Des milliers de prisonniers palestiniens refusent leur repas par solidarité avec les détenus en grève de la faim

Sept prisonniers palestiniens sont en grève de la faim pour protester contre leur détention administrative illégale en Israël, en vertu de laquelle ils peuvent être gardés en prison durant des périodes illimitées, sans la moindre accusation et sans procès. Actuellement, quelque 520 prisonniers palestiniens sont victimes de cette politique.

Peoples Dispatch, 8 novembre 2021

Détenus palestiniens en grève de la faim. À gauche, Kayed al-Fasfous et, à droite, Miqdad al-Qawasmeh. (Photo : WAFA)

Détenus palestiniens en grève de la faim. À gauche, Kayed al-Fasfous et, à droite, Miqdad al-Qawasmeh. (Photo : WAFA)

 

Dimanche 8 novembre, des milliers de Palestiniens incarcérés dans des prisons israéliennes ont décidé de se passer de leur lunch et de leur dîner afin d’exprimer leur solidarité avec les sept détenus administratifs en grève de la faim parce qu’ils protestent contre leur détention illégale par Israël, a-t-on appris dans une déclaration de la Commission palestinienne des Affaires des détenus et anciens détenus. Les sept hommes sont en grève de la faim depuis des périodes allant de 28 à 116 jours. Ceux qui sont en grève depuis le plus longtemps, Kayed al-Fasfous (116 jours) et Miqdad al-Qawasmeh (109 jours), souffrent d’une très grave détérioration de leur état de santé, ce qui soulève des inquiétudes à propos de la possibilité de leur décès.

Les autres prisonniers, Alaa Al-Araj, Hisham abu Hawash, Ayyad al-Hraimi, Rateb Harebatand et Loay Alashqar, en grève de la faim respectivement depuis 92, 82, 46, 30 et 28 jours, sont également confrontés depuis quelque temps à divers problèmes de santé. Des rapports disent qu’ils présentent des symptômes tels que fatigue, migraine, perte considérable de poids, rythme cardiaque irrégulier, perte partielle de la mémoire, perte de la vue, bactériémie et autres.  Les organisations en faveur des droits des prisonniers ont régulièrement exprimé leurs inquiétudes à propos du risque de décès encouru par les prisonniers. Elles ont également invité la communauté internationale à intervenir et à exercer des pressions sur Israël afin d’annuler les ordonnances de détention administrative contre les prisonniers en grève avant qu’il ne soit trop tard. À différentes époques, les tribunaux israéliens ont été forcés de geler ces ordonnances de détention administrative contre certains prisonniers en raison des inquiétudes soulevées par leur santé et les risques pour leur existence.    

Depuis des années, les organisations des droits de l’homme et la communauté internationale insistent auprès d’Israël pour qu’il cesse de recourir à la politique illégale de la détention administrative à l’encontre des Palestiniens. Les autorités israéliennes ont néanmoins maintenu cette politique afin de poursuivre et punir les Palestiniens impliqués dans des activités politiques et de résistance contre l’occupation israélienne. Dans le cadre de cette politique, Israël garde des Palestiniens en détention indéfiniment, sans accusation ni procès, en s’appuyant sur des preuves secrètes qui ne sont même pas partagées avec les avocats des prisonniers. La détention peut être renouvelée à plusieurs reprises tous les 4 ou 6 mois sans que les autorités fournissent le moindre motif ou la moindre justification.

Les grèves de la faim par les prisonniers ont commencé à attirer l’attention internationale, et les Nations unies (ONU) ont également exprimé leur inquiétude pour la vie des prisonniers et ont insisté auprès d’Israël soit pour qu’il accuse ces prisonniers de délits et les fasse passer en jugement, soit pour qu’il les libère et cesse complètement de recourir à la politique de la détention administrative. Dans une déclaration faite il y a quinze jours, des experts de l’ONU ont déclaré : 

« En violation des lois internationales, Israël continue à recourir à la détention administrative pour emprisonner plus de 500 Palestiniens – dont six enfants – sans accusation, sans procès, sans condamnation, le tout s’appuyant sur des informations secrètes classées auxquelles les détenus n’ont pas accès. »

« Ils ne disposent d’aucun recours pour contester ces allégations tenues secrètes et ils ne savent pas quand ils seront relâchés, en admettant qu’ils puissent l’être »,

ont encore déclaré les experts.

°°°°°

Publié le 8 novembre 2021 sur Peoples Dispatch
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

°°°°°

DERNIERE NOUVELLE (11 novembre 2021) via Samidoun

Le prisonnier palestinien Miqdad al-Qawasmeh a suspendu sa grève de la fin le jeudi 11 novembre 2021, après 113 jours, suite à un accord stipulant qu’il sera libéré des prisons de l’occupation israélienne en février 2022.

L’accord a été dégagé à la suite de dialogues avec l’administration carcérale sioniste menés par la direction des prisonniers du Hamas détenus dans les geôles israéliennes.

Qawasmeh, qui a 24 ans et qui est étudiant dans une université, a été emprisonné sans accusation ni procès sous le régime israélien de la détention administrative.

Les cinq autres prisonniers continuent leur grève de la faim.

 

Print Friendly, PDF & Email

Vous aimerez aussi...