Les forces israéliennes exécutent le Palestinien Hazem al-Joulani à Jérusalem

Vendredi, les forces d’occupation israéliennes ont abattu et tué un Palestinien dans la Vieille Ville de Jérusalem. La police israélienne a prétendu que l’homme, Hazem al-Joulani, 50 ans, tentait de poignarder des policiers et qu’on l’avait donc  abattu. Toutefois, une déclaration émanant de la police israélienne admet en fait qu’al-Joulani a été exécuté.  

Hazem al-Joulani. (Photo : via EI)

Maureen Clare Murphy, 10 septembre 2021

La police a déclaré que « l’assaillant (…) armé d’un couteau » s’est approché d’un poste de policiers près du complexe de la mosquée al-Aqsa « et qu’il a tenté de blesser les hommes présents ».

La déclaration ajoute :

« Une riposte rapide des policiers et des gardes frontaliers, qui ont ouvert le feu contre l’assaillant, l’a neutralisé avant qu’il puisse donner suite à ses intentions. »  

En d’autres termes, les forces d’occupation ont exécuté al-Joulani, au lieu de tenter de le désarmer et de le neutraliser en recourant à des moyens autres que mortels.

La vidéo

La police israélienne a publié des images prises à l’aide d’une caméra de surveillance et qui montrent à dessein al-Joulani s’en prenant aux forces d’occupation avec un couteau :

Il s’avère en fait que la vidéo publiée montre al-Joulani descendant une ruelle de la Vieille Ville un sac à la main. Il lâche le sac et se met à courir en sens inverse au moment où il arrive en présence du poste de police.

Il s’avère ensuite que la vidéo montre al-Joulani tendant la main gauche vers un agent de la police des frontières tout en tenant un couteau dans la main droite. L’officier s’écarte d’al-Joulani l’espace de quelques secondes avant de l’abattre, après quoi al-Joulani s’écroule sur le sol.

En aucun endroit, la vidéo ne montre al-Joulani se précipitant sur le policier avec la main qui porte le couteau, qu’il tient derrière son dos.

La police israélienne publie de tels prises de vue de caméras de surveillance quand il s’avère qu’elles servent le discours israélien. Dans d’autres cas, telle l’exécution en pleine rue d’Iyad Hallaq, un Palestinien souffrant d’autisme, elle a supprimé la publication de ce genre de prise de vue.

Vendredi, un bref clip a circulé sur les médias sociaux montrant le pied d’un agent israélien posé sur le dos d’al-Joulani alors que celui-ci gisait dans la rue tout en perdant son sang.

Al-Joulani a été admis dans un hôpital dans un état critique, avec une blessure par arme à feu dans la partie supérieure du corps, selon des médias israéliens. Un peu plus tard, il est mort de ses blessures.

Un agent israélien a été légèrement blessé à la jambe par le ricochet d’une balle tirée par la police.  

Des témoins oculaires ont expliqué aux médias palestiniens que les forces israéliennes avaient empêché les passants de s’approcher d’al-Joulani. Il n’est pas du tout certain que les forces israéliennes aient tenté d’apporter les premiers soins à al-Joulani tout de suite après qu’il a été abattu.

Les forces israéliennes ont fait irruption au domicile d’al-Joulani à Shuafat, un quartier de Jérusalem-Est et ont arrêté deux de ses frères et deux de ses fils, affirment des médias palestiniens :

À Shuafat, des Palestiniens ont protesté, suite à l’exécution, au raid et aux arrestations :

Des médias israéliens ont rapporté qu’al-Joulani, directeur d’un collège de médecine alternative, était aux prises avec des difficultés financières et que, récemment, il avait tenté de se suicider.

Khaldoun Najm, un avocat contacté par la famille al-Joulani, a expliqué que les policiers israéliens auraient pu tirer en l’air ou dans les parties inférieures du corps d’al-Joulani, « mais ils ont décidé de l’exécuter ».

L’avocat a ajouté que des négociations étaient en cours avec les autorités israéliennes afin de transférer le corps d’al-Joulani pour qu’il puisse être enseveli au cours des prochains jours.

 

La politique du « tirer pour tuer »

Depuis longtemps, les organisations des droits de l’homme condamnent ce qu’elles perçoivent comme une politique du « tirer pour tuer » utilisée par Israël contre des dizaines de Palestiniens ces dernières années.

Dans de nombreux cas, les forces d’occupation n’apportent pas les premiers soins aux Palestiniens après qu’elles les ont abattus et blessés.

Amnesty International a déclaré que le refus intentionnel d’apporter de l’aide médicale « violait l’interdiction de la torture et d’autres punitions cruelles, inhumaines et dégradantes ».

Pendant ce temps, Israël retient les corps des Palestiniens abattus au cours de ce qu’il affirme avoir été des agressions contre des militaires et des civils.

La cour suprême israélienne a approuvé cette pratique consistant à retenir les corps des Palestiniens abattus de façon à ce qu’ils puissent servir de moyens de pression lors de négociations politiques.

La mort par balle d’al-Joulani s’est produite au moment où Israël est en alerte maximale suite à l’évasion de six Palestiniens d’une prison israélienne à sécurité maximale.

Deux des prisonniers évadés – Mahmoud Aradeh et Yaqoub Qadri – ont été arrêtés à Nazareth ce vendredi, annoncent les médias israéliens.


Article publié le 10 septembre 2021 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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