L’ampleur des impacts de la révolution palestinienne, de ses influences et de son actualité incessante dans le monde se reflète dans toute une série de moments de solidarité, d’internationalisme et d’action diplomatique.

La révolution palestinienne a été la plus longue dans le temps et la plus largement soutenue de l’histoire arabe moderne et elle a également été l’une des luttes anticoloniales les plus importantes de notre époque.

Ses relations avec des révolutions du même genre dans le monde se sont traduites par de nombreux moments de solidarité. Un lien particulièrement fort a existé avec l’Algérie.

Le FLN a inspiré à la stratégie palestinienne de la lutte armée l’alliance de divers groupes politiques sous une bannière commune. Après l’indépendance, l’Algérie est devenue une source loyale et fiable de soutien politique, militaire et logistique. L’établissement d’une représentation officielle dans ce pays a constitué un important moment dans l’histoire de la solidarité avec la Palestine.

Il y eut des moments où l’on assista à de remarquables percées diplomatiques. Parmi celles-ci, le Sommet de la Ligue arabe, à Rabat, en octobre 1974, qui vit la reconnaissance de l’OLP en tant que seule représentante légitime du peuple palestinien.

Nombre de moments étaient souvent interconnectés : la décision du Sommet de la Ligue arabe de Rabat concernant la reconnaissance de la représentation palestinienne ouvrit la voie au discours de Yasser Arafat devant les Nations unies en 1974. Ce fut l’un des moments clés dans les réalisations diplomatiques palestiniennes au 20e siècle et elle aboutit à la reconnaissance des droits inaliénables du peuple palestinien dans sa patrie, la Palestine, avec l’OLP en tant que sa seule et unique représentante légitime. Il en résulta également la participation aux Nations unies de l’OLP en tant que membre observateur. La question de la Palestine, qui avait été écartée de l’agenda de l’ONU en 1952, y revenait désormais en pleine vigueur.

Cet important moment à l’ONU en 1974 permit à la révolution palestinienne d’étendre sa portée internationale. Au sein de l’ONU, une intense activité eut lieu qui se traduisit par la création de l’Unité spéciale sur les droits palestiniens (plus tard promue au statut de division), en même temps que par la désignation, le 29 novembre, de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien.

Suite à la décolonisation, les Nations unies accueillaient désormais des représentants du monde arabe, de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine qui affirmaient une grande sympathie pour la cause palestinienne et partageaient ses objectifs. Certains, comme George Tomeh, ambassadeur de la Syrie à l’ONU entre 1966 et 1972, étaient des spécialistes des droits palestiniens. Toutefois, l’absence d’une présence palestinienne officielle à l’ONU signifiait que les droits inaliénables du peuple palestinien n’y étaient pas pleinement représentés et expliquait pourquoi la campagne diplomatique de l’OLP, en 1974, fut d’une telle importance capitale pour la faire progresser dans l’arène même où les droits nationaux souverains étaient reconnus internationalement.

En sus des Nations unies, cet important moment de l’ONU, en 1974, donna plus de force encore aux efforts palestiniens en vue du développement de la représentation palestinienne dans le monde entier et permit une importante revalorisation du statut officiel des Palestiniens dans les pays avec lesquels ils entretenaient déjà de solides relations, comme la Chine.

Des moments clés de solidarité résultèrent d’un engagement populaire arabe général dans la cause palestinienne. Dans le Golfe, par exemple, le Koweït se mua en une forte base de soutien. Il fournit non seulement un espace pour la collecte de fonds, mais y alla aussi d’interventions bien décidées dans les forums internationaux parmi lesquels, par exemple, les événements sportifs et les fédérations de clubs.

Des espaces progressistes, comme les conférences internationales des femmes, connurent également d’importants moments clés de solidarité. Des mouvements de libération, dont celui des Palestiniens, travaillèrent côte à côte lors de ces événements et développèrent des plates-formes de soutien à la lutte révolutionnaire et aux droits inaliénables du peuple palestinien.

D’autres moments clés furent créés par le biais d’une réponse internationale aux crises majeures, telle l’invasion du Liban par Israël en 1982, qui fournit un bel exemple d’intensification de la solidarité au cours de laquelle le travail accumulé, entre autres, par les réseaux créés dans les années précédentes, porta ses fruits. De nombreux pays, mouvements de libération, dirigeants, intellectuels, médecins, combattants volontaires et artistes se rassemblèrent pour soutenir la révolution palestinienne assiégée, et ce, au cours d’un élan de solidarité internationale sans précédents.

Karma Nabulsi est chargée de cours en politique au collège St Edmund Hall de l’université d’Oxford.

Avec son équipe elle a réalisé un cours en ligne sur la révolution palestinienne.

Le cours est disponible sur : learnpalestine.politics.ox.ac.uk.

Le texte ci-dessus est le septième chapitre de la partie
Apprendre la révolution

Traduction : Jean-Marie Flémal

Mise en page + quelques photos et liens supplémentaires : la rédaction de ce site