Rencontrez le Centre de boxe des femmes palestiniennes de Gaza

Après avoir dû lutter au cours des cinq années écoulées sans le moindre soutien et avoir tenu ses entraînements dans un petit local du sous-sol de la maison du capitaine Osama Ayoub, le Centre de boxe des femmes palestiniennes a finalement ouvert ses portes en décembre 2022

 

Le Centre de boxe des femmes palestiniennes à Gaza, en décembre 2022. (Photo : via WANN)

Le Centre de boxe des femmes palestiniennes à Gaza, en décembre 2022. (Photo : via WANN)

 

Salsabeel M. A. Abu Loghod (*) – Gaza, 8 février 2023

Certes, il reste des difficultés. Le Centre est le premier club de boxe féminin de Gaza. Avec ses 30 membres, il cherche à améliorer les capacités d’autodéfense des Palestiniennes, leur condition physique et leur perte de poids par le biais de l’intégration de l’élément féminin au monde palestinien de la boxe.

Le club doit affronter plusieurs défis en raison du siège hermétique imposé par Israël à l’enclave ainsi que du refus de la société palestinienne d’enseigner ce genre de sport aux filles. Malgré l’adhésion aux traditions et coutumes de la société, dont une salle couverte, et le fait d’avoir des coachs féminines pour les filles, il n’y a pas de moyen de transport pour ces dernières et aucun soutien financier n’a été fourni malgré des appels à plus de 90 médias, entre autres arabes, locaux et internationaux.

« Nous avons reçu des commentaires négatifs sur nos comptes des médias sociaux, prétendant que les femmes ne devraient pas s’entraîner, mais rester assises chez elle aux côtés de leur mari. D’autres ont dit : ‘Nous ne voulons pas que les femmes battent les hommes’ »,

a déclaré Ayoub.

Toutefois, quelques commentaires positifs sont également apparus, invitant instamment Ayoub à persévérer dans son idée d’autonomisation des femmes au sein d’une société dominée par les mâles.

« Nous avons des filles talentueuses qui peuvent représenter la Palestine dans des tournois de boxe sportive à l’étranger »,

a fait remarquer Ayoub.

Parmi les jeunes athlètes figure Farah Abu Al-Qumsan, 15 ans. Au cours d’un congé scolaire, il y a cinq ans, Farah avait discuté avec une de ses amies, parente du capitaine, qui lui avait parlé du club de boxe récemment ouvert. Farah avait décidé de s’y inscrire. Ses parents lui avaient permis de le faire en tant que première fille du club. Elle a donc commencé à boxer à l’âge de 11 ans et, en novembre 2020, elle a participé à un tournoi local au King’s Club à Gaza et y a été récompensée comme meilleure participante.

« Même quand j’étais enfant, j’ai toujours été fascinée par la boxe et je rêvais de devenir une championne comme Muhammad Ali ou Mike Tyson »,

explique Farah.

On lui dit souvent que c’est un sport réservé uniquement aux garçons. Toutefois, bien des gens lui adressent des louanges et cela l’aide à surmonter les critiques.

« Je rejetais les commentaires négatifs en disant que chaque fille devrait pratiquer la boxe »,

dit Farah. Sa mère, Umm Sufyan, 39 ans, l’a encouragée à boxer.

« Avec la volonté de Dieu, je continuerai de la soutenir jusqu’au bout et elle élèvera bien haut le nom de la Palestine dans tous les pays arabes et étrangers »,

a déclaré la mère de Farah.

À l’instar de Farah, Malak Tariq Ziyad Musleh a souvent été critiquée elle aussi parce qu’elle faisait de la boxe.

Malak est l’une des boxeuses du Centre de boxe des femmes palestiniennes. Elle a débuté la boxe à l’âge de 12 ans, il y a cinq ans. Elle a également participé au tournoi du King’s Club en 2020.

« Dès que j’ai vu de la boxe sur YouTube, je me suis toujours demandé pourquoi nous n’avions pas un sport de ce genre. C’est pourquoi, quand ç’a finalement été le cas, j’ai voulu essayer à mon tour »,

m’a confié Malak.

« Mon papa m’a beaucoup soutenue du fait que ma famille savait que j’étais très timide. J’ai choisi la boxe parce que j’aime penser hors de la norme. Cela s’est avéré une merveilleuse expérience »,

a encore déclaré Malak.

Bien des gens qui ont assisté au tournoi ont encouragé les filles par des slogans et des chants. Cela leur a donné la force d’aller de l’avant alors que d’autres personnes restaient critiques.

« Mes amies avaient honte et elles pleuraient quand elles recevaient des commentaires négatifs. Par conséquent, depuis que je suis la plus vieille de l’équipe, je me suis mise à les soutenir et à les encourager »,

a expliqué Malak.

Suite aux commentaires négatifs, plusieurs filles ont cessé de boxer pendant un petit temps mais, grâce au soutien d’Ayoub, elles ont surmonté toutes ces difficultés.

Elles développent leurs capacités en regardant l’entraînement des boxeuses internationales sur Internet.

« Mon rêve est de hisser bien haut le drapeau de la Palestine et de participer à des championnats locaux et internationaux afin, que le monde puisse voir qu’il y a des gens en Palestine doués de talents merveilleux »,

a conclu Malak.

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Cet article a été copublié par The Palestine Chronicle.

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Salsabeel M. A. Abu Loghod est une autrice freelance et traductrice de Gaza. Elle a fait ses études à l’Université Al-Aqsa et s’est spécialisée dans la littérature anglaise. Elle écrit de la poésie créative, des nouvelles, des romans, des pièces de théâtre. Elle cherche à transmettre divers jolis messages à propos de son pays, la Palestine, en termes de beauté divine, de coutumes, de traditions et de proverbes populaires qui se sont transmis d’une génération à l’autre. Elle espère que sa voix portera jusqu’aux quatre coins du monde.

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Publié le 8 février 2023 sur We are not Numbers
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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