Walid Khaled Abdullah Ahmad, un ado mort en prison en Israël

Dimanche 23 mars, un adolescent palestinien est mort dans une prison israélienne. C’est le premier cas du genre au cours de l’histoire, estime l’organisation Defense for Children International – Palestine (DCI-P). La famille de Walid Khaled Abdullah Ahmad a été avisée de son décès par le Comité des affaires des prisonniers de l’Autorité palestinienne, qui n’a toutefois pas donné de détails sur les circonstances de son décès. Le comité a dit à la famille que Walid avait la gale et souffrait d’une infection intestinale.

 

Walid Khaled Abdullah Ahmad

Walid Khaled Abdullah Ahmad

 

Tamara Nassar, 25 mars 2025

Le garçon de 17 ans, qui était détenu à la prison de Megiddo (nord d’Israël),

« marchait dans la cour de la prison, a été pris d’un vertige, s’est écroulé et se promenant dans la cour de la prison, il a été pris de vertiges, s’est effondré et s’est cogné la tête contre une balustrade »,

rapporte DCI-P.

D’autres jeunes prisonniers ont appelé les gardiens de prison israéliens à l’aide, mais aucun n’a répondu. Les compagnons de Walid l’ont emmené vers une porte, où les gardiens l’ont pris en charge.

Israël refuse de remettre le corps de l’adolescent à sa famille, empêchant ainsi cette dernière à l’enterrer décemment. Cela empêche aussi d’effectuer une autopsie indépendante qui pourrait déterminer la cause exacte de la mort de l’adolescent.

Le 30 septembre 2024, en pleine nuit, Walid avait été arrêté chez lui, à Silwad, un village du nord-est de Ramallah, en Palestine occupée.

Il avait d’abord été emmené dans un centre d’interrogatoire avant d’être transféré à la prison de Megiddo. L’organisation de défense des droits des enfants a fait remarquer que le transfert de prisonniers de Cisjordanie occupée et de Gaza vers Israël est illégal, selon le droit international et qu’il constitue un crime de guerre.

Walid a été

« battu et violenté par les soldats israéliens et emprisonné en Israël, où il a été nourri de portions très réduites d’aliments pourris et soumis à des conditions de surpeuplement et de saleté tout en étant complètement isolé de sa famille »,

a déclaré Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilisation de DCI-P.

 

La torture

Entre-temps, un prisonnier palestinien de 34 ans est mort lui aussi dans une prison palestinienne le mois dernier.

Raafat Adnan Abu Fanuna, originaire de la bande de Gaza, n’avait jamais eu de problème de santé avant d’être arrêté le 7 octobre 2023 en compagnie de son frère Shadi.

Il avait été blessé durant sa détention, fait savoir la Société des prisonniers palestiniens, mais ses gardiens israéliens ne lui avaient permis aucune visite ni n’avaient donné de détails sur son état.

Abu Fanuna est mort au Centre médical Shamir à Tel-Aviv, mais il était détenu à la prison de Ramle.

Depuis le 7 octobre 2023, plusieurs prisonniers sont morts durant leur interrogatoire par le Shin Bet, l’agence israélienne d’espionnage interne et de torture.

Parmi ceux-ci, Iyad Rantisi, un médecin de Gaza, directeur de l’hôpital des femmes à Beit Lahiya dans le nord de l’enclave côtière. Il était mort six jours à peine après son arrestation.

Le bureau du procureur d’État israélien

« a décidé qu’il n’y avait aucune base pour engager une procédure pénale contre les interrogateurs du Shin Bet »,

dans l’affaire Rantisi, ainsi que dans un autre cas au moins, a rapporté le journal israélien Haaretz en décembre.

Ce mois-ci, la Commission d’enquête de l’ONU a publié un rapport qui montre comment les Palestiniens sont souvent soumis à des violences sexuelles au cours de leur emprisonnement.

Ces actes ont été

« commis soit sous des ordres explicites soit à la suite d’un encouragement implicite de la part des hautes instances civiles ou militaires »,

disait le rapport.

