Le « héros » qui a massacré 29 Palestiniens

Pour Ben-Gvir, le massacre de Hébron avait été un événement fantastique, digne d’être célébré. « C’est mon héros », affirme-t-il  dans un clip, en parlant de Goldstein.

Le 25 février 1994, un colon sioniste appelé Baruch Goldstein, médecin de l’armée israélienne, a ouvert le feu sur des centaines de Palestiniens alors qu’ils exécutaient la prière de l’aube un jour de Ramadan à la mosquée Ibrahimi dans le sud de la ville de Hébron/Al Khalil en Cisjordanie occupée.

Le 25 février 1994, un colon sioniste appelé Baruch Goldstein, médecin de l’armée israélienne, a ouvert le feu sur des centaines de Palestiniens alors qu’ils exécutaient la prière de l’aube un jour de Ramadan à la mosquée Ibrahimi dans le sud de la ville de Hébron/Al Khalil en Cisjordanie occupée.

Ali Abunimah, 26 février 2021

La station de diffusion nationale israélienne Kan vient de ressortir ce clip de 1995 montrant Itamar Ben-Gvir, un candidat d’extrême droite aux prochaines élections israéliennes et qui est directement soutenu par le Premier ministre Benjamin Netanyahou.

Pour la fête juive du Pourim, Ben-Gvir était déguisé en Baruch Goldstein, le colon juif de Brooklyn qui avait massacré 29 adultes et enfants palestiniens au moment où ils priaient, durant le Ramadan.  

 

Le massacre qui avait eu lieu en février 1994 à la mosquée Ibrahimi de Hébron avait provoqué une onde de choc et suscité un profond dégoût dans le monde entier avant de provoquer en guise de représailles, 40 jours plus tard, le tout premier attentat suicide à la bombe par un Palestinien, dans la ville d’Afula, située au nord.

Mais, pour Ben-Gvir, ce massacre avait été un événement fantastique, digne d’être célébré. « C’est mon héros », affirme Ben-Gvir en hébreu dans le clip, en parlant de Goldstein.

Il exhibe également une petite pancarte sur laquelle on peut lire : « Béni soit l’homme qui ouvre le feu. »

Un racisme violent, sans la moindre restriction

Cela n’avait rien d’une bêtise de jeunesse. Pendant le quart de siècle qui a suivi le massacre, Ben-Gvir a gardé dans sa salle de séjour une photo de Goldstein.

Aujourd’hui, Ben-Gvir est avocat et il défend régulièrement des colons accusés d’agressions violentes contre des Palestiniens.

Il est aussi le président d’Otzma Yehudit, un parti inspiré par feu Meir Kahane, fondateur de la Ligue juive de défense, un groupe extrémiste et violent qui prônait l’épuration ethnique en masse des Palestiniens.

En 2019, Ben-Gvir a exigé que, chaque fois qu’une roquette était lancée depuis Gaza, Israël réponde en tuant 30 « terroristes » en guise de représailles.

Il s’était également opposé au retrait par Israël, en 2005, de « ses » colonies dans la bande de Gaza et il avait exigé qu’elles fussent réinstallées.

Et, ce mois-ci, Ben-Gvir a initié une action en justice en vue de disqualifier tous les candidats arabes et de les empêcher ainsi de concourir aux élections de mars à la Knesset, le parlement israélien. 

Ceci se passe au moment même où, en outre, Ben-Gvir diabolise les citoyens palestiniens d’Israël en les définissant comme des adorateurs d’Hitler.

Soutenu par Netanyahou

Alors que Netanyahou se débat pour conserver son emprise sur les quatrièmes élections israéliennes en deux ans, il est également entré dans un pacte électoral avec un groupe de petits partis d’extrême droite, parmi lesquels Otzma Yehudit.  

Selon le Times of Israel, la plate-forme défendue par ces partis soutenus par Netanyahou comprend entre autres

« l’encouragement de l’émigration des non-Juifs hors d’Israël et l’expulsion des Palestiniens et des Israéliens arabes qui refusent d’affirmer leur loyauté à l’égard d’Israël et d’accepter un statut réduit dans un État juif élargi dont la souveraineté s’étendrait à toute la Cisjordanie ».

Ben-Gvir demande un poste politique de premier plan en échange de son soutien à un nouveau gouvernement Netanyahou.

Le Premier ministre a déclaré qu’il ne donnerait pas à Ben-Gvir un poste dans son cabinet, mais il reconnaît toutefois qu’il le verrait volontiers « au sein de notre coalition ».

L’adulation de Baruch Goldstein par Ben-Gvir fait partie d’une tradition bien établie en Israël consistant à honorer des criminels de guerre et des massacreurs de Palestiniens.

Et ce n’est pas la première fois que Netanyahou fait cause commune avec des kahanistes comme Ben-Gvir. Il l’a déjà fait en 2019, ce qui, chose rare, a provoqué des rebuffades indirectes de l’AIPAC, le puissant lobby prosioniste américain.

Le journal de droite Jerusalem Post a dit de l’alliance renouvelée entre Netanyahou et les kahanistes qu’elle était « impie » et « mauvaise pour le pays et en particulier pour notre démocratie ».

« Cette fois, il n’y a pas eu de condamnation de la part des États-Unis ou d’autres pays », a ajouté le journal.

Des protestations s’appuyant sur un mensonge

En fait, Majorité démocratique pour Israël (MDPI), un groupe de pression   antipalestinien au sein du Parti démocratique américain, a émis des objections.  

Mais ses protestations s’appuient sur un mensonge.

« Les convictions racistes d’Otzma Yehudit sont absolument contraires aux valeurs de l’État d’Israël et elles ne devraient pas avoir de place dans les institutions israéliennes »,

a déclaré Majorité démocratique pour Israël un peu plus tôt ce mois-ci.

Rien ne pourrait toutefois être plus éloigné de la vérité.

Israël a été fondé sur le nettoyage ethnique des Palestiniens. Il s’est maintenu en tant qu’État juif par le biais d’un système d’apartheid d’une violence inouïe.

Tout cela est étayé par des lois odieuses destinées à maintenir les Palestiniens, y compris ceux qui sont citoyens d’Israël, dans une position inférieure.

Fait d’une ironie remarquable, MDPI – qui a soutenu Joe Biden – a récemment écrit à des membres du Congrès en faisant état après approbation le groupe de colons Regavim.

Ce groupe a été cofondé par Bezalel Smotrich, un autre extrémiste de droite allié à Netanyahou et qui participe aux élections sur une liste unie où l’on trouve également Ben-Gvir.

Rien que ceci déjà confirme que les objections de MDPI au soutien des kahanistes par Netanyahou ne s’appuie sur la moindre inquiétude à propos du racisme. En lieu et place, le lobby semble être vexé de ce que l’alliance complique grandement son travail consistant à blanchir le système d’apartheid d’Israël.

En effet, la seule chose que fait l’alliance de Netanyahou avec Itamar Ben-Gvir, c’est de mettre encore plus en lumière le racisme d’Israël. On devrait la saluer, pour cette raison…


Publié le 26 février 2021 sur The Electronic Intifada

Traduction : Jean-Marie Flémal

Ali Abunimah, cofondateur de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country: A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse

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