Des immeubles s’effondrent sur des familles de Gaza alors que la pluie inonde les tentes

Israël continue de tuer et de blesser des Palestiniens dans toute la bande de Gaza tout en bombardant les zones situées à l’est de de la fameuse ligne jaune. Il empêche toujours l’entrée des abris et des fournitures élémentaires durant les incessantes tempêtes qui ont fait s’effondrer des tentes et des immeubles partiellement détruits sur la tête des gens qui s’y trouvaient.

 

Des immeubles s'effondrent sur des familles de Gaza alors que la pluie inonde les tentes. Photo : Ville de Gaza, 17 décembre 2025. Des Palestiniens déplacés demandent que s'accélèrent les efforts de reconstruction et l'entrée des maisons mobiles préfabriquées censées remplacer les tentes, insuffisantes pour protéger les gens des rudes conditions hivernales.

Ville de Gaza, 17 décembre 2025. Des Palestiniens déplacés demandent que s’accélèrent les efforts de reconstruction et l’entrée des maisons mobiles préfabriquées censées remplacer les tentes, insuffisantes pour protéger les gens des rudes conditions hivernales. (Photo : Omar Ashtawy / APA images)


Nora Barrows-Friedman
, 19 décembre 2025

Le texte qui suit est un condensé des informations communiquées lors du livestream du 18 décembre. Vous pouvez voir l’émission au complet ici.

 

Israël a tué 394 Palestiniens et en a blessé près de 1 100 depuis le prétendu cessez-le-feu du 10 octobre, estime le ministère palestinien de la Santé à Gaza.

Mercredi, le ministère a fait savoir qu’au moins un Palestinien avait été tué et un autre blessé au cours d’attaques israéliennes.

Mahmoud Basal, porte-parole de la défense civile, a ramassé des éclats d’obus à la suite d’une attaque israélienne mercredi, dans le centre de Gaza. Onze personnes ont été blessées dans l’explosion.

Le reporter Saed Hasbullah a réalisé ce clip.

Les forces israéliennes ont bombardé des zones de l’est du camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord, et de l’est de Khan Younis et Rafah dans le sud de la bande de Gaza, alors qu’on rapporte que des bulldozers sont entrés dans les zones nord de Deir al-Balah, dans la partie centrale de la bande de Gaza.

Mardi, les forces israéliennes ont lancé des attaques aériennes et ont tiré des obus en deçà de la fameuse ligne jaune, et ont ouvert le feu dans des zones de la partie centrale de Gaza, y compris à Deir al-Balah et dans le camp de réfugiés d’al-Bureij.

Le bureau humanitaire de l’ONU a déclaré dimanche 14 décembre que les bombardements et frappes aériennes d’Israël avaient visé de multiples endroits durant tout le week-end, y compris, ce dimanche, une voiture dans une rue très animée de Gaza. Quatre personnes au moins avaient été tuées et quelque 25 passants blessés.

Le reporter Hamdan Dahdouh a filmé des équipes d’ambulanciers et de sauveteurs rassemblant des débris humains et des parties de corps à la suite de cette frappe.

Onze Palestiniens ont été tués et plus de 50 blessés en 48 heures exactement, entre vendredi et dimanche.

 

Des habitations s’effondrent

Au moins 16 morts, dont trois enfants, ont été rapportés ces derniers jours alors que les sévères tempêtes hivernales et les vents violents continuent d’emporter les tentes déjà passablement fragiles et des bâtiments partiellement détruits où de nombreuses personnes ont cherché refuge en dernier recours contre le froid très dangereux.

L’agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a fait savoir que plusieurs immeubles inondés s’étaient écroulés sur les personnes qui s’y étaient réfugiées.

Le 12 décembre, Mohammad Tamous a filmé l’effondrement d’une maison appartenant à la famille Abu Safiya à Beit Lahiya, dans le nord de Gaza.

