Une Cisjordanienne, première Palestinienne à mourir du COVID-19

Des travailleurs palestiniens produisent des équipements de protection contre le COVID-19 dans un atelier de Naplouse

24 mars. Des travailleurs palestiniens produisent des équipements de protection contre le COVID-19 dans un atelier de Naplouse, en Cisjordanie occupée. (Photo : Mohammed Turabi ZUMA)

Une sexagénaire est devenue la première Palestinienne à mourir du COVID-19, l’affection respiratoire provoquée par le nouveau coronavirus.

Elle était originaire du village de Biddu, près de Ramallah, en Cisjordanie occupée, a annoncé l’Autorité palestinienne ce mercredi.

Le fils de cette femme et son épouse, tous deux quadragénaires, ont également été testés positifs au virus, ce qui porte le nombre total de cas en Cisjordanie occupée à plus de 60, la plupart concentrés aux alentours de Bethléem et de Ramallah.

Pendant ce temps, le nombre de cas à Gaza est passé à neuf.

Dimanche, l’Autorité palestinienne a instauré un confinement de 14 jours en Cisjordanie, dans une tentative d’endiguer la propagation du virus.

Malgré la pandémie, Israël n’a pas levé le pied dans ses violences contre les Palestiniens.

Lundi, lors d’un incident particulièrement choquant, un ouvrier palestinien présentant des sympômes rappelant ceux de la grippe et souffrant de fièvre a été largué par la police israélienne à un check-point en Cisjordanie.

« Des témoins ont affirmé que l’homme, appelé Malek, a franchi le check-point de Maccabim avant de s’écrouler sur le sol »,

a rapporté le quotidien de Tel-Aviv, Haaretz.

Une vidéo montre l’homme immobile, gisant au sol, avant qu’une ambulance palestinienne ne lui vienne en aide :

L’homme a expliqué à Haaretz qu’après qu’il était tombé malade, son employeur l’avait emmené à l’hôpital Ichilov à Tel-Aviv, où on lui avait apporté les premiers soins.

« Il a déclaré qu’un garde de l’hôpital l’avait renseigné à la police et qu’un combi était venu le chercher. Des agents l’avaient menotté et emmené au check-point de Maccabim où, toujours selon l’homme, ils ”l’avaient balancé dehors”, avant même que les résultats de ses tests au coronavirus ne soient revenus »,

a rapporté Haaretz.

Des dizaines de milliers d’ouvriers palestiniens travaillent en Israël sans pratiquement le moindre droit ni protection.

Au beau milieu de la pandémie, Israël a déclaré que des milliers de Palestiniens pouvaient travailler en Israël, mais qu’ils devaient y rester deux mois sans rentrer chez eux, souvent sans endroit adéquat pour dormir et en restant donc séparés pendant tout ce temps de leurs familles en Cisjordanie.

Du fait qu’Israël connaît une poussée majeure du nombre de cas de COVID-19, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a prévenu qu’il pourrait imposer un confinement complet à la population dans les tout prochains jours.

Ce mercredi, il y avait près de 2 400 cas confirmés et cinq morts, selon le ministère israélien de la Santé.

Gaza lutte pour se préparer

Pendant ce temps, mercredi soir, le ministère gazoui de la Santé a annoncé sept nouveaux cas de COVID-19 dans la bande de Gaza.

Cela porte à neuf le nombre total de cas de coronavirus à Gaza.

Il s’avère que les sept nouveaux cas ont tous contracté le virus au contact des deux premiers cas annoncés samedi dernier.

Les deux premiers patients, qui avaient déjà été placés en quarantaine dès leur retour dans l’enclave après avoir assisté à une conférence au Pakistan, ne s’étaient même pas aperçus d’un changement dans leur état, a fait savoir mercredi le ministère gazaoui de la Santé.

Aucun des neuf cas n’a quitté la quarantaine ni ne s’est mêlé au public normal. Le ministère de la santé a rassuré le public en disant qu’aucun cas de COVID-19 n’avait été enregistré en dehors des centres de quarantaine de Gaza.

Les autorités de Gaza augmentent le nombre de tests sur les résidents de retour au territoire, a déclaré aux médias le porte-parole du ministère de la Santé, le DR Ashraf al-Qedra.