Des détenus masculins ont été agressés sexuellement et violés, y compris

« au moyen d’une sonde électrique censée provoquer des brûlures dans l’anus, et par l’insertion d’objets, tels doigts, bâtons, manches de brosse et légumes, dans l’anus et le rectum »,

disait encore le rapport.

Dans l’un des cas, un Palestinien détenu à la tristement célèbre base militaire de Sde Teiman transformée en camp de concentration a été maintenu en position de contrainte pendant qu’un objet en métal était introduit dans son pénis jusqu’à ce qu’il se mette à saigner.

Dans au moins deux cas documentés dans le rapport, deux détenus ont dû subir une intervention chirurgicale ou recevoir un traitement médical après avoir été violés par leurs gardiens israéliens.

Adnan al-Bursh, le chef du département d’orthopédie de l’hôpital Al-Shifa à Gaza qui a été torturé et tué par ses gardiens israéliens, avait lui aussi été soumis à des violences sexuelles, affirme le rapport.

L’an dernier, l’organisation israélienne des droits humains B’Tselem avait publié un rapport expliquant comment, depuis le 7 octobre 2023, les autorités israéliennes avaient converti

« plus d’une douzaine de prisons israéliennes, tant militaires que civiles » en un « réseau de camps consacrés aux violences en tous genres sur leurs détenus ».

Alors que des rapports détaillés mettaient en lumière les abus commis à Sde Teiman, le rapport de B’Tselem révèle qu’un modèle similaire de violences était répandu dans les centres de détention israéliens de la Palestine historique.

Des témoignages d’anciens détenus

« lèvent le voile sur une politique systémique, institutionnelle concentrée sur les violences et la torture de tous les prisonniers palestiniens ».

En décembre 2023, le Comité public contre la torture en Israël mettait en garde contre le fait que le Service carcéral israélien (IPS),

« une institution professionnelle d’incarcération, était en train d’être transformé en une force vindicative et punitive ».

À l’époque, un certain nombre de prisonniers étaient déjà morts après avoir été soumis à des tabassages, des tortures et des violences cruelles et, parmi ces prisonniers, des Palestiniens qui avaient été arrêtés bien avant le 7 octobre 2023.

Les actes de violence incluent la privation de sommeil, la négligence médicale, l’affamement, les corrections, les positions de contrainte, les menaces de violence sur des membres de la famille, et les attaques par des chiens entraînés à cet effet, indiquent les organisations des droits humains.

20 pour 100

La mort de Walid porte à 63 le nombre de Palestiniens qui sont morts en détention en Israël depuis le 7 octobre 2023. Ce chiffre comprend au moins 40 détenus originaires de la bande de Gaza, affirme la Société des prisonniers palestiniens.

Ce chiffre ne reprend que les prisonniers identifiés par la Société des prisonniers palestiniens comme étant décédés en détention en Israël. La directeur de l’organisation, Abdullah al-Zghari, a déclaré l’an dernier que le nombre réel pouvait être de quelques dizaines plus élevé.

C’est « la phase la plus sanglante de l’histoire du mouvement des prisonniers depuis 1967 »,

a déclaré l’organisation le mois dernier.

Il y a eu une augmentation stupéfiante du nombre de prisonniers palestiniens morts en détention en Israël durant l’actuel génocide contre les Palestiniens de Gaza, y compris sous la torture, par négligence médicale et via d’autres formes de maltraitance physique.

Pour mieux éclairer cette augmentation, il faut savoir que 20 pour 100 de tous les cas enregistrés de prisonniers palestiniens morts en détention en Israël depuis 1967 l’ont été après le 7 octobre 2023.

Cette année, le cap des 300 morts parmi les Palestiniens en détention en Israël a été franchi.

Israël continue de retenir les corps de 72 Palestiniens décédés dans ses prisons, dont 61 corps – celui de Walid y compris – de Palestiniens morts depuis le 7 octobre 2023.

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Publié le 25 mars 2025 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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