Le porte-parole de la défense civile, Mahmoud Basal, a déclaré que, la semaine dernière, au moins 17 immeubles résidentiels s’étaient complètement effondrés et 90 partiellement.

Il a ajouté que les pluies continuent d’inonder les tentes, laissant des milliers de familles sans abri, puisque Israël refuse d’autoriser l’entrée d’abris adéquats, y compris des caravanes préfabriquées, des engins lourds et des matériaux de construction afin de protéger les gens des éléments.

Le reporter Saed Hasbullah a filmé un adolescent montrant les dégâts infligés par les pluies torrentielles et les inondations et s’écriant :

« Nous nous noyons, ô Seigneur… Où sont les gens ? Où est l’humanité ? »

Au moins trois enfants sont morts d’hypothermie dans la semaine écoulée à cause du froid et du refus continu d’Israël d’autoriser l’entrée des abris et matériaux nécessaires.

Le journaliste Hamza Qreiqeh a réalisé ce clip montrant Hadeel Abdullah Hamdan, 9 ans, transporté vers une clinique dans une couverture par un membre de sa famille. L’enfant est mort, dit-on, dans un camp de déplacement à Gaza même.

Lundi 15 décembre, un bébé de deux semaines, Muhammad Khalil Abu Al-Khair, est mort d’hypothermie extrême après avoir passé plusieurs jours aux soins intensifs, ont rapporté des sources médicales.

Et, le 11 décembre, un autre enfant en bas âge, Taim Alkhawaja, est lui aussi mort d’hypothermie au camp de réfugiés de Beach. Un clip vidéo du reporter Hassan Salem montre un homme âgé portant le corps minuscule de l’enfant enveloppé dans un linceul.

Jonathan Fowler, de l’UNRWA, a déclaré à Al Jazeera qu’à l’extérieur de la bande de Gaza, l’agence

« dispose de fournitures pour abriter plus d’un million de personnes et qu’elle pourrait les faire entrer. Et c’est donc un choix politique que de nous refuser la possibilité de faire entrer toute cette aide ».

Le bureau gouvernemental des médias de Gaza a déclaré le week-end dernier que plus d’un quart de million de personnes déplacées ont été affectées par les pluies, les inondations et les glissements de terrain qui ont endommagé ou détruit leurs tentes délabrées.

Le bureau a ajouté :

« Ce désastre, contre lequel nous avions mis en garde, que nous avions discuté et prédit, vient dans le contexte de la catastrophe humanitaire plus large résultant de la guerre génocidaire et du siège inique imposé par l’occupation israélienne à la bande de Gaza. »

« L’occupation continue de bloquer les passages, d’empêcher l’entrée de l’aide humanitaire et des matériaux pour les abris, de 300 000 tentes, maisons mobiles et caravanes, et d’empêcher également la construction ou la préparation des abris alternatifs pour les personnes déplacées »,

a ajouté le bureau.

 

Des hôpitaux où les réparations sont impossibles

L’hôpital Al-Shifa, qui était le plus grand de Gaza et dont la construction était antérieure à l’État israélien, a été la cible de nombreux sièges, raids et bombardements au cours des deux années de génocide. Il a été inondé, depuis, ce qui a encore dégradé la situation des patients et du personnel médical qui sont toujours dans l’impossibilité de recevoir des médicaments élémentaires, des équipements et des fournitures pour réparer les bâtiments.

Lundi, Mahmoud Basal, de la défense civile, a posté cette vidéo montrant l’eau inondant la réception et le département triage à partir des plafonds endommagés.

Plus tôt cette semaine, Tareq Abu Azzoum, d’Al Jazeera, s’est filmé en train de parcourir la structure complètement évidée de l’hôpital des Amitiés turques. L’hôpital était le seul site de traitement du cancer à Gaza jusqu’au moment où l’armée israélienne s’en est emparée et l’a détruit de l’intérieur.

 

Trois adolescents tués par des soldats israéliens et par un colon

En Cisjordanie occupée, les forces israéliennes ont tué trois enfants, cette semaine, au cours d’attaques séparées.

