Calomnier Ken Loach et Jeremy Corbyn : la nouvelle politique d’intoxication

Le crime du cinéaste Ken Loach – de même que celui de Corbyn – n’était pas l’antisémitisme mais le fait d’avoir rappelé une époque où la solidarité de classe inspirait le combat pour un monde meilleur.

Ken Loach

Ken Loach

Ken Loach, l’un des cinéastes britanniques les plus applaudis, a passé plus d’un demi-siècle à se pencher sur le sort peu enviable des pauvres et des gens vulnérables. Ses films ont souvent dépeint l’indifférence occasionnelle ou l’hostilité active de l’État quand il exerce son obscur pouvoir sur les gens ordinaires.

Le mois dernier, Loach s’est retrouvé plongé au plus profond d’un drame cruel qui aurait pu sortir tout droit de l’un de ses propres films.

Ce vétéran de la chronique des maux de la société a été obligé de démissionner en tant que juge dans un concours interscolaire contre le racisme, puisqu’il y a été lui-même faussement accusé de racisme et qu’on ne lui a laissé aucun recours.

La voix des gens sans pouvoir

Il ne devrait guère y avoir de doute sur les références de Loach, tant comme antiraciste que comme partisan incisif des gens sans pouvoir et des maudits.

Dans ses films, il a tourné son regard inébranlable sur certains des épisodes les plus horribles de la répression et de la brutalié de l’État britannique en Irlande, ainsi que sur certains combats historiques contre le fascisme dans d’autres parties du monde, depuis l’Espagne jusqu’au Nicaragua.

Mais son attention critique s’est surtout concentrée sur la façon honteuse dont la Grande-Bretagne traite ses démunis, ses minorités et ses réfugiés.

Dans son film récent, Moi, Daniel Blake, il a examiné l’absence d’humanité des bureaucraties de l’État dans l’application des mesures d’austérité, alors que son film sorti cette année, Sorry We Missed You, se penche sur l’existence de la main-d’œuvre à contrats « zéro heure », forcée de choisir entre la nécessité de travailler et la responsabilité à l’égard de la famille.

Inévitablement, ces études acerbes du dysfonctionnement social et politique de la Grande-Bretagne – mise en exergue de façon plus forte encore par l’actuelle pandémie du coronavirus – signifient que Loach est beaucoup moins fêté chez lui qu’il ne l’est dans le reste du monde, où ses films sont régulièrement honorés par des récompenses.

Ce qui peut expliquer pourquoi les accusations extraordinaires de racisme – ou plus spécifiquement d’antisémitisme – dont il fait l’objet n’ont pas été plus largement dénoncées comme malveillantes.

Une campagne de dénigrement

Dès le moment où, en février, il a été annoncé que Loach et Michael Rosen, un célèbre poète de gauche écrivant pour les enfants, allaient faire partie du jury d’un concours artistique interscolaire contre le racisme, les deux hommes ont été confrontés à une campagne de diffamation incessante et hypermédiatisée.

Mais, étant donné que Rosen est juif, c’est Loach qui a encaissé le plus gros de l’attaque.

L’association derrière le concours, Show Racism the Red Card (Sortez la carte rouge contre le racisme), qui, initialement, avait refusé de céder aux pressions, a rapidement reçu des menaces portant sur son statut caritatif ainsi que sur son travail d’éradication du racisme dans le football.

Dans une déclaration, la société de production de Loach, Sixteen Films, a déclaré que Show Racism the Red Card avait fait

l’objet d’une campagne agressive visant à persuader les syndicats, les départements gouvernementaux, les clubs de football et les hommes politiques de cesser de financer l’association de bienfaisance et son travail ».

« Des pressions en coulisse » ont été exercées de la part du gouvernement et de certains clubs de football, qui se sont mis à menacer de durcir les liens avec l’association.

Plus de 200 personnalités du sport, des milieux universitaires et du monde artistique ont pris la défense de Loach, a fait remarquer Sixteen Films, mais l’« existence même » de l’association caritative a très rapidement été remise en question.

Confronté à cette attaque soutenue, Loach a accepté de donner sa démission le 18 mars.

