être finalement abattu. La Fosse aux lions appelait à la grève massive dans toute la Cisjordanie et la société palestinienne, une fois de plus, répondait à l’appel.

Sur le plan régional, alors qu’octobre a assisté à un bain de sang en Cisjordanie, Israël a finalement signé des accords avec le Liban à propos de l’accès aux gisements maritimes. Ceci a marqué une nouvelle vague de normalisation dans la région, surtout après les menaces émises par le Hezbollah au cours des mois précédents.

Palestiniens tués : 30, le mois le plus meurtrier en Cisjordanie.

1er octobre : Fayez Khaled Damdoum, 18 ans, est tué par les forces israéliennes près d’Eizariyah, non loin de Jérusalem.

3 octobre : Khaled Fadi Anbar al-Dabbas, 21 ans, et Salama Ra’fat Sharay’a, 19 ans, sont tués dans leur voiture au cours d’un raid militaire israélien près du camp de réfugiés de Jalazon, à Ramallah.

5 octobre : Alaa Naser Zaghal, 21 ans, est tué à Deir Al-Hatab, près de Naplouse.

7 octobre : Deux ados palestiniens sont tués par des soldats israéliens : Adel Ibrahim Adel Dawoud, 14 ans, à l’extérieur de Qalqiliya, et Mahdi Ladadwa, 17 ans, tué près de Ramallah.

8 octobre : Un Palestinien non identifié entreprend une opération de mitraillage en voiture près du camp de réfugiés de Shufaat. Une policière des frontières, Noa Lazar, est mortellement blessée. (L’homme sera a identifié plus tard : il s’agit d’Udai Tamimi et, à l’issue d’une chasse à l’homme de près de quinze jours, il sera abattu le 20 octobre.)

9 octobre : Mahmoud Moayad Mahmoud Sous, 17 ans, et Ahmed Mohamad Daragmeh, 16 ans, sont tués par balles au cours d’un raid militaire israélien à Jénine.

12-13 octobre : Les factions palestiniennes signent la Déclaration d’Alger pour la réconciliation nationale. L’accord met l’accent sur l’Organisation de libération de la Palestine comme seule représentante légitime du peuple palestinien. Bien qu’elle ait été favorablement accueillie, de multiples évaluations témoignent de peu d’attente d’un impact positif.

20 octobre : Les forces israéliennes abattent et tuent Udai Tamimi après une chasse à l’homme de près de deux semaines et le blocage de plusieurs villes palestiniennes, dont Anata et le camp de réfugiés de Shu’fat, en vue de retrouver l’homme.

Les investigations de la Commission d’enquête de l’ONU concluent que l’occupation du territoire palestinien par Israël est illégale, selon les lois internationales.

23 octobre : Les forces israéliennes assassinent le combattant de la résistance de la Fosse aux lions Tamer Kilani en plaçant un engin explosif sur une moto.

25 octobre : Les forces et services de renseignement israéliens poursuivent leurs assassinats ciblés de combattants de la résistance palestinienne dans la Vieille Ville de Naplouse. Cinq Palestiniens, dont deux importants combattants de la Fosse aux lions (Wadee Al-Hawah, 31 ans, et Ali Antar, 26 ans) et trois autres non-combattants, sont tués dans un raid nocturne massif à Naplouse.

Un sixième Palestinien, Quasi Tamimi, 20 ans, est tué au cours d’un incident séparé dans le village de Nabi Saleh, au nord de Ramallah.

27 octobre : Le Liban et Israël signent des accords à propos de leur frontière maritime. Israël obtient le droit d’explorer le gisement de Karish, tandis que le Liban obtient des droits sur le gisement de Qana, mais avec un accord en vue de fournir une part des royalties à Israël.

28 octobre : Imad Abu Rasheed, 47 ans, et Ramzi Sami Zabara, 35 ans, sont abattus et tués au cours d’une incursion israélienne à Naplouse.

29 octobre : Mohammed Kamel Ja’bari, 35 ans, est tué dans une opération à la voiture-bélier à Hébron.

30 octobre : Barakat Musa Ouda, 49 ans, est tué par balle à Jérusalem.

