Massacre au camp de réfugiés palestiniens Tal Al-Zaatar

12 août 1976 : Massacre du camp de réfugiés palestiniens Tal Al-Zaatar à Beyrouth

Au cours de l’été 1976 en pleine guerre civile libanaise, le camp de réfugiés palestiniens Tal Al-Zaatar, situé à Beyrouth et habité par 60 000 réfugiés palestiniens depuis la Nakba de 1948, est assiégé par plusieurs milliers de miliciens chrétiens maronites. Ils sont membres des Phalangistes, milice principale, mais aussi du groupe anti-palestinien des « Gardiens du Cèdre », des « forces Kataeb » et du « mouvement Marada ». Leur coalition était soutenue par la Syrie de Hafez al-Assad, qui était intervenue en 1976 contre la coalition MNL / OLP [Mouvement National Libanais – Organisation de Libération de la Palestine] qui combattait le gouvernement libanais dominé par les chrétiens. L’armée libanaise ainsi que des conseillers de l’Etat sioniste ont également aidé les miliciens.

Le camp a été défendu par 1 500 combattants palestiniens. Il était fortifié et des tunnels souterrain ont été creusés pour la protection des civils et le stockage de munitions. Comme il était situé à l’Est de Beyrouth, sur le côté chrétien de la Ligne verte (ligne de démarcation à Beyrouth durant la guerre civile qui séparait les quartiers musulmans de Beyrouth-Ouest des quartiers chrétiens de Beyrouth-Est), il était sous l’attaque constante des forces chrétiennes et gouvernementales.

Deux mois avant la reddition du camp, le siège se resserre avec le soutien massif de l’Armée syrienne. L’eau et l’électricité furent d’abord coupés : les gens furent privés d’approvisionnement jusqu’à manquer de tout, jusqu’à mourir de faim.

En plein siège, les habitants du camp envoient un message au monde :

Affiche du FPLP commémorant le massacre de Tal Al-zaatar
Affiche du FPLP commémorant le massacre de Tal Al-zaatar

« Nous vous parlons maintenant… pas pour obtenir de la sympathie, mais pour montrer une position de fermeté héroïque que ce camp a maintenu à chaque instant de ce long siège… Mais nous tenons à vous informer que nous allons nous battre à mains nues pour la défense de ce camp même si toutes nos munitions sont épuisées et que toutes nos armes ont disparu, et que nous nous serrerons la ceinture afin que la faim ne nous tue pas. Car nous avons pris la décision de ne pas nous rendre et nous ne nous rendrons pas (…)

Nous avons survécu à la faim, à la soif et au manque total de médicaments, avec un potentiel de fermeté que personne ne peut paralyser ni casser. En effet, nous savons qu’en défendant notre camp, nous défendons en réalité notre existence même, la vie de nos peuples, leur volonté d’exister et leur détermination à lutter pour leur retour dans leur patrie. »

Le 11 août, les Palestiniens du camp se rendent suite à un accord qui prévoit l’évacuation par la Croix-Rouge de tous les habitants y compris les combattants. Mais le lendemain, le 12 août, les milices chrétiennes entrent dans Tal Al-Zaatar et massacrent tous les Palestiniens qu’ils rencontrent. Tués par balles ou armes blanches, explosés par des grenades au sein même de leurs maisons, c’est un carnage. Un grand nombre de viols est également signalé.

Le 14 août 1976, les miliciens déclarent le camp complètement « nettoyé ».

 
Affiche du FPLP commémorant le massacre de Tal Al-zaatar

Le bilan officiel est de 2000 morts. Beaucoup de personnes ont été enterrées dans des tombes anonymes. Des milliers d’habitants du camp ont du fuir, celui-ci a été totalement rasé pour empêcher tout retour.

À ce jour, les coupables du massacre de Tal Al-Zaatar et de la famine organisée n’ont pas été punis.

Georges Abdallah, issu d’une famille de chrétiens maronites, a été énormément marqué par cet épisode sanglant. En 1976, il fait alors partie du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP). Il militera tout au long de la guerre civile au Liban contre les massacres confessionnels et il prendra part à la Résistance palestinienne au sein des camps de réfugiés au Liban.

Pour de nombreux combattants palestiniens, au Liban, en Palestine occupée ou ailleurs, mais aussi pour nombreux combattants arabes, dont Georges Abdallah, le massacre de Tel Al-Zaatar fut un symbole de la brutalité des réactionnaires arabes (libanais et syriens) soutenus par l’Etat sioniste. Mais ce fut surtout le symbole de la Résistance de tout un peuple face à l’occupation !


Publié le 12/8/2019 sur Palestine Vaincra

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