Quand Macron rencontre le président du régime d’apartheid Herzog…
Ce dimanche 20 mars, soit quelques semaines à peine après avoir ordonné la dissolution – effectivement, l’interdiction – de deux organisations de solidarité avec la Palestine, le Collectif Palestine Vaincra et le Comité Action Palestine, le président français Emmanuel Macron a rencontré Isaac Herzog, le président du régime israélien d’apartheid.
Malgré le fait que le citoyen franco-palestinien, avocat et défenseur des droits humains Salah Hamouri est actuellement emprisonné en Israël suite à une ordonnance de « détention administrative » – c’est-à-dire un emprisonnement sans accusation ni procès – de trois mois, Macron a choisi en lieu et place d’attaquer les activistes antisionistes et de se vanter de la censure qu’il exerce contre les voix antiracistes et propalestiniennes en France.
Prenant la parole à Toulouse aux côtés de Herzog, Macron a déclaré que « l’antisémitisme et l’antisionisme sont les ennemis de la République », mettant une fois de plus sur le même pied le racisme et l’antiracisme, ainsi que la libération palestinienne et le fascisme européen. De plus, il s’est spécifiquement vanté de la dissolution du Collectif Palestine Vaincra :
« Ainsi, je veux vous remercier, Monsieur le Président, chez Isaac, d’avoir répondu à mon invitation, d’être ici en ce jour, avec votre épouse, à nos côtés (…) Nous sommes ici (…) pour rappeler ensemble que la France et Israël, Israël et la France sont déterminés ensemble à défaire le terrorisme sous toutes ses formes et sur tous les fronts et, ensemble, nous sommes déterminés à anéantir l’antisémitisme, y compris celui qui se cache sous le masque de l’antisionisme. C’est pourquoi, à la fin de 2019, l’Assemblée française a adopté la définition de l’antisémitisme proposée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). C’est pourquoi, le 9 mars, le Conseil des ministres a prononcé la dissolution de deux collectifs antisémites, dont le Collectif ‘Palestine Vaincra’, installé à Toulouse. (…) l’antisémitisme et l’antisionisme sont les ennemis de la République. »
À de multiples reprises, le langage de Macron assimile les Juifs de France à l’État d’Israël, tout en dénigrant les partisans de la justice en Palestine dont le travail a constamment été caractérisé et motivé par l’anticolonialisme et l’antiracisme. En effet, les allégations mêmes de l’État français contre le Collectif n’accusent pas même une seule fois le Collectif ou ses membres d’avoir dit quelque chose de diffamatoire ou de raciste contre les juifs ; au lieu de cela, l’État français « accuse » le Collectif de soutenir le boycott d’Israël, de défendre la résistance palestinienne et de s’opposer au sionisme.
Pendant ce temps, Salah Hamouri est enfermé derrière des barreaux israéliens, sans accusation ni procès contre sa personne, alors qu’il lutte pour son droit même de vivre dans sa ville natale, Jérusalem. Comme d’autres Jérusalémites, il est ciblé lui aussi dans le nettoyage ethnique systématique de Jérusalem. Le régime israélien a annoncé qu’il avait l’intention de le priver de son permis de séjour. Alors que des responsables français ont déclaré qu’Hamouri avait le droit de vivre à Jérusalem, Macron a profité des circonstances pour ne pas plaider en faveur d’un citoyen franco-palestinien détenu illégalement et menacé d’expulsion, préférant en lieu et place réduire au silence des organisations de solidarité avec la Palestine qui opèrent en France.
De plus, deux jours plus tôt, l’État français avait annoncé son intention de poursuivre la vague des ordonnances de dissolution à l’encontre de la liberté d’expression, non seulement des organisations propalestiniennes, mais également des organisations antiracistes et anti-islamophobes ainsi que des groupes antifascistes – ceux qui, en fait, veulent s’opposer aux groupes nazis et fascistes qui sont antisémites. Le Groupe antifasciste de Lyon et environs (GALE) a été informé le 17 mars qu’une procédure visant à le dissoudre avait été entamée, après qu’il avait déjà été menacé de dissolution en décembre 2021.