 

Novembre : Les lions se replient, les loups solitaires attaquent

3 novembre 2022, des gens en deuil assistent aux funérailles de Farouk Salameh, tué par les forces israéliennes lors d’un raid sur Jénine, en Cisjordanie. (Photo : Stringer / APA Images)

3 novembre 2022, des gens en deuil assistent aux funérailles de Farouk Salameh, tué par les forces israéliennes lors d’un raid sur Jénine, en Cisjordanie. (Photo : Stringer / APA Images)

L’opération « Brise-lame » est entrée dans une nouvelle phase au moment où Israël a annoncé qu’il avait asphyxié la Fosse aux Lions à Naplouse, suite à une campagne rabique d’assassinats menée les mois précédents. La vague d’assassinats extrajudiciaires et de raids nocturnes en vue d’arrêter des Palestiniens a abouti à l’affaiblissement de la confrontation armée et non armée dans le même temps que le tribut des pertes palestiniennes continuait à croître.

Novembre a également vu l’inauguration du 37e gouvernement israélien, au moment où les résultats finaux des élections israéliennes ont ramené Benjamin Netanyahou au pouvoir, cette fois avec des partis d’extrême droite dans la coalition dirigeante, dont le parti du Pouvoir juif. Ce gouvernement est l’un des gouvernements les plus à droite de l’histoire d’Israël. Les décideurs politiques israéliens ont poussé pour que de nouvelles lois continuent à consolider le pouvoir des forces de sécurité israéliennes et le contrôle par les colons des existences palestiniennes.

Cela s’est reflété dans l’expansion des activités de peuplement vers les zones A et B, montrant bien qu’Israël n’a nullement l’intention de faire cesser les déportations et la dépossession. L’activité de peuplement a également augmenté de concert avec la montée de l’inflation en Israël à 5,3 % en novembre, ce qui constitue le pourcentage le plus élevé que l’État ait connu en 14 ans, surtout en raison des coûts du logement.

Les opérations armées contre les activités de peuplement ont également augmenté en novembre. Le 23, Jérusalem a assisté aux premiers attentats à la bombe commandés à distance à l’intérieur de la Ligne verte depuis la Seconde Intifada. Alors que les auteurs des deux attentats à Jérusalem restent inconnus au moment d’écrire ces lignes, la réponse du gouvernement israélien à l’incident et aux autres opérations de loups solitaires tout au long du mois a consisté à infliger un châtiment collectif en intensifiant sa politique du tirer pour tuer sur des jeunes Palestiniens non armés afin de restaurer la dissuasion et d’accroître le coût en vies humaines de la résistance.

De son côté, l’AP a intensifié son ciblage des Palestiniens politiquement actifs et n’ayant pas peur de s’exprimer au cours de raids et d’intrusions dans les maisons, ainsi que via des convocations à des fins d’interrogatoire.

Palestiniens tués : 21

1er novembre : Journée des élections de la 25e Knesset et du 37e gouvernement.

2 novembre : Les élections israéliennes du 37e gouvernement annoncent une administration d’extrême droite.

Habas Ryan, 54 ans, est tué dans le village de Beit Duqqo.

3 novembre : Le résultat final des élections est rendu public. Benjamin Netanyaho remporte les élections israéliennes en compagnie du parti Likoud, de droite, qui rafle le plus grand nombre de sièges (32), suivi du parti Yesh Atid de Yair Lapid (24 sièges) et du parti Sionisme religieux de Bezalel Smotrich (12 sièges).

Les résultats des élections révèlent l’une des structures de gouvernement les plus extrémistes et les plus droitières de l’histoire d’Israël.

Les forces et les colons israéliens lancent un certain nombre d’attaques séparées contre les Palestiniens dans l’ensemble de la Cisjordanie et à Jérusalem, faisant cinq morts en l’espace de 24 heures. De plus, les forces israéliennes ont arrêté 17 Palestiniens au cours de raids militaires nocturnes et d’intrusions suivies d’arrestations dans l’ensemble du territoire occupé.

Les cinq hommes sont abattus au cours de trois incidents séparés en divers endroits de Cisjordanie : Daoud Mahmoud Rayyan, 42 ans, et Habas Rayyan, 52 ans, dans le village de Beit Duqqo, Amer Halabiya, 20 ans, à Jérusalem occupée suite à une opération au couteau, enfin, Farouq Salameh, 28 ans, et Mohammad Khlouf, 14 ans, au cours d’un raid militaire contre le camp de réfugiés de Jénine.

