Gaza au bord d’un effondrement

La Bande de Gaza est au bord d’un effondrement réel en raison de l’épidémie de coronavirus et de la poursuite du blocus imposé par Israël

Communiqués de presse du PCHR, 27 août 2020

Arrêtez le blocus de Gaza - Stop Covid-19

Affiche : Jewish Voices for Peace

Le Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR) met en garde contre l’effondrement de la situation humanitaire dans la bande de Gaza en raison du blocus imposé par les autorités israéliennes à la bande de Gaza depuis 14 ans, en même temps que des graves défis résultant de l’épidémie de coronavirus dans l’enclave où, en dehors des centres de quarantaine, 26 cas ont été confirmés ainsi que 2 décès au cours des deux dernières journées.

Le PCHR met en outre en garde contre les conséquences catastrophiques résultant des actuelles restrictions sur l’entrée de centaines de produits de première nécessité dans la bande de Gaza, surtout des médicaments, des fournitures et équipements médicaux, des matériaux de construction et le combustible nécessaire pour faire fonctionner la centrale électrique de Gaza.

Le PCHR insiste sur le fait que l’actuel blocus imposé par Israël et sa politique inhumaine et illégale de châtiment collectif sont susceptibles d’aboutir à une détérioration grave et rapide de la fourniture des services élémentaires pour les 2 millions de Palestiniens au moins qui vivent dans des conditions exécrables dans la bande de Gaza, laquelle est classée comme la zone la plus surpeuplée de la planète tout entière. 

Avec ces développements très graves et le blocus en cours, la bande de Gaza assiste à une nouvelle phase sans précédent qui va affecter tous les aspects de la vie et aggraver encore les conditions humanitaires pourtant déjà critiques. De même, tout ceci intensifiera les crises humanitaires et les conditions de vie en augmentant le taux de chômage, la prévalence de la pauvreté et l’insécurité alimentaire.

Le taux de chômage dans la bande de Gaza est dangereusement élevé : 46 %, avec 211 300 personnes sans emploi : ce taux est le plus élevé chez les jeunes, avec 63 %. De même, plus de la moitié de la population de la bande de Gaza souffre de la pauvreté, puisque les données du Bureau central palestinien de la statistique ((PCBS) indique que la prévalence de la pauvreté parmi la population de la bande de Gaza dépasse les 53 %, et que plus de 62,2 % de cette même population est considérée comme vivant dans l’insécurité alimentaire par l’Office des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

La fourniture des services de base à la population de la bande de Gaza a été suspendue, puisque l’enclave subit 20 heures de coupures de courant par jour. De plus, la distribution d’eau potable est interrompue durant de longues périodes et des pannes de courant, il résultera que les eaux sales non traitées seront rejetées à la mer au cours des jours à venir.  

Il s’ensuivra de lourdes pertes pour l’économie de Gaza en raison de la suspension du travail dans les installations industrielles, commerciales et agricoles qui dépendent de l’énergie électrique pour leur production. Par conséquent, ces installations sont menacées de fermeture ou d’exclusion de toute activité.

De même, ces 14 dernières années, ces installations ont souffert de restrictions sévères imposées par les autorités israéliennes à l’entrée des marchandises classées comme « éléments à double usage ». Officiellement, les autorités israéliennes répertorient 62 produits comme « éléments à double usage », lesquels englobent des centaines de marchandises et de matériaux de base. Les éléments de la liste des « marchandises à double emploi » sont essentiels pour la vie de la population et, de ce fait, leur imposer des restrictions contribue à la détérioration des infrastructures, de l’économie et des conditions de santé et d’éducation.

Les autorités israéliennes continuent aussi à interdire l’exportation des produits en provenance de l’enclave, à l’exclusion de quantités limitées (généralement, des produits agricoles) ne dépassant pas 5 % des exportations mensuelles de Gaza avant le blocus de juin 2007.

·         Il s’ensuivra une détérioration encore accrue des équipements sanitaires en raison de la crise de l’électricité résultant de la mise à l’arrêt de la centrale électrique après que l’occupation israélienne a interdit l’entrée du combustible nécessaire à son fonctionnement.

De plus, le ministère de la Santé de Gaza (MOH) connaissait déjà une pénurie déjà de kits de test du coronavirus avant la découverte des nouveaux cas. Le MOH a besoin d’urgence d’unités de soins intensifs, de respirateurs, de ventilateurs, d’équipements de diagnostic du coronavirus, de médicaments, de consommables médicaux et d’équipements de protection afin de préparer le personnel à combattre le coronavirus.

En outre, les hôpitaux et les centres médicaux souffrent actuellement d’une grave pénurie (45 %) de médicaments sur la liste des médicaments essentiels, de 31 % des consommables médicaux et de 65 % des produits de laboratoire et des fournitures des banques du sang (1). 

Ignacio Casares Garcia (2), responsable du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Gaza, a déclaré ceci dans un communiqué de presse :

« Les gens sont stressés : non seulement, ils doivent se débrouiller avec quelques heures d’électricité à peine par jour ; leurs inquiétudes à propos du virus se sont fortement accrues et ils sont actuellement sous confinement. » « Le système des soins de santé à Gaza ne serait pas en mesure de traiter plus de quelques douzaines de patients du coronavirus »,

a ajouté M. Casares Garcia.

« Le traitement des patients du Covid-19 requiert des équipements médicaux et de laboratoire, ainsi que des fournitures spéciales et des médicaments qui ne sont pas disponibles dans les hôpitaux en quantités suffisantes. »

Et de poursuivre :

« Ils ne peuvent s’en sortir tout seuls. Ils ont besoin de toute l’aide internationale qu’ils peuvent obtenir afin de s’assurer d’être suffisamment équipés pour traiter la crise. »

A la lumière de ce qui précède, le PCHR invite la communauté internationale à :  

-Forcer les autorités israéliennes à abandonner leur politique de châtiment collectif contre la population de la bande de Gaza et à mettre un terme au blocus israélien injuste ;

-Intervenir d’urgence pour garantir l’importation de tous les produits de première nécessité dans la bande de Gaza afin d’éviter un désastre humanitaire et une grave détérioration dans tous les aspects de la vie ;

-Rappeler à Israël ses obligations de puissance occupante de la bande de Gaza envers la population de cette dernière, conformément à l’Article 55 de la Convention de Genève de 1949, qui stipule que « dans toute la mesure de ses moyens, la Puissance occupante a le devoir d’assurer l’approvisionnement de la population en vivres et en produits médicaux ; elle devra notamment importer les vivres, les fournitures médicales et tout autre article nécessaire lorsque les ressources du territoire occupé seront insuffisantes ».


Publié le 27 août 2020 sur Palestinian Centre for Human Rights
Traduction : Jean-Marie Flémal

A l’initiative de plusieurs associations, un rassemblement “Open Gaza ! Fuel, not bombs !”  est  prévu à Bruxelles lundi 31 août, place de l’Albertine

Notes

(1)Pour de plus amples informations, voir le communiqué de presse du PCHR publié le 25 août 2020 : « Le PCHR met en garde contre l’effondrement du secteur des soins et la suspension des services de santé dans la bande de Gaza » 

(2)La version intégrale du communiqué de presse de M. Ignacio Casares Garcia (publié le 26 août 2020)

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