Le 13 décembre, des soldats israéliens ont tué et abattu Muhammad Eyad Abahra, 16 ans, dans une localité située au nord-ouest de Jénine.

 

Muhammad Eyad Abahra

Muhammad Eyad Abahra

 

Selon les informatio$ns récoltées par Defense for Children International – Palestine (DCI-P),

« on suppose que Muhammad participait à des confrontations avec les forces israéliennes et ce, en compagnie d’autres jeunes Palestiniens qui jetaient des engins explosifs en direction d’un véhicule blindé israélien lors d’une incursion de l’armée à Silat al-Harithiya, lorsqu’il a été abattu à 15 ou 20 mètres de distance ».

Il a été visé par des soldats israéliens qui avaient pris position dans une maison palestinienne. L’adolescent s’est écroulé et plusieurs soldats l’ont traîné vers l’entrée de la maison, a raconté DCI-P.

Les soldats ont ensuite empêché une ambulance de s’approcher de l’adolescent et ils l’ont laissé saigner pendant une dizaine de minutes.

Ils l’ont ensuite placé à l’intérieur d’un véhicule militaire, puis ont quitté la ville. Le ministère palestinien de la Santé a reçu des infos sur sa mort un peu plus tard le même soir.

Son corps a été confisqué, a déclaré DCI-P.

Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilisation de DCI-P, a dit que

« Muhammad avait grandi dans un environnement hyper-militarisé, où les soldats israéliens effectuent régulièrement des incursions dans les communautés palestiniennes, harcèlent et arrêtent des Palestiniens aux check-points, et en tuent, enfants y compris, à balles de guerre et dans l’impunité la plus complète ».

Les soldats israéliens, a-t-il ajouté,

« continuent de cibler les enfants avec leurs moyens meurtriers et en toute impunité du fait que les dirigeants mondiaux leur permettent d’agir de la sorte sans qu’il y ait de conséquences ».

Le 15 décembre, les forces israéliennes ont pris d’assaut le village de Tuqu, à l’est de Bethléem, en tirant à balles réelles depuis leurs positions dans le centre-ville, ont affirmé les médias locaux.

Les soldats israéliens ont tué Ammar Sabah, 16 ans, d’une balle dans la poitrine.

Moins de 24 heures plus tard, un colon israélien a tué un autre adolescent de 16 ans d’une balle dans la tête à proximité de l’entrée nord de Tuqu. Muheeb Ahmad Ali Jabrin a été tué sur le coup et un autre jeune souffre de blessures.

L’agence d’information Wafa a déclaré que le meurtre avait eu lieu peu après que les Palestiniens avaient fini la cérémonie funéraire en l’honneur d’Ammar Sabah.

Selon le maire de Tuqu, les gens en deuil commençaient à s’en aller mais plusieurs jeunes sont restés près de l’entrée de la ville. Un colon est alors sorti de son véhicule et s’est mis à tirer à balles réelles dans leur direction, sans le moindre avertissement.

DCI-P dit qu’en 2025, les soldats et les colons israéliens ont tué au moins 54 enfants palestiniens en Cisjordanie occupée.

Dans son rapport de fin d’année, l’organisation dit que 2025 a prouvé

« avec une clarté dévastatrice, que les enfants palestiniens font face à une crise, non pas du droit, mais de son application. Les protections internationales existent. Les obligations internationales sont claires. Mais la communauté internationale continue de protéger Israël alors que ses forces affament, torturent, font disparaître et tuent des enfants palestiniens avec une brutalité sans précédent ».

Entre-temps, au camp de réfugiés de Nur Shams, dans le nord, les habitants palestiniens sont forcés de quitter leurs maisons à la suite d’ordonnances de démolition émises par l’armée israélienne et concernant 25 immeubles résidentiels et maisons.

