Une frappe aérienne israélienne décime la famille d’un correspondant d’Al Jazeera

Mercredi, une frappe aérienne israélienne a tué plusieurs membres de la famille de Wael al-Dahdouh, un correspondant bien connu d’Al Jazeera, dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans la partie centrale de la bande de Gaza.

 

25 octobre 2023. Le correspondant d’Al Jazeera, Wael al-Dahdouh, avec l’un des membres de sa famille tués par une frappe israélienne dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans la partie centrale de la bande de Gaza.

25 octobre 2023. Le correspondant d’Al Jazeera, Wael al-Dahdouh, avec l’un des membres de sa famille tués par une frappe israélienne dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans la partie centrale de la bande de Gaza.  (Photo : Omar Ashtawy / APA images)

 

Maureen Clare Murphy, 25 octobre 2023

Plus de 100 personnes, dont de nombreux membres des familles al-Dahdouh et Awad, se trouvaient dans l’immeuble touché par la frappe aérienne. Un certain nombre de personnes également présentes sur les lieux à ce moment-là sont toujours manquantes, a fait savoir Al Jazeera.

La famille al-Dahdouh avait fui le camp de Nuseirat après l’ordre d’évacuation donné par Israël le 12 octobre, ordre qui concernait plus d’un million de personnes de la partie nord de la bande de Gaza.

Wael al-Dahdouh a appris le massacre de sa famille alors qu’il travaillait en direct sur les ondes, a déclaré Mohamed Moawad, le rédacteur en chef d’Al Jazeera :

Wael al-Dahdouh a appris le massacre de sa famille alors qu’il travaillait en direct sur les ondes

 

L’émission en direct montrait le célèbre correspondant d’Al Jazeera, qui couvre la guerre d’extermination génocidaire menée par Israël depuis le 7 octobre, disant au revoir à sa famille, dont sa femme, son fils Mahmoud et sa fille Sham.

Al Jazeera a diffusé des prises de vue sur lesquelles on peut voir al-Dahdouh agenouillé au-dessus du corps d’un garçon, tout en disant : « Ils se vengent sur nous par le biais de nos enfants. »

 

Al-Dahdouh a expliqué que l’assassinat de sa famille faisait partie des attaques israéliennes en cours ciblant les femmes, les enfants et les civils :

https://twitter.com/AJArabic/status/1717231160315515054?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1717231160315515054%7Ctwgr%5E4afcc0f523fb321e80e2d771951491838a7317ad%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Fmaureen-clare-murphy%2Fisraeli-airstrike-kills-al-jazeera-correspondents-family

 

 

Blinken demande au Qatar de censurer Al Jazeera

La massacre de la famille du correspondant d’Al Jazeera a eu lieu quelques jours après que le secrétaire d’État américain avait affirmé devant un groupe de dirigeants de la communauté juive américaine qu’il avait demandé au Premier ministre du Qatar de modérer la couverture par l’émetteur de la guerre à Gaza.

Axios a rapporté mercredi que,

« selon trois personnes qui avaient assisté à la réunion », Antony Blinken avait prétendu avoir adressé cette requête à la monarchie du Golfe quinze jours plus tôt ».

 

Israël a refusé d’autoriser aux correspondants étrangers l’accès à la bande de Gaza et Al Jazeera est l’un des rares émetteurs internationaux à couvrir en permanence la guerre, par ailleurs considérablement expurgée dans la presse occidentale et israélienne.

Selon Axios, Blinken aurait

« dit qu’il avait demandé aux Qataris de ‘baisser le volume de la couverture d’Al Jazeera parce qu’elle était truffée d’incitations anti-israéliennes’, prétend une source ».

« Blinken n’a pas cité d’exemple de cette rhétorique exacerbée qu’il demandait de réfréner »,

a encore déclaré Axios, ajoutant que le département d’État avait refusé tout commentaire à propos de ses remarques.

 

Israël veut fermer le bureau d’Al Jazeera à Jérusalem

Pendant ce temps, Israël a décidé de fermer le bureau local d’al Jazeera.

 

« Nous sommes profondément inquiets à propos des menaces des responsables israéliens de censurer la couverture médiatique du conflit en cours entre Israël et Gaza, en recourant aux vagues accusations de nuire au moral de la nation »,

a expliqué la semaine dernière Sherif Mansour, du Comité de protection des journalistes.

« Une pluralité de voix médiatiques est essentielle pour demander des comptes au pouvoir, particulièrement en temps de guerre »,

a ajouté Mansour.

Israël avait déjà menacé de fermer le bureau d’Al Jazeera à Jérusalem en 2017, a déclaré l’organe de contrôle de la liberté de la presse.

La correspondante de longue date d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh avait été tuée par un sniper israélien en mai 2022, alors qu’elle couvrait un raid de l’armée d’occupation israélienne dans la ville de Jénine, en Cisjordanie :

 

Personne n’a été rendu responsable de sa mort et les EU ont aidé Israël dans l’escamotage de son assassinat ciblé.

Deux journalistes d’Al Jazeera faisaient partie des six personnes blessées le 13 octobre lors d’une frappe israélienne dans le Sud-Liban qui avait tué un vidéaste de Reuters, Issam Abdallah.

 

Les attaques contre les journalistes à Gaza

Wael al-Dahdouh a déjà été blessé lui aussi par les forces israéliennes. En effet, alors qu’il couvrait la Grande Marche du Retour, à Gaza, en mai 2018, il avait été touché au bras par un éclat de balle.

Al-Dahdouh a parlé du ciblage par Israël en mai 2021, à Gaza, d’une tour hébergeant les bureaux de plusieurs médias, dont Al Jazeera et Associated Press :

 

Al-Dahdouh a déclaré qu’après l’attaque de 2021 les journalistes palestiniens à Gaza ne s’étaient pas découragés.

« Nos voix continueront de se faire entendre »,

a-t-il dit.

Au moins 21 journalistes palestiniens ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre, affirme la Fédération internationale des journalistes.

Les organes de presse palestiniens ont rapporté mercredi que le journaliste Jamal al-Faqaawi avait été tué par une frappe aérienne israélienne contre sa maison à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza :

 

À Gaza, plus de 6 500 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre.

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Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef de The Electronic Intifada.

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Publié le 25 octobre 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine


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