Stop à la complicité de l’Europe

La Plate-forme Charleroi-Palestine a organisé ce jeudi 10 juin 2010 un rassemblement devant l’Hôtel de Ville, pour réclamer la fin – sous toutes ses formes – de la complicité de l’Europe, et de la Belgique qui en fait partie, et des villes et communes qui la composent, avec la colonisation de la Palestine et avec les crimes de guerre commis de manière répétitive par Israël. L’acte de piraterie en haute mer commis le 31 mai n’est en effet que le dernier en date d’une longue, très très longue série.

Manifestation pour la fin de la complicité de l’Europe avec les crime d’Israël

Textes lus par Vanina Lala et Yannick Vanonckelen, membres de la Plate-forme Charleroi-Palestine

L’Europe complice des crimes israéliens, y’en a marre !

Après avoir massacré femmes et enfants par centaines, bombardé écoles et hôpitaux, utilisé des armes interdites, empêché les ambulances de porter secours aux blessés souvent en les prenant pour cible;

Après avoir fait exécuter par ses services secrets des centaines de Palestiniens dans le monde, après avoir fait écraser Rachel Corrie par un des bulldozers monstrueux de son armée parce qu’elle tentait de protéger la maison d’un médecin palestinien à Rafah;

Après avoir nié l’existence même des Palestiniens et de la Palestine, dénigré systématiquement les élites palestiniennes, après avoir tenté – souvent avec succès, hélas – de faire croire au monde entier que tous ceux qui osent élever la moindre critique contre ses agissements barbares sont des antisémites, voire des terroristes;

Après avoir ainsi qualifié d’antisémite un juge mondialement respecté, juif et sioniste lui-même, parce qu’il a par simple honnêteté et rigueur intellectuelle déposé à l’ONU un rapport dans lequel il constate qu’Israël a commis à Gaza il y a un an et demi des crimes de guerre de grande ampleur;

Après avoir renié systématiquement tous ses engagements les plus solennels tant vis-à-vis de la « communauté internationale » que vis-à-vis des représentants du peuple palestinien;

Après avoir maintenu dans ses prison plus de 10.000 palestiniens, parfois sans jugement et presque toujours après un jugement sommaire sans aucun respect des droits de la défense, et après avoir soumis à la torture pas mal d’entre eux…

Après avoir privé de tout moyen d’existence des villages palestiniens entiers en construisant, sur le sol palestinien, un hideux mur de béton qui les séparent de leurs terres agricoles;

Après tout cela, et beaucoup d’autres actes inqualifiables encore – on n’en finirait pas de les énumérer mais on ne peut pas y passer la nuit… – Israël a donc commis un nouveau massacre, qui s’il n’est pas le plus massif de tous ceux qu’il a à son palmarès sanglant, est un des plus incompréhensibles, des plus absurdes et des plus révoltants.

Israël tue impunément des humanitaires internationaux venant apporter leur modeste contribution aux victimes de l’embargo qui frappe Gaza depuis 1993, qui n’est qu’une autre forme d’occupation, et qui constitue – au sens juridique de l’expression comme au sens politique et au sens humain, tout simplement – un crime contre l’humanité.

Nous ne pouvons plus tolérer la passivité complice des gouvernements européens, de l’Union Européenne, et de la Belgique. Nous ne pouvons rester insensibles face à ces atrocités sans nom, et nous ne pouvons supporter qu’elles soient en quelque sorte commises en notre nom, puisque nos dirigeants sont toujours prêts à fermer les yeux sur les pires crimes israéliens.

Nous devons avoir des exigences vis-à-vis de nos dirigeants politiques, et nous devons le leur faire savoir : c’est le sens de notre présence ici, pour exiger la fin du blocus, une enquête indépendante sur ce qui vient d’arriver et des sanctions contre Israël et son gouvernement d’assassins.

Mais nous devons aussi, chacune chacun d’entre nous, agir de manière logique et conséquente dans les actes de notre vie quotidienne.

En clair, de manière très pratique, cela veut dire que nous devons toutes et tous nous associer au boycott des produits israéliens, convaincre nos amis, nos connaissances, notre famille d’en faire autant.

LA PALESTINE VIVRA, MAIS ELLE A BESOIN DE VOTRE AIDE. DE NOTRE AIDE A TOUS !


Je n’écris pas des poèmes, mais de toutes façons,
les poèmes ne sont pas des poèmes

« Je n’écris pas de poèmes mais, de toutes façons, les poèmes ne sont pas des poèmes.

Il y a longtemps, on m’a fait comprendre que la Palestine n’était pas la Palestine; et j’ai aussi été informé que les Palestiniens n’étaient pas des Palestiniens.

On m’a également expliqué que le nettoyage ethnique n’est pas un nettoyage ethnique. Et quand le vieux naïf en moi a vu des combattants pour la liberté, on m’a expliqué très patiemment qu’ils n’étaient pas des combattants pour la liberté.

Stupidement, j’ai remarqué l’arrogance, l’oppression et l’humiliation, et ils m’ont alors éclairé avec bienveillance de telle sorte que je puisse voir que l’arrogance n’est pas de l’arrogance, que l’oppression n’était pas de l’oppression et que l’humiliation n’était pas de l’humiliation.