Les habitants de Nur Shams ont été soumis à des fouilles humiliantes par les forces israéliennes alors qu’ils tentaient de rassembler leurs affaires dans leurs logements avant qu’ils ne soient démolis.

Le camp tout entier est soumis à un siège par l’armée israélienne depuis janvier 2025.

Roland Friedrich, le directeur des affaires de l’UNRWA pour la Cisjordanie occupée, a dit mardi que

« cette nouvelle ordonnance de démolition suit le modèle que nous avons vu trop souvent cette année, avec les forces israéliennes qui détruisent des maisons afin de faciliter leurs contrôle à long terme des camps du nord de la Cisjordanie, en altérant leur topographie en permanence ».

 

Les prisonniers politiques britanniques en grève de la faim

Quant à l’activisme au Royaume-Uni, six prisonniers politiques des geôles britanniques et associés au groupe interdit Palestine Action sont actuellement en grève de la faim depuis plusieurs semaines.

Asa Winstanley, de The Electronic Intifada, a récemment interviewé la sœur de Kamran Ahmed, l’un des prisonniers, et qui est la porte-parole du groupe Prisonniers pour la Palestine, lequel soutient la grève de la faim.

Les grévistes exigent d’être libérés sous caution, d’avoir droit à un procès équitable et ils exigent également la fin immédiate de ce qu’ils décrivent comme étant des persécutions de la part du gouvernement britannique.

La plupart sont déjà en détention préventive depuis plus longtemps que le maximum de six mois autorisé par la loi avant procès.

Cette semaine, les sympathisants des activistes emprisonnés, dont la députée Zarah Sultana et deux médecins, ont assuré une présence à l’extérieur de la prison de Bronzefield où est détenue Qesser Zuhrah, qui en est presque à 50 jours de grève de la faim.

Prisonniers pour la Palestine dit que, le 17 décembre, Zuhrah a fait état de symptômes requérant une intervention médicale urgente.

« Malgré les appels répétés à des soins d’urgence, le personnel carcéral a jusqu’à présent refusé l’entrée d’ambulances et a reporté tout traitement au lendemain, forçant la députée Zarah Sultana et les professionnels de la médecine à camper toute la nuit en dehors de la prison »,

a déclaré le groupe de solidarité.

Le gréviste de la faim Jon Cink a rapporté que, le 16 décembre, vers 21 heures, il avait vu une ambulance contrainte de faire demi-tour par le personnel carcéral.

Le 18 décembre, après plus de 12 heures de protestations incessantes à l’extérieur de la prison, une ambulance a finalement été autorisée à se rendre à Qesser Zuhrah.

Mercredi, Rahma Hoxha, la sœur de la gréviste de la faim emprisonnée Teuta Hoxha, a adressé une mise à jour à The Electronic Intifada à propos de l’état de santé de sa sœur.

 

Mise en évidence de la résilience

Enfin, selon notre habitude, nous avons voulu mettre en exergue les personnes exprimant leur joie, leur détermination et leur résilience un peu partout à Gaza et dans le monde.

Ahmed Muin Abu Amsha, un professeur de musique, a posté cette vidéo où on le voit diriger un groupe d’enfants lors d’un chant près de la plage, entre deux tempêtes. Il écrit :

« Malgré la force des vents, les lourdes pluies et le froid mordant de la tempête, nous nous sommes rassemblés. »

« Nous avons été détrempés par la pluie, le temps était sans pardon, mais nous avons refusé de laisser ces conditions emporter la joie des enfants. En pleine tempête, nous avons choisi la musique. Nous avons choisi le rire, le chant et les moments chaleureux qui nous ont rappelé à tous que le bonheur peut toujours exister, même dans les périodes les plus dures. »

« Voir les sourires sur les visages des enfants valait chaque goutte de pluie. Aujourd’hui, nous ne nous sommes pas seulement évadés du mauvais temps – nous avons ramené la joie dans leurs cœurs. La musique est plus forte que la tempête. La joie est plus forte que le froid. »

 

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Publié le 19 décembre 2025 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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