Il ne s’était pas agi dans ce cas de protestations ordinaires, mais organisées avec une efficience impitoyable et elles avaient rapidement bénéficié d’une écoute hautement favorable dans les corridors du pouvoir.

Un lobby israélien à la façon des États-Unis

À la direction de la campagne contre Loach et Rosen, on trouvait le Comité des députés des Juifs britanniques et le Mouvement travailliste juif (JLM) – deux groupes déjà familiers à de nombreuses personnes de la gauche.

Ces deux groupes ont travaillé précédemment de l’intérieur et de l’extérieur du Parti travailliste afin de contribuer à saboter son chef élu, Jeremy Corbyn.

Ce dernier a démissionné ce mois-ci pour être remplacé par Keir Starmer, son ancien ministre du Brexit, et ce, après avoir perdu une élection générale en décembre au profit du Parti conservateur au pouvoir.

Les efforts dissimulés et de longue haleine du JLM en vue de déboulonner Corbyn ont été dénoncés voici deux ans au cours d’une enquête secrète filmée par Al-Jazeera.

Le JLM est un petit groupe de pression chaudement pro-israélien et affilié au Parti travailliste, tandis que le Comité des députés des Juifs britanniques prétend fallacieusement qu’il représente la communauté juive de Grande-Bretagne, alors qu’en réalité il ne sert que de lobby au service des éléments les plus conservateurs de cette même communauté juive.

Se faisant l’écho de leur toute dernière campagne contre Loach, les deux groupes ont régulièrement accusé Corbyn d’antisémitisme et de présider ce qu’ils ont appelé un Parti travailliste « institutionnellement antisémite ».

Malgré le fait qu’elles ont attiré une importante attention médiatique, mais dénuée de critique, sur leurs allégations, aucune des deux organisations n’a pu produire la moindre preuve dépassant le simple niveau anecdotique.

La raison de ces campagnes de dénigrement a à peine été dissimulée.

Loach et Corbyn partagent un long passé de défenseurs passionnés des droits palestiniens, à une époque où Israël intensifie ses efforts pour anéantir tout espoir de voir un jour les Palestiniens obtenir un État ou le droit à l’autodétermination.

Ces dernières années, le Comité des députés et le JLM ont adopté les tactiques d’un lobby à l’américaine en étant bien décidés à faire disparaître du domaine public toute critique à l’égard d’Israël.

Ce qui suit n’a rien d’un hasard : Plus les abus d’Israël envers les Palestiniens empirent, plus ces groupes de pression accroissent les difficultés de parler de justice pour les Palestiniens.

Starmer, le successeur de Corbyn, s’est donné beaucoup de mal pour apaiser le lobby durant la campagne en vue de l’élection de la direction travailliste, le mois dernier, en n’était que trop heureux de confondre critiques envers Israël et antisémitisme afin d’éviter une semblable confrontation.

Sa victoire a été acclamée tant par le Comité que par le JLM.

L’assassinat d’un personnage

Mais la façon dont a été traité Ken Loach montre que l’utilisation de l’antisémitisme comme une arme est loin d’être révolue et que la chose se répétera encore contre les critiques les plus en vue à l’égard d’Israël.

C’est une épée de Damoclès suspendue au-dessus des têtes des futures dirigeants du Labour, et elle les forcera à exclure les membres du parti qui s’obstineront à mettre en lumière soit les abus croissants d’Israël envers les Palestiniens soit le rôle infâme des groupes de pression pro-israéliens comme le Comité et le JLM.

La base des accusations contre Loach était très peu convaincante, au mieux, et était enracinée dans cette logique circulaire qui est devenue récemment la norme quand on évalue des exemples supposés d’antisémitisme.

Le crime de Loach, s’il faut en croire le Comité des députés et le JLM, résidait dans le fait qu’il avait nié – en ligne avec toutes les données – que le Parti travailliste était « institutionnellement antisémite ».

Le demande de preuves destinées à étayer les allégations avancées par les deux comités et prétendant que le Labour traverse actuellement une crise d’antisémitisme est désormais traitée elle aussi comme une preuve même d’antisémitisme, puisque cela transforme la chose en une sorte d’équivalent de la négation de l’Holocauste.

Mais quand, au début, Show Racism the Red Card a tenu tête aux calomnies, le Comité et le JLM ont produit une nouvelle allégation en guise de suivi.

