Nous appelons la CPI à protéger les droits humains

13 septembre 2018. Des écoliers bédouins palestiniens traversent le village d’Al Khan al-Ahmar, en Cisjordanie. (Photo : Shadi Hatem/APA Images)

Angela Godfrey-Goldstein, 28 mai 2020

En décembre dernier, Fatou Bensouda, procureure générale de la CPI (Cour pénale internationale), sortait une déclaration à la suite de son examen préliminaire de la situation en Palestine : elle requérait des juges de la CPI qu’ils statuent sur la juridication de la cour à propos de la Palestine, afin de confirmer son analyse. Bensouda expliquait qu’elle avait examiné des preuves adéquates en vue de suggérer que des crimes de guerre avaient bien été commis par Israël contre les Palestiniens (et à Gaza par le Hamas).

Après avoir examiné les soumissions à la CPI avant que les juges les prennent en considération, elle avait émis l’avis suivant dans un document de 60 pages :

« Le bureau du procureur a soigneusement analysé les observations des participants et continue à estimer que la cour a juridiction sur le Territoire palestinien occupé. »

Parmi ces soumissions figuraient des observations formulées au nom des victimes palestiniennes, les réfugiés bédouins jahalin d’Al Khan al-Ahmar.

2 octobre 2018. Des Palestiniens à proximité d’une mare d’eaux usées, au village bédouin palestinien d’Al Khan al-Ahmar, en Cisjordanie, et qu’Israël prévoit de démolir. (Photo : Wisam Hashlamoun/APA Images)

Jahalin Solidarity, l’ONG que je codirige, travaille en vue d’empêcher le déplacement forcé des Bédouins.

De tels crimes de guerre, y compris les démolitions ou le refus de services, qui créent un environnement coercitif, et le régime colonial d’implantation en Zone C, constituent de graves infractions à la Qautrième Convention de Genève, dont Israël est signataire.

Par conséquent, nous avons lancé une campagne sur les médias sociaux et notre pétition en ligne appelle les juges de la CPI de statuer avec diligence en faveur des lois internationales, afin de préserver le droit de la cour à statuer sur des questions de crimes de guerre et, de la sorte, de protéger les victimes bédouins de déplacements forcés, vu l’absence de toute protection alternative.

Voir vidéo ci-dessous.

Pour l’instant, notre pétition a 4 300 signataires ; elle débute par un court-métrage, « A Girl’s Right » (Le droit d’une fille), réalisé par Guy Davidi, qui a reçu un Emmy Award et qui a été nominé aux Oscars (pour « Five Broken Cameras » – Cinq caméras brisées). La bande sonore, « Thursday Afternoon » (Jeudi après-midi) a été cédée à titre gracieux par Brian Eno – faisant suite à un motif destiné à de précédentes productions de Jahalin Solidarity – ; « Nowhere Left to Go » (Pas d’endroit où aller) a eu la permission de Roger Waters d’utiliser son enregisrement de « We Shall Overcome » (Nous vaincrons) ; et « High Hopes » (Grands espoirs) a  être utilisé aussi, avec la permission de David Gilmour, de Pink Floyd, et de sa femme Polly Samson.

Les signataires de la pétition comprennent des activistes de longue date, comme Luisa Morgantini (ancienne vice-présidente du Parlement européen), Simone Susskind, le Pr Avi Shlaim, le journaliste John Pilger, les acteurs Noah Lepawsky et Miriam Margolyes, le militant israélien pour la paix Dr Udi Adiv, les musiciens Leon Rosselson et Dror Feiler, la designer Bella Freud, les artistes Jane Frere et Sarah Beddington, la cinéaste Lia Tarachansky et les professeurs de droit Iain Scobbie et Frank Romano.

Parmi les partenaires (repris sur le site de la pétition), figurent Jewish Voice for Peace (Voix juive pour la paix), Palestine Solidarity Campaign, The Israeli Committee Against House Demolitions-UK (ICAHD-UK – Comité israélien contre les démolitions de maisons – Grande-Bretagne), BRICUP (British Committee for the Universities of Palestine – Comité britannique pour les universités de Palestine) et d’autres associations de solidarité de la société civile européenne.

Comme le discours sur l’annexion semble de par sa nature passer les limites et mener à ce que beaucoup d’entre nous, les Israéliens, considèrent comme un saut suicidaire de lemmings du haut d’une falaise et même comme une expression paniquée du syndrome de Samson de la part du Premier ministre Benjamin Netanyahou, qui va faire s’effondrer sur nos têtes ce Troisième Temple qu’est Israël, au moment où débute son procès pour corruption, il semble que seule la CPI peut sauver la Palestine.

Et Israël. Parce que l’apartheid deviendra alors officiel et la démocratie israélienne (déjà très susceptible d’être remise en question quand elle s’applique aux citoyens des minorités à l’intérieur même d’Israël, comme les Bédouins) un système politique discriminatoire quand il sert des citoyens ou des gens sous son pouvoir, comme les 300 000 Palestiniens vivant en Zone C.

Les amis de la Palestine et d’Israël sont encouragés à soutenir notre initiative et à signer la pétition, de sorte que la société civile puisse elle aussi faire entendre sa voix à la CPI – et donc pas seulement les voix des hommes politiques américains et israéliens qui, régulièrement, attaquent, politisent ou menacent cette cour, son intégrité et son indépendance.

Publié le 28 mai 2020 sur Mondoweiss
Traduction : Jean-Marie Flémal

Trouvez ici quelques articles concernant les Bédouins palestiniens, publiés sur ce site


 

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