Depuis un an, Palestine Action frappe durement le constructeur de drones Elbit

Un nouveau court métrage de Real Media reprend le parcours de Palestine Action tout au long de l’année écoulée.

Asa Winstanley, 6 août 2021

Palestine Action a été créé au Royaume-Uni voici un an par des activistes afin de concentrer ses efforts sur l’action directe contre le fabricant d’armes israélien Elbit Systems.

Elbit est le premier fabricant d’armes privé d’Israël. Il produit la majorité de la flotte des drones israéliens, comme l’explique le film, et il commercialise ses armes sous le label « testé au combat » – c’est-à-dire directement sur les Palestiniens.

La firme compte 10 usines et bureaux en Grande-Bretagne, et ce sont ces sites que Palestine Action cible depuis un an.

Vous pouvez visionner la totalité du film sur la vidéo ci-dessous. Je suis l’une des plusieurs personnes qui, dans le film, traitent du contexte et y vont d’une analyse. Je prétends que s’il persiste, le groupe Palestine Action pourrait finalement voir son entreprise couronnée de succès avec l’expulsion d’Elbit du Royaume-Uni.

Les activistes ont organisé des sit-in et opéré des sabotages contre les installations d’Elbit, en fermant des usines, en brisant des vitres, en endommageant des équipements, en couvrant les murs de graffiti ou encore en aspergeant les murs de peinture rouge censée symboliser le sang des Palestiniens.

D’après le film, Palestine Action a entrepris plus de 70 actions contre Elbit, durant sa première année d’existence, y compris 20 occupations très médiatisées de sites et d’usines.

Selon des estimations de la police, les actions du groupe ont coûté à Elbit et aux sociétés qui sont ses complices plus de 22 millions de dollars et plus de 100 journées de fabrication d’armes, dit-on dans le film.

Un jour au tribunal ?

Pourtant, malgré des arrestations estimées à une centaine en tout et une répression systématique de la part de la police et du gouvernement britanniques, pas un seul procès n’a eu lieu à ce jour et certains activistes qui ont détruit des machines n’ont même pas été accusés de la chose.

Un procès prévu en mai a été reporté à plus d’un an. Il s’est avéré que la date du procès coïncidait avec la toute récente campagne majeure de bombardement par Israël de la bande de Gaza. Les activistes soupçonnent que le report était une tentative de la police de charger davantage le procès contre eux.

En fait, ils sont impatients de voir l’affaire traitée devant un tribunal.

Comme bien d’autres activistes des campagnes d’action directe, la stratégie juridique de Palestine Action consiste à prétendre ouvertement devant un tribunal que les activités économiques d’Elbit sont illégales aux yeux du droit international, puisque ses armes sont utilisées pour aider Israël à perpétrer des crimes de guerre contre les Palestiniens.

Les actions directes et non violentes des activistes contre la société Elbit sont par conséquent proportionnées et légales et ne constituent donc pas en fait des « dommages criminels », prétendent-ils.

Une affaire similaire était tombée à l’eau en janvier de l’an dernier, quand le Ministère public avait cessé toute poursuite après qu’Elbit avait renoncé à faire des révélations concernant la nature même de ses activités au Royaume-Uni.

Elbit n’est pas très chaud pour se rendre au tribunal, du fait qu’il ne désire pas que ses activités soient exposées à un examen trop minutieux, disent les activistes.

Une campagne qui monte en flèche

Au cours des bombardements israéliens en mai, la sympathie britannique pour Palestine Action a monté en flèche et, au niveau local, les gens se sont mis spontanément à organiser des manifestations de solidarité avec les activistes au moment où ils effectuaient leurs actions sur les toits des usines Elbit.

La fondatrice Huda Ammori affirme dans le film qu’à un moment donné, trois nouveaux volontaires les rejoignaient à chaque minute.

De la répression du gouvernement britannique contre Palestine Action ont fait partie des raids domiciliaires, des confiscations d’appareils et de passeports, et même des menaces de recourir à des lois antiterroristes draconiennes contre le groupe.

Peu après la création de Palestine Action en août, l’an dernier, le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab, a rencontré divers ministres israéliens à Jérusalem.

Orit Farkash-Hacohen, à l’époque ministre des « Affaires stratégiques », s’est plainte de ce que

« la campagne contre Israël s’est propagée dans toute l’Europe et dans le monde entier, y compris en Angleterre (…) Le week-end dernier encore, les bureaux d’une firme de sécurité israélienne ont été vandalisés pour la quatrième fois en un mois ! »  

Elle faisait allusion à des interventions comme la toute première action directe de Palestine Action, contre le bureau londonien d’Elbit.

Selon les médias israéliens, « Raab a répondu que lui et le gouvernement britannique s’étaient engagés à mettre un terme à de tels événements ».

Recourant à une campagne de coups tordus et d’opérations clandestines, le ministère des Affaires stratégiques était une agence israélienne à demi secrète vouée à lutter contre le mouvement BDS, la campagne mondiale dirigée par la Palestine, en faveur du boycott, du désinvestissement et des sanctions contre Israël.

Après des années pendant lesquelles ses activités ont été dénoncées de façon passablement embarrassante, le nouveau gouvernement israélien de coalition a décidé le mois dernier de supprimer pour de bon ce ministère.  

Mais le bureau du Premier ministre a annoncé que les tâches du ministère allaient se poursuivre via « le transfert de leurs secteurs d’activité vers divers ministères du gouvernement ».  


Publié le 6 août 2021 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

Asa Winstanley est un journaliste freelance installé à Londres et qui a vécu en Palestine occupée, où il a réalisé des reportages. Son premier ouvrage : Corporate Complicity in Israel’s Occupation (La complicité des sociétés dans l’occupation israélienne) a été publié chez Pluto Press. Sa rubrique Palestine is Still the Issue (La Palestine constitue toujours la question) est publiée chaque mois. Son site Internet est le suivant : www.winstanleys.org

Bon à savoir :

En Belgique, les entreprises OIP situées à Oudenaarde et à Tournai, sont également la propriété d’Elbit.

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