7-8 novembre : Dirigée par le secrétaire adjoint au Commerce pour les marchés mondiaux, Arun Venkataraman, la mission commerciale américaine de l’aérospatiale et de la défense débarque à Tel-Aviv afin de discuter avec Israël, l’Arabie saoudite et Bahreïn en vue de développer des opportunités de renforcer l’entrée du marché dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) et ce, sur le plan militaire et de la défense.

10 novembre : Le chef d’état-major israélien, Aviv Kokhavi, récompense les forces israéliennes de leurs efforts dans l’opération « Brise-lame ». Des distinctions particulières sont attribuées à l’unité Golani, ainsi qu’à l’unité Duvdevan, au sein desquelles on trouve quantité d’agents qui se font passer pour des Arabes. Il s’avère que l’unité Duvdevan (ou unité 217) a également été impliquée dans l’assassinat en mai de la journaliste Shireen Abu Akleh.

13 novembre : Le représentant du Comité central du Fatah, Azzam Al-Ahmad, rencontre l’important représentant du Hamas, Musa Abu Marzouk, au Liban. On dit que la décision a surtout porté sur les efforts en vue de s’unir contre l’occupation israélienne.

15 novembre : Les forces israéliennes tuent Fulla Musalma, 14 ans, à Beitunia, près de Ramallah, lors d’une opération de recherche et d’arrestation. L’adolescent était en voiture avec un autre homme, qui lui aussi a été blessé quand, pendant près de quatre minutes, les forces israéliennes ont tiré à balles réelles.

16 novembre : Muhammad Souf, 18 ans, effectue une attaque en loup solitaire dans la colonie illégale d’Ariel, tuant trois colons israéliens. Il est tué à son tour peu après.

Mahmoud Abdil Jaleel Al-Saadi, 18 ans, est abattu et tué à Jénine.

23 novembre : Des bombes posées en deux endroits (des autobus) de Jérusalem tuent un Israélien, Aryeh Schupak, 16 ans, et en blessent au moins 23 autres. C’est le premier attentat à la bombe à avoir lieu à Jérusalem depuis le second soulèvement palestinien. Aucune faction palestinienne n’a revendiqué la responsabilité de l’opération.

Mohammed Ahmad Hassan Harzulla, 30 ans, et Mohammed Hashim Abu Kushook, 22 ans, sont tués par balles par les forces israéliennes à Naplouse.

27 novembre : Les députés et les dirigeants israéliens organisent une réunion pour négocier la formation du nouveau gouvernement israélien entre Netanyahou et Smotrich.

28 novembre : Le PM israélien demande aux gouvernements mondiaux d’exercer des pressions sur l’AP afin d’empêcher un vote à l’Assemblée générale de l’ONU à propos des pratiques israéliennes en Palestine.

Le PM déclare : « Cette résolution est le résultat d’un effort concerté en vue d’isoler Israël, de discréditer nos préoccupations sécuritaires légitimes et de délégitimer notre existence même. »

29 novembre : Cinq Palestiniens sont tués au cours de quatre incidents séparés en Cisjordanie. Mufid Mohamad Mahmoud Ikhlayil, 44 ans, est tué à Hébron par les forces israéliennes. Deux frères, Thafer et Jawwad Rimawi, 19 et 22 ans, sont tués au cours d’un raid israélien à Kufr Ein près de Ramallah. Rani Fayez Abu Ali, 45 ans, est tué après une attaque à la voiture bélier près de la colonie illégale de Kochav Yaacov et Ra’id Naasam, 21 ans, est tué au cours de confrontations avec les raids de colons israéliens dans les environs d’Al-Mughayyer.