Et il s’est avéré que l’association antiraciste y a recouru comme à un prétexte pour se soustraire aux ennuis qui n’allaient pas tarder à s’accroître si elle continuait à soutenir Loach.

La nouvelle allégation contre Loach ne consistait pas tant en un assassinat de personnage qu’en un assassinat en vertu d’une très vague association.

En effet, le Comité et le JLM ont épinglé le fait très peu remarquable que, voici un an, Loach avait répondu à un courriel émanant d’un membre exclu du syndicat GMB.

L’homme, Peter Gregson, demandait l’évaluation personnelle de Loach à propos d’une vidéo dans laquelle il accusait le syndicat de l’avoir victimisé à propos de son opposition à la nouvelle définition consultative de l’antisémitisme donnée par l’IHRA (Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste), qui assimile ouvertement l’antisémitisme et toute forme de critique envers Israël.

La définition de l’IHRA a été imposée au Parti travailliste voici deux ans par les mêmes groupes – le JLM et le Comité des députés des Juifs –, et ce, en grande partie dans l’intention d’isoler Corbyn. Il y avait eu beaucoup d’opposition du côté des membres de la base.

Résister à la nouvelle définition

Le groupe de pression en faveur d’Israël a aimé cette définition – sept de ses onze exemples d’antisémitisme se rapportent à Israël et non aux juifs – parce qu’elle plaçait Corbyn et ses partisans dans l’impossibilité de critiquer Israël sans se voir agonir d’allégations d’antisémitisme en le faisant.

Loach faisait partie du grand nombre de partisans de Corbyn à essayer de résister à l’adoption forcée de la définition de l’IHRA.

Et il ne fut donc guère étonnant, au vu des affirmations de Gregson et des similitudes de son affaire avec de nombreuses autres mentionnées par Loach depuis des décennies, que le cinéaste ait répondu en proposant son opinion critique de la vidéo qui lui était soumise.

Ce n’est que plus tard que Loach avait appris qu’il y avait d’autres inquiétudes, à propos du comportement de Gregson, y compris une allégation selon laquelle il se serait brouillé avec un membre juif du syndicat.

Loach avait alors pris ses distances vis-à-vis de Gregson et avait fini par appuyer la décision du syndicat GMB.

Ç’aurait dû être la fin de l’affaire. Loach est un personnage public qui estime que cela fait partie de son rôle de s’engager avec des gens ordinaires qui ont besoin d’aide – étant donné ses opinions politiques, il serait hypocrite à moins. Mais Loach n’est pas omniscient. Il ne peut connaître le passé de chaque individu qui croise son chemin. Il ne peut se faire une idée de quelqu’un avant que cette personne ne lui adresse un courriel.

Il serait absurde, toutefois, de prendre pour argent comptant les inquiétudes exprimées par le Comité et le JLM à propos de Loach.

En fait, l’hostilité qu’ils manifestent à son endroit se rapporte à une rupture bien plus fondamentale à propos de ce qui peut ou ne peut être dit d’Israël et là, la définition de l’IHRA joue le rôle de principal champ de bataille.

Un discours toxique

Leurs attaques mettent en exergue le discours intentionnellement de plus en plus toxique autour de l’antisémitisme qui, désormais, domine la vie publique en Grande-Bretagne.

Via la publication récente de ce qu’il appelle ses 10 serments, le Comité des députés a requis de tous les futurs dirigeants du Parti travailliste qu’ils acceptent ce même discours toxique, sinon ils subiront le même sort que Corbyn.

Ce n’est nullement un hasard si le cas de Loach présente de très fortes ressemblances avec le (mauvais) sort public subi par Corbyn.

Tous deux sont des personnages publics exceptionnels qui, des décennies durant, ont voué leur temps et leur énergie à prendre le parti des faibles contre les puissants, à défendre les gens qui étaient le moins à même de se défendre seuls.

Tous deux sont des survivants d’une génération en voie de disparition d’activistes politiques et d’intellectuels qui continuent à défendre bille en tête la tradition de la lutte des classes, en s’appuyant sur les droits universels plutôt qu’en recourant à la politique plus à la mode, mais bien plus divisive aussi, des guerres identitaires et culturelles.

