Khitam Saafin, l’activiste palestinienne des droits des femmes, condamnée à 16 mois de prison

Khitam Saafin, qui a été arrêtée en novembre 2020 et gardée en rétention administrative au cours des 15 derniers mois, a été condamnée après avoir été accusée d’être la directrice d’une organisation interdite, ainsi que sur d’autres charges du même genre.

Khitam Saafin (en avant-plan sur la photo)

 

Peoples Dispatch, 17 février 2022

Mercredi 16 février, un tribunal militaire israélien a condamné Khitam Saafin, une éminente activiste des droits des femmes et, en même temps, présidente de l’Union des comités des femmes palestiniennes (UPWC), à 16 mois de prison et à 1 500 shekels israéliens d’amende (env. 460 USD). Khitam Saafin est actuellement emprisonnée en Israël dans le cadre de la très controversée politique d’arrestation administrative.

Khitam Saafin, 59 ans, a été arrêtée par les forces sécuritaires israéliennes en novembre 2020 et placée en rétention administrative pour six mois après que les autorités israéliennes l’avaient accusée d’être membre de l’organisation de résistance de gauche interdite, Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP). Plus tard, les autorités ont laissé tomber cette accusation et l’ont remplacée par d’autres, dont plusieurs accusations nouvelles qui n’étaient pas directement liées à ses activités. Une accusation déjà ancienne contre elle a également été ressortie. Des rapports d’information disaient que l’une des accusations contre elle était qu’elle occupait la fonction de directrice de l’UPWC, une organisation désormais interdite.

Parlant sous la protection de l’anonymat, un porte-parole du groupe de défense des droits humains Addameer a déclaré à des organes d’information que

« les accusations contre Khitam Saafin consistaient fondamentalement en des exagérations de ses activités publiques à la tête de l’UPWC, comme la collecte de fonds, l’organisation de manifestations et l’entretien de relations avec d’autres organisations civiles ».

L’organisation faisait aussi remarquer qu’

« après des négociations avec l’avocat d’Addameer, le procureur militaire israélien avait accepté de limiter la liste des accusations. Finalement, le tribunal n’a compté que quatre mois de la détention administrative sans accusation de Khitam Saafin comme faisant partie de sa nouvelle sentence ».

Shawan Jabarin, directeur de l’organisation de défense des droits humains palestiniens Al-Haq (qui fait partie des six organisations juridiques palestiniennes mises hors la loi par Israël l’an dernier), a déclaré que la sentence contre Khitam Saafin était

« une tentative en vue de nous intimider et d’imposer le silence aux voix qui défendent les droits humains en Palestine »,

tout en souhaitant en même temps que

« les organisations civiles palestiniennes continueront notre travail en dépit de ces tentatives ».

L’UPWC, ainsi que cinq autres organisations palestiniennes, a été cataloguée comme « organisation terroriste » et interdite par Israël en octobre dernier. L’annonce de la chose par le ministre israélien de la Défense avait été accueillie par un tollé universel ainsi que par l’inquiétude de la part des organisations juridiques locales et internationales, qui disaient qu’il s’agissait d’une attaque directe contre les droits humains palestiniens et contre le mouvement international des droits humains. La communauté internationale a lancé des appels répétés à l’adresse d’Israël pour qu’il revienne sur l’interdiction et qu’il mette un terme au harcèlement des organisations de défense des droits palestiniens.

L’arrestation de Khitam Saafin en 2020 au cours d’un raid de nuit violent, dans le cadre d’une série de raids simultanés des forces sécuritaires israéliennes dans toute la Cisjordanie occupée, a été condamnée par des organisations de femmes et de droits humains du monde entier. Ces raids minutés ont abouti à l’arrestation et à la détention administrative de plusieurs autres personnes de gauche, d’activistes des droits humains et de dirigeants syndicaux. L’Union (palestinienne) des comités des travailleuses palestiniennes, l’Union des comités des femmes palestiniennes, la Marche mondiale des femmes de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (région MOAN), les Secteur des femmes – Voie démocratique (Maroc) et la Jin Women Association (Liban) ont condamné ces raids et ont exprimé leur solidarité avec toutes les personnes arrêtées. Des organisations juridiques ont également demandé que des campagnes puissantes, tant régionales qu’internationales, exercent des pressions sur Israël et mobilisent tout un soutien en vue de leur libération.

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Publié le 17 février 2022 sur People’s Dispatch
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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