 

Décembre : Payer le prix de la résistance

2 décembre 2022. Photos de l’exécution d’Ammar Mefleh à Huwwara, au sud de Naplouse. (Photos : médias sociaux / Mondoweiss)

2 décembre 2022. Photos de l’exécution d’Ammar Mefleh à Huwwara, au sud de Naplouse. (Photos : médias sociaux / Mondoweiss)


En décembre, Israël a poursuivi ses assassinats de Palestiniens et ses pratiques d’espionnage. La vague de punitions collectives déclenchée contre la société palestinienne dans la première moitié de décembre a formé une continuité avec la répression du mois, suite à l’attentat à la bombe à Jérusalem. Au cours de l’une des semaines les plus sanglantes de 2022 (entre le 28 novembre et le 5 décembre), pas moins de 11 Palestiniens ont été tués, alors que la semaine suivante a vu la mort de 7 Palestiniens. Chaque jour ou presque a eu son martyr, avec cette opération « Brise-lame » visant la société palestinienne dans son ensemble.

Les tendances de fin d’année montrent également qu’il y a eu une augmentation de 312,5 % par rapport aux précédentes années dans la déportation de Palestiniens en zones A et B suite aux démolitions. Cette année a aussi révélé une augmentation de 250 % dans les démolitions de structures palestiniennes dans ces mêmes zones A et B.

Ce mois-ci, alors qu’en août, Israël et la Turquie semblaient avoir eu des relations prometteuses, les autorités turques ont arrêté quelque 44 personnes soupçonnées d’espionner les Palestiniens au profit du Mossad. La chose peut également être liée à des présomptions de ce que le soutien à la résistance palestinienne pourrait venir de Turquie.

Selon des données collectées par des sources israéliennes, cette année a également mis en évidence le recours disproportionné à la force par les autorités et les colons israéliens, comparé à celui des Palestiniens.

Selon des données collectées par la Fondation pour la défense des démocraties, basée à Washington, au cours des mois qui ont suivi l’annonce officielle de l’opération « Brise-lame » (du début avril à décembre), les attaques israéliennes contre les Palestiniens ont constitué 62,8 % de la violence totale déployée en Cisjordanie, alors que la violence palestinienne n’en constituait qu’un peu plus d’un tiers, avec 37,1 %. Ce chiffre inclut les jets de pierres et de cocktails Molotov contre l’invasion des forces militaires israéliennes.

1er décembre : Un nouveau rapport montre que Netanyahou a accordé au dirigeant d’extrême droite Bezalel Smotrich un pouvoir quasi total sur l’existence des Palestiniens.

Mohammed Ayman Al-Saadi, 26 ans, et Na’im Jamal Al Zubeidi, 27 ans, sont tués par balles au cours de raids israéliens sur Jénine.

2 décembre : Ammar Mefleh, 23 ans, est exécuté à bout portant dans la ville d’Huwwara, près de Naplouse.

4 décembre : Le président israélien arrive à Bahreïn afin de discuter des relations bilatérales avec le roi Hamad bin Isa Al Khalifa.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken fait vœu de s’opposer aux colonies israéliennes décidées par le nouveau gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahou.

5 décembre ; Le président israélien Isaac Herzog atterrit aux EAU afin de délivrer le discours d’introduction du débat sur l’espace à Abu Dhabi. Cela doit consolider plus encore les modalités de la normalisation des accords d’Abraham, ratifiés en septembre 2020.

Omar Youssef Hassan Mana’, 22 ans, est abattu et tué au cours d’un raid israélien contre le camp de réfugiés de Dheisheh, à Bethléem.

6 décembre : Le PM israélien Yair Lapid commente l’appel soumis adressé par Al-Jazeera à la CPI à propos de l’assassinat de Shireen Abu Akleh.

Lapid déclare : « Personne n’interrogera les soldats des FDI et personne ne nous fera de prêches sur la morale en temps de guerre, et certainement pas Al-Jazeera. »

8 décembre : L’extrémiste de droite israélien Itamar Ben Gvir propose un nouveau projet de loi qui accorderait au ministre de la sécurité des pouvoirs sur la police israélienne.

Les colons israéliens organisent une cérémonie de célébration dans l’avant-poste d’une colonie illégale, Homesh, abandonné en 2005, pour mettre en évidence l’impact du gouvernement de droite tout récemment élu. Plus tôt cette année, il avait été ordonné de procéder à la démolition de cette colonie.

Tariq Fawzi Al Damajn 29 ans, Sidqi Zakarna, 29 ans, Atta Yaseen Shalabi, 46 ans, sont abattus et tués à Jénine, dans le même temps que Diyaa Al Rimawi, 16 ans, est tué à Ramallah.