À Toulouse, de nombreux marcheurs qui participaient au rassemblement du 19 mars contre le racisme se sont exprimés contre les dissolutions opérées dans le cadre des mesures racistes et coloniales de l’État français.
https://twitter.com/PoingLeveTlse/status/1505197067479699460?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1505197067479699460%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fsamidoun.net%2F2022%2F03%2Ffrench-president-macron-meets-apartheid-regime-president-herzog-boasts-of-dissolving-palestine-organizations%2F
Des orateurs ont discuté de la formation d’un large comité afin de combattre la dissolution du Collectif Palestine Vaincra, comité qui impliquera des syndicalistes, des organisateurs antifascistes, des groupes estudiantins et des partis progressistes et de gauche, lesquels annonceront bientôt une semaine internationale de solidarité (lisez le texte de l’intervention, plus bas, qui annonce ce comité à Toulouse)
https://youtu.be/iFoc1JxKdqQ
À Auxerre, AFPS 89 a pris la parole lors du rassemblement contre l’apartheid et pour la paix, dénonçant la dissolution du Collectif Palestine Vaincra et du Comité Action Palestine.
Du fait que Macron et l’État français intensifient leurs attaques contre les mouvements populaires pour la libération et pour le peuple palestinien, les actions de défense des mouvements visés et de soutien à la Palestine continuent de se répandre. Des actions organisées à New York, Genève, Francfort, Berlin, Charleroi (Belgique), Stockholm, Naples et dans bien d’autres villes ont mis en évidence les dissolutions afin d’exiger que soit mis un terme à la répression exercée par l’État français ces quelques derniers jours.
Robert Abdallah, le frère de Georges Abdallah, a dénoncé l’arrogance impériale de Macron en dissolvant le Collectif Palestine Vaincra, qui a œuvré infatigablement à libérer son frère emprisonné, un combattant communiste arabe libanais pour la Palestine emprisonné en France depuis plus de 37 ans. Trouvez la vidéo dans l’article de Samidoun.
Discours sur la formation du comité de défense du Collectif Palestine Vaincra contre la dissolution :
Le 9 mars, le gouvernement a décidé la dissolution administrative finale du Collectif Palestine Vaincra et d’une autre organisation propalestinienne. Les raisons avancées sont purement politiques.
Aujourd’hui, ce collectif antiraciste toulousain, qui combat pour l’égalité des droits et contre la colonisation de la Palestine, a été officiellement réduit au silence par les autorités françaises. Depuis trois ans, le Collectif Palestine Vaincra effectuait un travail antiraciste et anticolonialiste en soutien du peuple palestinien.
Cette dissolution constitue une nouvelle étape dans les actions autoritaires et liberticides du gouvernement français.
Précédemment, plusieurs associations musulmanes et antiracistes ont déjà été dissoutes. Aujourd’hui, c’est le mouvement de solidarité avec la Palestine, qui est attaqué, mais aussi le syndicat Sud Éducation 93 et le Groupe antifasciste de Lyon et environs (GALE) qui sont visés par des procédures et menaces de dissolution.
Ces attaques concernent tout le monde : antiracistes, anticolonialistes, antifascistes, syndicalistes, activistes communautaires, progressistes. À Toulouse, un Comité contre la dissolution du Collectif Palestine Vaincra est en train de se constituer, rassemblant de nombreux syndicats, organisations politiques et associatives afin de préparer une semaine de mobilisation contre la dissolution du Collectif Palestine Vaincra et contre la criminalisation de la solidarité avec la Palestine à la veille de l’appel du collectif au Conseil d’État contre la dissolution.
Ralliez la mobilisation !
Attaquer l’un ou l’une d’entre nous, c’est nous attaquer toutes et toutes !
La Palestine vivra, la Palestine vaincra !
PDF : En anglais, français, arabe, allemand, néerlandais, suédois, espagnol
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Publié le 21 mars 2022 sur Samidoun
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine
Lisez également : Prise de parole du Comité Action Palestine au rassemblement de soutien du 8 mars 2022
Le CAP, Comité Action Palestine est l’autre association pour la Palestine, dissoute par le gouvernement français. Tout comme le Collectif Palestine Vaincra, le CAP a saisi le Conseil d’État pour contester la mesure.