Le ministère a fait de son mieux pour se préparer aux cas additionnels, malgré les pénuries chroniques de médicaments, de kits de test et autres fournitures provoquées par le siège imposé depuis 13 ans par Israël au territoire, a précisé al-Qedra.

« L’occupation israélienne pratique le racisme systématique envers notre peuple et expose délibérément les existences de deux millions d’habitants à des risques face à la nouvelle pandémie de coronavirus »,

a encore dit al-Qedra.

Al-Qedra a appelé les agences de Nations unies et autres institutions internationales à aider Gaza de toute urgence à se procurer des respirateurs, des kits de test du COVID-19, des médicaments et des équipements de protection.

L’économie et le système de santé de Gaza ont été dévastés par trois offensives israéliennes majeures, depuis 2008, et par le blocus prolongé imposé par Israël.

Une usine au moins de la ville de Beit Lahiya, dans le nord de Gaza, répond aux pénuries en confectionnant des tenues médicales avec l’aide de partenaires en Chine :

Un appel à lever les sanctions

Au vu des premières infections au coronavirus confirmées à Gaza, le congressiste Mark Pocan a réitéré un appel de représentants américains à l’administration Trump afin qu’elle agissse.

« Les États-Unis doivent restaurer leur aide humanitaire à Gaza et forcer Israël à mettre un terme immédiatement à son blocus »,

a tweeté Pocan.


C’est peu susceptible de se réaliser, toutefois. Jusqu’à présent, les États-Unis ont ignoré les appels à soulager les sanctions brutales contre l’Iran, qui ont gravement entravé la capacité de ce pays à combattre une épidémie dévastatrice de coronavirus qui a déjà tué plus de 2 000 personnes.

 

L’administration Trump a même durci ces sanctions, en dépit de l’épidémie.

Mercredi, plus d’une douzaine de grandes organisations confessionnelles américaines, dont l’Église épiscopale, l’Église presbytérienne et l’American Friends Service Committee,ont écrit au président Donald Trump en l’invitant instamment de lever les sanctions contre l’Iran, la Syrie et Gaza en raison de la pandémie.

« Nous vous invitons d’urgence à lever les sanctions, qui ont un impact négatif sur les populations civiles, et les autres restrictions qui entravent les capacités des gouvernements à répondre à la crise de la santé »,

déclare la lettre.

« Ceci inclut les sanctions financières qui impactent la capacité des pays à importer des fournitures et des équipements médicaux dont ils ont un énorme urgent. »

Des prisonniers palestiniens en quarantaine

Pendant ce temps, plusieurs Palestiniens détenus par Israël sont gardés dans des conditions inadéquates de quarantaine, a déclaré mardi l’association Addameer, qui s’occupe des droits des prisonniers.

Les Palestiniens ont été transférés le 19 mars de la prison de Petah Tikva vers la clinique de la prison de Ramle sans qu’on leur en explique la raison.

Ce n’est que lorsqu’ils sont arrivés à Ramle qu’on leur a dit qu’ils avaient été en contact avec un travailleur israélien de la prison qui avait été testé positif au nouveau coronavirus.

Un avocat d’Addameer a pu s’entretenir par téléphone avec les hommes – Ahmad Nassar, Qais Daraghmeh et Ibrahim Awad.

Selon l’avocat, chacun est détenu dans une pièce séparée qu’il n’a pas l’autorisation de quitter. Les hommes reçoivent leurs repas ; toutefois, ils ne peuvent boire que de l’eau du robinet. Ils n’ont pas été testés pour le coronavirus, mais on leur prend la température deux fois par jour.

Un autre prisonnier palestinien a été placé en isolement après que l’homme qui l’interrogeait a été testé positif au COVID-19.

Le Conseil palestinien des organisations des droits de l’homme insistent auprès du Comité internaitonal de la Croix-Rouge et des organisations internationales afin qu’ils réclament la libération des détenus à risque.

Mercredi, dans plusieurs prisons israéliennes, des prisonniers palestiniens se sont mis à refuser leurs repas afin de protester contre les mesures prises par les autorités carcérales, lesquelles sont susceptibles de les exposer au virus.

Addameer a continué à émettre des inquiétudes à propos de la menace que constitue le COVID-19 pour les quelque 5 000 Palestiniens enfermés en prison en Israël dans des conditions indignes.

Parmi ces détenus figurent 180 mineurs d’âge et 799 détenus malades ou blessés.


Publié le 25 mars 2020 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal

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