Loach et Corbyn sont les survivants d’une gauche britannique de l’après-guerre dont les inspirations étaient très différentes de celles du centre et de la droite politiques – et de leurs influences sur un grand nombre de jeunes d’aujourd’hui.

Le combat contre le fascisme

Dans leur pays, ils ont été inspirés par les combats antifascistes de leurs parents dans les années 1930, contre les « chemises noires » (et non « brunes », NdT) d’Oswald Mosley, comme, par exemple, la bataille de Cable Street.

Et, durant leur jeunesse, ils avaient été enthousiasmés par la solidarité de classe qui avait mis sur pied le National Health Service (NHS, Service national de la santé) dès la fin des années 1940 (il existe toujours) et qui, pour la première fois, fournissaient des soins de santé, de façon égale pour tous, dans tout le Royaume-Uni.

À l’étranger, ils étaient galvanisés par le combat populaire, de dimension mondiale, contre le racisme institutionnel de l’apartheid en Afrique du Sud, une lutte qui, progressivement, avait érodé le soutien des gouvernements occidentaux au régime blanc.

Et ils étaient aux avant-postes de la dernière mobilisation politique de masse, contre les mensonges officiels qui avaient justifié le guerre américano-britannique d’agression contre l’Irak en 2003.

Mais, comme la majeure partie de cette gauche en voie de disparition, ils sont hantés par le pire échec de leur génération à propos de la solidarité internationale.

Leurs protestations n’ont pas mis un terme aux nombreuses décennies d’une oppression coloniale endurée par le peuple palestinien et sponsorisée par les mêmes États occidentaux qui, jadis, se tenaient aux côtés de l’Afrique du Sud de l’apartheid.

Les parallèles entre ces deux projets coloniaux d’implantation, soutenus par l’Occident et très occultés par les politiciens et les médias britanniques, sont très grands et saisissants, à leurs yeux.

La purge de la politique de classe

La diabolisation de Loach et de Corbyn en tant qu’antisémistes – et les efforts parallèles déployés outre-Atlantique pour réduire Bernie Sanders au silence (rendus plus compliqués du fait qu’il est juif) – sont la preuve d’une vaste purge publique, par les establishments politiques et médiatiques occidentaux, de ce genre de conscience de classe de la vieille école.

Des activistes comme Loach et Corbyn veulent une reconnaissance historique de l’ingérence coloniale occidentale dans d’autres parties du monde, y compris l’héritage catastrophique fui jusqu’à ce jour par ce qu’on appelle les « immigrants ».

C’est l’Occident qui pille les sols étrangers depuis des siècles, qui a armé les dictateurs censés apporter l’indépendance à ces anciennes colonies et qui, aujourd’hui, envahit ou attaque ces mêmes sociétés dans le cadre de prétendues « interventions humanitaires ».

De façon similaire, la lutte internationaliste, s’appuyant sur les classes, de Loach et de Corbyn rejette une politique identitaire qui, au lieu de reconnaître le long passé de l’Occidental dans les crimes commis contre les femmes, les minorités et les réfugiés, canalise les énergies des gens et groupes marginalisés vers une compétition en vue de désigner ceux qui pourront aller s’asseoir en compagnie des élites blanches à la table des hôtes de marque.

C’est précisément ce genre de conscience faussée qui pousse à applaudir aux femmes qui se hissent à la tête du complexe militaro-industriel ou à s’exciter contre un noir quand il devient président des États-Unis et qu’il n’utilise en fin de compte son pouvoir que pour établir un nouveau palmarès d’exécutions extrajudiciaires à l’étranger et de répression de la dissension politique au niveau intérieur.

L’activisme citoyen de Loach et de Corbyn constitue l’antithèse d’une politique moderne dans laquelle les entreprises utilisent leur énorme richesse pour exercer des pressions sur les hommes politiques et les acheter, et où ces derniers, à leur tour, se servent de leurs porte-parole pour contrôler le discours public par le biais des médias officiels qui leur sont grandement inféodés et qui leur vouent toutes leurs sympathies.

