Frappes israéliennes au Qatar

La seule façon d’expliquer l’attaque par les Israéliens de la direction du Hamas au Qatar, pendant qu’elle discute de la proposition américaine de cessez-le-feu, est qu’Israël ne veut pas que les otages soient libérés ni qu’il soit mis un terme au génocide.

 

 

Photo de Khalil al-Hayya, négociateur en chef du Hamas, après l'attaque terroriste d'Israël au Qatar

Photo de Khalil al-Hayya, négociateur en chef du Hamas, après l’attaque terroriste d’Israël

 

Depuis des dizaines d’années, Israël nous fait voir que la diplomatie est un objectif en soi. À Doha, la chose a été de nouveau très claire : Pendant que les dirigeants du Hamas discutent de la proposition de cessez-le-feu des Américains, Netanyahou les bombarde à coups de missiles. Il est carrément répugnant de jeter des bombes au moment où l’on discute d’un cessez-le-feu, mais cela s’inscrit parfaitement dans la tradition israélienne consistant à cibler diplomates et négociateurs.

Voici quelques mois à peine, en juin 2025, au moment où, à Mascate, l’Iran allait inaugurer avec les EU un nouveau tour de discussions autour de son programme nucléaire, Israël avait frappé. Cette attaque contre l’Iran visait également des négociateurs et des scientifiques iraniens et nombre d’entre eux avaient été tués. Le fait que, dans le même temps, les EU avaient eux aussi bombardé des installations iraniennes, avait rendu impossible toute discussion autour du programme nucléaire.

Un an plus tôt, en juillet 2024, le dirigeant du Hamas Ismaïl Haniyeh était assassiné à Téhéran. À l’époque également, le but était le même : torpiller aussi bien un cessez-le-feu autour de Gaza qu’un accord nucléaire entre les EU et l’Iran.

Cette façon de faire remonte aux années 1970. En 1997, le Mossad essayait d’empoisonner le dirigeant du Hamas Khaled Meshaal à Amman, au beau milieu d’un processus de paix officiel. En 1988, Abu Jihad, le numéro deux de l’OLP, était assassiné à Tunis parce qu’il orientait l’organisation vers la diplomatie. Et, en 1972 déjà, Mahmoud Hamshari, le représentant de l’OLP, était tué par l’explosion d’une bombe placée dans son téléphone. Son « crime » était d’avoir noué des contacts diplomatiques en Europe.

Toute tentative de négociation ou de médiation a été systématiquement anéantie, quel que soit le temps ou le lieu. Le modèle est indéniablement le même chaque fois : De Paris à Doha, Israël attaque délibérément les négociateurs et les médiateurs.

Entre-temps, les pays européens continuent d’armer Israël alors qu’il s’agit d’une violation à la chaîne du droit international et des normes diplomatiques. Les initiatives de paix sont habilement sabotées et la diplomatie est rendue structurellement impossible.

Sans pression internationale, cela ne cessera pas. Ce n’est pas une stratégie mais une inconscience dangereuse qui entraîne toute la région. Le moindre signal de diplomatie est perçu comme une faiblesse par Israël, qui y répond par la violence. C’est une politique qui élimine les médiateurs et qui ferme systématiquement la porte à la paix.

Sous le régime extrémiste de Netanyahou, Israël transgresse impunément une ligne rouge après l’autre. La communauté internationale, avec les EU en tête, détourne les yeux et n’intervient pas, ce qui fait qu’une bande de gangsters disposant d’armes nucléaires peut continuer à détruire, assassiner, nettoyer ethniquement, enterrer des otages, liquider des négociateurs et éliminer tous les chemins qui mènent vers la paix.

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Francis Jorissen sur FB

 
 
 

Communiqué du Hamas

 

La tentative perfide de l’occupation sioniste d’assassiner aujourd’hui la délégation de négociation du mouvement Hamas dans la capitale qatarienne, Doha, constitue un crime odieux, un acte d’agression manifeste et une violation flagrante de toutes les normes et lois internationales.