9 décembre : La Commission du parlement européen adopte une résolution sur les perspectives d’une solution à deux États. Dans cette résolution, il est demandé à Israël d’annuler la désignation de six organisations palestiniennes comme « terroristes » de leur permettre de poursuivre leur travail.

11 décembre : Les forces israéliennes envahissent Jénine et tuent Jana Zakarneh, 16 ans, alors qu’elle est sur le toit de sa maison. Le nombre total de Palestiniens tués est de 224.

Au cours d’une campagne de recherche et arrestation dans toute la Cisjordanie, l’AP arrête plus de 250 Palestiniens soupçonnés d’être affiliés au Hamas.

12 décembre : Human Rights Watch soumet son rapport sur Israël à la 94e session de l’ONU pour le Comité des droits de l’enfant.

Le ministère israélien de la Défense approuve le lancement de son nouveau transporteur de troupes blindé Eitan réalisé par Elbit Systems.

14 décembre : Les experts de l’ONU condamnent la violence israélienne contre les Palestiniens qui a fait de 2022 l’année la plus meurtrière en Jordanie depuis 2005.

Dans une déclaration, les experts disent : « Nous rappelons à Israël qu’en attendant le démantèlement de son occupation illégale, les Palestiniens des territoires palestiniens occupés doivent être traités comme des personnes protégées et non comme des ennemis ou des terroristes. »

Le chef de la police israélienne des frontières, Amir Cohen, loue les forces israéliennes qui ont tué l’adolescente Jana Zakarneh le 11 décembre.

Dans une conférence de presse, Cohen déclare : « J’ai conclu, d’après les investigations qui m’ont été présentées quelques heures après l’incident, que nos combattants ont agi moralement, selon les valeurs, avec courage et détermination, et qu’ils ont sauvé des vies. Et, pour cela, je les salue. »

16 décembre : Le ministère israélien de l’Énergie lance un appel d’offres pour la prospection d’hydrocarbone en off-shore qui doit débuter en février 2023.

Les corps de Rafat Sharay’a et de Khaled Anbar ont été restitués à leurs familles pour être enterrés. Tous deux ont été tués le 3 octobre, abattus par les forces israéliennes à proximité du camp de réfugiés de Jalazon, au nord de Ramallah.

17 décembre : Un colon israélien tue deux frères de Jérusalem, Muhammad et Muhannad Mateer, après les avoir écrasés en voiture non loin du check-point militaire de Zaatara, au sud de Naplouse. Des dizaines de colons israéliens attaquent les maisons des Palestiniens dans la ville de Huwwara, au sud de Naplouse.

18 décembre : Le défenseur des droits humains palestiniens, avocat et citoyen français né à Jérusalem, Salah Hammouri, est déporté de force à Paris depuis sa prison en Israël.

21 décembre : Le footballeur et combattant de la résistance Ahmad Daraghmeh, 23 ans, est tué par balle lors d’un raid israélien au tombeau de Joseph, près de Naplouse.

22 décembre : Nasser Abu Hmeid, 50 ans, meurt par négligence médicale dans les prisons israéliennes. Il était l’un des fondateurs de la Brigade des Martyrs d’Al-Aqsa au cours de la Seconde Intifada.

23 décembre : La police israélienne abat Naim Badeer, 23 ans, à Kufr Qassem, à l’intérieur de la Ligne verte, prétendument après une attaque au couteau et une tentative d’attaque à la voiture bélier. Des prises de vue réalisées par la police israélienne montrent que le jeune homme de 23 ans ne tirait pas sur la police quand il a été abattu. Son corps a été confisqué et sa famille n’a par conséquent pas eu le droit de l’enterrer.

27 décembre : La police israélienne annonce qu’elle a arrêté l’auteur des deux attentats à la bombe contre des autobus, à Jérusalem, en novembre. Elle prétend que l’auteur présumé, Islam Faroukh, 25 ans, de Kufr Aqab, était motivé par l’idéologie salafiste et qu’il s’identifiait à l’État islamique.

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Mariam Barghouti est la principale correspondante de Mondoweiss sur la Palestine. 

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Publié le 27 décembre 2022 sur Mondoweiss
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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