Des inquiétudes bidon

Le Comité des députés et le JLM sont eux-mêmes très intégrés à ce dernier type de politique en exploitant une identité politique dans le but de gagner une place à la table des hôtes de marque et d’utiliser celle-ci ensuite pour exercer des pressions en faveur de leur cause de prédilection, c’est-à-dire Israël.

Si cela semble injuste, rappelez-vous que, pendant que le Comité et le JLM faisaient tout leur battage au sujet d’une prétendue crise de l’antisémitisme du côté de la gauche, principalement caractérisée par une hostilité envers Israël, la droite et l’extrême droite s’arrogeaient un blanc-seign leur permettant d’entretenir des niveaux plus importants encore de nationalisme blanc et de racisme à l’égard des minorités.

Ces deux organisations ont non seulement détourné leur regard de la montée de la droite nationaliste – qui est désormais bien installée au sein du gouvernement britannique – mais elles ont également rallié son camp.

En particulier, les dirigeants du Comité – de même que le grand rabbin Ephraim Mirvis, qui avait publiquement traité Corbyn d’antisémite quelques jours avant l’élection générale de l’an dernier – ne se sont guère souciés de dissimuler leur soutien au gouvernement conservateur et au Premier ministre Boris Johnson.

L’expression de leurs inquiétudes quant au racisme et leurs attaques contre le statut caritatif de Show Racism the Red Card sonnent on ne peut plus creux, étant donné leur propre palmarès dans le soutien au racisme.

Maintes fois, les deux organisations ont soutenu Israël dans ses violations des droits de l’homme et ses attaques contre les Palestiniens, y compris lors du déploiement de snipers afin d’abattre des hommes, des femmes et des enfants qui protestaient contre plus d’une décennie de blocus étouffant contre Gaza.

Les deux organisations se sont ingéniées à rester silencieuses à propos de la politique raciste d’Israël consistant à permettre à des équipes de football des colonies juives illégales en Cisjordanie de jouer dans sa propre ligue de football et ce, en violation des réglementations de la FIFA.

Et elles ont appuyé le statut caritatif du Fonds national juif au Royaume-Uni, même s’il finance des projets racistes d’implantation et des programmes de forestation destinés à expulser des Palestiniens de leur terre.

Leur hypocrisie est sans limites

La vérité mise sens dessus dessous

Le fait que le Comité des députés et le JLM ont été en mesure d’exercer une telle influence contre Loach suite à des allégations sans la moindre preuve révèle bien l’enthousiasme avec lequel le lobby israélien a été intégré à l’establishment britannique et sert ses objectifs.

Israël est un pilier clé dans une alliance militaire non officielle soucieuse de conforter son pouvoir dans le Moyen-Orient riche en pétrole.

Israël exporte ses technologies oppressives et ses systèmes de surveillance, mis au point et peaufinés au détriment des Palestiniens, vers les États occidentaux très avides de systèmes de contrôle plus sophistiqués.

Et Israël a contribué à mettre en pièces le code des règlementations internationales en durcissant son occupation ainsi qu’en montrant la voie dans la légitimation de la torture et des exécutions extrajudiciaires – qui sont aujourd’hui des piliers de la politique étrangère américaine.

Le rôle de pivot d’Israël dans cette matrice de pouvoir est rarement remis en question – parce que les establishments occidentaux n’ont pas intérêt à ce qu’on vienne dénoncer leur mauvaise foi et leur politique des deux poids et deux mesures.

Le Comité et le JLM contribuent à orchestrer et faire appliquer ce silence autour d’Israël, un allié clé de l’Occident.

Dans un style véritablement orwellien, ils retournent l’accusation de racisme qui pèse sur eux en la renvoyant contre nos antiracistes les plus éminents et les plus résolus.

Et, mieux encore pour les establishments occidentaux, des personnages comme Loach et Corbyn – des vétérans de la lutte des classes, qui ont passé des décennies à se plonger dans le combat pour une société meilleure – sont désormais repoussés vers l’oubli en étant rebattus sur l’enclume de la politique identitaire.

Si cette perversion de notre discours démocratique devait se poursuivre, nos sociétés sont condamnées à devenir des endroits de plus en plus horribles, en proie à des divisions de plus en plus marquées.


Publié le 8 avril 2020 sur le blog de Jonathan Cook
Traduction : Jean-Marie Flémal

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