Ce crime est une atteinte à la souveraineté de l’État frère du Qatar qui, aux côtés de l’Égypte sœur, joue un rôle essentiel et responsable dans le parrainage des efforts de médiation visant à mettre fin à l’agression, à parvenir à un accord de cessez-le-feu et à organiser un échange de prisonniers. Il révèle une fois de plus la nature criminelle de l’occupation et sa volonté de torpiller toute possibilité d’accord.

Nous affirmons que l’ennemi a échoué dans sa tentative d’assassiner les frères de la délégation de négociation, tandis qu’un certain nombre de nos frères ont rejoint le rang des martyrs, atteignant ainsi les plus hauts degrés de gloire. Il s’agit de :

Le martyr Jihad Labad (Abu Bilal) – Directeur du bureau du Dr Khalil al-Hayyah
Le martyr Humam al-Hayya (Abu Yahya) – Fils du Dr Khalil al-Hayyah
Le martyr Abdullah Abdul Wahid (Abu Khalil) – Bureau
Le martyr Muamen Husuna (Abu Omar) – Bureau
Le martyr Ahmed al-Mamlouk (Abu Malik) – Bureau

 

 

Nous pleurons également le martyr caporal Badr Saad Mohammed al-Humaidi, membre des forces de sécurité intérieure qataries (Lekhwiya).

Nous prions Allah de les envelopper de Sa vaste miséricorde et de leur accorder la plus haute place dans Son Paradis.

Le fait que la délégation de négociation ait été prise pour cible précisément alors qu’elle discutait de la dernière proposition du président américain Donald Trump confirme, sans l’ombre d’un doute, que Netanyahou et son gouvernement ne recherchent aucun accord. Au contraire, ils s’emploient délibérément à saboter toutes les opportunités et à saper les efforts internationaux, au mépris de la vie de leurs prisonniers détenus par la Résistance, de la souveraineté des États, ainsi que de la sécurité et de la stabilité de la région.

Nous tenons l’administration américaine pour coresponsable, aux côtés de l’occupant, de ce crime, en raison de son soutien continu à l’agression et aux crimes commis par l’occupation contre notre peuple.

Ce crime a démontré que l’occupation sioniste constitue un danger imminent pour la région et pour le monde, et que Netanyahou cherche à effacer notre cause nationale et les droits de notre peuple, en les poussant vers le déplacement forcé, tout en poursuivant ses projets criminels de génocide, de nettoyage ethnique, de famine et d’expulsion.

Nous, au sein du Mouvement de résistance islamique (Hamas), appelons les nations du monde, les Nations unies et toutes les forces vives ainsi que les consciences libres à condamner cette agression criminelle contre l’État frère du Qatar, à agir de toute urgence pour faire pression sur l’occupant afin qu’il mette un terme à sa guerre d’extermination et de nettoyage ethnique, à rendre justice à notre peuple palestinien et à soutenir son droit légitime à la liberté et à l’autodétermination.

Cette lâche tentative d’assassinat ne modifiera en rien nos positions ni nos revendications claires, qui sont les suivantes : la cessation immédiate de l’agression contre notre peuple, le retrait complet de l’armée d’occupation de la bande de Gaza, un véritable échange de prisonniers, l’acheminement d’une aide humanitaire à notre peuple et la reconstruction.

Nous affirmons que ces crimes terroristes ne briseront pas la détermination de notre mouvement et de nos dirigeants, et ne nous dissuaderont pas de défendre fermement les droits nationaux de notre peuple, ni de poursuivre la voie de la résistance jusqu’à la levée de l’occupation de notre terre et l’établissement de notre État palestinien indépendant, avec Al-Quds (Jérusalem) pour capitale.

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Source : Enemy Watch

Traduction : Le cri des peuples

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