Non coupable : Palestine Action, acquittée en première instance

Ce lundi, trois activistes qui avaient barbouillé les murs d’une usine de fabrication de moteurs de drones israéliens située en Grande-Bretagne ont été déclarés non coupables de dégradations criminelles.

Le premier procès de Palestine Action s’est soldé par un acquittement. (Photo : Palestine Action)

Le premier procès de Palestine Action s’est soldé par un acquittement. (Photo : Palestine Action)

Asa Winstanley, 8 décembre 2

Le procès, étalé sur deux jours, a eu lieu à la Cour des magistrats de Newcastle-under-Lyme, près de Stoke-on-Trent, dans le centre de l’Angleterre.

La cofondatrice de Palestine Action, Huda Ammori, a expliqué à The Electronic Intifada que la victoire montrait bien que l’organisation était sur la bonne voie.

« Nous allons continuer d’entreprendre des actions directes afin d’enliser et de couler le commerce d’armes israélien »,

a-t-elle déclaré.

Il était rassurant de disposer du soutien d’un tribunal pour entreprendre des actions contre les fabricants d’armes israéliens, a-t-elle ajouté, et que

« les déranger et jeter de la peinture rouge sur leurs bâtiments est quelque chose qui se situe parfaitement dans nos droits ».

Le Ministère public était venu avec des accusations contre les personnes qu’on avait fini par surnommer  « Trois d’Elbit » après leur action en janvier contre l’usine UAV Engines (moteurs), une filiale d’Elbit à Shenstone, près de Birmingham.

L’organisation avait occupé le toit de l’usine, avait enchaîné les portes de l’usine afin de perturber le cours normal des activités, avait aspergé le bâtiment de peinture rouge sang et avait même fait voler des fenêtres en éclats.

Lundi, malgré tout ce qui précède, le tribunal a acquitté les trois prévenus pour les dommages criminels.

Leurs avocats – dont l’avocate palestinienne Mira Hammad – ont prétendu avec succès qu’alors que les actions de leurs clients avaient infligé des dommages à l’usine, il ne s’agissait pas de dommages criminels, puisque c’était une action proportionnée destinée à empêcher un crime plus grand encore en Palestine – celui de la violence israélienne contre les Palestiniens, telle la guerre contre Gaza, en mai dernier.

Le juge Marcus Waite a déclaré que le Ministère public n’avait pas montré que l’accusation serait établie en proportion avec la liberté des plaignants de protester, a expliqué Palestine Action dans une déclaration.

Depuis sa création l’an dernier, Palestine Action mène une campagne soutenue contre les filiales britanniques d’Elbit, le plus important fabricant d’armes d’Israël, et cette campagne comprend des sit-in, des défacements (barbouillages) et des sabotages.

Malgré le fait que, selon la police britannique, Palestine Action a jusqu’à présent provoqué pour plus de 22 millions de dollars de dégâts, le cas des « Trois d’Elbit » a été le premier à se retrouver devant un tribunal.

Un cas similaire a échoué en janvier de l’an dernier, lorsque le Ministère public l’a laissé tomber après le refus d’Elbit de faire des révélations sur ses activités en Grande-Bretagne.

Six autres militants de Palestine Action sont dans l’incertitude à propos du traitement de leur affaire par la justice, puisque leur procès a été reporté à plusieurs reprises.

Huda Ammori a déclaré que leur procès avait été étalé sur 4 ou 5 semaines d’audience, laquelle était prévue pour octobre 2022.

Ce n’est que l’une des affaires similaires actuellement en suspens. Huda Ammori a expliqué que la prochaine était prévue en janvier, mais elle doute qu’elle progresse comme prévu, puisque le Ministère public du gouvernement britannique présente un long palmarès de report, voire d’abandon de ce genre de procès.

Elbit se vante de fournir environ 85 pour 100 de la flotte des drones d’Israël et sa publicité indique généralement que ses armes ont « fait leurs preuves au combat » – en d’autres termes, qu’elles ont été testées sur des Palestiniens.

La toute dernière occupation d’usine par Palestine Action a eu lieu dans le nord du pays de Galles le mois dernier quand, en compagnie de l’organisation communiste Welsh Underground Network (Réseau clandestin gallois), les activistes ont occupé le toit de l’usine Solvay à Wrexham.

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Les activistes ont déclaré que l’usine produisait des composantes destinées aux drones d’Elbit. La vidéo qu’ils ont postée les montre occupés d’infliger des dégâts à l’usine.

L’activiste de Palestine Action, Sarah, a expliqué dans la déclaration du groupe, à l’issue du verdict de non-culpabilité de lundi :

« Il se peut que jeter de la peinture ne protège pas Gaza. Ce qui protège Gaza, c’est de mettre un terme aux bombardements. Elbit produit des armes, des chars et des drones utilisés pour commettre des crimes contre l’humanité et c’est cela, qui est illégal. »

UAV Engines n’a pas répondu à une demande de commentaire.

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Asa Winstanley est un journaliste freelance installé à Londres et qui a vécu en Palestine occupée, où il a réalisé des reportages. Son premier ouvrage : Corporate Complicity in Israel’s Occupation (La complicité des sociétés dans l’occupation israélienne) a été publié chez Pluto Press. Sa rubrique Palestine is Still the Issue (La Palestine constitue toujours la question) est publiée chaque mois. Son site Internet est le suivant : www.winstanleys.org

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Publié le 8 décembre 2021 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

Lisez également : Depuis un an, Palestine Action frappe durement le constructeur de drones Elbit

Bon à savoir :

En Belgique, les entreprises OIP situées à Oudenaarde et à Tournai, sont également la propriété d’Elbit.

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