J’ai vu la misère, le racisme, l’inhumanité et un camp de concentration. Mais ils m’ont assuré qu’ils sont experts en misère, en racisme, en inhumanité et en camps de concentration et que je pouvais les croire sur parole : ceci n’était pas de la misère, du racisme, de l’inhumanité et un camp de concentration.

Au fil des années, il m’ont raconté tant et tant de choses: qu’une invasion n’était pas une invasion, qu’une occupation n’était pas une occupation, que le colonialisme n’était pas du colonialisme, et que l’apartheid n’était pas de l’apartheid.

Ils ont ouvert mon esprit simple à des vérités encore plus complexes que mon pauvre cerveau était bien incapable de concevoir par lui-même. Par exemple : “posséder des armes nucléaires” n’était pas “posséder des armes nucléaires”, “ne pas posséder d’armes de destruction massive » c’était “avoir des armes de destruction massive”.

Et aussi : la démocratie (dans la Bande de Gaza) ce n’était pas la démocratie.
Mais avoir des citoyens de seconde zone (en Israël) ça c’était la démocratie.

Alors, excusez-moi si je ne suis guère surpris d’apprendre aujourd’hui qu’il y a plus de choses encore que je ne croyais qui pouvaient sembler évidentes mais qui ne le sont pas : les militants pour la paix ne sont pas des militants pour la paix, la piraterie n’est pas de la piraterie, le massacre de civils désarmés n’est pas un massacre de civils désarmés.

J’ai un cerveau si limité et mon ignorance est illimitée.
Et ils sont si foutrement intelligents. Vraiment. »

Ce texte plein d’une ironie un peu amère est de Ghassan Hage, un professeur d’ethnologie de l’Université de Melbourne, en Australie.

Ils sont foutrement intelligent, dit-il.
Ou plutôt foutrement organisés. Leur machine militaire, leur machine de propagande à l’échelle mondiale, les puissants intérêts qu’ils dissimulent derrière un langage dont chaque mot est piégé, tout cela est en effet redoutable.
Mais la réaction provoquée parmi les peuples du monde entier par le dernier massacre en date dont ils se sont rendus coupables – massacre qui est loin pourtant d’être le plus grave dans leur sinistre palmarès – montre qu’ils ne sont pas invincibles. Ils font couler le sang, mais pourtant ils reculent.

La longue lutte du peuple palestinien a connu beaucoup d’échecs, mais quoi qu’on puisse en penser le chemin parcouru vers la reconnaissance de son droit à l’autodétermination est énorme. Souvent Israël paraît triompher, mais chacun de ses triomphes s’avère souvent être une défaite politique.

La lutte sera longue et difficile encore, mais chacune et chacun d’entre nous a l’ardente obligation morale et politique de la poursuivre.

Nous ne le devons pas seulement aux Palestiniens, qui paient aujourd’hui le prix de la lâcheté de l’Europe. Nous nous le devons aussi à nous-mêmes, si nous ne voulons pas que nos enfants ou nos petits enfants nous demandent « comment as-tu pu laisser faire cela » et « qu’as-tu fait pour empêcher ces horreurs » ?
Alors, au boulot !

PALESTINE VAINCRA !

 


Le rassemblement a réuni 250 personnes devant l’Hôtel de Ville de Charleroi, et la Plate-forme Charleroi-Palestine a eu la satisfaction d’enregistrer à cette occasion l’adhésion individuelle d’un nombre record de nouveaux membres.
Une délégation a été reçue par le bourgmestre de Charleroi, M. Jean-Jacques VISEUR (CDH) et l’échevin Paul Ficheroulle (PS). Le bourgmestre s’est associé aux manifestants pour condamner la tuerie commise par la marine de guerre israélienne contre la « flottille de la liberté », le 31 mai. Il a relevé une idée émise, dit-il, par Jean Daniel – lequel est peu suspect d’hostilité contre l’existence d’Israël – qui suggère que l’Union Européenne matérialise le « droit d’ingrérence » dont elle se targue depuis quelques années en mettant elle-même sur pied une « flottile de la liberté » qui aille briser le blocus intolérable de Gaza.

Informé par nos soin de la poursuite – en dépit des assurances répétées données par son président, Jean-Luc DEHAENE – du financement par DEXIA de la colonisation du territoire palestinien Jean-Jacques VISEUR s’est déclaré « très irrité », car – dit-il – lorsque les administrateurs de Dexia-Belgique posent des questions à ce propos on leur assure que « le problème est résolu » et qu’il « n’est plus d’actualité ».

Des preuves concrètes du contraire lui ont été communiquées, et d’autres encore le seront très rapidement. Jean-Jacques VISEUR s’est engagé, sur ces bases, à proposer à Thierry JACQUES, président du Mouvement Ouvrier Chrétien (lequel est actionnaire de DEXIA), une vigoureuse intervention pour qu’une fois pour toutes DEXIA cesse de financer les colonies juives en territoire palestinien via sa filiale israélienne.

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