Gaza : une scène d’horreur déclenche deux jours de violence

Scène d’horreur : Les soldats qui manœuvrent le bulldozer roulent sur le corps de l’homme blessé et le jettent sur le sol « pour confirmer sa mort ».

Scène d'horreur : Les soldats qui manœuvrent le bulldozer roulent sur le corps de l'homme blessé et le jettent sur le sol « pour confirmer sa mort ».

L’incertitude règne au beau milieu des rapports non confirmés concernant un cessez-le-feu unilatéral déclaré par les combattants palestiniens après deux jours de tirs intenses de part et d’autre de la frontière entre Gaza et Israël et de frappes israéliennes sur Damas.

En raison des élections qui doivent se tenir la semaine prochaine, Israël a prétendu que plus de 90 roquettes avaient été lancées depuis Gaza dimanche et lundi. Mardi, pour le deuxième jours consécutif, des écoles du sud du pays ont reçu l’ordre de fermer leurs portes.

L’armée israélienne a visé ce qu’elle décrit comme de multiples sites du Djihad islamique dans la bande de Gaza. Israël a également fermé la zone de pêche de Gaza et ses check-points le long de la frontière, bloquant ainsi l’allée et venue des personnes et des marchandises entrantes et sortantes.

une scène horrible déclenche deux jours de violence

Un combattant du Djihad islamique garde le site d’une frappe aérienne à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza. (Photo : Ashraf Amra APA images)

Ce dernier épisode de confrontation armée a débuté très tôt dimanche après que les forces israéliennes ont tiré des obus sur deux hommes à proximité de Khan Younis, dansle sud de Gaza.

Israël a prétendu que les hommes avaient enterré une bombe le long de la frontière et a publié des images de surveillance montrant deux personnages plaçant un objet près de la clôture, ainsi qu’une photo prétendant montrer l’engin explosif.

Un incident horrible

Peu après les tirs israéliens, des équipes médicales et des gens du coin sont arrivés sur les lieux. Des soldats leur ont tiré dessus alors qu’ils tentaient d’évacuer les deux hommes blessés par les tirs d’obus.

Près de deux heures après les premiers tirs, des Palestiniens sont parvenus à évacuer l’un des hommes blessés, qui a été emmené à l’hôpital et déclaré dans un état critique. Les soldats israéliens ont blessé par balle l’un des sauveteurs à la jambes, rapporte Al Mezan, une association des droits de l’homme de Gaza.

Pendant ce temps, un bulldozer de l’armée israélienne et un char ont rejoint l’autre homme initialement blessé. Cela s’est passé « parmi des tirs intenses qui ont blessé un autre citoyen », a ajouté Al Mezan.

L’association en faveur des droits a déclaré que les soldats qui manœuvraient le bulldozer ont roulé sur le corps de l’homme blessé quelques heures plus tôt par les tirs d’obus et qu’ils l’ont ensuite jeté sur le sol « pour confirmer sa mort ».

Des témoins ont enregistré une vidéo de cet horrible scène

https://twitter.com/i/status/1231473597664940032

Le premier des trois clips de la vidéo montre la lame du bulldozer qui écrase et retourne à plusieurs reprises le corps de l’homme blessé.

Le deuxième clip montre le corps de l’homme qui pendouille au bord de la lame du bulldozer.

Et le troisième montre le bulldozer et le char qui s’avancent vers la clôture de frontière en emportant le cadavre de l’homme.

On ne sait pas exactement combien de temps s’est déroulé entre les divers clips de la vidéo, qui a été abondamment visionnée depuis sa publication sur Twitter par l’agence de presse Shebab.

The New York Times a rapporté qu’un porte-parole de l’armée israélienne avait faussement prétendu qu’al-Naem et l’autre homme blessé au cours des tirs d’obus se trouvaient en territoire israélien.

Suite à l’abondante diffusion de la vidéo, l’appareil de la propagande israélienne s’est empressé de justifier les actions de l’armée.

« Des violations flagrantes »

Adalah, un groupe des droits de l’homme opérant en Israël, a déclaré que la vidéo de l’incident montrait les forces israéliennes en train de commettre « des crimes de guerre et des violations flagrantes » des lois internationales, et le groupe a exigé qu’il y ait une enquête judiciaire à ce propos.

Al Mezan a comparé la violence subie par le corps d’al-Naem à la mort en 2003 de l’activiste américaine de la solidarité Rachel Corrie, qui avait elle aussi été écrasée par un soldat israélien aux commandes d’un bulldozer à Gaza.

Le groupe des droits de l’homme a ajouté que l’impunité dont bénéficiait Israël encourageait de tels crimes de la part de ses forces d’occupation et il a appelé les États tiers à soutenir les enquêtes de la Cour pénale internationale sur les crimes de guerres présumés d’Israël.

En septembre dernier, la Cour suprême israélienne a approuvé la non-restitution des dépouilles des Palestiniens abattus par les forces d’occupation afin de pouvoir les utiliser comme monnaie d’échange lors de futures négociations.

Le semaine dernière, Naftali Bennett, le ministre israélien de la Défense, déclarait : « Nous gardons en réserve les corps des terroristes afin de mettre la pression sur l’autre camp. »

Le Djihad islamique a déclaré que l’homme écrasé par le bulldozer, Muhammad Ali Hasan al-Naem, 27 ans, était l’un de ses combattants.

Le Djihad islamique a riposté plus tard dans la journée de dimanche en lançant des roquettes vers Israël à partir de Gaza. Aux roquettes ont répondu des frappes aériennes visant ce qu’Israël a qualifié de cibles du Djihad islamique à Gaza et en Syrie.

Ziyad Ahmad Mansour, 23 ans, et Salim Ahmad Salim, 24 and, tous deux des réfugiés palestiniens du camp de réfugiés de Yarmouk et faisant partie du Djihad islamique, étaient au nombre des six personnes rapportées comme tuées lors des frappes israéliennes sur Damas.

Israël avait également visé des figures du Djihad islamique à Damas au cours du dernier épisode d’hostilités directes en novembre dernier. Ses frappes aériennes avaient touché la maison d’Akram al-Ajouri, le chef de l’aile militaire du groupe de résistance, tuant un de ses fils, a-t-il été rapporté.

Au cours de ces deux jours de combat, Israël a tué plus de 35 Palestiniens à Gaza, dont environ une moitié de civils.


Maureen Clare Murphy est rédactrice associée de The Electronic Intifada et elle vit à Chicago.

Publié le 24 février 2020 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal

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